J’ai reproduit tout à l’heure sur le blog un commentaire de Joan Robinson relatif à son mentor :
Le principal problème de Keynes était qu’il était un idéaliste. Il pensait qu’aussitôt que les gens auraient compris sa théorie, auraient compris comment le système capitaliste fonctionne véritablement, ils se comporteraient de manière raisonnable et géreraient le système de telle sorte que des effets positifs en résultent, et en particulier un niveau d’emploi élevé et stable. […] Keynes était un innocent qui croyait qu’une théorie intelligente prévaut sur une autre qui est stupide. Mais il va de soi que dans le monde réel l’impact d’une politique ne découle pas d’une compréhension intelligente de l’économie mais du jeu des intérêts particuliers et du désir de défendre le capitalisme contre les courants de pensée radicale de chaque époque.
J’ai fait de cette citation le centre de l’épilogue de mon Penser tout haut l’économie avec Keynes (2015), dont la question qui l’ouvre est : « Quel pourrait être l’impact d’un livre comme celui-ci ? »
Ce sont bien entendu un « idéalisme » et une « innocence » comparables à ceux de Keynes qui m’ont conduits à lancer mon blog le 28 février 2007. J’imaginais qu’expliquer « comment cela marche vraiment » aurait un impact sur la manière dont les choses se dérouleraient par la suite. Je souscrivais au credo de Keynes : « obtenir des résultats en disant la vérité violemment et brutalement, cela finira par marcher, même si c’est avec lenteur ».
Le blog aura neuf ans en février prochain et ces neuf années m’ont convaincu de la vanité du projet. Je conclus ma chronique à paraître la semaine prochaine dans Le Monde et dans L’Écho par ces mots : « Hegel a attiré notre attention sur le fait que nous, peuples et gouvernements, n’apprenons rien de l’histoire. La raison en est désormais connue : c’est que cela contreviendrait aux intérêts de la Banque. »
Le pire que l’on pût imaginer en septembre 2008 si aucun enseignement n’était tiré, c’était la guerre, or elle est à nos portes, si ce n’est déjà dans nos demeures. Et la démocratie, mise au rancart à une vitesse qui même moi me surprend.
J’ai écrit sur ce qu’il faudrait réformer dans la finance et dans l’économie et comme rien ne se passait j’ai entrepris la rédaction d’un ouvrage sur l’effondrement devenu du coup inéluctable, intitulé Le dernier qui s’en va éteint la lumière, à paraître en 2016. J’y écris :
Bien sûr, le risque existe que ce soient seulement les robots qui sachent un jour que ce sont nos « z’élites » qui auront empêché que l’on sauve l’espèce en amorçant le Grand Tournant tant qu’il en était encore temps. Il sera évidemment rapporté dans les livres que les robots écriront et qu’ils liront eux-mêmes, qu’il y avait bien quelques Cassandre isolé(e)s, rencontrant un succès d’estime, pour gueuler jusqu’au bout parce qu’ils s’opposaient à ce que cela se termine de cette manière minable, et pour une raison qu’ils peinaient à justifier à l’aide d’arguments robustes et rationnels, mais qui était une sorte d’attachement sentimental au genre humain : parce que les gens qu’ils aimaient bien en faisaient partie tout comme eux-mêmes. C’est tout.
J’y écris aussi :
Si j’échoue ici : si je convainc seulement ma lectrice ou mon lecteur que l’aventure est terminée, j’espère lui avoir au moins apporté au passage la consolation : avoir rassemblé des éléments qui lui auront permis, à titre personnel, de faire le deuil de l’espèce humaine, une aventure qui, quoi qu’on en pense au bilan, aura marqué l’histoire de l’univers. Il y a tant de planètes en effet où il ne se passe rien de fort intéressant.
J’estime avoir fait ce que j’ai pu, même si cela devait s’avérer rétrospectivement, insignifiant. La fonction du blog à mes yeux était d’amorcer et de faciliter un Grand Tournant. Dans cette fonction, il a échoué : l’effondrement a lieu sous nos yeux et l’intérêt qu’il pourrait y avoir à continuer d’en faire la chronique quotidienne, me semble loin d’être évident.
L’extinction est probable mais comme le rappelle la sagesse populaire : « le pire n’est jamais sûr », et comme notre espèce a toujours été au mieux de sa forme quand il s’agissait de rebâtir sur des décombres, je vais consacrer le temps qu’il me reste à penser l’après-effondrement. Je vous tiendrai au courant, par un moyen ou un autre.
