Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Un des pires scénarios qui puisse se concevoir en matière de sécurité aérienne est celui où l’on passe soudainement d’une situation de routine, à une situation d’urgence, puis à une situation de détresse. C’est ce qui peut se passer quand l’équipage ne s’aperçoit pas que les performances aérodynamiques de l’appareil sont fortement dégradées, et que les chaînes informatiques de l’autopilote tentent désespérément de maintenir l’avion dans son enveloppe de vol. Vient alors l’inévitable moment où les automatismes se déconnectent… à l’instant même où l’appareil cesse de voler et entame sa chute vers le sol ! Un retour instantané à une dure réalité qui peut s’avérer mortelle, si le cockpit n’accède pas très rapidement à une bonne appréciation de la situation. Inutile de préciser qu’en cas de mauvaise évaluation, les risques sont maximaux d’entamer des manœuvres qui aggraveront la situation, jusqu’à dépasser le point de non-retour !
Toutes chose égales par ailleurs, le parallèle entre notre société et un avion qui sort de son plan de vol est pour le moins troublant. Si nous posons que le régime démocratique correspond à la situation normale, quels sont alors les paramètres actuels de l’avion ‘France’ ? Vole-t-il normalement, s’approche-t-il des limites de son enveloppe de vol, ou bien au contraire, est-il en train d’en sortir ?
Bref, sommes-nous encore en démocratie ?
Formellement, cela ne fait aucun doute. Mais tout aussi formellement, il est possible d’objecter qu’un SDF a les mêmes droits et les mêmes devoirs qu’un ministre ou un baron d’industrie…
Voyons donc dans la réalité.
Un régime démocratique implique trois principes fondamentaux :
1- Des représentants mettant en œuvre la volonté des représentés.
2- Le respect des droits et des libertés fondamentaux.
3– La séparation et le contrôle des pouvoirs.
– Le trio Hollande-Valls-Macron applique une politique néo-libérale, et cela contre la volonté d’une majorité de Français. Ce seul point -mais d’importance- suffit à invalider le principe n°1.
– Les droits et les libertés fondamentaux, tels que se nourrir correctement, se loger, se chauffer, se soigner, se déplacer, sont hors de portée pour des millions de chômeurs et de travailleurs pauvres. Le principe n° 2 n’est pas non plus respecté, tout au moins pour une fraction très conséquente de la population.
– Le contrôle du peuple sur le fait politique n’a lieu qu’au travers des élections. Une fois élus, les hommes et femmes politiques peuvent renier en toute impunité leurs engagements électoraux, devant un peuple réduit de fait à l’impuissance. Qui voudra nier qu’en matière économico-financière, ce sont les lobbies qui contrôlent le politique et non le peuple ? Le principe n°3, que l’on pourrait nommer par dérision ‘mon ennemi c’est la finance’, est donc également invalidé.
À chacun(e) de tirer ses conclusions, mais avec 2 principes sur 3 qui ne sont pas respectés et un troisième qui ne l’est plus que pour une partie de la population, il paraît difficile de parler encore de démocratie !
Une bonne appréciation de la situation commence donc par admettre ce fait tout simple : l’avion ‘France’ a décroché de sa trajectoire démocratique, il entame une chute libre.
Le second constat est encore plus glaçant : l’équipage – le gouvernement – semble mettre toute son ardeur à rendre la situation définitivement hors de contrôle !
Prenons l’exemple le plus brûlant de l’actualité : celui du terrorisme islamiste. Alors que Daesh vient de provoquer un bain de sang dans nos rues, comment répond notre gouvernement à cet acte de guerre ? Par un regain de frénésie législative et par l’état d’urgence. Ou comment réduire encore un peu plus les libertés, pour mieux les protéger ! Quand bien même les spécialistes de l’anti-terrorisme comme le juge Trévidic, assurent que les lois existantes sont amplement suffisantes, mais que le véritable problème est d’avoir les moyens de les appliquer.
Et c’est d’ailleurs un sujet d’étonnement sans cesse renouvelé. Comment est-il possible de continuer à penser que notre gouvernement peut faire partie de la solution, alors qu’il est une partie du problème ? Comment, même en prenant la question globale de la survie de l’espèce par le petit bout de la lorgnette terroriste, continuer à penser que nos voix auront plus de poids que le lobby militaro-industriel ? N’est-ce pas M. Valls, homme de droite et libéral bon teint, qui hier encore traitait de voyous les employés d’Air-France, alors même qu’il venait de signer des contrats d’armements avec la plus moyenâgeuse des théocraties, avec ceux-là mêmes qui alimentent en doctrine et dollars le terrorisme islamiste ? N’est-ce pas M. Hollande qui se félicitait avant-hier, de nos ventes de rafales, de frégates et de BPC à la dictature militaire égyptienne ?
Comment prétendre combattre le terrorisme, tout en l’alimentant à l’extérieur par son soutien à des dictatures, et à l’intérieur par une politique aboutissant à l’exclusion sociale et à une paupérisation de masse ?
La seule chose qui parait évidente, est que vouloir remettre en marche l’autopilote gouvernemental est une perte de temps suicidaire. Le tipping point est passé et la planète se rapproche à toute allure dans le pare-brise. Il va nous falloir innover et penser hors du cadre, si nous voulons éviter le crash.
Alors, pourquoi ne pas commencer par mettre en place (et tant qu’à faire, à budgétiser correctement) un département de ‘collapsologie’ ? N’y a-t-il pas là matière à projets de recherches ? D’autant plus que nous disposons déjà d’institutions comme le CNRS, qui par leur excellence scientifique et l’étendue de leur transdisciplinarité, sont parfaitement à même d’accueillir une telle structure.
Nous le peuple, devons avoir les moyens d’être éclairés sur ce qui nous arrive dans ce chaos néo-conservateur. Nous devons avoir les éléments pour pouvoir reprendre la main sur des lobbies économico-financiers nihilistes, dont la trajectoire imposée nous conduit tout droit au crash ! C’est à cette première condition que nous pourrons reprendre le contrôle, et remettre la démocratie dans son plan de vol.
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