« Osons » le zéro Hulot pour le zéro nucléaire, par Thierry Ribault

Billet invité. P. J. : Faut-il s’en prendre par priorité à ses ennemis où à ses « alliés objectifs » dont on suppose qu’ils « pourraient faire beaucoup mieux » ? Mon choix personnel est clair : à ses ennemis, et c’est un reproche que je ferais à la gauche en général, d’avoir toujours préféré l’entre-déchirement à la lutte ciblée au bon endroit. Le débat sur les questions soulevées ici est cependant essentiel, c’est pourquoi je publie ce billet, mais seulement parce que je sais que d’autres viendront remettre en question, non pas les faits – qui sont avérés – mais l’approche, qui pourrait être plus consensuelle.

Dans un entretien accordé au journal Le Monde, le 7 octobre 2015, le spectaculaire Nicolas Hulot entend faire trembler dans les chaumières, reprenant de manière péremptoire ce qu’il avait déjà affirmé dans les colonnes des Échos du 24 août : « Le pétrole, le charbon et le gaz sont les ennemis du climat, donc les ennemis de l’humanité ». Mais au-delà de l’ironie du fait qu’il ait troqué, sans transition, ses pales d’hélicoptère pour celles des éoliennes, au delà des ambitions démesurées du catéchisme unanimiste affichées sur la page « Osons » du site de sa fondation – du type : « Osons casser les codes et sortir des standards », « Osons l’amour, la plus renouvelable des énergies », ou encore « Nous pouvons sécher les larmes du monde » – il convient surtout de rappeler combien et comment Nicolas Hulot trompe sur plusieurs plans – à moins qu’ils ne se trompent eux-mêmes – les signataires de son appel à « oser ». On peut, tout d’abord, se demander pourquoi les « ennemis de l’humanité » selon Nicolas Hulot n’ont ni nom ni visage. Second point, les amis du climat peuvent aussi être les « ennemis de l’humanité ». Dans un troisième temps, nous reviendrons sur la « métastase étatique »[1] que constitue la Fondation Nicolas Hulot, notamment sur son rôle d’agence de communication au service du chantage nucléariste.

Les « ennemis » de Nicolas Hulot n’ont ni nom ni visage

Tout d’abord, si « ennemis » il y a, ils se trouvent plutôt du côté de celles et ceux qui exploitent et tirent profit des matières premières incriminées et non pas dans les matières premières elles-mêmes – pétrole, charbon ou gaz – personnifiées à dessein dans la rhétorique pseudo-contestatrice et déconflictualisée de Nicolas Hulot, dans le but de ne surtout pas heurter d’éventuels futurs parrains. Il est vrai que, « réindustrialisation verte » aidant, on compte déjà dans les rangs des amis de sa Fondation pour la Nature et l’Homme, un certain nombre d’entreprises « partenaires » – et leurs responsables – dont le palmarès en matière de production de nuisances durables est loin d’être négligeable : Carrefour, Veolia, Bouygues, EDF, Réseau de Transport d’Electricité (RTE), Ikea, L’Oréal, Philips, Lesieur, Videndi, Vinci Autoroutes.

Un peu de courage, Nicolas Hulot ! « Osez » désigner par leur nom  ceux que vous considérez comme coupables, plutôt que de vous contenter de vitupérer abstraitement contre ce qui fonde leurs intérêts, dans l’espoir, sans doute, qu’ils retournent leur veste pour intégrer le pull de vos soutiens, tant il est vrai qu’en matière d’écologie politique, qui plus est sur le marché mondialisé du climat-marchandise, un réchauffeur d’aujourd’hui est toujours potentiellement un refroidisseur de demain, dusse-t-il accomplir sa conversion à l’aide de quelques barres d’uranium supplémentaires.

Si, en matière climatique, « ennemis de l’humanité » il y a, « lutter contre le réchauffement », est aussi absurde que de « lutter contre le nucléaire », car dans un cas comme dans l’autre on manque la cible réelle, qui est constituée des êtres humains qui en tirent parti. Rappelons que les « ennemis de l’humanité » qui ont été jugés et condamnés à Nuremberg, ne sont ni le monoxyde de carbone, ni l’acide cyanhydrique dégagé par les cristaux de Zyklon B, pesticide produit par l’entreprise IG Farben et utilisé dans les camps de la mort, mais bel et bien celles et ceux portant noms et visages, qui les ont systématiquement produits et infligés à leurs victimes.