310 réponses à “Passer à la suite”
Bonne suite , la plus longue possible .
Aimez vos enfants .
Merci M. Jorion pour cette réponse pleine de réconfort, dans « une forme personnelle d’encouragement ».
Mais justement si nous en arrivons à nous comprendre, n’est-ce pas la démonstration, la preuve que vous pouvez compter, vous, vos travaux en collaboration avec vos amis-es, plus que ce que vous pouvez l’envisager, en terme de motivation, de dynamique infusant dans la société, même si la reconnaissance que vous en espérez, ne vienne pas d’où il serait souhaitable qu’elle émane…? Malgré ce pire qu’elle nous souhaite, cette « Médiocartie », vos combat, vos courages et vos ténacités sont à ce point inspirantes, qu’il ne faudrait pas non plus qu’en s’essoufflant, qu’en s ‘amenuisant, en ces temps désespérants, ce qui est compréhensible en soi, les vertus de ces dynamiques s’estompent à cause d’incompréhensions.
« »obtenir des résultats en disant la vérité violemment et brutalement, cela finira par marcher, même si c’est avec lenteur » »
Seul, cela ne peut pas fonctionner, ça ne peut fonctionner qu’en pensée puis en parole, même dites brutalemment, mais sans l’action qui assoie, qui infirme ou affirme les hypothèses, il n’y a aucun résultat.
La question est de savoir comment passer à l’action?
A mon humble avis c’est la somme des petites actions de chacun qui créera le changement.
La pensée de Paul a rendu clair pour moi le fonctionnement d’une science économique qui n’en était pas une, en fait une idéologie politique dangereuse.
Mais le constat ne suffit pas. Les idées éclairent l’action, mais les idées seules ne servent à rien, à part pouvoir dire « j’avais raison » quand tout s’est écroulé.
Ce qui vous manque Paul, au delà de constater avec talent ces dysfonctionnements, c’est de proposer des solutions qui aient du sens, et surtout qui puissent être mises en oeuvre par des humains, programmés pour le court-terme, centrés sur leurs intérêts et ceux de leurs proches, limités du point de vue de l’intelligence, qui n’aiment pas ce qui est triste et démoralisant etc.. Si vous proposez des solutions qui ne rencontrent pas ces critères, on fera du sur-place, ou on reculera, et vous vous plaindrez de ne pas avoir été efficace.
Sans un plan d’action, ou un soutien à des personnes qui agissent, il ne faut pas espérer changer les choses.
C’est vrai, je fais partie des lecteurs passifs du blog depuis un certain temps. Parce que je ne trouve pas ici d’idées concrètes, amusantes, efficaces qu’on pourrait mettre en oeuvre pour changer les choses.
Je me tourne vers les jeunes qui ont plus d’imagination, plus d’envie d’agir et qui, pour certains, commencent à prendre les choses en main. Pas sûr que ça suffise mais au moins ça avance. Et on leur fera lire vos bouquins pour être sûr qu’ils comprennent ce qu’ils font.
« »Sans un plan d’action, ou un soutien à des personnes qui agissent, il ne faut pas espérer changer les choses. » »
C’est une certitude et cela doit devenir l’objet de ce blog qui a le mérite de réunir un panel diversifié de disciplines toutes les plus utiles que les autres. Ne serait-ce pas cela passer à la suite?
C’est qu’un changement d’espace temps n’est pas si aisé !
Vous donnez du sens, une humanité avec une très fine pédagogie.
Merci ,-)
J’en connais à la v.u.b. (minuscules) qui vont sabrer le champagne…!
Permettez en plus ces commentaires directs et pragmatiques :
+ Sur le plan professionnel , vous en avez trop fait , trop dit , trop laissé passer à découvert dans votre si précieux blog pour qu’il vous soit jamais , j’écris bien jamais quelles que soient les éventuelles « promesses » contraires , jamais « pardonné » par les tenanciers du « système » , leurs affidés ou leur dépendants , en particulier politiques.
+ Sur le plan intellectuel et médiatique , vous avez fini par émerger et êtes finalement parvenu à suffisamment ramasser votre pensée pour qu’elle devienne audible , « confirmante » pour certains , « ébranlante » pour d’autres , sans doute pas encore assez nombreux…. Ceci est une première victoire. Elle ne peut rester sans lendemain , sous peine d’y voir poindre le fantôme de Pyrrhus.
