Billet invité.
Toute la journée aura été marquée par la large victoire du « non » au référendum. A Athènes, Alexis Tsipras avait convoqué ensemble tous les partis politiques sauf les nazis d’Aube Dorée, afin de faire une démonstration d’unité. Un texte commun a été finalement adopté, qui met l’accent sur le fait que le résultat du référendum ne doit pas être interprété comme un message de rupture. Il soutient les efforts « pour atteindre un accord socialement juste et économiquement viable », qui doit inclure des moyens de combattre le chômage de masse, de soutenir les entreprises et d’engager des discussions a propos de la viabilité de la dette publique. Dans toute l’Europe, les déclarations des responsables ont au contraire souligné une forte désunion.
Il appartenait à Angela Merkel et à François Hollande de tenter de mettre un peu d’ordre, dans l’attente de la réunion de l’Eurogroupe et du sommet de demain. Mais comme on pouvait s’y attendre, faites de généralités leurs déclarations n’ont pas vraiment éclairci la situation : « la porte est ouverte aux discussions »… « tout le monde doit être responsable »… « l’équilibre entre la solidarité et la responsabilité doit être notre ligne de conduite »… La seule conclusion pratique rendue publique a été qu’Alexis Tsipras devait faire « des propositions sérieuses ». Les deux compères ont mis beaucoup d’application à ne faire apparaître entre eux aucun désaccord, mais Angela Merkel s’est singularisée en ajoutant sans plus de précision « les conditions préalables pour entrer dans de nouvelles négociations [sur un troisième plan] ne sont pas encore réunies ». Elle ne s’est pas découverte mais joue l’effondrement du système bancaire grec pour se décharger de toute responsabilité. François Hollande fait mine de ne pas comprendre.
Côté BCE, le Conseil des gouverneurs a laissé le montant des liquidités d’urgence à l’identique, mais a augmenté la décote du collatéral que les banques doivent fournir en garantie. Aucune précision n’a été apportée, et l’on ne sait pas de combien de tours le garrot a été resserré. Deux membres du Conseil auraient réclamé une décote plus forte, ce qui laisse à penser qu’elle a été mesurée. Mais certaines banques grecques pourraient très vite devenir non solvables, précipitant la suite. Le gouvernement grec a déjà annoncé que les banques resteraient fermées mercredi prochain, ce qui n’augure pas d’un dénouement lors du sommet de demain. Le nouveau ministre des finances grecs, Euclide Tsakalotos va être sur la brèche dès demain.
« En période de récession économique ou de crise politique, l’extrême gauche devient souvent l’extrême droite…! » Il faut changer de lunettes…