« Penser tout haut l’économie avec Keynes », en librairie le 2 septembre

jorion
Comment reconstruire la réflexion économique après la crise de 2007 et la débâcle d’une « science » aux ordres de la finance ? En quoi la lecture de Keynes peut-elle nous y aider ?
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À partir des années 1870, la pensée économique, qui existait jusque-là sous l’appellation d’économie politique a opéré un tournant radical qui a fait d’elle une supposée « science » économique. Paradoxalement, depuis cette époque, une réflexion qui était jusque-là authentiquement de nature scientifique s’est dévoyée, singeant avec une détermination croissante les signes extérieurs de la scientificité, mais s’éloignant en réalité de plus en plus de ce qui serait une réelle démarche scientifique, sacrifiant en particulier la validation par la confrontation des constructions théoriques avec les données empiriques [1], de crainte qu’un tel test ne mette en péril les acquis dont l’« harmonie préétablie » avec les desiderata de la communauté financière est considérée providentielle, sans que la question soit jamais posée du pourquoi d’une telle étonnante providentialité.

Le résultat nous est connu : lorsqu’une crise d’une ampleur considérable s’est déclenchée en 2007, les économistes, dans leur quasi-totalité, ne l’avaient pas vu se dessiner et, faute d’une modélisation adéquate, se montrèrent alors incapables de proposer les mesures nécessaires pour remédier au mal. Un moment désarçonnés, ils se sont rapidement ressaisis et ce sont à nouveau eux qui dispensent leurs conseils et leurs prévisions décollées de la réalité économique, aussi bien dans la presse que dans le cadre universitaire.

Que conviendrait-il de faire ? Il faut bâtir enfin et sans plus tarder la théorie qui fait encore défaut. N’y a-t-il rien encore d’où prendre un départ ? Si, il y a l’œuvre de John Maynard Keynes !

[1] On se reportera aux enquêtes minutieuses menées à ce sujet par Donald MacKenzie dans An Engine, Not a Camera, Cambridge (Mass.) : MIT Press, 2006).

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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