Le dernier qui s’en va éteint la lumière (à paraître chez Fayard… quand ce sera terminé). Le feuilleton.
L’obsession subliminale qui est la nôtre de nous reproduire dans l’urgence constitue une source de distraction permanente qui nous fait constamment dérailler de ce que nous concevons comme le cours normal des choses : celui de notre survie individuelle dans un confort relatif. Nous passons une bonne partie de notre temps ensuite à tenter de remonter sur les rails.
Avez-vous vu le film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut (1999), d’après le roman d’Arthur Schnitzler Traumnovelle (1926) ? Si vous avez vu le film ou lu le roman, vous connaissez l’histoire, et même si vous ne la connaissez pas, cela n’a pas beaucoup d’importance : elle peut se raconter de mille manières. Voici l’une d’entre elles.
Il s’agit d’un jeune couple : Albertine et Fridolin, ils ont une petite fille. Chacun a le sentiment de mener une vie dont le déroulement est essentiellement celui qu’il a déterminé, avec sa part de délibérations, de décisions prises et de mise en œuvre de ces décisions. Tout cela est en réalité du vent parce que ce que nous les voyons faire, c’est bondir sur la moindre occasion qui leur est offerte de copuler. Ils vont au bal ensemble, et passent chacun à un doigt de disparaître pour aller copuler avec quelqu’un d’autre. Si cela n’a pas lieu pour Fridolin, c’est qu’il est interrompu : alors que deux femmes accortes l’entraînent vers un lieu non précisé mais pas pour autant problématique, il apprend que son hôte le requiert d’urgence. Et l’on découvre ce dernier en train de se rhabiller aux côtés d’une femme nue évanouie qui, si l’on en croit son agitation, n’est certainement pas la sienne. Plus tard, Fridolin se rend au domicile d’une de ses patientes dont le père vient de mourir, celle-ci, folle de passion, se jette à son cou quand bien même son fiancé est en route pour la rejoindre. Fridolin repart. Dans la rue il se laisse rapidement aborder par une prostituée, qu’il suit après avoir émis quelques très vagues protestations. Etc.
Tout au début : à la page 5 du roman, Albertine interroge Fridolin : se souvient-il d’un jeune homme qui séjournait comme eux un été dans un hôtel de la côte danoise ? Au lieu de répondre à sa femme simplement par « oui » ou par « non », Fridolin, aux yeux de qui la nature humaine n’est apparemment pas mystérieuse, lui demande : « Qu’est-ce qui s’est passé avec lui ? »
Voici ce qu’Albertine lui explique :
Je l’avais déjà vu ce matin-là monter en hâte les escaliers de l’hôtel avec sa mallette jaune. Il m’avait dévisagée rapidement, mais c’est seulement après avoir gravi quelques marches qu’il s’était arrêté, puis retourné vers moi, et nos regards n’avaient pas pu manquer de se rencontrer. Il ne sourit pas, non, il me sembla même que son visage s’assombrit, et il en allait sans doute de même pour moi, car j’étais émue comme je ne l’avais jamais été. J’ai passé toute la journée sur la plage, perdue dans mes rêves. S’il m’appelait – c’est du moins ce que je croyais savoir – je n’aurais pas pu résister. Je me croyais prête à tout ; vous abandonner, toi, l’enfant, mon avenir, je croyais l’avoir quasiment décidé, et en même temps – le comprendras-tu ? – tu m’étais plus cher que jamais.
Le comprend-il ? En tout cas, nous, lecteurs, le comprenons très bien, notre lecture du livre a à peine débuté, et nous ne le reposons pas pour autant sur la table avec dégoût. Non, nous ne tombons pas à la renverse : nous ne fonctionnons pas de manière très différente quant à nous, et ce qui retiendra notre attention et extirpera la Traumnovelle de la banalité qui la menace tant tout cela va de soi, ce sont les bavardages que nos héros vont générer autour du fait qu’ils tentent de mener une vie qui tienne debout malgré la pressante envie de copuler qui les assiège à tout moment et de toute part.
Car puisque nous disposons de la capacité de parler, aux autres comme à nous-même, nous consacrons le temps que nous ne passons pas à copuler à raconter aux autres et à nous-même des histoires pour essayer d’extraire un sens des événements dont nous observons les péripéties dans notre propre vie.
Nous prétendons que nous avons, en réalité et contre toute évidence, des intentions et que nous avons une volonté et que cette volonté nous permet de réaliser nos intentions. Les autres savent parfaitement que ce n’est pas comme cela en vérité que les choses se passent mais ils ont la courtoisie de nous écouter parce qu’ils escomptent bien qu’un jour ou l’autre ce sera nous qui les écouterons déverser eux aussi leur boniment. Pourquoi nous racontons-nous de telles salades si nous ne sommes nullement prêts à les acheter venant des autres ? Parce que cela calme un peu le tumulte intérieur qui nous agite, pendant que dans le monde extérieur, nous continuons imperturbablement de ramer.
68 réponses à “C’est quoi notre espèce ? (II) La reproduction : une source de distraction permanente”
@Paul Jorion concernant la « conscience ».
Bonjour Paul Jorion
Oui, d’accord si vous parlez du temps de réponse dans la boucle d’asservissement de notre machine ! C’est dans le cadre du fonctionnement de cette (merveilleuse, quand-même) machine qu’est le corps humain. On peut étendre ces notions, et celle de feedback aux sociétés, dans le sens des structures que les humains ont érigées.
En gardant cet angle de vue, nous avons aussi appris que pour optimiser le fonctionnement d’une machine, non seulement en régime établi et stable, mais aussi au moment des démarrage, arrêt, changement de régime… et en tenant compte des stimulants externes, parasites ou volontaires,… nous avons donc appris qu’il faut élaborer son modèle et rechercher les paramètres permettant d’obtenir la meilleure réponse sans que la machine ne rentre dans un fonctionnement instable….
