De la déréliction islamo-libérale à l’économie démocratique de la liberté, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

Les attentats de Paris ont délivré à des gens ordinaires le message de leur insignifiance aux yeux d’autres gens ordinaires. Des terroristes ont déclaré à la face des gens actuels qu’ils ne sont rien dans un monde qui n’a pour eux plus de sens. Cette fièvre nihiliste a-t-elle une origine ? La montée de l’idéologie islamiste est concomitante au triomphe de la mondialisation financière et à la désintégration de l’utopie communiste. Les oligarchies libérales sont en guerre contre les peuples pendant que des organisations terroristes sophistiquées agressent les sociétés de droit.

La cupidité libérale coïncide sans frottement avec le fanatisme théocratique. La guerre contre le terrorisme arrive à point pour relancer les dépenses en dépit de la surcharge des dettes non remboursables. La réalité disparaît sous une nécessité qui semble échapper à toute volonté. Plus personne ne décide et il n’y a pas d’alternative (TINA). Il n’est plus que le choix entre des mécanismes financiers imparables ou la vanité définitive de l’existence terrestre pour les mécréants. Il n’y a pas ou plus de capital pour tous.

Le capital, la Loi et la personne

Le capitalisme est un régime d’économie politique où la richesse reconnue comme telle a son origine dans l’initiative individuelle formulée dans une loi commune. La loi qui permet le capital est à l’origine, humaine et vivante. La mesure du capital en vue de l’échange et de la transformation en biens s’effectue par des personnes physiques. Par la loi vivante, les individualités personnelles sont réciproquement solidaires dans des personnes morales. La personnalisation morale des individus fonde la réalité économique du capital.

A l’origine, la rationalité du capital est verbale. Elle implique un verbe social par quoi la raison des individus élabore un objet partageable transformable dans la réalité commune. La personne morale est l’unité décisionnelle d’une association, d’une concertation, d’une délibération de personnes physiques. Par la confiance morale dans la loi vivante commune, les personnes répondent collectivement du prix du capital proposé comme bien disponible à la vente sur le marché.

L’existence probable du capital par les personnes physiques moralement solidaires fait la consistance économique de la dette. Le capital de la personne qui vend est cessible contre la dette de la personne qui achète. Le prix de la dette de l’acheteur est crédible par la disposition effective d’un capital collectivement reconnu ; et par la double garantie morale de la collectivité dépositaire de la loi commune ainsi que de l’existence vérifiable dans la société vendeuse de la chose sous le capital.

Depuis son origine dans l’Europe du Moyen-Age, le capitalisme a oscillé entre deux substantiations possibles de la personne. La substantiation simpliste réduit la personne à ce qu’elle possède physiquement. La substantiation complexe attribue des prix aux choses selon les contrats entre personnes : les dettes sont le prix des choses à livrer par les choses possédées entre les personnes irréductibles à ce qu’elles peuvent vendre ou acheter. La dette est consubstantielle à l’appropriation qui implique en disposant du prix de produire pour autrui. La possession individuelle du capital est soit simplement pour soi-même au-dessus des autres, soit personnelle au service d’autrui dans le contexte de la société politique.

Dette d’usure ou dette interpersonnelle

Si l’économie du prix est déterminée par des individus, le capital hiérarchise les individus par un pouvoir issu des choses. Si l’économie du prix est déterminée par les personnes dans leurs relations de réciprocité, le capital est contrevaleur réelle de toutes les dettes que les personnes se reconnaissent entre elles. Tout individu quoi qu’il possède est alors débiteur du prix de ce que la société politique lui confie. Dans la morale qui fonde le capital à l’origine, la propriété n’est pas le droit d’abuser des choses que l’on possède mais le devoir d’en user au bénéfice des personnes. Si au contraire le capital est juste une surface quantifiable d’individus, les dettes qui naissent de la circulation des biens usent les personnes qui ont moins de surface que d’autres.