Les amis du climat peuvent aussi être les « ennemis de l’humanité »

Nicolas Hulot fait mine d’oublier que les amis du climat peuvent aussi être les « ennemis de l’humanité » qu’il évoque évasivement. Il semble pourtant en être conscient, lui qui, après avoir déclaré combien il n’était « pas favorable à l’énergie nucléaire, mais le fait est que la France l’a développée », et que « on peut l’utiliser mais juste pour opérer une transition douce et ne pas risquer la rupture d’approvisionnement », s’est attiré quelques jours plus tard les prétendues foudres des intégristes de l’atome de l’association « Sauvons Le Climat » (également soutenue par EDF), à travers une lettre ouverte dans laquelle les ingénieurs retraités d’EDF défendaient au final … les mêmes orientations que celui qu’ils faisaient mine de tancer vertement par ailleurs, déclarant : « Énergies renouvelables, nucléaire, stockage, efficacité énergétique et sobriété sont des solutions à combiner intelligemment, chacune dans son domaine de compétence. »[2]

Cette convergence de vue aux allures de controverse et ce consensus sur la composition de la trousse de secours du sauveteur climatique – la même que le gouvernement japonais a récemment mobilisée pour légitimer la relance d’un premier réacteur, puis d’un second, après deux ans d’arrêt total du parc nucléaire[3] – ne sont pas étonnants quand on voit les précautions infinies que prend Nicolas Hulot à se couvrir, lorsqu’il s’agit du nucléaire, du voile vertueux de la neutralité : « On a eu l’intelligence, dans la loi sur la transition énergétique, de ne pas en faire un point de crispation. Chacun a su mettre de l’eau dans son vin. Mon avis est assez médian et il n’a jamais varié. »[4] Effectivement, le même adapte des boissons insipides déclarait trois ans auparavant : « Concernant le nucléaire, je ne suis pas sûr que nous ayons le choix d’en sortir immédiatement. »[5]

Le récent appel formulé par des économistes, intitulé « COP-21 un moment de vérité pour le climat et le développement soutenable »[6], va d’ailleurs implicitement dans le même sens, ne prononçant jamais le mot « nucléaire » et considérant que « la tâche qui incombe aux pays développés est de décarboner leur stock de capital existant, de changer leur modèle de consommation, de diminuer leur consommation d’énergie et de gérer l’héritage de systèmes énergétiques carbonés. », sans jamais s’interroger un seul instant sur la manière dont sera « géré » l’héritage des 441 réacteurs nucléaires civils actuellement installés dans le monde, des 60 en construction, des 155 planifiés et des 338 envisagés.

La Fondation Nicolas Hulot : une agence de communication au service du chantage nucléariste

La composition du « comité scientifique » de la Fondation Nicolas Hulot ne contredit pas cette culture de la doublepensée, propre aux organisations dédiées à la communication, c’est-à-dire à la propagande, fussent-elles des agences spécialisées en rébellion environnementale comme l’est cette fondation. Est-ce un hasard si le groupe Havas, qui se définit sur le site de cette dernière comme « l’un des plus grands groupes mondiaux de communication du monde » (sic) en est le « mécène de compétence » ?

Ainsi trouve-t-on dans le dit « comité scientifique », situés entre les prédicateurs de grands malheurs et d’apocalypses hebdomadaires et les « tout va biennistes » pour qui tout n’est qu’un problème de gouvernance, des éthiciens appointés du type Dominique Bourg, apologues humanistes eux aussi du juste milieu et du vin coupé d’eau pour qui le nucléaire doit disparaître … un jour peut-être, une fois que le « Collège du Futur » dont ils feront partie, ainsi que leurs amis, en aura éthiquement planifié la dissolution (ainsi que la nôtre).