J’arrêterai là la digression vers laquelle vous m’avez attiré (merci), en disant que nous concernant, humains et/ou groupes, nous dev(ri)ons établir nos modèle et paramètres, à l’avance, lors de nouveaux « changements de régime », en profitant des données collectées lors des expériences précédentes.
Pour l’immédiat, nous sommes en régime de sur-oscillation et commençons à nous cogner dans les « rails » supérieur et inférieur… et ça fait mal.
Bref…
Notez que Jacques Brel est un des rares – hommes – à avoir sublimé toute cette horreur. N’est pas artiste qui veut, l’expérience a son mot à dire.
Pour en faire quoi ? une chanson : Ne me quitte pas.
Bien sûr, la danse, la musique, la poésie, c’est bien en ces lieux là que s’épanouit ce désir d’amour. De Sapho en passant par les trouvères jusqu’aux poètes d’aujourd’hui, eux tous ont inventé ce quelque chose d’autre; s’ils n’avaient pas parlé d’amour, l’amour n’existerait pas. Amour, vaste sujet.
Et ben, vous n’y allez pas par quatre chemins! 😉
Il faut faire un choix :
« La vie est une maladie sexuellement transmissible constamment mortelle » Willy Rozenbaum
« La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible », Woody Allen.
Moi, je trouve ça bien de copuler. En plus, c’est agréable (allez, j’avoue : j’aime ça!)et la médecine moderne nous prodigue quantité de moyens d’éviter de se retrouver avec un Polichinelle dans le tiroir (si je puis dire) à l’insu de son plein gré.
Il y a ça aussi dans un coin de ma tête… C’est vrai, quoi, moi aussi j’ai un bouquin dans le stylo qui peine à sortir, une grosse centaine de page déjà mais en trop d’année, et moi aussi j’ai envie d’aide aujourd’hui. Le troll est impulsif; ça doit être ses hormones de quinca…
Je prétends apporter des réponses. Sous forme d’un roman d’anticipation situé vers 2080, mon récit décrit une utopie (plutôt sympa à mon sens) et rappelle comment on en est arrivé là, en soulignant les différences avec la situation antérieure, soit notre propre présent. Désolé, je n’ai pas su faire sans une petite apocalypse.
Économie, écologie, politique, philosophie (sans trop couper les cheveux en quatre), des « anthropologues » providentiels (sans flagornerie particulière), et des extraterrestres qui n’interviennent qu’en conclusion …
À nous lire ici même, comme dans le problème qui m’afflige, il apparaît plus aisé de dénoncer que de construire. Critique facile, art difficile… rien de neuf. A ce stade de ce qui s’apparente à un essai, il me faut ordonner un puzzle de textes plus ou moins aboutis, dans une trame largement définie. Ma faible capacité de concentration s’y perd et, dans une perspective « Il faut que nous avancions ensemble sur ces problèmes (c’est une question de vie ou de mort ) », je nous dois maintenant de chercher un regard extérieur sur ces textes trop familiers. Sans mentionner notre hôte, je sais trouver ici des esprits suffisamment initiés pour ne pas tout remettre en cause et m’aider à rapprocher le point final. C’est un vrai travail. Un volontaire ?
mezigue@free.fr
Les oiseaux de passage? (pour une fois que Brassens fait un remix).
Combien de canards souhaitent avoir deux becs? il est plutôt là le problème et sinon pourquoi le marketing? pourquoi inciter a plus à nourrir éperdument nos rêves, si c’est notre tendance commune naturel?
Et pendant ce temps Mme Michu cultive son jardin (sans même avoir l’impression de sauver le monde) prépare ces conserves (chose extravagante elle anticipe l’hiver) dans son village désert et a trop de chambre dans sa maison, quand aux désirs de jonques?
Eh oui, je suis, heu, « je me sens » madame Michu et même, je tricote : c’est anesthésiant.
Mon désir de jonques s’est noyé dans les feuilles de mon jardin, je voyage immobile et si la fin de l’espèce me désole, elle me désespère moins que la constatation que toute cette application à bien faire le petit, le quotidien, le généreux si possible, n’aura pas servi à embellir l’ensemble, comme je l’avais cru dur comme fer.
Et pourtant je vois bien la grande liberté qui nous reste dans le comportement de mes petits-enfants : certains sont accros à mort au marketing de l’apparence comme à une deuxième nature, d’autres s’émerveillent à observer une chenille et à rêver de ce qu’elle va devenir et qu’ils ne verront pas.
C’est bien différent.
J’ai tracé quelques jardins pour certains du 0,1%… ils étaient nus, naïfs et effrayés face à une fleur en train d’éclore, et ne savaient pas en tirer bonheur. L’éphémère affole ?
Les jardins que j’ai livrés aux pauvres leur paraissaient des cadeaux volés…. et porteurs de merveilleux.
Avoir peu serait-il une chance ?
En échange, avoir gagné le temps… le prendre.
C’est sans doute un commentaire de dame…qui s’est déjà…
reproduite.
On attend avec curiosité le commentaire de François, ou de » les religieuses », ou , mieux encore, d’une ( ou plusieurs) femme .
Pour moi , je trouve que c’est une façon …sexy de réinventer l’argument du divertissement d’un autre de mes maitres référence .
Mais je sais que Paul Jorion a du mal avec Blaise Pascal .
Ah! Entre Pascal et Aristote faut choisir.