Le capitalisme libéral est la forme du capitalisme imposée au XIXème siècle qui permet de comptabiliser le prix du capital, donc de la dette qui l’achète, hors de la responsabilité personnelle. Les dettes du capital emprunté se calculent indépendamment de la dignité des personnes. Les juristes libéraux ne récusent pas la responsabilité : ils la désubstantivent en excluant la société politique de la régulation du marché où se négocient les prix. Le capital libéral est fiction de prix sans réalité collatérale publiquement et ouvertement vérifiable. Le capital libéral existe libéré de la loi d’égalité de droit entre les personnes physiques dans les personnes morales.

Le capital libéral existe par la seule virtualité juridique. Le principe juridique nominal du capital irréel est le titre de société dite anonyme par quoi le propriétaire du titre peut utiliser le pouvoir d’achat du capital titrisé sans se faire reconnaître physiquement. La société anonyme qui justifie le capital n’est plus obligatoirement incarnée par des personnes physiques. Il n’y a pas d’obligation de réalité des personnes au-dessus des choses publiquement visibles pour répondre du prix du capital dans les dettes.

Masquer la responsabilité personnelle physique par un titre négociable contre dette, entraîne que des intermédiaires financiers puissent emprunter au profit d’intérêts anonymes. La dette « ex nihilo » prêtée par des inconnus devient substance invisible d’un capital scripturaire. Les propriétaires anonymes du capital peuvent, par la seule parole de l’intermédiaire qui les masque, utiliser librement le pouvoir d’achat du titre sans être reconnus par la société qui définit le Droit. Le régime libéral place les propriétaires de titres financiers hors du régime commun de responsabilité par quoi on règle sur ses biens réels propres les charges qu’on inflige à la société civile.

Spéculation du capital sans travail

La conséquence immédiate du capital anonyme est le décret du prix du travail par le seul intérêt du capital. La détermination du travail nécessaire à la production est le fait exclusif du capital. L’établissement du prix en proportion de la plus-value finale est propriété du capital et des individus qui le contrôlent. La personne qui travaille vend son activité à un acheteur virtuel sans corps et sans âme. La dette qui peut acheter le travail n’est plus calculable en humanité réelle. Le travail-même n’appartient plus à celui qui agit mais à une comptabilité anonyme désincarnée.

L’anonymisation du capital déshumanise les prix. Le prix devient valeur en soi par une simple écriture détachée de la réalité objective. Le capital dématérialisable engendre une dégradation de la monnaie. La monnaie redevient la matière comptable primitive de ce qui a de la valeur en soi hors d’une quelconque responsabilité personnelle morale et physique. Le pouvoir de quelques individus suffit à justifier les prix indépendamment de la loi et d’une identification collective et partageable des biens objectifs réels.

Jusqu’au XVIIIème siècle, quand les titres financiers ne sont pas encore négociables par un marché officiel, l’unique moyen légal et moral d’émettre de la monnaie a été de déposer des richesses réelles auprès de personnes publiques souverainement instituées. La monnaie qui matérialise la liquidité du prix des choses échangées est à l’origine une dette garantie par le souverain. La loi commune explicitement appliquée à tous les échanges interpersonnels peut seule conclure la discussion du prix d’un bien contre dette réglée en monnaie.

Le souverain indifféremment physique et moral a d’abord émis des pièces de monnaie contenant en elles-mêmes le métal qui puisse valoir le prix nominal inscrit sur le signe. Puis l’affermissement de la confiance publique dans un état politique reconnu et partageable à permis l’émission des titres papier de dette du Trésor Public. Le prix de la monnaie en papier fut garanti par la réalisation collatérale souveraine de la loi commune. Le bien commun légal était financièrement assuré dans la solidarité fiscale. La solidarité fiscale instaurée par la loi commune fait le Trésor Public par quoi tout créancier en monnaie d’une réalité publique licite est assuré de recevoir les quelconques biens promis par la collectivité des personnes.

Privatisation de la fiscalité et propriété privée

Les assignats furent émis sous la Révolution Française comme titres de propriété potentielle à terme sur les biens nationalisés du clergé. L’impôt exceptionnel sur le capital d’un groupement social impliquait que les nouveaux pouvoirs publics se substituent aux personnes expropriées dans la production des services qu’elles assumaient. Mais la désorganisation de l’État, la disparition des services financés par le capital de l’institution ecclésiale, l’insuffisance de la production nationale et la volatilité des recettes fiscales entraînèrent la dévalorisation donc la démonétisation des assignats émis.

