Billet invité.
Quand ils soupèsent les risques qui pèsent sur la stabilité du système financier, les régulateurs ne se laissent pas tromper. La directrice de la régulation de l’Autorité bancaire européenne (EBA), Isabelle Vaillant, rappelle à juste titre que le « shadow banking peut potentiellement déstabiliser le système financier ». Mais d’autres considérations viennent ensuite fâcheusement freiner son élan.
Les lignes directrices de l’encadrement de l’exposition du système bancaire au shadow banking qui viennent d’être adoptées reviennent sur les propositions de mars dernier. Bien que l’EBA continue de relever que ce secteur tend a être « plus vulnérable aux problèmes de liquidité, alors qu’il est très interconnecté au système bancaire », et que « ses composantes n’ont pas accès aux liquidités des banques centrales et ne sont pas en mesure de protéger les investisseurs en cas de défaillance. »
Ne prétendant pas à l’originalité, le régulateur européen des banques n’est pas le seul à chevaucher une contradiction. Il s’inquiète en effet des effets du déplacement du risque de crédit du système bancaire vers des institutions financières opaques, tout en protégeant celles-ci de mesures par ricochet contraignantes, afin qu’elles apportent leur contribution au crédit. Car celui-ci est toujours considéré comme le meilleur levier de la relance économique, alors que l’endettement public et privé ne cesse de progresser.
L’EBA a dans une étude parallèle dévoilé que l’exposition totale des banques européennes au shadow banking serait supérieure à mille milliards d’euros. En mars dernier, elle avait bien projeté d’imposer aux banques un plafond. Mais rien n’y a fait, elle a finalement reculé en adoptant comme principe que seules les expositions supérieurs à 0,25% du capital de la banque seront assujetties à un contrôle de risque par les dirigeants des établissements bancaires et feront l’objet d’un compte-rendu. L’exposition globale ne sera pas prise en compte.
Éclairant la portée de cette mesure, une étude dévoilée par l’EBA a établi que seulement 3% des expositions dépassent le seuil de 0,25%, ce qui confirme que son filet aura des mailles très larges… Il ne faut pas excessivement limiter l’exposition des banques, est-il fait valoir. Il reste à la Commission la possibilité d’agir en définissant des plafond. Attendons voir sans faux espoirs.
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