Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Que faire ? Sommes-nous entendus ? Si oui, sommes-nous compris ?
Quand je pense à ce qu’il me faudrait faire pour que les choses changent (et il faut d’abord se changer soi-même pour cela) voilà ce que je constate : tout a déjà été dit, écrit, prononcé, démontré, dénoncé. On ne peut donc que reprendre, reformuler, donner du style : nous sommes dans le port-modernisme depuis que l’on ne sait plus inventer. Paraphraser en faisant du neuf avec du vieux, voilà ce que l’on fait depuis mai 68. Ce que je veux dire par là, c’est qu’à chaque fois que je me dis : « voilà ce que je dois étudier afin d’obtenir ceci », je réfléchis, j’observe et je vois que, d’une manière ou d’une autre, un autre que moi l’a déjà fait avant, parfois bien avant, parfois encore plus loin dans le temps – et que cela n’a, pratiquement parlant, pas beaucoup fait bouger les lignes de front, même si tout avait été très bien pensé et écrit.
La guerre des classes est une réalité (« La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter » nous conte Warren Buffet (et le buffet est servi !). Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. « C’est normal, les pauvres, c’est fait pour être très pauvre, et les riches, très riche » nous apprend De Funès. Qu’on se l’avoue ou non, chacun sait bien ce qu’il en est, et du rapport de force à notre désavantage, et de la situation catastrophique de l’économie réelle. Alors, tout ça a été décortiqué de mille façons depuis des lustres. Et, les lignes de front bougent-elles ? C’est une « drôle de guerre » là aussi dirais-je.
Que nous reste-t-il ? Nous n’avons qu’une force, celle du nombre. Les pauvres très pauvres sont très nombreux face aux riches très riches.
Je ne suis pas du tout satisfait de ce monde. Je suis honteux pour ma fille qu’elle ait pris naissance dans un tel univers.
Pour vivre mieux, il me faudrait pourtant m’en contenter. Ce serait donc accepter que le monde soit ainsi. Je pourrais me ficher que tout parte dans le mur à 100 à l’heure. Je pourrais profiter du présent et vivre à crédit, sur le bon dos de notre vieille Terre. Je pourrais très bien vivre au jour le jour, sans penser au lendemain, et vivre égoïstement, polluer à foison, vivre en courbant l’échine, en ayant troqué ma dignité pour vivre cette vie selon les règles des puissants.
Mais, ce n’est pas ça « la vie ». Lennon voulait, devenu adulte, « être heureux ».
Car ce petit tableau que j’ai dressé, c’est simplement un scénario, une servitude volontaire.
Nous sommes, dans notre immense majorité, écrasante majorité, des moutons. On ne s’est pas saisi de notre vie pour la vivre. Par contre, certains se sont saisis de nos vies pour faire de nous leurs ouvriers, leurs employés, leurs outils. Nous sommes, très jeunes, devenus des morts-vivants, alors que le petit héros du Géant de Fer nous dit bien à la fin « tu es celui que tu choisis de devenir »… Que sommes-nous donc ? Que sommes-nous devenus ? Qu’allons-nous devenir ?
D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? questionne Gauguin.
Que Spencer Cathcart essaie de nous montrer la voie à suivre ou que Pablo Servigne et Raphaël Stevens nous dressent le constat que Tout peut s’effondrer, nous avons peu bougé et cela, uniquement mentalement.
Écrire des livres et des billets, lire des livres et des billets, c’est bien un moment, mais ça n’entraîne pas la foule dans les rues pour qu’elle refasse la Révolution (peut-être devrions-nous faire un stage à la CIA pour mieux comprendre cela). Spartacus a prit le problème à bras le corps et je crois que nous n’avons plus que cet exemple-là pour que les choses changent et se transforment selon le mode de vie que nous souhaitons : sain, solidaire, humain, posé, lumineux.
Nos existences se déroulent dans un univers confortable, avec toutefois une épée de Damoclès au-dessus de la tête – mais pas comme dans le reste du monde non-occidentalisé. Ainsi l’on nous fait comprendre qu’à la moindre incartade, l’épée tombe et nous coupe du confort. Notre confort est relatif : en effet, chacun le sent, ce « malaise dans la civilisation ». Tout empire, on le sait, alors on se bouche les yeux, les oreilles, la bouche…
Or, nous n’avons qu’une vie et nous devons la mettre en danger, prendre des risques, pour que nos enfants soient fiers de nous et que nous ne leur léguions pas que des dettes et une planète dans un état misérable, ainsi qu’un « Meilleur des Mondes » exécrable où nous vaudrons moins que des robots. Nous ne devons pas attendre que la CIA nous concocte le scénario et la storyline de notre Révolution : non, c’est à nous de l’écrire, et c’est à nous de la mettre en œuvre. Voilà notre travail ! On ne peut pas attendre de connaître la famine ou d’être à la rue pour se bouger le popotin.
Voyez ce que dit Wikipedia de la révolution : « Une révolution est un renversement brusque d’un régime politique par la force. Elle est aussi définie par le Larousse comme un « changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place, prend le pouvoir et réussit à le garder »
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux » nous éclaire Benjamin Franklin…
Étudions comment une Révolution se met en marche. Écrivons là notre Révolution puis mettons-la en œuvre.
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