La sacralisation de la propriété privée confirmée par la Révolution Française un siècle après les révolutions hollandaise et anglaise avait rendu possible l’émission de titres de créance sur un capital privé soustrait légalement à la vérification publique de la loi commune. Les créances d’origine privée avaient conquis le même statut obligataire public que les créances du souverain. A l’intérieur de son domaine privé de propriété, la loi de l’individu devient souveraine.

L’émission des signes monétaires n’avait plus pour contrepartie unique les créances de la volonté générale sur la société mais le prix d’effets exclusivement privés de volontés particulières soustraites de la loi commune par la loi formelle. La puissance publique n’était plus totalement responsable de la valeur réalisable du signe monétaire. Les intérêts privés progressivement anonymisés se sont appropriés en un siècle toute la substantiation de la matière monétisable.

La révolution industrielle a été financée par l’adossement de l’émission de la monnaie au prix des titres financiers anonymes. Le signe monétaire totalement déconnecté de la responsabilité personnelle du réel s’est imposé au XXème siècle avec l’internationalisation obligatoire du dollar. La déshumanisation de la monnaie et du prix s’est achevée dans l’instauration de l’euro, première monnaie légalement multinationale abstraite de toute loi incarnée par des sociétés politiques constituées.

La monnaie virtualisée de l’État désincarné

Jusqu’à l’avènement du dollar et de l’euro, les monnaies sont émises par des nations en devenir constituées en États de droit. Les gouvernements des états nations sont matériellement responsables des conséquences générales de leurs décisions par le prix international de leur monnaie sur le marché mondial. Selon qu’une politique gouvernementale est jugée ou non créatrice nette de valeur par la collectivité nationale et internationale, le marché des changes pousse à dévaluer ou réévaluer les parités internationales du titre monétaire. La personne étrangère est juge public indépendant du bien-être de la personne domestique.

A partir de 1945, la Réserve Fédérale des États-Unis dont le capital est privé, étend au monde entier son droit domestique d’émettre des dollars hors du contrôle politique légal. Les dettes de l’État fédéral étatsunien sont réglées par des certificats de dépôt sur des banques privées non seulement auprès des fournisseurs domestiques étatsuniens mais des créanciers extérieurs étrangers à la légalité étatsunienne. Les intérêts particuliers privés de la banque hors sol de droit étatsunien deviennent la contrepartie internationale de l’émission monétaire des souverainetés nationales étrangères à la loi libérale étatsunienne.

Le libéralisme étatsunien est pur, fondé sur le puritanisme. L’individu est seul face à la vérité qui n’a pas de transformation commune. La loi s’applique telle qu’elle est écrite. Les faits ne sont pas négociables ; les individus ne sont pas interprétables ; il n’y a pas de transition entre mal et bien. Le bien commun est une théorie concrètement inconciliable entre des intérêts individualisés. L’État n’a pas de personnalité morale ; il ne représente pas d’intérêt général qui soit plus que la somme des intérêts particuliers.

Jusqu’au 15 août 1971, les souverainetés étrangères gardent un moyen de pression sur l’émission de monnaie bancaire en dollar par le rachat à prix fixe garanti des réserves d’or de la banque centrale privée des Etats-Unis. Par la convertibilité fixe du dollar en or, les états nationaux sont demeurés comptables du prix international réel de leur monnaie. Les réserves de change en métal et en titres de dette publique étaient les contregaranties officielles reconnues entre banques centrales nationales. Les transferts en matière précieuse exécutaient une politique monétaire établie dans les lois nationales.