J’ai eu hier l’occasion de revoir l’effroyable enchaînement d’ « Apocalypse Hitler » (ARTE..sans doute revisionnable à la demande)!!
Je me suis demandé si ces séquences si actuelles auraient pu se succéder si « internet » avait existé à l’époque , avec le décodage de blogs tels que le vôtre et d’autres , plus nombreux et « essaimants » qu’on le pense..
Ma conviction est que seul un problème de santé serait contraignant.
Toutes choses restant égales par ailleurs , l’Histoire qui semble venir , bien avant que la Nature s’en mêle , requiert une analyse financiaro-géo-politique éclairée pas à pas , par vous et d’autres , indispensable…sous peine de revivre , en pire , un passé abominable qu’on nous a « vendu » révolu.
Quoiqu’il arrive , Respect.
Quelle grandiloquence par Zeus ! Tout passe tout lasse tout casse (et se remplace), effectivement c’est moins clinquant. Alors plutôt Apollinaire, « passons passons puisque tout passe ».
https://www.youtube.com/watch?v=z52eAcBsIoc
Alors on passe à la suite, M. Jorion, et merci à tous pour les billets divers et variés, c’est toujours un plaisir de venir sur le blog.
Vous n’allez pas arrêter j’espère! Si j’ai fais le deuil de l’espèce humaine telle qu’on la connait, je ne voudrai pas en plus être en deuil du blog de Paul Jorion. Vous pouvez toujours écrire et faire des vidéos sur le blog, l’un empêche pas l’autre, car « après pré- pendant » effondrement, pas si simple de se situer, c’est au XIXème siècle que ça aurait vraiment mal tourné, mais peut-être ce mauvais tour était-il déjà joué d’avance? Ou nous reste t-il une chance? Vous n’avez pas tout dit, ou alors ça ne m’a pas semblé si violent, vous poussez loin vos analyses mais vous restez modéré dans vos propos, vous êtes un visionnaire tempérant, un instinctif réfléchi, un intellectuel passionnant. Cinq ans que je vous lis, vous avez modifié ma perception du monde, je vois l’Homme autrement, et avec lui c’est combien d’espèces qui disparaissent? Impossible de faire son deuil, c’est une tristesse infinie.
Pourquoi le combat contre la dégradation tous azimuts de notre planète peine-t-il à mobiliser les citoyens ?
http://www.lemonde.fr/cop21/article/2015/12/03/l-ecologie-j-y-pense-et-puis-j-oublie_4823718_4527432.html
« Les conférences sur l’environnement ont beau se multiplier, les rapports alarmants s’accumuler, qui, tous, font craindre une catastrophe écologique globale, la mobilisation de chacun face à ce cri d’alarme reste dérisoire. »
« En raison, d’abord, de la difficulté du sujet. Parce qu’elle interagit avec le champ des sciences, de l’économie, des questions sociales, l’écologie nécessite, pour être intelligible, un vocabulaire et des connaissances complexes. Les rendre accessibles est une tâche ardue. »
« Ce qui nous fait vraiment bouger, c’est d’être confronté à un danger sensible et immédiat. Les représentations abstraites, elles, n’ont guère d’influence sur notre conduite »
Bonsoir Paul, je regretterai vos vidéos, vos articles, et aussi vos « collègues »… Vous n’avez pas perdu votre temps : il y a 9 ans le nom de « Paul Jorion » ne disait rien à personne. Et puis peu à peu les « inititiés » pouvaient en discuter entre eux… aujourd’hui vous pouvez être certain que même ceux qui ne vous apprécient pas vous connaissent… parce qu’ils connaissent vos idées.
Mais quelque part je dois vous avouer que je suis assez content de vous voir parler ainsi. Préparer « ce qu’il y aura après » : c’est bien de cela qu’il s’agit. Malheureusement nous n’échapperons sûrement pas au chaos. Mais il y aura un après. Comme pour le CNR qui a commencé avant la libération, nous devons préparer dès aujourd’hui ce qui suivra.
Et pourquoi n’anticiperions-nous pas dès maintenant les institutions nouvelles qu’il faudra créer, à travers une Assemblée Constituante ? et de la manière de faire fonctionner, avec les technologies existantes, une véritable démocratie participative en ligne à travers le « Référendum d’Initiative Citoyenne » ? et du nouveau système sociétal qu’il faudra réinventer, avec un salaire à vie par exemple ? Les robots, comment pourront-ils nous servir sans nous nuire ? la technologie sans capitalisme pourrait-elle sauver la planète ?
