Billet invité.
Les gardiens du Temple qui s’en offusquent doivent se rendre à l’évidence : comme les banques centrales, le FMI fait de la politique et pas qu’un peu ! Pour ceux qui en douteraient encore, il vient une nouvelle fois d’en faire la preuve vis à vis de l’Ukraine, et se prépare à prochainement récidiver avec la Grèce.
Le Fonds a opportunément décidé d’abandonner une règle interne qui lui interdisait d’assister financièrement un pays ayant fait défaut vis à vis d’un autre, sauf après accord de restructuration du Club de Paris. Ce qui va permettre la poursuite de son plan d’aide financière de 17,5 milliards de dollars à l’Ukraine, en dépit du défaut de remboursement de trois milliards de dollars de titres obligataires détenus par la Russie qui viennent à échéance le 20 décembre. La Russie avait récemment refusé de participer à la négociation sur la restructuration de la dette ukrainienne, et une solution devait être trouvée…
Simultanément, le FMI a donné des signes prononcés de vouloir finalement participer au 3ème plan de sauvetage de la Grèce, après avoir auparavant conditionné sa venue à un accord préalable sur la restructuration de sa dette qui n’est pas intervenu. De son côté, Alexis Tsipras a souhaité que le FMI ne revienne pas sur sa décision, cherchant un accord direct avec les autorités européennes. Le premier ministre grec pourrait se contenter d’une extension de la période de grâce pendant laquelle les remboursements de la dette sont suspendus, de leur rééchelonnement sur une plus longue période, ainsi que de la substitution d’un taux variable à un taux fixe. Il gagnerait du temps sur ce dossier pour privilégier l’obtention à court terme d’accommodements à propos des mesures d’austérité budgétaire. Car un affrontement avec le quartet est en vue sur le dossier des retraites, l’étroitesse de sa majorité parlementaire lui recommandant de ne pas lui céder. On ne va pas tarder à reparler de la Grèce.
Un enseignement peut être tiré de ces deux épisodes : le Fonds se met en ordre de marche pour intervenir lorsque d’autres défauts auprès de créanciers publics interviendront. Sur un autre terrain, tirant les leçons de la crise de la dette argentine, il a également été très actif à propos du renforcement des clauses d’action collective (CAC). Celles-ci permettent de procéder à une restructuration de dette si une majorité qualifiée des créanciers en est d’accord. Le risque était que le cas argentin fasse jurisprudence et devienne un obstacle à des restructurations de dettes auprès cette fois-ci de créanciers privés.
Le FMI intervient car il sait que le volume acquis par la dette publique et mondiale privée, qui continue de croître, rend irréaliste la perspective de son remboursement ordonné. D’autant que la diminution du taux de croissance n’est pas une donnée passagère, comme il a été cru. Et que ce ne sont plus les pays émergents ou en voie de développement qui sont et seront les uniques artisans de défauts de paiement.
Faisant preuve de sens politique, après avoir montré son sens de l’opportunité, le FMI se garde bien de prendre le problème à bras le corps, sachant que les conditions de sa solution ne sont pas réunies. Toutefois, la restructuration de la dette à grande échelle est une perspective qui ne pourra être longtemps éludée. Comme à l’habitude, il faudra être au bord du gouffre pour agir dans la précipitation et l’improvisation…
@Hervey Addiction ! Vous y allez peut-être un peu fort, non ? 😉 En fait, dans un premier temps, je…