Monnaie libérale et politique vidée de sa substance

A partir de 1971, les États n’ont plus d’obligation les uns envers les autres. Les personnes morales publiques en puissance encore dirigées par des personnes physiques répondant du pouvoir d’achat international d’une monnaie ne sont plus que des motifs de spéculation. Vis-à-vis de leurs ressortissants comme de leurs créanciers étrangers, les États sont le prix arbitraire invérifiable d’actifs financiers en monnaie nationale. Le pouvoir factuel de donner substance à la monnaie est intégralement transféré au capital privé des banques. Les États sont émetteurs de titres mais comme n’importe quelle autre personne privée au service d’intérêts particuliers propres indépendants d’un intérêt général délibéré.

Depuis 1971, les prix internationaux et donc nationaux s’expriment par des monnaies dont la valeur n’est pas légalement définie en responsabilité réelle des personnes qui gouvernent et produisent. Ni matériellement, ni formellement, la quantité de signes monétaire en circulation n’est reliée à la légalité collective des biens partageables effectivement livrés aux personnes physiques. Les intermédiaires politiques et économiques de la valeur ne sont plus responsables de ce qu’ils peuvent produire au bénéfice des personnes.

L’euro achève la déconnexion entre la loi commune et le prix en mettant les souverainetés en concurrence sur l’interprétation des lois dans l’économie. Les contrats privés priment la délibération des lois. La réalité ne se définit plus dans les personnes quand la loi s’achète qui délimite les intérêts réciproques. La politique du Droit est asservie à la production des choses au bénéfice des propriétaires indéfinis et anonymes du capital. Le pouvoir politique n’est plus l’expression de l’intérêt général souverain mais d’une confrontation des intérêts particuliers en capital évalué et négocié par les seules banques.

Dans le régime de la libre circulation bancaire du capital, il n’y a pas de frontière pour distinguer les intérêts personnels ni solidariser les personnes à l’intérêt général. La parole politique mécanisée est vide de bien commun. Le calcul économique est réduit à des mathématiques sans sujet ni objet autre que l’accroissement anonyme de la quantification d’un réel absolument fictionnel. La seule finalité reconnu au travail dans le calcul exclusivement économique est la plus-value monétaire au coût marginal de la vie.

La légalité n’est plus obligation d’humanisation des individus. Le bien être n’est plus l’effet du vivre ensemble dans des sociétés. Le capitalisme libéral universel applique le dogme de la neutralité morale de la monnaie. La quantité des signes monétaires en circulation n’a rien à voir avec la réalité des biens servis aux personnes individuelles et collectives. Les prix de la production s’accumulent dans des dettes exponentielles. La masse des consommateurs est infiniment débitrice de quelques démiurges qui créent les vrais biens rentables par le prix exclusivement monétaire.

Le renard libre dans le poulailler sans porte

La finance libérale est démiurgique ; elle détient le monopole universel d’identification et de définition des biens négociables. La liquidation du prix par l’écriture du crédit en monnaie est le seul objet possible de négociation. La mécanisation de la loi dans le crédit bancaire scriptural se substitue totalement à la délibération sociale et politique du droit des personnes. Dans la loi libérale, le travail n’est pas le fait de la personne qui humanise la réalité. Le travail est une marchandisation de l’individu chosifié ; un coût soustrait à la plus-value du capital sur le prix de la consommation qui ne travaille pas.

Le compte bancaire dématérialise le travail de la personne pour la personne. La relation personnelle devient insaisissable par l’abolition des frontières politiques. Le sens des choses n’est plus rapportable aux relations entre les personnes par les sociétés. Il suffit pour cela que les personnes physiques ne soient pas exhaustivement et centralement identifiées dans un état civil. Tous les noms propres ne sont pas référencés dans une nationalité qui oblige à la responsabilité effective des biens négociés.

Le financiarisme libéral dissimule la cause du prix en monnaie dans la discontinuité du lien de la propriété au propriétaire. L’impossibilité délibérée de rattacher les prix à des personnes physiques responsables de la réalité des biens titrisés a deux conséquences géopolitiques fondatrices : les paradis fiscaux et les territoires physiques de non-droit. Le paradis fiscal est une légalité fictionnelle exonérant le dépôt financier de capital de la vérification par une loi souveraine. Les charges fiscales de souveraineté ne sont pas réglées qui pourtant permettent l’existence-même du capital.

