LE TEMPS QU’IL FAIT LE 31 JUILLET 2015 – (retranscription)

Retranscription de Le temps qu’il fait le 31 juillet 2015. Merci à Olivier Brouwer !

Bonjour, nous sommes le vendredi 31 juillet 2015.

Le 31 juillet, c’est l’anniversaire de mon grand-père maternel qui aurait eu – j’ai fait le calcul tout à l’heure, pour ne pas rester le bec dans l’eau – 133 ans aujourd’hui. Ça dépasse un tout petit peu les moyens dont nous disposons, nous. On parle de prolongation de la vie humaine, mais là, c’est encore un petit peu, je dirais, au-delà de ce qu’on arrive à faire. Un homme très courageux, voilà. Il était né avec, comme on dit, une cuiller d’argent dans la bouche, et quand les circonstances ont demandé qu’il participe au monde autour de lui, il l’a fait d’une manière absolument remarquable. Voilà, un petit hommage en passant.

Vous avez vu, j’ai fait un hommage à Jack Goody qui a été mon patron, qui a été mon patron pendant pratiquement dix ans à l’université de Cambridge, d’abord quand j’étais étudiant, et puis quand j’étais professeur. Quand j’étais professeur, les choses ont été un petit peu plus problématiques, mais, voilà, j’en ai parlé et je crois que c’est important, c’est important de parler de ce qui s’est passé.

Et ça, ça me renvoie immédiatement à mon actualité. Vous avez vu, je suis en train de travailler à ce livre qui s’appellera : « Le dernier qui s’en va éteint la lumière », et je publie des petits passages – il y en aura encore un aujourd’hui dans l’après-midi – sur ce que je suis en train d’écrire. Et alors là, il y a un… Voilà, vous participez de manière remarquable à la discussion. Ça je trouve essentiel, parce que c’est ça que je veux ! Je veux dire, ce sont des brouillons, hein, ce sont des, comment dire, des tentatives de mettre des choses ensemble, et sans vos réactions, ce n’est pas possible ! Je ne sais pas du tout si j’ai le bon ton, ni de quoi je parle exactement et ainsi de suite.

Et hier, j’ai été désarçonné par quelqu’un qui a dit : « Mais ce bouquin que vous êtes en train d’écrire, ça a déjà été fait ! », et il me renvoie à un monsieur qui a écrit un livre qui s’appelle, le sous-titre en tout cas s’appelle : « Bon débarras ! » : « La race humaine, le genre humain, je l’ai assez vu et voilà, c’est terminé, bonne affaire ! » Et je me dis, là, le malentendu est absolument total : ce n’est pas du tout ce que j’essaye de faire ! Comment est-ce qu’on peut croire qu’il s’agit de la même chose ?

Et là, certains commentaires disant : « C’est défaitiste, ce que vous dites » m’expliquent. Alors, il y a une catégorie, pour certaines personnes, du « discours défaitiste », et ce que j’écris là en fait partie. Alors je réfléchis, bon, je réfléchissais, hier soir, à ce que je fais exactement, puisqu’il y a une confusion possible. Et c’est le papier, que j’ai mis en ligne, de Jean-Luc Tur, sur un scandale absolument étonnant. Il faut que vous lisiez ça, c’est la manière dont on est en train de brader, maintenant, le secteur hydro-électrique en France. On est en train de le vendre à l’encan, à des gens qui vont simplement le dépecer et se partager les morceaux. Ce qu’on est en train de faire, là, en France, sous prétexte de transition énergétique dans le secteur hydro-électrique, c’est ce qui a été fait aux Etats-Unis, en Californie. Ça a été fait par la compagnie Enron.

La compagnie Enron est au ban de l’histoire pour d’excellentes raisons. Elle a escroqué tout le monde, elle a démoli une filière qui était la filière de l’énergie, elle l’a découpée en rondelles, chacune de ces rondelles a exigé une marge bénéficiaire absolument éhontée, usuraire, et c’est le client, c’est l’usager en Californie qui en a fait les frais avec l’effondrement, en plus évidemment de l’effondrement de la société elle-même, qui a conduit à ce que des gens qui avaient des plans de retraite, des plans de retraite privatisés… Attention, parce qu’on va vous dire, bien entendu, que les retraites par répartition, c’est lamentable, c’est ridicule, etc., d’ailleurs, d’ailleurs nous avons vécu au-dessus de nos moyens en ce qui concerne tout ça. Vous savez mon opinion là-dessus : c’est parce qu’on redistribue la richesse d’une manière dégueulasse qu’il y a un problème, c’est tout ! Mais voilà, bon, tous les gens qui avaient des retraites privées, eh bien évidemment, c’est parti, il ne restait absolument rien. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’on oublie une chose, c’est que si ces retraites privées dépendent de la valeur des actions et dépendent de la valeur des compagnies d’assurances, des portefeuilles des compagnies d’assurances qui sont souvent en dettes souveraines, quand ça va mal, évidemment, ça ne vaut plus un clou, et alors, votre retraite, votre retraite, ça devient zéro. Voilà.

Et ces erreurs-là, ces erreurs de la compagnie Enron, ces erreurs qu’on a faites aux Etats-Unis et qu’on essaye de corriger maintenant, eh bien, c’est la même histoire que Monsieur Sarkozy qui allait inventer le subprime au moment où le subprime s’est effondré : on est en train de vous réinventer en France la compagnie Enron. Ça a été déjà voté par les députés, ça s’appelle : « la loi sur la transition énergétique », ça a été caché à l’intérieur de ça. C’est dégueulasse, il faut absolument protester.