J’ai hâte de vous entendre ou de vous lire sur tous ces sujets passionnants, et j’espère que vous ne nous laisserez pas trop longtemps sans nouvelle.
Merci pour votre travail, et aussi pour votre franchise avec nous tous ici, jamais démentie depuis le début
Caleb
Une bien jolie fable, celle des colibris cités plus haut…
La somme des petites actions peuvent créer un état d’esprit, mais l’idée de « changer le monde sans prendre le pouvoir » (John Holloway) est condamnée à demeurer une utopie intellectuellement flatteuse, mais une pure utopie quand même. De toute façon, le temps presse.
C’est le sentiment de Naomi Klein, ambassadrice d’un mouvement canadien, le « Leap Manifesto ». C’est un manifeste « pour un Canada fondé sur le souci de la planète et la sollicitude des uns envers les autres ». Plus intéressant, son slogan traduit l’urgence d’une action : « Les petits pas ne peuvent plus nous mener là où nous devons aller. Le temps est venu d’être courageux. Nous devons bondir vers l’avant ». Pour le moment, on en est toujours au stade de l’incantation. Une de plus ?
Pourtant, comme le disait Paul Jorion à propos de la Troïka, « il va peut-être falloir qu’on s’en occupe soi-même ! ». Sans Paul Jorion ? Je sors mon mouchoir…
Ouaip…
Un grand merci pour tout ce travail et cette intelligence partagées, la beauté du geste et la fraternité.
Je pense être un peu moins con qu’il y a neuf an.
Je crois aussi que maintenant je vais ressentir un grand vide.
Mais allez faut se retrousser les manches et passer a la suite.
On se reverra bien encore ici ou la.
Bonne route.
Le 12 janvier, je vous avais adressé le texte ci dessous que vous n’avez pas publié. Je conçois que vous l’ayez trouvé « excessif », émotionnel, voire désespéré.
Et pourtant!
Vous aviez encore à l’époque certainement un espoir, ténu, d’influer sur le fil, à l’échelle du souffle d’une plume, l’inéluctabilité du processus en cours…
Vous parlez de l’Après Effondrement, moi je dis: survivons chaque jour, individuellement déjà, à cet « En cours », parce que c’est pas gagné. L’Après, on verra…
*****************
Les guerres menées en mon nom
Émotion, réelle et factice; entretenue, émulsionnée, enrichie, instrumentalisée. Abdication de la raison de la réflexion. Le pire, des appels à la retenue, à ne pas faire d’amalgame qui sont par eux-mêmes les pires poncifs de l’amalgame, du racisme, de l’intolérance, de la bêtise du « bourgeoisement » correct.
Abjection, sentiment de dégout.
A quelques voix perdues dans ce marécage ignominie j’ose ajouter la mienne.
On vous trompe.
C’est pas nouveau, vous le savez, mais vous vous faites à nouveau prendre. Comme à chaque fois. Parce que c’est plus facile. Vous ne changerez pas. Ce n’est pas grave, les choses iront jusqu’au bout et vous aurez, nous aurons ce que nous avons mérité. La planète ne s’arrêtera pas de tourner.
La France, notre pays est en guerre. Elle fait la guerre depuis des années dans divers endroits du globe avec les trois armes – Terre, Air, Mer.
La France est un pays en guerre. Vous percutez? Vous vous entrez ça dans le crane? La France est un pays en guerre.
Elle porte la guerre sur des théâtres extérieurs pour mener la politique que ceux qui gouvernent considèrent être de l’intérêt de la France. Et comme toutes les guerres elle se fait contre des humains qui eux aussi considèrent mener la politique qui est de l’intérêt du groupe social auquel ils appartiennent.
Je vous laisse répondre à la question: pourquoi alors ne nous a-t-on pas annoncé, à nous les citoyens de ce pays, la nécessité et les objectifs de ces guerres, suivant les règles de la Constitution?
Pourquoi les buts et objectifs de ces guerres restent ils flous et apparemment incohérents, s’il s’agit de nos intérêts, nous citoyens de le France?
Vous connaissez la réponse. Vous savez pourquoi. Et vous savez aussi que vous refusez de l’admettre.
Considérez maintenant que tous les désagréments que nous subissons- le dernier en date Charlie Hebdo – soient des actes de guerre menés par les ennemis que notre Gouvernement combat en notre nom. Tout ne devient-il pas lumineux?