Et alors quoi ? Nous sommes des êtres de pulsions, tellement peu rationnels. Nous nous racontons après coup des histoires chacun autant que nous sommes pour nous donner une certaine importance, pour avoir le sentiment d’exister. Tant que les histoires sont belles, pourquoi pas ? Avons-nous d’autres choix que de vivre dans une sorte d’illusion ou de brouillard avec un peu de lumière au fond ? Non. Continuons donc à nous écouter raconter des histoires, à nous illusionner de notre importance. Cela fait passer le temps et c’est amusant. Ce qui importe c’est de ne pas être dupe.
Pourquoi pas !
Ceci étant plus le « temps passe » , moins « l’on est dupe », moins on se raconte des histoires , et moins on n’a besoin de s’en raconter pour que la vie soit belle tant que la souffrance ( bêtement physique) est maîtrisable .
Spinoza voulait ne pas rire , ne pas pleurer , mais comprendre .
Là où j’en suis j’ai compris qu’on n’échappe au désir et à la répulsion , à la joie et à la souffrance, à l’empathie et à la haine , que par arrêt de l’arbitre, quand la nature , bonne mère ,éteint la lumière.
» et que les yeux se ferment
comme pleurent les femmes ,
De souffrances données,
D’énergie en offrande;
Happy end ? »
et que , paradoxalement :
» je n’ai que ma douleur ,
Pour conjurer tes peurs .. »
Autrefois , pensant à ma mort et à mes proches , je pensais :comment vont ils faire quand je ne serai plus là?
A ce jour , je pense : comment leur faire partager , voir entendre , goûter , sentir , toucher , qu’il ne faut pas avoir peur ni pour eux , ni pour moi ?
Je ne crois pas me tromper ou m’abuser, en disant que ce que j’ai lu dans le regard de mon père et de ma mère ,dans les jours qui ont précédé leur mort , et qui était leur ultime quête pour « partir en paix « , c’était cette interrogation :a-t-il ( ont ils) bien compris que tout ça n’est pas un drame, mais le récit qui se poursuit ?
« Tout ça n’est pas un drame, mais le récit qui se poursuit, comme vous dites si bien Juannessy.
Se reproduire, passer le témoin de la vie, c’est s’inscrire dans l’éternité, là où le temps n’existe pas. Que demander de plus ?
Ne pas être dupe de ce que pendant ce temps là les gros malins du haut de la pyramide économique et sociale se gavent, (tout en veillant au bon état de cette pyramide), et ceux du bas, toujours plus nombreux (y compris chez nous, bientôt nous) crèvent ?
Ou seulement ne pas être dupe de ce que « nous sommes poussières et retournerons en poussière », et que donc autant en profiter ?
Bientôt, le bas de la pyramide aura tellement grossi, le sommet étant resté tel quel, qu’il n’y aura plus rien entre.
Et alors…………….
@ Dominique Gagnot dit le 30 juillet 2015 à 18:41
« Ne pas être dupe de ce que pendant ce temps là les gros malins du haut de la pyramide économique et sociale se gavent, (tout en veillant au bon état de cette pyramide), et ceux du bas, toujours plus nombreux (y compris chez nous, bientôt nous) crèvent ? »
Je crois sincèrement, Dominique, qu’il n’est finalement pas positif, pour l’espèce humaine prise dans son ensemble, incluant donc « ceux du bas », de systématiquement livrer à la vindicte publique ceux qui s’emploient à se hisser vers le haut.
La vie et la survie sont des combats auxquels tous les membres de la communauté humaine sont en devoir de s’employer dans toute la mesure de leurs propres moyens, afin de chercher à s’extraire des effets de la gravitation qui, tout naturellement, tire sans distinction, tous les individus vers le bas.
Contrairement à ce que vous laissez supposer, ceux qui s’efforcent de s’extraire du bas « de la pyramide économique et sociale » ne sont pas nécessairement dénués se sensibilité humaniste et de compassion envers « ceux du bas ». En outre beaucoup de ceux qui se sont employés à se hisser dans « la pyramide », par un travail honnête et soutenu, mériteraient certainement mieux, dans l’intérêt même de tous les humains, d’être cités en exemple.
Il me semble que vous n’intervenez pas souvent en ce sens. Seriez-vous en désaccord avec cette pensée de Confucius ?
https://secheresse.wordpress.com/2008/07/11/quand-un-homme-a-faim-mieux-vaut-lui-apprendre-a-pecher-que-de-lui-donner-un-poisson-confucius-google-agoravox/
En tous cas, c’était la bonne année ( passée de 8jours ) pour cette forme d’inspiration :
https://www.youtube.com/watch?v=r5PbcBfpwk0
Souvenons-nous des shadoks . Ils nous ont mis devant les yeux La réponse : nous sommes là à pomper ou, plutôt, pour pomper ! Nous ne l’avons ni enregistrée ni intégrée et , comme eux, nous continuons à pomper, sûrs que notre obstination va payer… à la longue ! Quant au(x) critère(s) de La réussite, alors là, notre imagination se débride pendant que notre mémoire, elle, s’efface , s’emballe ! Nous restons toujours prêts à « croquer la pomme », soyons honnêtes.
!
Paul Jorion, encore un petit bout de Lacan, que vous connaissez puisque vous l’avez entendu à Louvais le 13/10/1972.
