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La nouvelle formule : Agora, qui succède à 3D du même Stéphane Paoli, à laquelle j’ai également eu l’occasion de participer au fil des années, dans le même créneau horaire, « marche-t-elle » ?
Tout d’abord un rappel du format de 3D et ce qui là, du point de vue de l’invité, ne marchait pas. Deux invités ou plus, à qui Paoli posait de nombreuses questions. Le temps nous était donné de nous exprimer pleinement, mais « en silo » : les invités eux n’avaient pas l’occasion d’interagir. S’ils étaient ravis d’avoir pu parler à satiété sans être interrompus, ils étaient frustrés de ne pas avoir pu s’adresser l’un à l’autre.
Quand on m’a présenté la nouvelle formule dont on me proposait d’être le premier invité représentant de « la société civile », il m’avait initialement été précisé que l’absence d’interaction entre les invités restait la règle. Puis le site de l’émission lui-même affirma que les invités pourraient s’adresser l’un à l’autre, et j’avais relayé ce message dans mon annonce ici-même. Mais le jour venu, avant le début de l’émission, Paoli nous prévenait que le silo restait de mise.
Pourquoi tout d’abord ce silo ? J’imagine pour que l’affaire n’échappe pas au journaliste : s’il est interdit aux invités de s’adresser l’un a l’autre, il reste le maître du jeu et tout risque de dérapage entre eux est écarté. Mais alors pourquoi en inviter deux ou davantage ? Est-ce tout simplement parce que l’émission dure deux heures et qu’on estime qu’un seul ne parviendrait pas à retenir l’attention aussi longtemps ?
Paoli nous dit à nous, intervenants, avant que le direct ne débute, et il le répétera tout au long de l’émission, que la parole sera accordée de manière égale aux deux invités, dont l’un représente « le monde politique » et l’autre, « la société civile ». Il faut lui accorder qu’il tente vaillamment de le faire mais le fait est qu’il n’est plus seul aux manettes (si l’on excepte Aurore Vincenti qui, survivante elle aussi de 3D, commente à deux reprises l’étymologie de certains mots) : ont été adjoints à Paoli trois intervenants dont le seul souci, si l’on en juge par l’émission d’hier, est de dialoguer avec la représentante du monde politique. Et l’un d’eux en tout cas n’est pas immunisé contre le virus « people », interrogeant Valérie Pécresse sur sa manière d’occuper ses loisirs et les sports qu’elle pratique. À cet endroit, me semble-t-il, cette femme politique éminemment professionnelle et honorable aurait dû couper court au dérapage en observant : « Il était question de faire de la nouvelle émission, une émission sérieuse ». Elle n’y a pas pensé et on ne pourrait lui en faire grief : il n’est pas de bonne politique, quand on est en politique précisément, de faire taire un(e) journaliste en le(la) rappelant aux bonnes pratiques de sa mission.
Le déséquilibre perçu par tous, en sus de celui dans le temps de parole, résulte me semble-t-il de la confrontation personnalité « du monde politique » versus « de la société civile », bancale par nature : la première est une vedette qui fascine en tant qu’elle-même, alors que la seconde est un témoin et un ambassadeur du monde de la culture dans sa généralité. On n’est pas couché et Les Matins de France culture dans la même émission, avec trois interrogateurs qui tirent à hue et à dia en sus de Paoli lui-même, qui suffirait pourtant à mener la barque, ce n’est évidemment pas donné d’avance !
Alors la nouvelle formule Agora « marche-t-elle » ? C’est sans doute Stéphane Paoli lui-même qui a apporté la réponse, en remerciant Valérie Pécresse d’avoir été « sa première invitée » et moi-même, de l’avoir « accompagnée ».
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