Nous sommes en guerre, des bombardiers, s’approchent, tous aux abris. Boum ! boum ! boum ! boum ! La poussière retombe, on sort, on compte les morts, on re-vaque à ces occupations, c’est la guerre. On compte sur nos soldats pour la gagner.
Pourquoi, pourquoi alors, pourquoi ça ne se passe pas comme ça?
Pourquoi toute cette merde abjecte de discours grandiloquents, de minutes de silence, de défilés bien-pensant, de blablas télévisés pontifiants, d’explications et débats de merde sur la solubilité de telle ou telle idéologie ou croyance dans telle ou telle autre. Pourquoi? POURQUOI? POUR-QUOI?
Merci pour tout Paul.
Je vous ai connu par « le secret de la chambre chinoise », il y a des années.
Dans ce texte, tout était déjà dit. A mon sens, c’est votre texte le plus important, il etabli une compréhension de l’humain telle que la conclusion de votre billet actuel est inéluctable.
Julien
J’ignore quelle sera la suite pour Paul Jorion, mais en tout cas une chose est sûre : plus que jamais il faut se battre.
Monsanto : Un collectif international de juristes et d’ONG lance ce jeudi un tribunal international pour juger la multinationale accusée «d’écocide». Sa marraine est Marie-Monique Robin (Le monde selon Monsanto).
http://www.liberation.fr/planete/2015/12/02/monsanto-pour-que-justice-germe_1417833
Paul, pourquoi pas une initiative de ce genre dans le domaine de la finance ?
http://www.pauljorion.com/blog/2015/02/27/troika-il-va-peut-etre-falloir-sen-occuper-nous-memes/
http://www.tendances-eco.com/2012/02/pour-un-tribunal-penal-international-de-la-finance/
Il semblerait que les banques soient un peu frileuses pour financer l’organisation d’un tel tribunal. C’est louable de leur part de vouloir éviter le conflit d’intérêt.
Lénine s’est donc trompé quand il disait : « Le capitalisme est tellement cupide qu’il nous vendra la corde pour le pendre ».
Bonne idée,Luc Baudoux.
La bonne idée:Luc Baudoux pour….MONSANTO.Mais pas
d’accord pour acheter la corde …dont parle Lénine….
Un tribunal qui condamne un financier à payer des amendes.
Je crois que la liste des condamnations est éloquente.
Le risque est que les amendes soient payées avec un emprunt ou de nouvelles spéculations, ou en dernier recours par une nouvelle phase de concentrations des acteurs.
Ce qui n’est pas forcément un signe d’assainissement du fonctionnement.
Un état d’urgence financier serait peut être un début de solution si on ne doutait un peu du bien fondé, des motivations et de l’efficacité des sanctions mises en place par certains états.
Cher Monsieur,
que vous souhaitiez passer à autre chose est bien légitime – vous avez bien mérité de la Patrie – même si l’idée vous déplaît 😉 Il me semble que si tout le monde fait son petit possible comme vous avez fait votre plutôt pas mal grand possible, cette planète tournera rond!
Bon repos et après seulement bonne suite!
Amicalement
Avec le beau tableau de captation des richesses dans la dernière intervention de Roberto Boulant, on voit très bien que les choses ne font que commencer. Tout ce travail d’information n’est que préparatoire. La vague des « sobres heureux » ne fait que commencer avec l’effondrement de la répartition des richesses, et si elle mène à la guerre, espérons et informons au maximum pour que se soit la guerre pour l’intérêt de tous et non les intérêts de quelque uns.
La révolution est en marche, il faut l’accompagner, et ça, vous savez le faire.
On ne sait pas où on va mais on y va.
« L’expérience est une lanterne qui n’éclaire que le chemin parcouru. »
Alors allons réveiller dans l’humanité, ce qu’elle a de meilleur.
Bonsoir à tous,
Suivez votre énergie, Paul, elle vous guidera vers ce qui est juste. Jusqu’à maintenant, elle ne vous a pas trompé et nous en avons tous bénéficié.
Il est maintenant temps pour les êtres humains de prendre leur responsabilité. L’effondrement doit avoir lieu ; à nous de tenter d’amortir la chute, de corrompre le système qui nous étrangle, de raisonner les fous et les ignorants. De combattre les peurs qui nous freinent.
Quelle sera la suite ? Mystère.
Merci pour tout.
Toc toc toc ? C’est encore entrou’vert ?