[…] S’il y a une chose absolument certaine, c’est que c’est pas du tout à donner un sens à la vie qu’aboutit le discours (11)psychanalytique. Il donne un sens à des tas de choses, à des tas de comportements, mais il lui donne pas le sens de la vie, pas plus d’ailleurs que quoi que ce soit qui commence à raisonner sur la vie. Quand le biologiste, le béhavioriste commence à considérer comment ça se comporte, il peut en effet parler de ce que j’appelais tout à l’heure se conserver, et s’il pousse un peu les choses, il parlera de survie. Survivre à quoi ? Là est la question. Pour ce qu’il en est de l’être parlant, il y a quelque chose qui s’appelle l’acte, et ça fait là pas le moindre de doute que le sens, la caractéristique de l’acte en tant que tel, c’est d’exposer sa vie, de la risquer ; c’en est strictement la limite. Et je m’en vais pas me mettre à exposer le pari de Pascal, pour dire que la vie, pour qui pense et sent un peu, n’a strictement qu’un sens, pouvoir la jouer. En échange de quoi ? Sans doute d’innombrables autres vies. Il n’en reste pas moins que ce dont il s’agit, c’est de la jouer, c’est du pari. Jusqu’au point où nous en sommes c’est ce que le discours, le discours du maître particulièrement et ça Hegel l’a fort bien vu, c’est que hors du risque de la vie, il n’y a rien qui à la dite vie donne un sens. […]
Juste après il parle de « joui-sens »…
Vous gardez les yeux grand ouvert, et j’abonde dans ce sens.
Je ne me suis jamais remis d’avoir appris, à moins de 10 ans, que le soleil s’éteindrait dans quatre milliards d’année, cette nouvelle m’ouvrait sur cette béance du sens de l’existence de l’humanité incluant le sens de ma vie puisque pour les deux la mort était annoncée un jour ou l’autre.
Bien sûr on passe son temps à s’inventer des raisons de vivre, à colmater ce trou du sens qui fuit, et à courir vers ce qui repose sur la satisfaction des organes de jouissance (là ou le corps propre est troué) bref ces choses qui font le Marché (de la bouff à l’iphone, du parfum aux toilettes japonaises (les wc pas les atours), de l’écran à l’orgasme. Le petit avantage du dernier est le suspend qu’il permet au sens, lui toujours en fuite dans le suspens…
Alors à suivre l’opinion de Lacan, à jouer sur la survie de l’espèce, pourquoi pas envisager ce risque d’extinction comme une énième farce humaine de questionner le pari du sens avec les risques pris…du pari…
A une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?
Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !
Charles Baudelaire
Distraction a deux sens… et ce sont bien les deux sens qui son invoqués ici.
Sur les intentions, voir Benjamin Libet : il a démontré que les neurones moteurs (par exemple pour bouger le bras) se mobilisent de façon mesurable AVANT (35 centième de seconde avant) ceux qui participent à la « décision » de bouger le bras… bien sûr cette découverte qui date des années 1980 mais heurtent notre perception intuitive de notre libre arbitre, et la théorie économique d’un consommateur armé de sa rationalité et de sa liberté absolue de choix n’est guère prise en compte ni même discutée…
les bonobos font de la copulation un art de vivre et de gestion des conflits.
à l’heure du consumérisme généralisé, la dictature du choix trompeuse se joue de nous. Le capitalisme est une duperie permanente. Notre représentation du monde est faussée par cette croyance au choix et au libre arbitre.
« les bonobos font de la copulation un art de vivre et de gestion des conflits. »
Oui, exact, et les dauphins aussi, ils passent leur temps à jouer et à copuler sans arrêt, et ce sont des guerriers de folie aussi.
Une remarque,je constate que « les vieux » sont en majorité pessimistes sur l’avenir alors que « les jeunes » ne se posent pas la question.
A propos des films cités pour illustrer le supposé devenir de l’homme, je préfère le film « All is lost » , qui a mon sens montre la ténacité du personnage – L’homme – confronté a l’adversité – Ténacité et inventions pour résoudre les problèmes – C’est, et toujours a été, la solution.
Remplacer « jeunes » et « vieux » par « riches » et « pauvres », les « pauvres » sont pessimistes et les « riches » ne se posent pas de question.
Ah les « vieux », à qui l’on doit les plages bétonnées, les supermarchés et l’automobile, s’ils devenaient pessimistes, les « jeunes » rechigneraient moins à se poser des questions « prises de tête », mais les « vieux » sont dans le déni et les « jeunes » dans l’illusion, ils sont fait pour s’entendre, mais n’ont pas le temps de disserter sur les avantages et inconvénients des contrats seniors et contrats d’avenir. Les « vieux » veulent rester jeunes et les « jeunes » s’inquiètent pour la retraite. De toute façon « jeunes » et « vieux » sont sourds, faut gueuler pour se comprendre, et les médocs évitent la dépression et de se poser des questions. Ah les « jeunes », qu’est ce qu’ils vont devenir? Parait que c’est au XVIIIème siècle que ça s’est joué.
Oui, c’est vrai pour les « petits » problèmes, quand tout va bien.
Car sinon on sait surtout s’entretuer ou, beaucoup mieux si l’on est du bon côté, laisser crever. Formule qui rencontre un grand succès à notre époque moderne.
Si en plus on ferme les yeux tout en faisant des trucs sympas, c’est parfait. Que demander de plus?…
@ atanguy
En effet, les jeunes ne se posent pas de questions.
Beaucoup, ensuite devenus vieux, se disent « si j’avais su… ».
Sachant enfin, ils deviennent pessimistes mais trop tard.
Je viens de lire – parfois de survoler – les commentaires qui ont suivi le premier texte de Paul. ( C’est quoi notre espèce ?) Et je me dis… Beaucoup cherche l’explication unique, mère de toutes nos misères. Et les responsables à corseter, à emprisonner pour qu’ils cessent de nous nuire, à désintoxiquer sinon à rééduquer. Pour faire simple, la finance et le 1% qui impose sa loi au reste de l’humanité. Mais ce qui meut ces rapaces – au comportement de barbares et de prédateurs – n’est pas si différent de ce qui permet aux 99% restants d’oublier leur peur de mourir.