Le paradis fiscal autorise la rémunération sans cause du capital par la seule décision du banquier exonéré de loi réelle par la loi écrite. Le territoire du non-droit trouve actuellement sa manifestation la plus affirmée dans le phénomène Daesh. Ce pseudo-état existe par anéantissement financier des États réels nominalement souverains sur le territoire occupé par Daesh. Il a suffi que le capital circule librement hors de la responsabilité des personnes dans des États irréels.

Les règles internationales du libre échange interdisent de taxer les flux aux frontières des États. Les droits des personnes ne sont pas assurables par l’application fiscale souveraine des lois nationales sur des territoires circonscrits. Les banques hors sol corrompent en toute liberté les pouvoirs politiques locaux au profit des intérêts particuliers qu’elles financent. Les intérêts particuliers exploitent les richesses naturelles, les vendent et les exportent à leur profit exclusif au mépris de l’intérêt général sans contribution aucune aux charges du bien commun.

L’argent de la terreur plutôt que la force de la justice

La prospérité économique et politique de Daesh est le fruit accompli de l’anarchisme économique libéral. Les intérêts agissant sous Daesh ne sont pas identifiables ni dans les flux de marchandises intraçables, ni dans les comptes bancaires hors sol, ni dans la propagande anonyme véhiculée par l’Internet. Les hommes de main de Daesh sont manipulés en n’importe quel point du globe par les mêmes techniques de programmation des consciences qu’utilisent les organisations capitalistes consuméristes du monde libéral. La conscience personnelle est affamée ; l’individu est sur-puissant.

La « sola scriptura », la monnaie scripturale, dont le capitalisme libéral réserve l’interprétation au seul intérêt particulier, actualise la vieille théorie de l’écriture divine incrée. Pour limiter à quelques prêtres politiques les bénéfices d’interprétation de la Loi, il est juste nécessaire d’inventer une écriture libre de la réalité inaccessible à l’intelligence commune des personnes concrètes. Les Omeyades ont inventé le coran inimitable pour fonder le premier califat. Les matérialistes libéraux perpétuent l’empire par l’économisme spéculatif. Les prix sont calculés en monnaie moralement neutre qui n’est pas vérifiable en droit réel des personnes égales en dignité.

Le capitalisme libéral est nihiliste comme le régime de dhimmitude dans le dar el islam. Le droit d’exister librement est financièrement payant. La valeur ne provient pas de l’égale dignité des personnes mais des fortunes inégales entre les individus. La répartition inégalitaire du capital et des pouvoirs traduit un ordre transcendant sans finalité ni raison intelligibles. Le paradigme est rentable dans l’impôt que les incroyants en islam, ou l’intérêt que les pauvres en capital, doivent verser à l’oligarchie pour acheter leur existence par le travail qui aliène sans motif.

Le nihilisme libéral pose l’impossibilité de la finalité vivante dans les personnes. Le travail détaché de sa raison d’être à informer le bien-être des personnes asservit les individus faibles aux individus forts. Si la mise en rapport des forces s’applique par un capital anonyme exclusivement financier, le politique a plus facile à promettre ce qu’il ne fera jamais, le banquier à financer ce qui n’est pas produit, le trader à spéculer sur la faillite des entreprises humaines, le manager à remplacer des personnes par des machines et des procédures, le communiquant à négocier du temps de cerveau en guise d’information et le ploutocrate à terroriser ses débiteurs avec les désespérés qu’il fabrique.

Souveraineté restaurée des personnes indexées en monnaie

Le terrorisme, l’état d’urgence civile, la guerre extérieure, la compétition législative entre États, la privatisation du bien commun, la dissimulation des identités personnelles et le dénigrement de la souveraineté sont les moyens nécessaires de la rentabilité du capital financier de l’oligarchie. Au contraire, l’établissement civil des personnes physiques reliées par des personnes morales fonde le capital des biens communs distribuables selon des besoins humains délibérables, discutables et vérifiables.

