Billet invité.
Les ministres des finances en vacances, les hauts fonctionnaires de la Commission, de la BCE, du FMI et du MES sont à l’œuvre à Athènes, avec pour mission de donner l’apparence du réalisme à un plan qui en est totalement dépourvu. En précipitant les évènements, le gouvernement grec cherche à limiter l’ampleur de nouvelles concessions et s’efforce d’enlever ces nouvelles négociations d’ici la date butoir du 18 août, afin d’être en mesure de financer un remboursement de la BCE sans recourir à un nouveau crédit-relais.
La Commission se prête à ce jeu, Jean-Claude Juncker prenant toutefois la précaution d’évoquer une éventuelle rallonge du calendrier. Pour le reste, le black-out est complet, tandis que se succèdent les séances de négociations menées par Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des finances grec, avec des hauts fonctionnaires représentant les créanciers qui semblent quasi reclus à l’hôtel Hilton, par précaution. La perspective de nouvelles élections législatives à l’automne prochain se précise.
C’est encore une fois le quotidien allemand Bild qui vient troubler la fête, rappelant que le Bundestag va avoir son mot à dire, tout accord étant soumis à sa ratification. Le calendrier est trop serré, prévient-il, prenant le contrepied. Un porte-parole du ministère des finances allemand avait en début de semaine fait état de « points à éclaircir » sur « les objectifs macroéconomiques ». Berlin s’appuie en effet sur la détérioration de la situation économique grecque, en particulier du système bancaire, pour exiger des « conditionnalités » supplémentaires afin d’atteindre les objectifs d’excédent budgétaire prévus…
Pier Carlo Padoan, le ministre italien des finances, fait partie de ceux qui voudraient tourner la page grecque, tout du moins pour quelque temps, et s’affiche « optimiste » au sujet de la Grèce : le pays « aura trois ans et beaucoup de ressources pour se reconstruire », même si les prévisions d’évolution du PIB « se sont particulièrement détériorées ces derniers mois ». Mais son approche ne coïncide pas avec celle du gouvernement allemand qui joue la politique du pire en préconisant une nouvelle saignée.
A la recherche d’un thème porteur afin de dépasser la tache sur l’Europe que représente le sort réservé à la Grèce, le ministre s’inscrit dans la perspective des « États-Unis d’Europe » chère aux Italiens : « il y a deux dimensions dans une construction commune aussi ambitieuse que l’union monétaire. La première dimension concerne la discipline et la confiance réciproque. La deuxième dimension est qu’il faut des éléments communs qui fassent de la participation à l’union monétaire quelque chose de plus que la simple mise en commun de la monnaie ».
« C’est ce qu’on appelle le ‘risk-sharing’, le partage des risques qui a rendu l’union monétaire plus forte au cours des années. Et là, nous arrivons à la mutualisation, à la mise en commun de ressources, qu’elles soient financières ou politiques », a poursuivi le ministre. « L’union monétaire devra tôt ou tard être basée sur des éléments communs, à mon avis un fonds monétaire européen, un mécanisme d’assurance contre les chocs sur le marché du travail et un budget commun ».
Cette ode à l’Europe est-elle toujours d’actualité ? Fidèle à son opportunisme politique, François Hollande s’inscrit par contre dans le cadre dessiné par le gouvernement allemand, afin de l’infléchir au lieu de s’y opposer. Vu d’Espagne et du Portugal – ces deux pays exclus de « l’avant-garde » qu’il propose – un processus de déconstruction est déjà engagé. Et ce ne sont pas ces « populistes » si vilipendés qui sont à la manœuvre…
et Claude d’en rajouter : L’influence des « géniteurs » sur l’IA est limitée une fois que celle-ci atteint un certain niveau…