LE FMI À COURT DE SOLUTION, par François Leclerc

Billet invité.

A l’occasion de leur assemblée générale annuelle, le FMI, la Banque mondiale, lancent des alarmes sans résultat apparent, inspirés par une vision globale qu’ils paraissent seuls posséder, imposant pour s’en pénétrer de lire leurs très fastidieux rapports…

Le Financial Times, qui n’y a pas manqué, résume ainsi la vision du FMI : « Le monde risque de glisser dans une nouvelle crise financière conduisant à une récession globale si les gouvernements et dirigeants politiques gèrent mal les risques qui pèsent sur la stabilité du marché ». D’où viennent donc ceux-ci ? Dans son rapport bi-annuel, le Fonds les décrit ainsi : « Les chocs peuvent provenir des marchés émergents ou avancés et, combinés avec les vulnérabilités du système non traitées, pourraient conduire à une désorganisation du marché mondial d’actifs et un tarissement soudain de la liquidité du marché dans de nombreux classes d’actifs. » Hélas, nous restons sur notre faim, en raison du mystère enveloppant ces « vulnérabilités » non identifiées, laissant à penser que les analystes du Fonds ne sont eux-mêmes pas parvenus à les éclaircir.

Un enchainement est par contre bien cerné, fruit du retrait désordonné des mesures non conventionnelles des banques centrales des pays développés, qui pourrait déclencher « un cercle vicieux de ventes paniques, de remboursements et un surcroît de volatilité ». Ce qui confirme que le système financier est durablement assisté, et que toutes les précautions devront être prises avant de progressivement le débrancher.

Plus que tout, le FMI craint en cas de normalisation de la politique monétaire de la Fed le débouclage massif des positions sur les dérivés des fonds monétaires américains, estimées à 1.500 milliards de dollars. Cela pourrait déclencher une crise de liquidité qui accompagnerait la forte volatilité déjà enregistrée sur les marchés. La conjonction des deux représente en effet l’horreur absolue.

Une fois de plus, la dette est sur la sellette. Non pas l’endettement des États des pays avancés – qui continue allègrement de croître – mais celui des entreprises des économies émergentes, fort de trois mille milliards de dollars. A cet égard, une hausse du dollar aurait de très sérieuses conséquences, tant sur les entreprises de ces pays que par ricochet sur leurs banques. Cette économie connait déjà une double peine : la baisse du prix des matières premières qui affecte ses exportations, et d’importante sorties de capitaux qui restreignent leurs financements. Bye bye, la relance globale par les pays émergents !

Que faire, dans ces conditions ? José Viñals, le directeur du FMI en charge de la stabilité financière, donne la priorité au désendettement des entreprises des pays émergents, ainsi qu’à leurs banques. Puis au traitement des créances douteuses au bilan des banques européennes. Il ajoute que des efforts sont à faire pour réduire les tensions sur les marchés en terme de crise de liquidité et de volatilité accrue. Mais sans donner de mode d’emploi, rappelant les incantations en faveur de la croissance du FMI qui en étaient tout autant dépourvues et qui ont depuis disparu.

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