En attendant, du côté des fossoyeurs, sévissent dans le même comité, des affidés du nucléaire comme Jean-Marc Jancovici, pour qui « le nucléaire est beaucoup moins dangereux que le charbon. Depuis la catastrophe de Fukushima, qui n’a pas fait un mort du fait du surplus de radiations, le charbon a déjà tué mille personnes dans les mines. »[7] Une telle impudente inversion de la réalité, qui rend en quelque sorte les opposants au nucléaire moralement responsables des nuisances dues aux énergies fossiles, est la pièce maîtresse du chantage nucléariste auquel prennent part Nicolas Hulot et ses amis.

Dans un livre paru en 2002, le même Jancovici considérait doctement qu’à Tchernobyl, « à ce jour, aucune étude épidémiologique n’a pu mettre en évidence un quelconque surcroît de mortalité par cancer dû à cet accident, mis à part les quelques dizaines de décès […] que personne ne conteste ».

Jean-Marc Jancovici ne peut cependant pas ignorer qu’une étude internationale datée de 1996[8], dirigée par l’épidémiologiste Elizabeth Cardis, avait déjà montré que 4.000 morts étaient liées à l’accident, ce chiffre étant basé sur les 600.000 personnes exposées à des niveaux élevés de radiation, comme les liquidateurs, les personnes évacuées, et les habitants des zones contrôlées, et que 5.000 autres personnes parmi les 6,8 millions exposées à des radiations plus faibles dans les zones contaminées mourraient, soit au total 9.000 morts parmi les populations les plus exposées de Biélorussie, de Russie et d’Ukraine. Jancovici ne peut pas non plus ignorer que, selon une étude prospective dirigée par la même épidémiologiste, publiée par l’International Journal of Cancer en 2006[9], d’ici 2065 on pouvait s’attendre à environ 16.000 cas de cancer de la thyroïde en Europe (intervalle de confiance à 95% de 3.400 à 72.000), dus à l’exposition à l’iode 131 de Tchernobyl, et à 25.000 cas d’autres cancers (intervalle de confiance à 95% de 11.000 à 59.000). Jancovici ne peut enfin pas ignorer que ces estimations ont été jugées conservatrices sur la base des preuves épidémiologiques désormais indiscutablement établies selon lesquelles il n’y a pas d’atténuation du risque de cancer par unité de dose à des niveaux de dose faibles, et que dans un rapport rendu public en 2012[10], les radiobiologistes Andrei V. Karotki et Keith Baverstock considèrent que les estimations précédemment évoquées établies par Cardis doivent être en fait multipliées par un facteur de 1,5. Cela signifie que le niveau supérieur de l’intervalle de confiance de son estimation se situe à 90.000 cas de cancer en excluant les cancers de la thyroïde, et à 108.000, pour les seuls cancers de la thyroïde. Toujours d’ici 2065, environ 16.000 morts devraient survenir de ces cancers (intervalle de confiance à 95% situé entre 6.700 et 38.000) selon l’étude de Cardis, ce qui signifie une estimation haute de 57.000 morts.

Pourtant, le même Jancovici, soutenait encore dans le même article de L’Expansion de juillet-août 2011, qu’« une augmentation de la température moyenne de quelques degrés sur un siècle aura des conséquences infiniment plus graves que la destruction d’une centrale nucléaire de temps en temps », ou encore que « le nucléaire crée moins de risques qu’il n’en évite : moins on recourra au nucléaire civil, plus on sera menacé par des chaos économiques et sociaux, des guerres, des dictatures, et même… une guerre nucléaire! », le nucléaire civil pouvant « concourir au maintien de la paix dans le monde ». Chacun peut en effet constater que depuis que le nucléaire civil bat son plein, il n’y a plus dans le monde, il est vrai, ni chaos, ni guerre, ni dictature.

Un envoyé spécial pour la protection du nucléaire et de François Hollande

Rebelle médian, parmi tous les rebelles médians du moment, Nicolas Hulot tient à tout prix à rassembler, pour sauver le climat et l’humanité. De tels objectifs sont ambitieux, mais leur atteinte incertaine. Plus concrète et plus probable est toutefois la réalisation de l’objectif collatéral de sauvetage du nucléaire, réalisation à laquelle Nicolas Hulot et sa fondation contribuent amplement, en faisant signer leur appel « Osons » à des supporters plus ou moins volontairement dupés : de fait, derrière le paravent de l’internationale climatique que prônent Hulot et ses amis, c’est bien à l’idéologie national-nucléariste que chacun est sommé de souscrire[11].