Si le mythe du progrès des sciences et de la technique, si l’illusion de la croissance infinie et de l’illimitation ne pouvaient plus constituer le cadre dans lequel l’humanité trouverait à justifier sa présence au monde… De quoi serait alors faite sa vie, de quoi la remplirait-elle ?
La nécessité d’un accomplissement spirituel, d’une démarche créatrice et d’un accompagnement culturel apparaît de plus en plus clairement.
Nous pouvons commencer à irradier nos sociétés en constituant des réseaux et donner des comportements en modèles, sans nous en remettre à cette pratique démocratique illusoire qui s’efforce de faire tenir debout une communauté dans laquelle 51% tentent d’imposer leurs points de vue à 49 %.
J’imagine dans chaque commune des citoyens s’organiser pour repenser leurs vies et doubler la structure classique en un réseau facile à mettre en place et grossissant à mesure. Ensuite ces réseaux tendraient entre eux des connexions pour organiser un archipel.
Ce n’est que le début qui m’aide à tirer le fil ?
Moi!
N’oubliez-pas -dans votre réseau- d’ouvrir un club échangiste à proximité des lieux d’activité afin de privilégier les circuits courts et éventuellement sous forme de scop, une maison close où l’on pourra régler en monnaie locale…
Onfray égratigne tout le monde à part lui-même. Dommage, c’est par là qu’il aurait dû commencer. Il finira comme Soral.
Le seul concept qu’il ait jamais produit c’est l’Onfraynologie!
Mais que voulez vous qu’un « réseau » puisse faire, puisqu’il ne dispose pas des ressources matérielles et financières nécessaires à la construction d’un autre monde, sinon d’un autre Tiers monde?
Comprenez vous vraiment que bientôt nous aurons à reconstruire des sociétés sur les décombres de ce que par un raccourci commode mais peut-être imparfait nous nommerons nos civilisations. Reconstruire veut dire aussi recréer. Je lis beaucoup de gens qui ne me semblent pas croire ce qu’il savent.
» Des enfants ? Je préfère en commencer cent que d’en terminer un seul. » – Pauline Bonaparte.
Tout est dit. Le ‘coût’ d’un bébé humain est exorbitant ! Lorsque notre espèce homo-sapiens est apparue, et pendant les dizaines de milliers d’années qui ont suivies, la mère et l’enfant risquaient la mort lors de l’accouchement. Et ce n’est que tout récemment, que les progrès de l’hygiène et de la médecine ont permis de réduire drastiquement ce risque. Reste toujours le bébé humain, totalement immature, et dont il faut s’occuper sans cesse pendant de nombreuses années.
Si nos lointains (et plus proches) ancêtres ont continué malgré ce ‘coût’, à se reproduire, c’est que l’évolution a fait apparaitre un mécanisme compensatoire d’une extraordinaire efficacité: le désir/plaisir sexuel. Et même si depuis longtemps notre espèce a dissociée copulation et reproduction, même si de petits groupes humains sont nécessairement solidaires -les anciens jeunes s’occupant à leur tour des nouveaux vieux-, ce mécanisme est toujours à l’œuvre. Et toujours aussi impérieux, du haut au bas de nos pyramides sociales, malgré nos savoirs et nos innombrables artéfacts.
Bien, maintenant que j’ai brillamment enfoncé les portes ouvertes, j’en appelle à toutes celles et tous ceux disposant des connaissances qui me manquent en psychologie ( j’ai failli écrire éthologie): n’y a-t-il pas derrière ce mécanisme si évident, un second, beaucoup plus subtil, mais tout aussi existentiel ? Le cogito ergo sum officiel (mais manifestement peu pratiqué), remplacé par un beaucoup moins présentable (mais très pratiqué lui !), je b…., donc je suis ?
@ Roberto Boulant
Quand je pense à Fernande…
https://www.youtube.com/watch?v=gsrgB5Ho7TE
Pardonnez moi M. Jorion, mais n’est-il pas confondu (par distraction »…?) « reproduction » et « copulation » conséquent de désirs, pulsions, etc, sexuels-les, qui avec les moyens contraceptifs peuvent éviter la procréation indésirée ?
Tout ne dépend t-il pas dans quelles cultures (et traditions cultes, etc) faire cet examen et distinction, comme par exemple en comparant la politique de l’enfant unique menée en Chine, pays émergent mais encore pauvres pour la majorité de la population (plus d’un milliard d’habitants-es), et l’explosion démographique en Afrique, continent et populations extrêmement pauvres dans leurs majorités, et du prisme que nous « occidentaux » nous imposons…?
Qui puis-est… Dans les pays « occidentaux » dit aussi « civilisés », « modernes », en tout cas très riches comparativement aux autres cités si dessus, la culture du « corps », du « beau », de la « beauté », par le biais de celle de « l’image » « distrayante » (médias de masse, internet, cinématographie, pub, etc, « libéré ») sans parler du fond « paternaliste » (et macho) de nos sociétés, n’interfère t-elle pas à embrouiller cette distinction en plus d’autres facteurs « accidentels » (capote défaillante, pilule mal prise, ou oublié, dérèglement hormonaux pouvant interférer et rendre inefficace certaines pilules, même du lendemain, etc)… ?
Sans être platonicien, je suis d’avis que l’homme est occupé à désirer les corps quand il n’est pas fini.
Y’en a marre de tous ces quarantenaire pas finis.
Les dégâts provoqués par notre époque, c’est aveuglant de les voir quand on a « gardé » un idéal.
Il faut se pencher sur le désir, avant d’y succomber ou d’y renoncer.