Le capital indexé par la personne signifierait que la monnaie ne peut être créditée qu’à des vendeurs de travail ; que le travail ne soit vendu qu’à des acheteurs effectivement responsables des biens capitalisés par le droit commun. L’abolition de la souveraineté et des frontières dénationalise la monnaie. Sans la nationalité des monnaies, la responsabilité des politiques, des banquiers et des entrepreneurs face aux personnes physiques n’est plus mesurable ; le prix des biens et des services est calculable sans la contribution aux charges communes d’assurance de l’existence intégrale des personnes. La souveraineté économiquement et juridiquement efficiente implique la personnalité morale de L’État de droit.

La personne publique incarnée est la seule protection réelle des pauvres contre la prédation des riches. Un État de droit est constitué en personne morale si et seulement si il dispose du pouvoir propre d’émission de sa monnaie, laquelle est définie comme prime d’assurance de toutes les obligations domestiques issues de la loi nationale. La monnaie qui assure la personne est adossée à l’état civil. Toute personne morale jusqu’à l’État dépositaire de l’état civil ne doit pas exister hors d’une identification exhaustive des personnes physiques qui l’incarnent.

Si l’État est assureur en dernier ressort des droits personnels, la responsabilité financière entre deux États distincts réciproquement débiteurs par leurs ressortissants ne peut se solder que par l’ajustement de la parité de change international. Le prix consolidé de toutes les dettes nationales publiques et privées à l’égard des personnes physiques nationales ou étrangères doit pouvoir varier dans les monnaies des autres États appliquant des droits différents de la personne. Sans la nationalisation des unités de compte, le remboursement obligatoire des dettes internationales signifie l’effacement des droits du plus faible entre des individus factuellement inégaux.

Un gouvernement juridiquement souverain ne disposant pas de sa propre monnaie est par force menteur, irresponsable et tyrannique. Si la monnaie est commune à des systèmes juridiques et des gouvernements distincts, les biens, services, dettes et liquidités produits sous une même juridiction ne sont pas librement négociables dans une juridiction alternative. La légalité et la justice ne peuvent pas avoir un prix propre comparable à d’autres juridictions.

Sortir la monnaie de la guerre d’anéantissement du travail personnel

Aux États-Unis comme en zone euro, les injustices entre les juridictions étatiques bien distinctes sont résolues par des dettes assises sur des non-valeurs. Il n’est pas possible de dévaluer une juridiction fautive pour qu’elle répare par sa production en monnaie domestique les dommages mesurés selon ses propres lois aux personnes nationales et étrangères. Sans monnaies distinctes, les citoyens n’ont aucun moyen de calculer le prix de leurs créances de justice sur les dirigeants des sociétés où ils travaillent.

A cause de la monnaie unique dans les 18 États de l’euro, les États forts sont instruments de pillage des États faibles. Les gouvernements surendettés doivent voter des lois iniques et aberrantes pour simuler une contre-réalité positive à des créances nihilistes impossibles à déprécier. A cause du dollar monnaie mondiale de réserve, les banques de droit divin utilisent impunément l’épargne des travailleurs pour volatiliser les prix des matières premières, acheter les lois et les gouvernements et financer l’exploitation des humains et de l’environnement dans les pays pauvres par le chômage et la dette des pauvres dans les pays riches.

La monnaie sans la souveraineté des personnes produit la fiction des richesses par la misère humaine. Dans la misère libérale, l’intelligence s’arrête à la représentation monétaire ; elle n’a plus accès à la réalité. Pour restaurer une valeur du réel dans le calcul des prix, les personnes physiques n’ont d’autre moyen que la réintégration forcée de leurs élites dans le corps de loi de leur puissance souveraine. Un crédit bancaire non rattaché à un objet légal doit avoir un prix nul en monnaie. Le dépôt dans la loi commune est vérifiable par les sociétés intermédiaires qui produisent le bien. Le prix déposé n’est garanti en capital qu’à la condition du travail de tous ses propriétaires.