« Osez en grand ! » proclame Nicolas Hulot, dans sa campagne de dissémination de kits de prêt-à-oser qui n’est rien d’autre que du prêt-à-se-soumettre. « Les citoyens doivent demander : « Allez-y, changez le modèle, allez-y n’hésitez pas, on vous donne mandat pour ça ! « , parce qu’il faut que la volonté des citoyens s’exprime pour donner le courage politique aux chefs d’États » lance, enthousiaste, l’écolocrate de caserne[12]. Cet appel à l’État n’est pas sans rappeler l’aveuglement des familles de Fukushima, qui, au lendemain des explosions des réacteurs réclamaient citoyennement, à corps et à cris, aux représentants du gouvernement, échantillon d’urine à la main, qu’ils prennent en charge les examens de l’iodurie de leurs enfants, alors que les mêmes représentants venaient de fournir la preuve flagrante de toute leur incapacité à faire face à l’accident nucléaire, notamment en ne distribuant pas de pastilles d’iode.

C’est à une liberté du même acabit, que Nicolas Hulot convie chacun, dans son appel à l’audace administrée. Autrement dit, « osez » tout sauf le zéro nucléaire, « osez » donner carte blanche à François Hollande et devenez à votre tour les porte-voix d’une partition déjà écrite et orchestrée, dont la mise en œuvre est déjà entamée et dont le principe fondamental est la préservation d’une place prépondérante du nucléaire dans la production électrique française. Signez tous en choeur et dans la joie de la participation démocratique, l’appel au cautionnement moral de la politique énergétique nucléariste française, lancé par Nicolas Hulot, envoyé spécial pour la protection du nucléaire et de François Hollande, sous couvert de sauver le climat et l’humanité : de fait, tout comme l’esclavage fut nécessaire à l’évangélisation, la traite étant considérée comme une chance pour les asservis de pouvoir entendre l’évangile, « oser » prendre le train des mesures nécessaires au sauvetage de l’humanité vaut bien d’embarquer quelques inéluctables et pesantes contreparties dans ses bagages, l’une d’entre elles étant le maintien du nucléaire dans le « mix énergétique » français. Tout a un prix quand l’heure est grave et l’état d’urgence proclamé.

Là où les libertariens conservateurs climatosceptiques se servent du doute comme arme de destruction massive de toute intervention de l’État … à l’exception de ses fonctions policières et martiales, les néo-industrialistes verts, citoyennistes en diable, qui « formulent et développent la demande sociale de protection dans la catastrophe »[13], cherchent au contraire à réhabiliter ses pleins pouvoirs avec le consentement de tous. Ainsi, Cynthia Fleury, elle aussi éthicienne dans le comité scientifique de la Fondation Nicolas Hulot, propose-t-elle en guise de « grand chantier d’avenir », de « défendre la création de temps citoyens (c’est-à-dire sur le temps de travail des moments qui sont dédiés à l’apprentissage citoyen) dans les entreprises et les administrations »[14], afin de permettre sans doute d’apprendre à chacun à se comporter civiquement en cas de réchauffement excessif de la planète, d’en appeler à encore plus de normes et de réglementation, et qui sait, à un peu plus de nucléaire tellement durable.

Quoi qu’il en soit, en cas d’échec, et bardé de ses acolytes, Nicolas Hulot a tout prévu, surtout sa propre déresponsabilisation : « Je ne vous détaillerai pas l’action des lobbies qui m’entourent, mais François Hollande doit avoir affaire aux mêmes. »[15] distille-t-il, non sans la vanité qui sied aux princesses dont la beauté ne tient qu’à leur capacité à faire savoir combien elles sont convoitées, et au leurre sous l’attraction duquel chacun accepte volontairement de se placer. Pourtant, bon gré mal gré, le petit peuple de gauche et ses bien-penseurs convivialo-décroissants, espèce dont de nombreux spécimens semblent avoir promptement paraphé l’appel de Nicolas Hulot, aux côtés de quelques huiles verdâtres, d’une poignée de simplistes volontaires et d’un aréopage de consciences au sommet de leur inconscience, devront se rendre à l’évidence : le zéro nucléaire passe, entre autre, par le zéro Hulot et le zéro Hollande.

