Billet invité.
La lignée Homo a traversé à plusieurs reprises des goulets d’étranglement qui ont failli la faire disparaître. Le dernier événement catastrophique datant de 69.000 à 77.000 ans, quand le ‘super-volcan’ Toba sur l’île de Sumatra, explosa en causant un hiver nucléaire qui amena la population de nos ancêtres au bord de l’extinction.
Et nous voici de nouveau devant un tel goulet d’étranglement. À la différence près, qu’il ne s’agit pas cette fois-ci d’un accident exogène. De ceux où une nature aveugle décime des pans entiers de l’écosystème planétaire à l’aide de titanesques explosions volcaniques ou d’Himalayas célestes nous percutant à des vitesses de plusieurs dizaines de kilomètres par seconde.
Non, cette fois-ci la catastrophe a un aspect beaucoup moins spectaculaire. Elle tient dans les quelques centaines de centimètres cubes de notre boîte crânienne. Dans cette évidence, que nous éprouvons les pires difficultés à brider nos instincts ou à nous projeter dans le futur. Dans le constat chaque jour renouvelé, que demain n’existe pas, et que seule compte la jouissance immédiate. Quel que soit le prix de son assouvissement !
Et justement, comme les lecteurs attentifs de Paul Jorion le savent bien, tout prix est le résultat d’un rapport de force. En l’occurrence celui que la folie de notre espèce a engagé… avec la Nature !
C’est en cela que la lecture de Penser l’économie tout haut avec Keynes peut constituer un point de départ à une réflexion commune. En découvrant comment la pensée keynésienne, sous des aspects souvent baroques, s’articule autour d’une simple mais nécessaire idée : celle d’une économie au service de la paix.
C’est à partir de cette utopie que nous devons penser tout le reste. De là découleront la prohibition des paris boursiers et des havres fiscaux, la neutralisation par la réappropriation populaire des banques systémiques et des transnationales. De là, nous pourrons penser le partage des richesses produites par la robotique et l’informatique. De ce changement de paradigme économique, découleront des représentations politiques qui ne seront plus celle de l’argent, mais celles de notre volonté commune de donner un avenir viable à nos enfants.
Nous sommes condamnés à l’utopie ou à la guerre.
Peut-être l’ai-je déjà écrit ici mais un ami disait que ce n’est pas le peintre qui choisi le paysage mais…