Dans la zone euro, le prix d’un objet produit hors de la souveraineté européenne doit être nul sauf si un ressortissant physique d’une loi européenne se porte garant du prix non nul par son travail déposé en euro. Tout actif comptabilisé dans un paradis fiscal par une banque empruntant à la BCE doit avoir un prix nul sauf si le propriétaire réel déclaré règle la prime d’assurance fiscale du droit d’usage de son pouvoir d’achat. Tout importateur de quoique ce soit doit se porter garant fiscal selon une loi européenne, des droits personnels des travailleurs étrangers ayant produit le bien importé.

Titriser la souveraineté pour la rendre au citoyen

Toute loi européenne invoquée en justification du prix non nul d’un bien vendu sur le territoire de l’euro, doit être déposée au nom d’un État souverain. La souveraineté en euro implique la responsabilité personnelle financière illimitée des dirigeants politiques, laquelle est assurée par le capital de l’État confédéral indépendant des intérêts nationaux. La confédération des démocraties souveraines en euro a son propre corps de loi dont l’application est financée par une fiscalité propre indiscutable par les États nationaux ou locaux. En contrepartie, les recettes fiscales nationales et locales sont garanties par la confédération selon le jugement que la démocratie politique confédérale pose sur la conformité des gouvernances locales aux lois locales et communes.

A quelque niveau qu’elle s’exerce, la souveraineté est responsable d’elle-même à la condition de sa parité de change propre à l’intérieur de la zone euro. Le franchissement d’une frontière marque le changement de formulation de la loi dans une responsabilité juridictionnelle différente. La parité de change variable selon le ressort juridictionnel produit une rémunération monétaire non spéculative de l’efficacité gouvernementale. Une souveraineté en excédent de paiements courants sur une autre souveraineté en euro est en plus-value de légalité domestique par rapport à la loi commune des Européens.

La traduction financière de la plus-value de souveraineté est une réévaluation de la parité par laquelle les ressortissants des États en déficit paient une taxe de change au budget confédéral. Le risque de change intrinsèque entre des souverainetés distinctes devient la base de la fiscalité confédérale dont la finalité spécifique est l’assurance du droit des personnes physiques et morales sur tout le territoire de l’euro. La banque en euro n’est plus au-dessus de l’intérêt général mais dépositaire de l’identification et du prix des droits particuliers de chaque personne.

Tous les prix sont librement négociables à la condition du dépôt des biens négociés dans une légalité souveraine. Le prix des parités souveraines de l’euro et du capital des banques asservies à une souveraineté est la propriété de la personne morale étatique domiciliataire. Les charges et les revenus de la stabilité financière des monnaies et du crédit reviennent à l’intérêt général et non à des intérêts spéculatifs particuliers privés. La monnaie ne peut plus être émise sans la réalité visible des personnes engagées dans la Loi.

Sacrifier l’humanité à la barbarie libérale ou investir dans la démocratie

Le système de la monnaie civilisée est descriptible à partir de la philosophie politique européenne parce que mûrie dans la plus longue expérience de la démocratie. Le système étatsunien libéral a été imposé en Europe par la cupidité des élites. Il va sans dire que les règles ici posées de la civilité financière sont incompréhensibles aux actuels détenteurs du capital. La barbarie produit des taux de profit plus alléchants que la démocratie. Mais il apparaît bien aujourd’hui que l’oligarchie barbare ne remboursera jamais ses dettes. La crise financière est devenue crise politique et géo-politique de toute la civilisation humaine.

La solvabilité de l’économie réelle ne peut pas être restaurée sans déclarer la faillite du capital libre de la responsabilité personnelle réelle des emprunteurs de la loi en monnaie. La démocratie produit davantage de réalité collatérale aux dettes car elles engage toutes les personnes dans la délibération, la production et la transformation des biens qui satisfassent la demande humaine. Tout candidat aux prochaines élections qui ne promette pas une refondation de la souveraineté sur la responsabilité des personnes est assurément un bonimenteur rémunéré à proportion des gogos suicidaires qu’il aura captés par les urnes.

Ne pas rétablir les frontières du capital dans l’économie de la personne au service des personnes, c’est explicitement et matériellement subventionner la mort, Daesh et la guerre civile mondialisée.

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