Merci pour ces années en bonne compagnie, et les découvertes, offertes par d’autres aussi. Les liens instructifs me manqueront comme déjà m’ont manqué quelques plumes disparues au fil du temps. Pas sûr de retrouver une cantine où un tel chaudron mitonne , mythonne, m’étonne. J’ai toujours douté qu’il soit possible de convaincre les élites de renoncer sagement puis de faire autrement sur le modèle vanté de quelques aristos de la révolution française. À l’épreuve des traducteurs automatiques, je doute qu’un robot soit programmable question jouissance puisque qu’on en sait vraiment peu, alors, que l’avenir de l’homme reste donc la femme chère au poète ! Les frontières sont mentales et structure ou pas, c’est manifestement pas quand on veut on peut, mais elles ne sont pas fixées pour l’éternité. Plutôt que d’éteindre la lumière, une veilleuse ? Qui n’a pas peur du noir depuis la nuit des temps ? La suite est annoncée… à suivre…on vous suit de toutes façons.
Quant à penser l’après effondrement ? Je constate que plus l’échéance de leur mort à venir se rapproche, plus certains s’inquiètent de Dieu ou de l’avenir de l’espèce, surtout de leur espèce, parfois réduite à leurs espèces : Refrain miroir de la chanson « on lâche rien, on lâche rien ». Les révolutions françaises et russes ont contraint à lâcher. Il existe un musée de la terreur rouge à Addis. Un local me disait qu’il y avait eu terreur rouge en réaction à terreur blanche, parce qu’ils ne voulaient rien lâcher ! Vanitas vanitatum omnia vanitas, sûr c’est le naufrage du désir.
Même si encore largement inconnu, je suis théoricien d’envergure. Si je ne meurs pas trop « jeune » (et s’il y aura autre chose qu’un tas de ruines), on me connaîtra. Je vais donc me permettre de parler de ce point de vue
L’action du blog est vitalissime. S’il s’arrête, merci (il aura de nombreux « enfants » prodigieux de toutes formes, tout de suite et/ou plus tard). S’il continue, tant mieux! S’il change de forme, nous découvrirons
Il n’est d’autre alternative que de tirer le niveau collectif vers le haut, sans relâche. Car rien de bon ne viendra a priori d’en haut (politiquement), si ce n’est la hauteur des idées elle-même. L’inertie du monde est énorme et frustrante, la tâche paraît de ce fait impossible et, donc, ridicule Méfions-nous: nos surmois sont, ce faisant, le cheval de Troie redoutable du « système » acéphale qui nous préoccupe et gouverne par le découragement. Or – paradoxalement – la conjoncture historique est, au niveau théorique, hautement favorable. Ce fait est capital.
JE VOUS PRIE DE NE JAMAIS OUBLIER QUE RIEN QU’EN LANGUE FRANÇAISE NOUS VOYONS FLEURIR, DÉJÀ, UN NOMBRE TOUT A FAIT « IMPROBABLE » DE NOUVELLES PENSÉES POLITIQUES DE GAUCHE ABSOLUMENT REMARQUABLES
Chez des Badiou, Jorion, Stiegler, Lordon, … Et cela peut (et va!) augmenter en boule de neige, dans la francophonie et ailleurs. Si nous nous coordonnons (par delà l’obstacle des langues et des paradigmes), la marge de progression est très grande!
L’instabilité « matérielle » globale nous fait TRÈS peur (je suis, moi aussi, préoccupé au plus haut point), mais elle est … i-m-p-r-é-v-i-s-i-b-l-e! Nous ne sommes que des humains, nous allons mourir. Nous sommes TRISTES de ne peut-être pas pouvoir transmettre. N’ayons pas pour autant PEUR de traverser le danger inévitable, inhérent à notre époque très particulière, la tête haute et froide (et les coudes soudés)
Tout athée militant que je suis, je me range ainsi à l’avis, inspiré, de Matthieu, proposé plus haut à Paul : il faut tenir bon, sans se reposer sur aucune garantie rassurante qui soit (et coiffés au contraire d’un horizon effrayant). Nous sommes dans une grande aventure, une vraie, pleine de risques énormes. Et nous allons aller jusqu’au bout de cette aventure avec courage. Nous de ce blog, avec tous les autres
Pour tenir, à tous les niveaux (je dis bien: à tous les niveaux), il faut (continuer de) se « doper » avec la « came » de la créativité théorique, qui en ce moment de l’histoire est tout à fait exceptionnelle et peut l’être encore plus. Notre fil d’Ariane est là
Et par elle (la théorie proposée ou écoutée) continuer à creuser le chaos et à diffuser autant que nous pouvons ce que nous en comprenons, confiants dans l’effet (théorique puis pratique) boule de neige. Même si nous ne verrons pas grand chose de tout ça de notre vivant
Courage ! ! !
