Billet invité.
Rythmées par le calendrier électoral, les manifestations de la crise politique européenne s’enchaînent. Toutes expriment le même besoin profond d’un changement radical sans parvenir à le concrétiser et donner l’exemple.
De la Grèce au Portugal, et de l’Espagne à l’Italie (où le Mouvement des Cinq étoiles devenu le second parti reste en embuscade), c’est en Europe du Sud que le mouvement est parti et se poursuit, l’électorat français se fourvoyant dans les bras de l’extrême-droite, expression si l’en est des difficultés du renouveau à émerger.
Pour faire suite à Syriza en Grèce – une fois mise en perspective la déception engendrée par son échec – on attendait l’Espagne et l’on a eu la surprise du Portugal. La solution d’un gouvernement socialiste soutenu par les communistes et l’extrême-gauche s’est imposée, et celui-ci s’efforce désormais de marquer son territoire et d’élargir ses marges de manœuvre, devenu à son tour franc-tireur à son corps défendant et ne voulant pas connaître le sort réservé à Syriza.
Dans l’espoir que ces marges finissent par s’élargir, les regards sont désormais tournés vers Barcelone et Madrid, avec en ligne de mire l’émergence d’une nouvelle Espagne et le démarrage d’une seconde transition succédant à celle issue de la chute du franquisme qui a fait son temps.
À Barcelone, la formation anticapitaliste CUP a finalement décidé de ne pas soutenir la candidature de droite à la présidence de la Catalogne d’Artur Mas, prenant le risque d’enrayer le processus d’accession à l’indépendance de la région qu’elle soutient. À Madrid, Podemos se refuse « à abandonner à Mariano Rajoy la direction de l’Espagne » et cherche une alliance avec « les députés du PSOE les plus sensés », annonçant présenter une « loi d’urgence sociale » dès l’ouverture de la session du nouveau parlement, le 13 janvier.
Pour compliquer le tout, ces deux situations sont liées, Podemos soutenant le principe d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne dont les socialistes ne veulent pas. Dans ces conditions, il n’est pas exclu que de nouvelles élections s’imposent. Ce qui peut conduire les protagonistes à se demander s’ils ont plus à y perdre qu’à y gagner, et éventuellement à chercher le compromis qu’ils ne trouvent pas aujourd’hui. Le PSOE est quant à lui sur la sellette.
Qu’expriment ces situations ? A la fois un fort rejet et la nécessité de radicales remises en question afin d’apporter une réponse. Une leçon peut déjà être tirée de l’expérience espagnole, la plus prometteuse : le mouvement doit à la fois venir d’en haut et d’en bas, et les mots de la politique n’en sont pas le catalyseur. S’adressant aux électeurs à la veille des législatives du 20 décembre, Pablo Iglesias leur avait enjoint de voter de telle sorte qu’ils puissent avoir entre eux des regards complices le lendemain matin…
@Pascal (suite) Mon intérêt pour la renormalisation est venu de la lecture d’un début d’article d’Alain Connes*, où le « moi »…