Billet invité.
À pas successifs, le gouvernement grec se rapproche du début des négociations du 3ème plan de sauvetage du pays. Le Parlement à adopté à deux reprises de nouvelles mesures conditionnant leur ouverture, les voix des partis d’opposition suppléant aux défections des députés de Syriza, celles-ci ayant légèrement diminué par rapport au scrutin précédent (35 non ou abstentions contre 39).
Participant à une relative stabilisation de la situation, la BCE a pour la deuxième fois recommencé à augmenter le plafond de liquidités d’urgence dont les banques grecques peuvent bénéficier. Voyant s’éloigner la nécessité d’organiser de nouvelles élections, Alexis Tsipras continue de bénéficier d’une importante cote de popularité et tente d’éviter une scission au sein de Syriza après avoir procédé à un remaniement ministériel afin de remplacer les ministres dissidents. Dans la perspective d’une conférence nationale de Syriza en septembre, ces derniers ne semblent pas préparer une scission, tout du moins pour l’instant car d’autres épisodes difficiles approchent.
Alexis Tsipras s’est dit déterminé « à ne pas abandonner le bastion » que représente le gouvernement et à poursuivre « la bataille » afin d’améliorer les conditionnalités du plan d’aide dont il reste à négocier le détail, auquel il a répété « ne pas croire ». Elle est annoncée pour être brève, lui-même et Pierre Moscovici déclarant rechercher un accord avant le 20 août, date de la prochaine grosse échéance de remboursement en faveur de la BCE, pour laquelle le gouvernement n’a pas un sou vaillant. Les trois composantes de la nouvelle « Troïka » vont se retrouver très prochainement à Athènes afin d’ouvrir le bal, le FMI ayant modifié sa représentation.
Présentant aux députés le nouveau contexte dans lequel ces négociations vont s’engager, Alexis Tsipras a fait valoir qu’il se préparait à « exploiter toutes les possibilités d’alliance en Europe, et les divisions, pour améliorer le texte final de l’accord ». Ajoutant que « la question ne se pose plus de savoir si on va restructurer la dette publique du pays, mais jusqu’où on va la restructurer ».
Mais si la politique a ses exigences, l’économie va commander. La détérioration de la situation qui est intervenue à la faveur des affrontements de ces derniers mois, et de l’épisode qui se poursuit de contrôle des capitaux, rend illusoire la réalisation d’un excédent primaire cette année, comme prévu dans l’accord déjà intervenu au lors du sommet européen. La commission estime désormais que la Grèce s’oriente vers un déficit primaire de 6% et une chute de 4% du PIB. C’est une pente qui ne peut être remontée en cinq mois. Une révision du cadre des accords s’impose, mais comment y procéder ?
Conçu sans se soucier de sa crédibilité, le cadre du 3ème plan n’est déjà pas respecté. Sa seule logique est d’avoir différé la sortie de la Grèce de l’euro, mais certainement pas de l’empêcher. Pour la contrarier, il faudrait revenir sur les conditions de départ, et non pas les durcir comme Wolfgang Schäuble en a annoncé l’intention, soutenu par son camp au sein de l’Eurogroupe. La seule différence avec le round précédent est que la Commission, la BCE et le FMI se trouvent aux commandes et non les ministres des finances de la zone euro. Mais en fin de compte, les chefs d’État et de gouvernement auront le dernier mot…
Et même d’une tranche de citron.