Billet invité.
L’enfermement des logiques du monde-tel-qu’il-va dans la magie de l’indicateur chiffré nous fait voir d’inattendus raccourcis.
Trucage du LIBOR : bah, presque rien, ce n’est pas 0,02% de taux en plus ou en moins qui change vraiment la vie des gens, non ?
Trucage de VW sur ses centrales de commandes de moteur (pour limiter la pollution uniquement au centre de contrôle et retrouver le brio après, ou pire éviter d’encrasser les pots catalytiques trop vite) : bah, presque rien, 0,02% des GES, particules, NOx dégagés par l’ensemble des activités humaines.
Statistiquement, ce ne sont « que » dix ou cent des dizaines de milliers de morts prématurés de la pollution urbaine qu’on pourra imputer aux 11 millions de véhicules sur-polluants que VW a laissé cracher leur gaz et suies.
Statistiquement, ce ne sont « que » cent ou mille entreprises (et des financières surtout) qui auront vu leur marge fondre pour alimenter la cupidité des tricheurs du LIBOR.
Considérer la planète comme un exutoire pour la pollution parce que « nos voitures le valent bien », c’est d’une façon ou d’une autre le fond du raisonnement qui a dû être fait à un échelon ou à un autre.
Considérer l’économie comme un exutoire à dettes (et donc là, quelle chance, il y a une partie du jeu à somme nulle, un exutoire à dette devient une entrée de crédit, ou d’argent « frais », même), c’est d’une façon ou d’autre le fond du raisonnement qui a été fait par les tristes tricheurs.
Se servir sur une laine abondante qu’on doit pouvoir toujours tondre, ou rejeter ses déchets dans une masse d’apparence infinie, ce que nous révèlent ces deux affaires, c’est que la taille planétaire est l’échelle de toutes nos dérives, … et forcément de tous nos espoirs, si d’aventure, au lieu d’attendre la prochaine mise, nous renversons la table !
@Garorock Rebelle à qui ?