Billet invité.
Tout reste encore possible, mais rien n’est certain. Deux documents ont été présentés à l’Eurogroupe d’hier, qui a une fois de plus tourné court, dans l’attente du prochain, convoqué pour samedi. On n’ose pas écrire qu’il est de la dernière chance. Les créanciers et le gouvernement grec avaient hier légèrement modifié leurs copies pour la circonstance, mais rien n’y a fait.
Les divergences subsistantes pourraient être considérées comme des nuances par des technocrates, si leur poids social et politique n’était pas si élevé, expliquant que chacun campe sur ses positions pour ses propres raisons. Pour éclairer le débat, faut-il rappeler que près de la moitié des familles vivent de la retraite de l’un de leurs membres, selon une étude de la fédération des commerçants et artisans grecque datant de 2014, et que celle-ci joue le rôle de dernier filet de sécurité ? Et que les retraites ont été déjà globalement baissées de 40%, toutes mesures confondues ? Deux conceptions s’opposent sans équivoque : l’une met l’accent sur les coupes budgétaires et fait payer les plus démunis, l’autre sur des mesures fiscales qui les préserve autant que possible. Que peut-il d’autre être retenu ?
Yanis Varoufakis a révélé hier que les divisions s’accentuaient au sein de l’Eurogroupe, certains ministres des finances critiques par rapport à la proposition des créanciers. Il faisait avant tout référence à Wolfgang Schäuble et à ceux qui le suivent, qui regretteraient l’assouplissement du document de ces derniers. Les irréductibles ne faiblissent pas et font la politique d’une Union européenne prise au piège des arbitrages au sein de la CDU allemande. Les suivistes qui se réveillent sur le tard ne peuvent éluder leur responsabilité. François Hollande au premier chef, qui cherche à se refaire une virginité après s’être prudemment abrité : il n’y avait que des coups à prendre dans cette affaire, ont su reconnaître les gens du métier !
Deux petites phrases méritent cependant d’être notées ce matin. Porteur d’une position se voulant modérée mais inopérante, Martin Schulz, le président du Parlement européen, a appelé dans une interview au « désarmement idéologique », soulignant que « quelques idéologues étaient à l’oeuvre des deux côtés ». Matteo Renzi, le président du Conseil italien, à lancé lors du sommet d’hier soir : « si c’est votre idée de l’Europe, vous pouvez la garder ! ». Il réagissait vivement aux discussions de marchand de tapis de ses collègues à propos des quotas d’asile des émigrés qui dans la détresse viennent chercher un refuge en Europe. Un second grand enjeu européen, il est vrai.
L’ersatz de réponse apportée à ces deux tragédies de grande ampleur exprime la pusillanimité de dirigeants européens confits dans leurs certitudes, enfermés dans leur monde, incapables d’apporter une réponse à des problèmes qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer. C’est leur procès qui est en cours : ils se posent en juges mais sont les accusés ! Que ce soit devant des émigrés qui n’ont que leur poignante détresse à exprimer, ou des Grecs qui soutiennent un gouvernement pour sa ténacité exemplaire. Mais celui-ci se heurte également à un mur.
Martin Schulz n’a pas tort de critiquer les idéologues, mais c’est dans son propre camp qu’il devrait les dénicher. En les dénonçant des deux côtés, il tente de promouvoir la ligne médiane que François Hollande voudrait timidement et tardivement faire prévaloir. Ayant désormais adopté une position plus conciliatrice, ce dernier tente de gommer les mesures trop directement inspirées par des considérations purement idéologiques, dans l’intention croit-on comprendre de faire venir l’équipe de Syriza au bercail social-démocrate… La vision est comme il se doit pragmatique, ce qui ne l’empêche pas d’être totalement irréaliste !
Alexis Tsipras a rappelé ses confrères au sens des réalités lors de la séance d’hier soir du sommet européen. Au président de l’Union européenne Donald Tusk qui déclarait que le jeu était terminé, il a répliqué qu’il ne jouait à aucun jeu, et que si la Grèce agissait ainsi c’était en raison de son humiliation. Les historiens, ajoutait-il en élevant le débat, ne comprendront pas pourquoi le compromis grec est rejeté. Faisant écho à sa détermination, Syriza fermait depuis Athènes la porte que d’autres formations tentent d’ouvrir en faisant savoir qu’il ne participerait à aucun gouvernement provisoire en cas d’échec.
Dernières nouvelles, une rencontre a lieu aujourd’hui entre Angela Merkel, François Hollande et Alexis Tsipras. Leurs exigences devaient être respectées contre le versement de douze milliards d’euros : tels auraient été leurs dernières propositions, à prendre ou à laisser. Alexis Tsirpas a répondu que les principes européens ne reposaient pas « sur le chantage et les ultimatums » et que « le gouvernement grec continuera à se battre de manière décisive » pour leur respect, « pour le compte du peuple européen et du peuple grec ».
Le danger ne vient pas seulement de D.Trump, mais plus particulièrement de son ‘oligarque’ E.Musk, et l’on comprend mieux maintenant…