Billet invité.
L’année part sur des chapeaux de roue. Kaushik Basu, l’économiste en chef de la Banque mondiale, a mis en garde contre les effets de dangereux « mouvements de capitaux », rajoutant à l’inquiétude en faisant état de l’existence de « failles sous la surface » sans autre précision (faute d’être en mesure de les apporter).
S’il n’a pas identifié comme en étant à leur origine la prudente hausse du taux de la Fed destinée à tâter le terrain, on aura remarqué que cette dernière insiste désormais sur le caractère graduel de sa poursuite, comme si elle avait conscience de marcher sur des œufs. Revenir sur une politique monétaire « accommodante » dans laquelle les marchés se sont installés n’est pas comme prévu une mince affaire, et ce n’est que le tout début.
Adoptant un autre angle, George Soros a ensuite pointé le doigt sur la Chine et son « très gros problème d’ajustement », et n’a pas hésité à déclarer « quand je regarde les marchés financiers, je vois une situation sérieuse qui me rappelle la crise que nous avons eu en 2008 ». George Osborne, le chancelier de l’Échiquier britannique, a souligné de son côté que « cette année n’a que sept jours, et déjà nous avons des nouvelles inquiétantes sur la chute des marchés action à travers le monde, le ralentissement de la Chine, des problèmes sérieux au Brésil et en Russie ». Il a privilégié un autre éclairage en évoquant les conséquences négatives de la chute des cours du pétrole – qui se poursuit – et du gaz pour l’industrie pétro-gazière et pour les banques qui la soutiennent. Enfin, les analystes lient la baisse du yuan et celle du pétrole, qui a pour effet la chute des marchés. Tout se tient, tout est lié…
Les marchés boursiers mondiaux sont ébranlés par un second épisode de la déroute boursière chinoise de l’été dernier, qui repart de plus belle. Une première interruption de séance en début de semaine n’a pas suffi pour calmer le jeu, et il a fallu au bout d’un quart d’heure se résoudre à l’évidence et interrompre à nouveau la cotation après l’avoir reprise. La suspension de la cotation a des effets contre-productifs en raison de la panique qu’elle suscite. Ce qui a finalement conduit les autorités chinoises à la suspendre, choisissant le moindre mal.
Sur le marché monétaire, le yuan connait une nouvelle dépréciation par rapport au dollar, relançant une guerre monétaire larvée qui n’a jamais cessé et que la BCE alimente également en jouant la dépréciation de l’euro. Or, ces dévaluations ne produisent pas les effets espérés et font tache d’huile : Le dollar dévisse par rapport au yen japonais, qui sert de refuge, créant un obstacle supplémentaire à la relance de l’économie japonaise.
La Chine ne connaît pas l’atterrissage en douceur espéré et sa crise boursière n’est que le révélateur de problèmes plus profonds liés à son changement de modèle économique, qui coince.
Une intelligence humaine contemporaine « normale » (disons la mienne) va commencer par calculer les premières valeurs de e(n) (ou les faire…