Billet invité.
Ce lundi, au lendemain des actes terroristes commis à Paris, ceux qui dirigent la France sont confrontés au « défi de la riposte« , si l’on en croit le Figaro, qui martèle ses priorités : d’une part, « revoir toute la chaîne pénale, durcir l’ensemble de l’arsenal (rétentions, expulsions, interdictions de territoires, déchéances de nationalité)« , et d’autre part « convaincre (…) que la politique généreuse à l’égard des migrants constitue une redoutable erreur historique« .
L’éditorialiste du journal de Serge Dassault enfonce le clou : assez de « droits de l’hommisme sermonneur » : « faire la guerre requiert d’avoir derrière soi des guerriers déterminés et sans états d’âme. » Contrats juteux en vue pour les marchands de pétoires… Il faut dire que le Général Hollande et le Colonel Valls avaient ouvert la voie et donné le ton : l’échine raide, la mâchoire saillante, l’oeil sec.
Roulements de tambours et mélopées dans la nuit… Car pendant que les va-t-en-guerre de France et de Navarre (et de Belgique) entament la Danse du Scalp, d’autres entonnent le Chant de la Lune : chacun fourbit ses mots et ses concepts. Tous ceux dont c’est le métier, la passion ou le hobby couchent par écrit leurs analyses. Bataille de mots, de photos, de tweets, de likes. Milliers de tonnes de papier et torrents de gigabytes.
Pendant ce temps-là, loin des micros et des écrans, la non-vie continue.
Ce lundi 16 novembre 2015, mes pensées vont d’abord aux enfants, aux femmes et aux hommes endeuillés, qui n’auront eu droit qu’à quelques minutes de silence et de recueillement, montre en main. Et puis, tout de suite après, mes pensées vont à toutes celles et tous ceux dont ce n’est pas le métier (ni la raison d’être) de « faire l’opinion ». Celles et ceux pour qui aujourd’hui est un lundi matin juste un peu plus pourri que les autres.
Je pense à celles et ceux qui ont retrouvé, comme chaque lundi, leur travail vide de sens, leurs petits chefs, leurs horaires de malades, leur salaire de misère; celles et ceux qui avaient rendez-vous ce lundi avec une administration bornée et tatillonne pour justifier de leur droit à l’existence ; celles et ceux qui se sont réveillés ce lundi sur un trottoir ou sous une tente, le ventre vide.
Je pense à toutes celles et tous ceux qui sont sans-voix et à qui on ne parle pas, sauf pour leur dire de se tenir tranquilles… Celles et ceux qui auront encore moins, désormais, le droit de l’ouvrir. Parce que c’est la guerre, mon vieux, tu comprends ? Alors tu ne vas pas la ramener avec ton injustice sociale, ta discrimination, tes droits de l’homme et de la femme… C’est la guerre, coco! Ouvre les yeux et serre les fesses ! Au travail ! Garde à vous ! C’est moi qui parle, soldat !
Tiens bon, l’ami(e). Reste éveillé(e). Ne laisse rien ni personne t’embrigader dans quoi que ce soit !
La réponse est ici : entre Avranches et Granville.