Billet invité.
Ce qui était annoncé est arrivé. En France aussi, les électeurs ont troublé le jeu à leur manière : ils ont accordé au Front National la première place lors du premier tour des régionales. Du côté des perdants, l’heure est aux calculs pour sauver ce qui peut l’être, ou pour faire barrage par défaut. Mais la mesure de ce qui s’est passé n’est pas encore prise.
Le parti de la peur l’aurait emporté en raison des derniers évènements, et en dépit du tournant sécuritaire de François Hollande, entend-on comme principale explication. Occultant que la société est devenue profondément anxiogène depuis longtemps, le reconnaître conduisant à des mises en cause inconcevables. Après avoir joué avec la peur et en avoir fait une méthode de gouvernement, ce qui a été semé est récolté. Celle-ci a d’autres racines plus anciennes et profondes, l’insécurité est sociale, la société est déstabilisée et ses repères traditionnels ont disparu. Et il y est faussement répondu. Notre société est sur le déclin, ni le conformisme, ni le repli ne sont une solution, comment la faire évoluer est une question laissée sans réponse.
Comme dans tous les pays européens, les partis de gouvernement font les frais de la crise. Leurs discours – et surtout leurs actes – ne les différencient plus pratiquement, ruinant l’espérance dans une issue. Une désastreuse conclusion politique en est tirée pour manifester leur rejet. Reprendre à son compte le discours sécuritaire de l’extrême-droite ne règle rien, le principe selon lequel l’original est toujours préféré à la copie venant de se vérifier.
Les dirigeants socialistes portent une lourde responsabilité pour avoir démobilisé l’électorat d’une gauche qui est globalement à son étiage, comme l’analyse des résultats le montre. Qu’importe si c’est pour mieux rebondir semble penser François Hollande, dont le scénario favori est d’être opposé à Marine Le Pen lors des présidentielles. Si son plan fonctionnait, il serait le véritable vainqueur. Mais à quel prix !
« En période de récession économique ou de crise politique, l’extrême gauche devient souvent l’extrême droite…! » Il faut changer de lunettes…