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Thierry Ribault est chercheur au CNRS (Clersé-Université de Lille1). Il est co-auteur, avec Nadine Ribault, de : Les sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima, aux Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, Paris, 2012.

[1] Cette notion revient à René Riesel et Jaime Semprun dans Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, Paris, 2008.

[2] http://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/communiques/Cher Nicolas Hulot.pdf

[3] https://lejournal.cnrs.fr/billets/nucleaire-le-triple-chantage-du-gouvernement-japonais

[4] Les Échos, 24 août 2015.

[5] Le Monde, 11 septembre 2012.

[6] Libération, 20 octobre 2015.

[7] L’Expansion, juillet-août 2011.

[8] Cardis, Anspaugh, Ivanov et al., 1996, Estimated long term effects of the Chernobyl accidents pp. 241-279 in One decade after Chernobyl. Summing Up the Consequences of the Accident, Proceedings of an International Conference Vienna 1996 STI/PUB/1001, IAEA.

[9] Cardis E., Krewski D., Boniol M. et al., 2006, Estimates of the cancer burden in Europe from radioactive fallout from the Chernobyl accident, International Journal of Cancer: 119, 1224–1235.

[10] Agenda for Research on Chernobyl Health (Arch Project) Technical Report (pages 112 et suivantes: Euratom, 2012, Agenda for Research on Chernobyl Health, Arch Deliverable 3, Technical Report, Page 175. http://arch.iarc.fr/documents/ARCH_TechnicalReport.pdf

[11] Une des formes de l’idéologie dans la société nucléaire, formes dont se sont dotés les défenseurs en profondeur du nucléaire et à laquelle les populations se soumettent, est organisée autour de la déréalisation de la perception du monde. Elle fait le choix, quand elle le juge nécessaire, d’annihiler la vie au nom de l’intérêt national et de déposséder les individus de leur propre existence et de leur liberté au nom d’un supposé intérêt collectif servant de paravent à des intérêts industriels supérieurs. Pour ce faire, cette idéologie rend légitimes et co-existantes une technologie des plus avancées, avec une profonde régression de la conscience. J’ai qualifié ailleurs cette idéologie de national-nucléarisme (voir T. Ribault, « Le désastre de Fukushima et les sept principes du national-nucléarisme », revue Raison Présente, Special issue « Le progrès, désirable ? », n°189, mars, Paris, pp. 51-63, 2014).

[12] Je renvoie ici à la notion d’ « écologisme de caserne » avancée par René Riesel et Jaime Semprun (opus cité, p.71) : « Dans la voix de ceux qui répètent avec zèle les statistiques diffusées par la propagande catastrophiste, ce n’est pas la révolte qu’on entend, mais la soumission anticipée aux états d’exception. »

[13] R. Riesel et J. Semprun, opus cité, p.94.

[14] L’Humanité, 16 octobre 2015.

[15] Les Échos, 24 août 2015.

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104 réponses à “« Osons » le zéro Hulot pour le zéro nucléaire, par Thierry Ribault”

  1. Avatar de juannessy
    juannessy

    « Les ennemis  » de Paul Jorion ont ils un nom et un visage ?

     » Les amis de la psychanalyse et de la Philia peuvent ils être les ennemis de l’humanité  » ?

    « Le blog de Paul Jorion , une agence de communication au service du Front de Gauche ( variante du FN , variante DLR , variante ….) »?

    Est ce que Paul Jorion est  » un envoyé spécial pour la protection de l’ultra libéralisme en Belgique et de son ministre des finances  » ?