Waow inspiré aussi, bravo hervey, c’est le thème qui inspire ce soir….. mdrrrrrrr
Pov Platon, ça ira mieux avec des lunettes pour ne pas être aveuglé !
Avoir le sexe triste, c’est franchement une hérésie !
@ Gudule
A propos de Platon. PJ tire à boulets rouges sur Platon via Gödel (qui se dit platonicien). Il dézingue les théorèmes d’incomplétude dans son article « Le mathématicien et sa magie », en disant qu’il pourrait dézinguer pareillement la mécanique quantique.
Je préfère (au doigt mouillé, je ne suis pas physicien), comme lui, l’idée des multivers d’Everett plutôt que la vision probabiliste mainstream de la MQ et son cortège de paradoxes. Et j’aime bien les mondes de Kripke (que je connais un peu mieux) car j’y vois une analogie avec ceux d’Everett (les mondes de Kripke sont, pour moi, à la vérité ce que les multivers d’Everett sont à la réalité). Mais PJ ne veut pas entendre parler des mondes de Kripke. Peut-être parce que Kripke renvoie pour lui à Gödel et à Platon?
Qu’il s’agisse des multivers d’Everett ou des mondes de Kripke, ce sont des modèles. Thom (qui se dit rester platonicien malgré son admiration pour Aristote) en propose une théorie générale. Son œuvre majeure « Stabilité structurelle et morphogénèse » est sous-titrée « Essai d’une théorie générale des modèles ».
NB. Désolé de polluer ce billet avec ça mais c’est PJ lui-même qui a parlé d’Everett dans un précédent billet. Je profite de votre « pov Platon » pour dire ce que j’en pense.
Le sexe exclusif n’est pas triste, il a même ses petits mérites si j’en croit les personnes que je considère finis ;). En revanche la boulimie rend triste oui ça c’est certain.
Fleurs du mal / Flowers of Evil
Parfum exotique
Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne,
Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone;
Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’oeil par sa franchise étonne.
Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,
Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l’air et m’enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.
– Charles Baudelaire
Bien plus qu’une distraction, une recherche de compréhension, comme l’illustre ce poème de Paul Verlaine.
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrantD’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aimeEt qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la mêmeNi tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.Car elle me comprend, et mon coeur, transparentPour elle seule, hélas ! cesse d’être un problèmePour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonoreComme ceux des aimés que la Vie exila.Son regard est pareil au regard des statues,Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle aL’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Plus fort que le cinémascope.
J’ai lu et relu le texte de Paul JORION Où voulait il en venir?
D’abord le titre : la reproduction une source de distraction permanente.
et je me suis mise à fredonner la chanson de Marcel AMONT
C’est bien dommage – de travailler – chaque jour pour gagner sa vie faut se lever – mais pour le reste – heureusement – merci la vie l’amour ça fait passer le temps….
Je n’ai pas lu ce texte de A. SCHNITLZER dont Paul JORION nous parle mais je connais sa nouvelle intitulée : Mademoiselle ELSE : cette jeune et très belle bourgeoise en villégiature reçoit une lettre de sa mère qui lui demande pour éviter un scandale (le père a détourné une énorme somme qu’il ne peut rembourser) de joindre un vieil ami qui a déjà aidé la famille. Que lui dit ce dernier entre autres choses ? « Tout le monde à son prix… »Et c’est là que le capitalisme vient poindre son nez. Nous sommes des prostitués(e) car nous lui vendons nos forces de travail et tentons de l’oublier comme nous le pouvons et en plus nous en sommes fiers….. Bon, je ne sais toujours pas si c’est cela que voulait dire Paul JORION – mes cordiales salutations à tous(toutes)
« A ce jour , je pense : comment leur faire partager , voir entendre , goûter , sentir , toucher , qu’il ne faut pas avoir peur ni pour eux , ni pour moi ?
Je ne crois pas me tromper ou m’abuser, en disant que ce que j’ai lu dans le regard de mon père et de ma mère ,dans les jours qui ont précédé leur mort , et qui était leur ultime quête pour « partir en paix « , c’était cette interrogation :a-t-il ( ont ils) bien compris que tout ça n’est pas un drame, mais le récit qui se poursuit ? »
Vraiment beau et émouvant juan, merci pour ce témoignage, que je trouve plus inspiré que mille sinistres oraisons funèbres, votre âme chante, vous leur rendez un trés bel hommage !
KDO : Luz negra
https://www.youtube.com/watch?v=zro9p_erZ1E
Un début de réponse, il me semble, est dans Etes-vous déjà cuite) ?, par Un Belge.
Avant même l’intellect et les fonctions cognitives, quand les capteurs sensoriels sont anesthésiés par la saturation, voire détruits, que peuvent donc cogiter les humains privés de sens auditifs, proprioceptifs, visuels, épidermiques, olfactifs, gustatifs ? Quand les sens qui nous font percevoir les subtilités du monde sont altérés, le sens disparait.
Les expériences d’isolation sensorielle ou autres expériences de torture en captivité montrent à quel point la matérialité de la perception a son importance, un inconscient sensoriel.
Dans la caisson à isolation sensoriel, ils partent en Alpha et hop décolle jeannot, chacun son truc, il parait que c’est formidable comme expérience, noir complet, sens à l’arrêt, baigné dans de l’eau salé, retour à la vie intra utérine ?
Déjà dans la mer, c’est trop bon , mais là, c’est encore autre chose. Pas encore essayé. Why not ?
http://caisson-isolation-sensorielle.com/fr/flottaison-bienfaits.htm
je me demande comment ils font après pour gérer par ce que en Alpha on est complètement béat, là c’est Forrest
Gump ^^.
Sexe: « Les vieux » en parlent, »les jeunes » le font.