Merci!Alessio.Du vent frais dans les voiles!
Conseil de la sentinelle
Fruit qui jaillissez du couteau,
Beauté dont saveur est l’écho,
Aurore à gueule de tenailles,
Amants qu’on veut désassembler,
Femme qui portez tablier,
Ongle qui grattez la muraille,
Désertez! désertez!
Merci, et à bientôt.
Ces derniers temps, les intellectuels ont un coup de fatigue, Todd, Onfray et peut être Jorion….
Faut dire, c’est pas facile de raisonner dans l’hystérie ambiante. Silence dans les rangs….
En tout cas, quelque soit la suite, merci pour l’université populaire que constitue ce blog.
Les mega-systemes vont probablement s’effondrer, à l’image des dinosaures, incapables d’évolution. Il faudra reconstruire de la base en évitant de reprendre le même chemin, ça va être douloureux, il faudra du temps.
Il faut lire et relire François Roddier qui a écrit la synthèse scientifique, pour moi, la plus importante à ce jour. Découvert grâce à ce blog.
Cher Paul,
C’est le temps qui veut ça. Mais comme tout le reste, il évolue. Après la morosité de l’automne et les frimas de l’hiver, le printemps reviendra. Tenez bon !
En fait, si je revenais sur ce blog jour après jour, avouons le, pour ma part, c’est moins pour les videos de PJ que pour les articles quotidiens, bi-quotidiens, tri-quotidiens de François Leclerc pour suivre la description entomologique de l’effondrement en cours. L’ironie de la dernière phrase de ses billets va me manquer, à moins qu’il ne continue, ainsi que les autres contributeurs, autre part, ou d’un autre façon et, même si je ne comprends toujours rien aux « default swap », il est toujours amusant de montrer à son modeste banquier de quartier que l’on ne lui fait pas confiance! Merci à vous pour ces petits plaisirs.
Apoptose…
à chacun son moment
mais il n’est pas impossible qu’il se forme une synchronisation, une convergence, que les temps des uns et des autres se rejoignent…
d’ici peu 😉
Au cours d’une vie, et dans tous les domaines…, il y a pire que ce qu’on peut considérer (ici à tort) comme un échec. C’est le fait de ne pas avoir essayé.
L’essentiel: pouvoir se dire à un moment donné, j’ai fait ce que j’ai pu.
Merci Paul Jorion pour le travail accompli et que mille fleurs au delà et envers et contre tout s’épanouissent … sous d’autres formes.
OK Jean Michel Servet.Paul s’épanouira de toutes façons.
Quelle qu’en soit la forme:on peut lui faire confiance.
Merci Paul de ne pas couper l’oxygène des pauvres exclus.
Bonjours M. Jorion.
Si je me permets de revenir vers vous et les lecteurs-trices de ce billet, c’est pour deux raisons que j’estime être de taille. La première étant ces excuses que je vous dois à vous et tous-tes, vient en même temps vous remercier grandement de ce que vous nous et m’avais apporter… Cet enrichissement est incalculable… et mes remerciements peuvent que l’être autant. Ayant été hier à la lecture difficile en compréhension de votre billet, été submergé par tant d’émotions, diverses, que je n’en ai exprimé qu’une partie, égoïste, je voudrais m’en excuser autant que tenter de justifier pourquoi. Serais-ce un tort, vraiment que de se justifier… ?
Une inconnue hier exacerba ces émotions mélangées. Celle de ne pas savoir quand l’ouverture aux commentaires de votre billet, s’achèverait. C’est cette émotion qui pris malheureusement le pas sur les autres, et facilita cet égoïsme que j’ai pu faire transparaître. La nuit ayant porté conseil, a vraie dire, sans sommeil, les raisons de la gène s’éclaircirent à ma réflexion, quand je me questionna sur le pourquoi votre des envies et besoins autres de « passer à a suite », pouvaiten vous animer avec vos amis-es… et nous en faire part de la « sorte »… « Votre fatigue due à votre jeune âge » ? Une « maladie » pouvant être incapacitante ? Etc….. ? Ceux la questionnement tournèrent pas très rond à ma conscience… y rajoutant trop d’émotions… Tentant de me concentrer sur la « sorte » restant encore à décrypter (comme vous décryptez des textes vieux de presque un siècle), j’avoue que l’énigme est pour moi encore bloquante… et je ne parviens toujours à mettre plus de raison que d’émotion. Pourquoi tant de mystères devraient faire cet héritage temporaire en attendant la « suite »… ?
