Paul Jorion, Penser tout haut l’économie avec Keynes, Odile Jacob 2015 : 40
Keynes économiste n’est […] ni sociologue, ni historien, et il n’est pas non plus physicien. Il est psychologue et « idéaliste », au sens de la philosophie : les prix et les taux iront se situer là où nous les observons en tant que produits de nos représentations. Les prix et les taux sont dans la tête avant d’être dans le monde : fruits de spéculations intellectuelles sur ce qu’ils seront à l’avenir. Ceci explique pourquoi le prix chez Keynes est avant tout le fruit des cogitations du vendeur et le taux, celui des cogitations du seul prêteur.
Aucune intuition chez Keynes que le prix pourrait se fixer où il le fait comme aboutissement d’une tension entre acheteurs et vendeurs, et le taux où il le fait quant à lui comme aboutissement d’une tension entre emprunteurs et prêteurs. Et ceci est parfaitement logique si l’approche de ces phénomènes est de type psychologique : il n’existe en effet aucun lieu où les spéculations intellectuelles des parties impliquées pourraient se confronter dans un espace de représentations partagées, le mieux que chacun puisse faire à ce point de vue est de tenter de « se mettre à la place » d’autrui. Le psychologisme de Keynes est la raison pour laquelle il sera toujours incapable de lire les rapports de force inscrits dans les relations économiques et financières. De ce point de vue il est malheureusement parfaitement aligné avec ses adversaires théoriques d’hier et aujourd’hui.
PJ : « Un lecteur d’aujourd’hui de mon livre Principes des systèmes intelligents » Je pense que c’est le commentateur Colignon David*…