Ha bon ? Ils ont l’air « en forme » à l’étage au dessus..avec Fernande….
MMS:
Matin, midi et soir
mardi, mercredi, samedi,
mars, mai, septembre,
mes meilleurs souvenirs.
Distraction permanente,certe mais apparament pas pour tous le monde.
Début d’une pandémie?
http://www.huffingtonpost.fr/2013/10/21/pourquoi-les-japonais-ne-font-plus-lamour_n_4134827.html
Le dernier billet d’Un Belge comme un direct dans la gueule.
Les cons le resteront, mais voilà qui est dit.
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Cette anecdote m’amuse:
« La découverte de Bukowski en France date de son apparition inoubliable dans l’émission Apostrophes, le 22 septembre 1978. Invité avec d’autres « marginaux », comme Cavanna et le docteur Ferdière, Bukowski but un litre de vin blanc en direct, effaroucha la romancière Catherine Paysan, et insulta tout le monde. Bernard Pivot, stupéfait, le fit sortir du plateau. On n’avait jamais vu ça dans une émission aussi respectable. L’événement fit la une des journaux. On en parla jusqu’à New York. »
Ceci-dit Ferdière n’est pas un marginal, il a tout simplement essayé d’écraser un authentique poète en se cachant derrière des manœuvres d’État. Avait-il le moindre scrupule, j’en doute. Un vrai connard de la manipulation psychiatrique qui a abusé du pouvoir. Un jaloux, un envieux, un médiocre. La grande secte se nourrit du génie, toujours.
Le poète sur la table d’opération était un des plus lucides du 20 ème siècle et il se nommait Antonin Artaud.
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Avant de vous enrichir et de crever comme tout le monde, écouter cette suite d’émissions radiophoniques :
Rimbaud en mille morceaux
1. Petit manuel de collaposologie – quelques liens utiles
Directement à la source, au contact des auteurs.
« L’effondrement qui vient – Pablo Servigne, Raphael Stevens et Genevieve Azam »
« Une présentation de Pablo Servigne et Raphael Stevens à l’occasion de la sortie de leur (excellent) livre:
« Comment tout peut s’effondrer ».
Il est question de croissance, de ressources planétaires, et de perspectives d’avenir. »
https://vimeo.com/126643667
Et aussi :
http://www.politis.fr/Effondrement-le-catastrophisme,31080.html
http://www.bastamag.net/L-effondrement-qui-vient
2. « le Prince n’a jamais demandé au Philosophe de le conseiller »
Je ne résiste pas à citer Michel Onfray entendu ce jeudi matin dans le cadre de sa « Contre-histoire de la philosophie » qui était consacrée aux nouveaux philosophes, hihihi.
Encore un débat du genre économistes ortho et hétéro.
En tous cas Onfray tire à vue sur BHL avec des arguments massue, Deleuze n’est pas épargné (voir hier) et bien d’autres sont pour le moins égratignés, même Levi-Straus et Lacan (Onfray n’a peur de rien) mais bien moins que Deleuze et le structuralisme, mama mia, quelle claque ?
Il est question d’un prince et d’un « philosophe », on ne fait pas d’omelettes sans casser des z’œufs.
JP Chevènement était complaisant en qualifiant BHL de « philosophe auto-proclamé »
Heureusement Sartre est assez épargné. J’adore.
En tous cas cela m’évitera de perdre mon temps à découvrir certains philosophes comme certains ont dû le perdre sur les bancs des universités.
Une filière technique à la Onfray cela a des avantages même par rapport à l’Ecole Normale >, normal.
http://www.franceculture.fr/emission-contre-histoire-de-la-philosophie-la-resistance-au-nihilisme-les-nouveaux-philosophes-2015-
1) Philosopher à la télévision ?
2) Les noveaux philosophes
3) Qu’y a-t-il dans « La barbarie à visage humain » ?
4) Les idées de Bernard-Henri Levy
Soyez quand même prudent avec Onfray, sa mauvaise habitude de tirer sur tout ce qui bouge lui jouera de plus en plus souvent des tours. Ce n’est jamais bon de se mettre tout le monde à dos. Camus n’est pas le fin du fin de la philosophie, et en plus il ne pourra pas l’aider beaucoup parce qu’il est mort !
OK, diversifier ses sources est cependant bien instructif et permet de confronter des opinons différentes.
Je retiens surtout des cours de Michel Onfray ses argumentations étayées et référencées et sa préférence des faits, du réel à de la rhétorique.
Cela n’interdisant pas l’intuition et pourquoi pas le mystique après tout.
Oui en effet, monsieur JORION il faut être prudent avec Michel ONFRAY ce qu’il a écrit au sujet des résistants FTP MOI relève de la plus haute infamie. Mon oncle co-fondateur du groupe Carmagnole a dû s’en retourner dans sa tombe ET TOUS CEUX DE L AFFICHE ROUGE bien entendu.
C’est un peu comme croire que tout va disparaître ou s’effondrer à l’échelle de l’homme. C’est un peu dangereux comme approche, chaque instant de présence et de croissance en est la douloureuse contradiction/négation.
Intéressant d’évoquer la sexualité de l’être humain. Cet instinct de survie de l’espèce. Ces pulsions de vie et de mort mêlés qui poussent les individus dans l’irrationnel au point de mettre leur existence même en danger.
Intéressant de constater que les organes génitaux reproducteurs sont situés au centre de gravité du corps, bien à l’abri dans les os du bassin, et qui représente également un centre énergétique de l’organisme en médecine chinoise. L’évolution s’il en est, nous a installé l’organe reproducteur au centre des énergies mobilisables par l’individu.