  2. Avatar de juannessy
    juannessy

    Le pape , même ayant pris l’ex Benoit XVI à contrepied , n’a apparemment pas encore été entendu des grands de ce monde :

    http://www.sortirdunucleaire.org/Le-Pape-Francois-se-declare-antinucleaire-civil

  3. Avatar de Guy Weets
    Guy Weets

    Depuis près de cinq ans je participe à plusieurs groupes de réflexion sur la transition énergétique tant ici à Bruxelles  ( Club de Rome et  Commission) qu’aux USA  ( un exemple : Energy Education Project http://www.energyeai.org/) pour tenter d ‘identifier  des pistes  dans une situation d’incertitude considérable entraînant une désinformation systématique.  Pour chaque source d’énergie il faudrait pouvoir  
    1) estimer le rapport de l’énergie produite sur l’énergie investie  (Er/Ei)
    2 ) l’impact environnemental  de la consommation de cette énergie  CO2, NOX  et autres polluants  souffre métaux lourds  radioéléments etc..
    3)estimer le capital à investir pour ce type de technologie
    4)évaluer les ressources et réserves disponible sur la planète
    Ces données s’avèrent extrêmement difficile à collecter sont peu fiables et susceptible de modifications considérables suite à une percée technologique ou la variation du prix des matières premières. Ainsi on appelle réserve tout ce qui est commercialement exploitable si on néglige les coût de restauration de l’environnement; on appelle ressources ce qui pourrait être exploitable soit parce que le prix a augmenté ou la technologie s’est améliorée.
    Par exemple le rapport Er/Ei est d’environ 100 pour le pétrole du moyen Orient et environ 5 pour les sable bitumeux du Canada . Ces rapports ne tiennent bien sûr pas compte des services rendu par les écosystèmes ou pire par la destruction de ceux-ci. Si on devait faire entrer les facteurs liés à la restauration des écosystème, tant les sables bitumeux que le pétrole de schiste ne serait pas rentable et constituent donc une taxe sur notre futur.
    Les énergies renouvelables doivent faire l’objet de la même analyse car elle ne sont pas illimitées, ne sont pas exempte de pollution et dépendent de ressources non renouvelables sinon même rares, c’est le cas pour les moteurs électriques qui nécessitent l’emploi de certaines terres rares; pour les panneaux photo voltaïques la situation est meilleure. Le problème c’est que comme toutes les bontés de la nature, celles-ci sont intermittentes.
    Qu’en est-il du nucléaire? Clairement la technologie nucléaire d’aujourd’hui , qui est un héritage malheureux de la guerre froide, n’est pas acceptable. Ce n’est pas parce que les militaires US nous ont imposé la seule technologie qui permette de fabriquer des bombes qu’il faut rejeter toutes les technologies électronucléaires. Ma conviction est faite la technologie EPR doit être abandonnée amis au profit soit de la quatrième génération ( uranium à sel fondu) choix de l’Europe soit la technologie basée sur le thorium qui est le choix de l’Inde et de la Chine.
    Pour en savoir plus je vous propose de parcourir soit ma présentation sur le thorium
    Voir : https://www.dropbox.com/sh/tqvlkvpxyvk01xl/AAA9bf_7w5kgQCjr_0AD23KKa?dl=0
    Ou cet article ( la source en est l’industrie)
    http://www.industrytap.com/thorium-safer-cleaner-powerful-alternative-fossil-fuels/21317
    Ou encore la conférence de JC Mestral à Paris
    https://www.youtube.com/watch?v=Z0G8QxaYRds&list=PL740372BFC34CF184&index=4

    Pour conclure je vous enjoins de résister aux fatwas des ayatollah de l’écologie qui sèment le doute sur les actions de gens qui ont dédicacé leur vie au sauvetage de la planète. Dans les systèmes complexes les liens de causalité sont souvent bien cachés ce qui rend hélas possible à tout observateur superficiel de démontrer tout et son contraire. J’en ai été encore témoin ce mercredi en écoutant l’intervention désolante de Brice Lalonde à Bruxelles
    Bon Week-end

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Guy,

      Cette fuite en avant est imposée par notre système économique (capitaliste) puisqu’il vise à maximiser l’agitation économique (croissance oblige), et donc à maximiser la consommation d’énergie.

