Billet invité.
Ayant fermé sa frontière avec la Serbie, et se préparant à en faire autant avec la Croatie, la Hongrie continue d’endosser le rôle du méchant, non sans recueillir des soutiens affirmés du côté des conservateurs autrichiens ou de la CSU bavaroise. Que peut-il maintenant se passer ?
Après avoir enregistré jeudi 8.500 nouvelles arrivées de réfugiés – qui transitent ensuite par la Hongrie avant d’entrer en Autriche – la Croatie a également fermé sa frontière mais a dû la réouvrir en raison des pressions européennes. Afin de restreindre ce flux, elle voulait faire pression sur la Serbie pour qu’elle en dirige une partie directement en Hongrie.
Bloquer cette dernière voie sur la route de l’exode n’est pas tenable : cela revient à décider de l’installation des réfugiés en Serbie, en Macédoine ou en Grèce, où ils continuent d’arriver dans les îles par milliers. Ne pouvant fermer leurs frontières comme la Hongrie – qui n’y parvient d’ailleurs pas encore totalement – les pays de l’exode n’ont pas d’autre choix que de faciliter le transit des réfugiés sur leur territoire afin qu’il se poursuive.
La situation misérable des réfugiés dans les camps libanais et jordaniens commencent à être découverte, de même que celle de ceux qui sont arrivés jusqu’en Turquie. Ils sont déjà quatre millions et demi. Là, il n’est pas question d’études, de travail, d’intégration, de nouvelle vie, mais de survie en attendant sans espoir que le conflit qui vous a fait chercher un refuge soit terminé. Ceux qui ont pu entamer l’exode vers l’Europe sont les plus fortunés et les plus vaillants, parfois les plus désespérés. La discrimination par l’argent a fait un premier tri.
Des crédits en faveur du Programme alimentaire mondial (PAM) et du HCR vont être débloqués afin de remédier aux aspects désastreux les plus criants de la vie dans ces camps et d’éviter que ceux qui s’y trouvent ne soient tentés à leur tour de rejoindre l’Europe. Mais ce n’est pas crédible. Le dispositif européen d’accueil prévu pour 160.000 réfugiés va être très vite saturé, au rythme actuel de 6.000 réfugiés par jour arrivant dans les îles grecques, selon le HCR. Que faire ensuite ? Manuel Valls, le premier ministre français, a déjà annoncé à propos du chiffre total de 30.000 réfugiés annoncé par le gouvernement que « ce ne sera pas plus »…
L’offre de l’Europe va-t-elle se résumer, ce premier programme d’accueil péniblement mis sur pied, à la peu glorieuse création de nouveaux camps aux frontières – à l’extérieur ou même à l’intérieur de celles-ci – d’une Europe rendue plus ou moins inaccessible, assortie de la fiction d’un tri entre « bons » et « mauvais » migrants, « vrais » et « faux réfugiés » ? Tout projet d’intégration est-il condamné, sauf pour une petite minorité de privilégiés qui auront eu le courage ou le désespoir de tenter l’aventure et les moyens de payer les passeurs afin de parvenir aux centres de tri italiens et grecs ?
À ce compte, l’Europe est-elle en passe de devenir une sorte de « résidence fermée » à grande échelle, à l’instar de ces « gated communities » américaines, ou des ces « condominios fechados » brésiliens, lieux où se réfugient entre eux les privilégiés ? Les banlieues européennes déshéritées correspondraient alors aux favelas qui surplombent les quartiers chics de Rio : Copacabana, Ipanema et Leblon.
Une telle partition ne détonnerait pas.
Réponse de o1 , et en attendant le réponse de o3 Je comprends que vous soyez curieux de savoir comment…