La désintoxication indispensable de nos nations avides de pétrole

Le principe de séparation de l’État et de l’Église dans nos nations occidentales modernes nous fait renvoyer dos à dos Catholiques et Protestants dans les querelles qui déchirèrent autrefois nos populations, qui les martyrisèrent même.

Une même neutralité, constituant un incitatif à la pacification, devrait prévaloir chez nous quand il s’agit du schisme qui scinde depuis près de quatorze siècles le monde musulman en deux factions fratricides.

Il n’en est cependant rien : nos nations n’ont cessé historiquement de prendre parti – jetant ainsi de l’huile sur le feu – tantôt pour les Sunnites, tantôt pour les Chiites, selon les époques. La raison en est notre addiction pour le pétrole dont certains pays où ces deux variantes de l’Islam prévalent sont grands producteurs.

Notre avidité pour l’énergie en quantités folles détermine la Realpolitik de nos pays, le terme que nous appliquons, comme une excuse faiblarde, aux choix sans scrupules que nous faisons, en termes d’intérêt seulement, à des années-lumière de toute justification éthique.

L’exécution hier du cheik chiite Al-Nimr par l’Arabie saoudite sunnite a immédiatement débouché sur la mise à sac de l’ambassade saoudienne à Téhéran, capitale de l’Iran chiite, prémices d’une nouvelle escalade dans une interminable vendetta qui, comme toute vendetta, a perdu le souvenir même de la queue de cerise qui en fut le prétexte initial.

La querelle entre sunnisme et chiisme relève du même dévoiement dans la réflexion humaine que celle entre catholicisme et protestantisme. Encourageons nos nations à s’en tenir à l’écart à tout prix. Et comme nos dirigeants nous rétorqueront à juste titre que ce sont nos propres mauvaises habitudes, à nous, citoyens, en termes de bagnoles et d’autocars nouveaux ersatz minables d’un transport ferroviaire géré de manière calamiteuse, qui nous forcent à cela, accélérons notre transition vers les énergies renouvelables.

Nos propres querelles difficilement évitables nous causent déjà suffisamment de souci, n’allons pas en plus envenimer celles d’autres nations parce que nous sommes accros des ressources captives dans les profondeurs de leur sol.

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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