      Il serait logique de considérer LE fond du problème, et pas seulement ses conséquences énergétiques.
      Nous ne sommes pas sous dictature chinoise, ou autre, que je sache. (quoique, en fait c’est peut être par là qu’est la réponse…)

      Je suis étonné du silence de ceux qui se préoccupent d’écologie, à propos de cette question fondamentale.

    2. Avatar de schizosophie
      schizosophie

      Alors comme ça Er/Ei – CO2 x Nox (non Mox) = Thorium (aka nucléaire vert) ?
      Formule magique par laquelle les sauveurs de la planète « dédicacent » (sic) leurs vies dédiées au salut universel ! Demeurez sûr, M. Vite, que le Grand Tout attendait votre signature pour se survivre.

  4. Avatar de Olivier Brouwer
    Olivier Brouwer

    Je n’ai pas tout lu mais il me semble que je peux résumer ma pensée comme suit :

    – L’article est inutilement agressif,

    – Que nous le veuillons ou non, nous sommes dans un sacré pétrin lié à notre dépendance à l’énergie abondante et à bas prix (qu’elle soit carbonée ou nucléaire),

    – Pour changer cette dépendance, il faudrait faire des investissements énormes, tout en ayant les yeux rivés sur le bien commun (>< "faire du fric"), ce qui nécessite de facto un pouvoir public fort et précisément soucieux de ce bien commun, donc dégagé des intérêts financiers que pourraient avoir ses partenaires privés… et c'est pas gagné !

    – Mais ça ne suffira pas sans une réduction drastique de notre mode de consommation et de notre mode de vie en général, là aussi dans le souci du bien commun, mais en intégrant en plus, dans ce bien "commun", le souci des gens qui ne sont pas encore nés à ce jour, ce qui me paraît encore plus difficile,

    – Le salut passera par la reconstruction de lien social local ou ne sera pas.

    Bonne chance à tous ! 😉

  5. Avatar de Guy Weets
    Guy Weets

    le régulateur US vient de donner son feu vert pour la production d’ électricité pour la première fois depuis 20 ans à un réacteur nucléaire ( Wall Street journal 22/10)

  6. Avatar de Gudule
    Gudule

    « Mais en vain. »
    Je respecte votre opinion, respectez la mienne. mon point de vue n’est pas + idiot que le votre.Aucun débat n’est possible avec un procès d’intention. Je confirme un dialogue avec vous : c’est vain.

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      Gudule VS Vigneron ou Schizosophie , c’est un peu comme si Brigitte Bardot prenait le café avec Louis Jouvet .

      Nicolas Hulot me fait plutôt penser à Guy Marchand .
      PS à Gudule et en réponse à retardement : je suis effectivement « gaga » de naissance et jusqu’à l’âge de 20 ans ; mais ça nous éloigne un peu du sujet en général et du nucléaire en particulier , même si le charbon stéphanois coule dans mes veines , et que cette ancienne gloire industrielle est une criante démonstration du lien entre population , prolétaires,bourgeoisie,culture et solidarités, ressources , joie de vivre (perdue) ,énergie , travail, syndicalisme , mutualité , sécurité sociale …

  7. Avatar de adoque
    adoque

     » Faut-il s’en prendre par priorité à ses ennemis où à ses « alliés objectifs »…  »
    Excellente question posée par Paul Jorion,… s’il en est !
    L’esprit est ainsi éduqué que, lorsque l’on présente une alternative, en général, il se bloque dessus.
    Mais, la tournure d’esprit peut évoluer, grâce en autres par votre blog, incitant à dépasser le cadre habituel, proposé par l’alternative.
    Dans cet esprit, il convient de s’interroger sur:
    *- les amis, qui en fait sont de faux amis,
    *- les ennemis, qui peuvent s’avérer les meilleurs soutiens…

    Les premiers se révèlent par l’expérience dont on fait les frais, souvent de manière inopinée.
    Les seconds, sont souvent délaissés sur le coté de la route, mais vous accompagnent, prêt à vous secourir en cas de pépin.
    Heureusement, les « pépins » ne manquent pas, justifiant la maxime :  » à quelque chose malheur est bon « …

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