Le pire c’est que c’est aussi ce qui m’emmène à imager des questions qui ne pourraient que heurter votre et ma pudeur et votre intimité. Chose impensable pour moi, comme pour beaucoup il me semble ici.
Essayant de comprendre de surcroît pourquoi vous choisissez de laisser en « héritage » temporaire, et intemporel aussi, le numérique restant la clef de ce en attendant la « suite », qui gardera trace dans le futur d’une action qui sera à voir plus globalement, (mais quel futur mettre deriière la « suite ») pourquoi donc vous faites référence à un poème parlant de ce que j’interprète être un héritage intellectuel de valeurs, qu’un père laisse à son fils… ?Je ne suis pas assez cultivé et ne dispose pas des codes spécifiques du milieu de la culture élitiste, pour savoir si d’autres poèmes pourraient exprimer autrement la transmission de valeurs d’une génération à une autre… hors d’un contexte paternaliste… C’est donc ce choix d’un message paternaliste qui m’interpelle… Même si je pense y comprendre quelque peu sa critique au modèle paternaliste des sociétés… il n’est pas sur selon moi qu’il en soit remis en cause, par la beauté que suscite de ce poème.
Cordialement. Et que nos remerciements, notre et votre sagesse, soient « louées » à cette éternité de la pensée évoluant maintenant dans des stratosphères quasiment virtuelles, atteignables que par un nombre restreint de l’espèce humaine donc…?
Pierre Juillot.
Je reste par contre, certainement pour certains-es, impardonnable pour les fautes.
Et incorrigible du « haut » de mes 48 ans, et du bas de mon niveau d’étude..?
Je confirme que j’ai lu complètement le livre de Paul sur
« penser l’économie tout haut avec Keynes ».Beaucoup de
travail pour fournir un texte comme celui-ci.Vraiment
GRAND MERCI (aussi….) pour cet ouvrage qui manquait.Les « économistes » vont-ils moins mal comprendre le « vrai » Keynes,et sortir de leurs balivernes?
Salut Paul,
1/ Je me souviens d’une vidéo récente » Le temps qu’il fait » dans laquelle tu nous faisais part de tes hésitations à l’heure d’écrire la conclusion de ton dernier livre à paraître en janvier, tiraillé entre, pour aller vite, optimisme et pessimisme. Alors cette conclusion ? Pour ma part j’ai définitivement renoncé à flotter entre optimisme et pessimiste à l’inverse de nombre de mes contemporains. C’est une perte de temps. Regarder la réalité en face et ne rien attendre si l’on veut n’être jamais déçu. Ce n’est pas la première fois que l’expression de nos doutes nous conduisent au bord du précipice dépressif… N’est-ce pas ?
2/ Voici à quoi ma réflexion me conduit au moment où je t’écris. Au commencement était la matière, étaient les atomes des éléments chimiques. N’était que la matière ? Nous ne pouvons complètement écarter ce doute d’un petit quelque chose que nous ignorons mais auquel chacun, tôt ou tard, finit par donner un nom pour apaiser ses angoisses. Et puis, apparut la vie sur la Terre, minuscule boule dévalant une pente pendant des centaines de millions d’années, grosse aujourd’hui de 7 milliards d’individus d’une espèce colonisatrice jamais repue et ne renonçant jamais à faire advenir toutes ses potentialités. De la matière à la vie, quelle barrière avons-nous déjà franchie ? Quelle logique nous a entraîné et nous entraîne encore. Vers quels mondes sommes-nous en chemin, tous ensemble. Tout ne porte pas encore un nom. Quel mur allons-nous encore traverser ? Importe-t-il de le savoir ? Pas sûr.
3/ La réflexion précédente me pousse à te dire que c’est à l’intuition poétique qu’il faut confier son esprit. Paul, sois un poète et ne désespère pas de trouver en toi tout ce qu’il faudra pour survivre et inventer ton destin. Laissons advenir le monde qui est en nous et tel qu’il ne manquera pas d’être.
Sans doute faudra-t-il réserver, pour comprendre la suite, une part à la métaphysique…
dont les meilleurs vecteurs sont les arts véritables, la poésie…
ces trucs, pas très scientifiques, qui laissent une place à l’humain sensible !