Intéressant également le schéma des piliers de structure d’un individu au nombre de 4 : temps, espace, sexe, argent. (ne pensez-pas immédiatement à DSK) Un bon équilibre des 4 serait nécessaire à une harmonie.
L’argent sait provoquer des frénésies dangereuses, des passions, au même titre que le sexe. (Casino, loteries, jeu pathologique de certains traders ou simples PDG…)
Si Paul Jorion nous amène sur ce chemin, c’est certainement qu’au Croq carottes économique, les carottes sont cuites.
+1 Leborgne , effectivement nous appréhendons actuellement les limites « d’une certaine conception du monde ».
« Intéressant de constater que les organes génitaux reproducteurs sont situés au centre de gravité du corps, bien à l’abri dans les os du bassin, et qui représente également un centre énergétique de l’organisme en médecine chinoise. L’évolution s’il en est, nous a installé l’organe reproducteur au centre des énergies mobilisables par l’individu. »
Oui, à juste titre.
« Selon la médecine occidentale, le Hara situé une main en-dessous du nombril au milieu du bas-ventre correspond pour l’occidental au centre de gravité du corps.D’un point de vue anatomique, il correspond au système nerveux entérique (SNE). »
Suite là : http://jrfortin.com/jrf/blog/2012/11/26/hara-le-centre-ou-cerveau-visceral/
Le Dan tien pour les chinois, le hara pour les japonais.
Pour en revenir au point de départ du premier billet, il me semble que la bombe démographique est largement indissociable du réchauffement climatique et de la déperdition des diverses ressources.
Pour en venir au deuxième billet il me semble également que le Désir n’est pas étranger à la démographie, mais pas que…
Car sans rentrer dans les divers débats agitant les sphères philosophico-psychanalytiques le Désir ou sa frustration subliminée n’est-il pas l’un des moteurs principaux des arts et lettres voire des sciences ?
Désir vs démographie, la contraception devrait permettre un bon équilibre via une éducation bien comprise, hors des griffes des religions et je précise ici que le Pape dans son encyclique sur le réchauffement climatique ne remet pas en cause la croissance démographique, bien au contraire:
“il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire . Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes.”
Désir vs copulation, question de temps ou d’addiction? Où est le mal? L’homme dit-on diffère du bonobo par son esprit et par sa capacité à établir des critères de choix ou de tri et même des systèmes de valeurs ou des règles pour régir son existence d’animal social.
Désir-individu-société-consommation ; Il y a dans ces conflits un grand besoin de Culture et d’ Éducation si l’on ne veut pas que le capitalisme marchand ne nous transforme par ses icônes publicitaires en éternels consommateurs copulant…Et frustrés.
Bonjour M. Jorion ey vous tous-tes.
Pour reprendre mon commentaire et questionnement précédent.
Le « désir sexuel » de l’espèce humaine et/ou de l’individu baigné dans sa/ses culture/s, son/ses culte/s, lieu/x de vie, etc, est-il le même que le « désir d’enfant(s) », sachant que le second est conséquent, dépendant du premier (sans parler de la PMA, GPA), mais peut être « accidentel », peut être non désiré (désirer un acte sexuel avec une personne ne veut pas dire vouloir avoir un enfant avec elle, quand des moyens contraceptifs existent « normalement »), voire que l’avortement peut être proscrit suivant certaines traditions, cultures, cultes…?
Sachant par ailleurs que bien des perturbateurs endocriniens, hormonaux, etc (dans les emballages de notre nourriture, dans certaines médications – ou associassions de plusieurs médications – , dans des pesticides et aliments, et l’eau, dans des peintures, etc, suivant différents degrés d’expositions de populations variées dans certaines régions du globe), en plus d’autres facteurs (cultes de « l’image » etc, de l’individualisme, décrit dans mon premier commentaire) peuvent impacter voire influencer inconsciemment (au niveau du « désir sexuel ») certains individus, certaines populations, en rajoutant à ces facteurs les « politiques familiales » menées dans différents pays, sait-on aujourd’hui mesurer avec certitude à quel niveau, degré, l’ensemble de ses facteurs interfère avec les taux de natalité, la croissance démographique, et le « désir d’enfant(s) »… ?
Pour exemple. Qu’en est-il des taux de natalité, de la démographie (nombre d’enfant(s) par couples, etc), des relations (désirées) sexuelles hors acte de reproduction (hors désirs d’enfant(s)), dans les dernières tribus amazoniennes, etc, ayant choisi de vivre suivant des traditions et des cultures ancestrales, éloignées de « notre modernité », etc… ?
Pour aller plus loin dans le raisonnement. Sait-on s’il existe un fort pouvoir interférent entre molécules toxiques associées perturbatrices endocriniennes, hormonales, etc (dans les sociétés modernes et dites riches, émergentes, etc), et leurs réactions provoquées sur des populations humaines (et animales, végétales, etc), interférence au niveau du « désir sexuel », et n’induit pas un changement, n’a pas un fort pouvoir d’influence sur le « désir d’enfant(s) »… ?
Dit autrement. S’il est avéré que les « désirs sexuel » puissent être perturbés, conséquent des facteurs cités précédemment, cela peut-il influencer inconsciemment, par la frustration de ne pas pouvoir avoir d’enfant(s) « normalement » par exemple, le « désir d’enfant(s) »… ?
Bonnes questions !
Le « divertissement » proposé s’appuie bien sûr sur la biologie « animale »!
Ce besoin naturel de reproduction est surtout utilisé pour nous conditionner à un point (!!!) que l’on a du mal à admettre.
Il est bien possible que Paul Jorion ait voulu nous mener vers une réflexion sur cet « entertainment » si bien accepté par quasi tous, à l’insu de notre plein gré !
Divertir restant le meilleur moyen de laisser passer l’essentiel…