Billet invité.
Avec quoi Angela Merkel est-elle revenue de Turquie ? Pas grand chose de nouveau à l’entendre, des « progrès » ayant été selon elle enregistrés. Les discussions sont « très prometteuses et seront poursuivies », a-t-elle déclaré, tandis qu’Ahmet Davutoglu, le premier ministre turc, saluait « une meilleure approche ».
La Turquie est appelée à jouer un rôle essentiel dans le dispositif que les dirigeants européens cherchent à mettre en place pour contrôler l’afflux des réfugiés, mais la négociation sur les modalités des interventions turque et les contreparties qui leur seront accordées promet d’être longue et difficile. Pour les autorités européennes, le temps presse : une nouvelle vague de réfugiés syriens est annoncée en provenance de la région d’Alep, où les forces soutenant le régime syrien progressent avec le soutien aérien des Russes.
Sur la route des Balkans, rendue plus éprouvante avec l’arrivée de la pluie et du froid, la frontière entre la Croatie et la Slovénie est devenue un goulot d’étranglement : seuls 2.500 réfugiés sont quotidiennement autorisés par les Slovènes à la franchir, avant d’être transportés à la frontière autrichienne. L’attente s’allonge pour ceux qui en nombre croissant attendent leur tour pour passer.
En France, les autorités locales ont annoncé que la population de « La Jungle » de Calais avait doublé en l’espace de trois semaines, passant de 3.000 à 6.000 réfugiés avec l’arrivée de nombreuses familles syriennes. Vivant dans des conditions indignes sur le sol de la République, tous cherchent à se rendre au Royaume-Uni et les accidents mortels se multiplient dans l’Eurotunnel. Va-t-on selon un schéma similaire assister à la formation de tels camps de fortune en Grèce ? la Croatie, la Serbie et la Macédoine reprenant à leur compte le quota d’entrée slovène afin de ne pas avoir à héberger de réfugiés et d’en assurer seulement le passage ?
À échéance de l’année prochaine, la Commission travaille sur un autre dispositif. Le commissaire en charge, Dimitris Avramopoulos, voudrait soulager les pays qui accueillent déjà des réfugiés – la Turquie, le Liban et la Jordanie – et transférer en Europe directement de ceux-ci, par des moyens adéquats, 200.000 nouveaux réfugiés. Ce qui suppose un nouvel accord européen pour les accueillir et reste dérisoire en regard du nombre total de ceux-ci, ainsi que des arrivées massives prévues pour le Printemps prochain.
Les autorités européennes ne rattrapent pas leur retard initial, qui s’accroît. Et, tous les jours, de nouvelles noyades sont enregistrées en mer Égée, comme si rien ne pouvait être fait pour sécuriser le passage des réfugiés.
Merci Mango pour vos réflexions et analyses pertinentes. Nous sommes nombreux au centre à partager vos propos et nous nous…