Et je regardais, donc, ce billet, je lisais ce billet de Jean-Luc Tur avant de le mettre en ligne, je pensais aussi au billet de Philippe Soubeyrand, et je comprends, et j’ai compris ! Je veux dire, ce n’est pas très compliqué finalement, je crois que vous l’aviez compris aussi, certains d’entre vous en tout cas, que ce que j’essaye de faire avec ce nouveau livre, c’est un inventaire ! C’est un inventaire, c’est-à-dire, quand on dit : « Paul Jorion, combien de divisions ? », eh bien, je fais le calcul. Je fais le calcul. Alors, le calcul peut être considéré comme défaitiste à l’arrivée, mais faire un inventaire, faire un inventaire qui ne serait pas un inventaire réaliste, à quoi ça servirait ? Ça ne servirait pas à grand-chose.

Alors, je fais l’inventaire, et vous participez, et s’il y a des gens comme ça, comme Jean-Luc Tur, comme Philippe Soubeyrand, qui peuvent me produire des dossiers, des dossiers entiers, qui mettent les choses, je dirais, sur la place publique… Et à ce propos-là, j’ai un petit message que je dois vous lire, et ça va vous rappeler quelque chose : « Voilà, Nicolas Hulot a bien répondu suite à la lettre ouverte (de Philippe Soubeyrand). La porte est ouverte et nous y réfléchissons. Car rien n’est simple. Nous vous tiendrons au courant. » Vous vous souvenez, le débarquement de Normandie ? Ce n’était pas hier, c’était en 1944. Et alors, on avait dit : « Les sanglots longs des violons de l’automne », et ça voulait dire que le débarquement allait démarrer. Alors, voilà la petite phrase sur Nicolas Hulot.

Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien, ça veut dire qu’on réfléchit tous ensemble ! Voilà, on essaye de voir si on peut faire des choses ensemble. On essaye de compter, peut-être, je dirais, on essaye d’ajouter les divisions de Nicolas Hulot à celles de Paul Jorion, ça ne fait pas encore beaucoup ensemble mais enfin, on est en train de regarder.

Voilà, c’est ça, c’est ça que j’essaye de faire en ce moment. Ce livre qui s’appelle : [« Le dernier qui s’en va éteint la lumière »], je lui ai donné un titre humoristique, je l’ai proposé à la maison Fayard qui a trouvé ça très rigolo, et voilà, le livre s’écrit sous ce titre-là. Ce que j’essaye de faire dans ce livre, c’est faire un inventaire. Si vous pouvez participer à l’inventaire… Alors, mon inventaire, vous avez vu, ce n’est pas simplement parler d’électricité et parler de dérèglement climatique, c’est aussi de dire qui nous sommes, qu’est-ce que nous sommes, de quoi sommes-nous capables ? Si on nous dit : « Il faut retrousser nos manches », si on nous dit : « Il est peut-être trop tard », il faut savoir de quoi on est capables, il faut savoir, il faut faire une évaluation objective, réaliste, de ce que nous pouvons faire dans la situation qui est la nôtre.

On s’est réveillés un petit peu tard, on s’est réveillés d’une période où on se disait : « On est sur des rails, le monde est, voilà, comme sur des roulettes, on va pouvoir continuer à l’infini, c’est la fin de l’histoire… » Nous nous sommes réveillés. Nous nous sommes réveillés il n’y a pas très longtemps pour nous dire : « C’est cuit, c’est cuit pour l’espèce. » On est mal équipés. Pourquoi ? Eh bien, justement, je parlais de mon grand-père tout à l’heure, on a droit à une centaine d’années maximum. Ça ne nous donne qu’une lucarne relativement médiocre sur l’évolution d’une espèce comme la nôtre.

Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas moyen de faire quelque chose, [ni] qu’il ne faut pas faire ce qu’il faudrait faire. Voilà, c’est ça le projet ! C’est ça le projet de « Le dernier qui s’en va éteint la lumière » : c’est qu’on ne doive pas éteindre la lumière ! Bon, vous avez compris ? Ce n’est pas dire : « Bon débarras », ce n’est pas dire : « Cette engeance ne vaut pas un clou », encore qu’on en aie des… Bon, je ne vais pas parler de choses que j’ai vues dans l’actualité, hier, et qui m’ont fait vomir ! Euh, il y a des choses à dire sur l’espèce humaine, mais enfin bon, euh, c’est la nôtre !

Comme disait Hegel : « Chacun naît à l’époque qui est la sienne. » On ne peut pas dire : « Je ne suis pas né à la bonne époque », non, on est fait, on est, chacun, équipé pour vivre à l’époque qui est la sienne. On peut être écœuré, on peut trouver ça dégueulasse, on peut vraiment se dire, voilà, comme dit Silène aux êtres humains : « Le mieux pour vous, ça aurait été encore que vous ne soyez jamais né ! », mais une fois qu’on est né, eh bien en fait, on est relativement équipé pour s’occuper du monde tel qu’il est à sa propre époque. C’est relativement rassurant, mais ça ne veut pas dire qu’on peut rester assis sur son cul ! Il faut peut-être faire des choses, il faut peut-être [s’activer]. Voilà.

Alors, Paul Jorion et les autres, combien de divisions ? On va continuer à faire le calcul, c’est bientôt le mois d’août, c’est le bon moment pour le faire, parce qu’on ne nous dérange pas trop ! Allons-y, il y a du pain sur la planche de toute manière ! Voilà, allez ! Si vous ne savez pas comment vous occuper durant l’été qui vient, participez à l’inventaire. Vous êtes très nombreux à regarder le blog, vous savez que c’est une veillée d’armes. Alors, il faut tous travailler, tous ensemble ! Allez ! Je vous tiens au courant, vous me tenez au courant aussi, je vous l’ai [proposé] tout à l’heure.

A très bientôt ! Au revoir !

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