Retranscription de Le temps qu’il fait le 12 juin 2015. Merci à Olivier Brouwer !
Bonjour, nous sommes le vendredi 12 juin 2015. Si vous allez sur le blog – et vous êtes sur le blog probablement – vous verrez que j’ai lancé une sorte d’appel de soutien à la Grèce. C’est symbolique, ce n’est pas un article où on discute de choses de fond, c’est juste pour lancer une sorte de cri de ralliement, parce que, eh bien, nos dirigeants, les gens qui agissent en notre nom, prétendument, sont en train de mettre la pression sur la Grèce. Bon, la Grèce met aussi un peu la pression sur eux, mais il est important que nous montrions, que nous fassions la preuve de notre soutien.
Il y a quelques jours, je me retrouvais avec Bernard Stiegler, Philippe Aigrain – Sophie Wahnich était intervenue de la salle – dans une manifestation où nous essayions d’organiser un petit peu quelque chose autour du soutien à l’égard de la Grèce. La semaine prochaine (c’est jeudi), j’ai un débat, cette fois-ci seul avec Sophie Wahnich. Ce n’est pas spécifiquement sur la Grèce, mais on en parlera certainement.
Par ailleurs, eh bien, je continue à travailler sur ce nouveau livre auquel je travaille, et dont je peux vous dire le titre, maintenant, puisqu’il a été arrêté, il est dans les contrats des éditeurs. Ça paraîtra chez Fayard et ça s’appelle : « Le dernier qui s’en va éteint la lumière », et, vous l’avez compris, c’est sur l’extinction de l’espèce. J’ai déjà un livre avec Macklès sur La survie de l’espèce, cette fois-ci, on parlera directement de l’extinction.
Alors, il paraît ces jours-ci, c’est un livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, ça paraît au Seuil et ça s’appelle… Je ne sais plus exactement [Comment tout peut s’effondrer ; petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes], mais c’est sur l’effondrement des civilisations, et c’est un livre qui détaille les phases de l’effondrement, les exemples historiques. Il fait une analyse, non seulement sur les choses qui s’effondrent dans le monde dans lequel nous nous trouvons, mais essaye de documenter aussi pourquoi nous répondons aussi mollement. Alors, c’est le même sujet, si vous voulez, que le livre que je suis en train d’écrire, mais moi, je ne vais pas m’occuper de faire un recensement, comme ils le font, des choses qui s’effondrent. J’aurai un très grand plaisir – au lieu de faire la recherche que j’étais en train de faire patiemment – de renvoyer à leur livre, sans doute, essentiellement, sur le sujet même des choses qui s’effondrent du point de vue environnemental.
Alors (qu’est-ce que j’allais encore dire ? Oui !), sur le plan d’un aspect bien particulier qui est cette machine à concentrer la richesse, que je situe depuis que j’écris des bouquins sur la crise, depuis mon bouquin de 2007, je fais de la concentration de la richesse un des moteurs principaux des effondrements que nous constatons. Et déjà dans le livre publié en 2007, « La crise du capitalisme américain », je renvoyais aux articles – parce qu’il n’y avait pas encore le gros livre de Piketty, « Le [capital] au XXIème siècle » – sur la question, justement, de la concentration de la richesse, je renvoyais aux articles que Piketty avait écrits, essentiellement avec Saez, sur la situation aux Etats-Unis. Alors là, donc, voilà, l’information, elle se trouve, elle se trouve en grande partie dans le livre de Piketty, « Le [capital] au XXIème siècle ».
Sur la question sur l’autre moteur de l’effondrement financier sur laquelle j’attire l’attention, justement, depuis la même époque, 2007, non seulement dans des livres, mais aussi dans des éditoriaux, des chroniques que je fais dans le Monde, que je fais dans d’autres magazines maintenant, comme Trends-Tendances, ou dans l’Echo en Belgique, j’attire l’attention sur un aspect supplémentaire qui est la spéculation, le rôle joué par la spéculation dans l’effondrement qui est en train d’avoir lieu. Le fait que nous avons ajouté ça comme un élément à la fin du XIXème siècle, un ingrédient supplémentaire dans le fonctionnement de la finance. Et c’est un élément absolument catastrophique, qui pompait essentiellement à mon sens dans la colonisation pour trouver l’argent pour spéculer, pour faire de grandes fortunes et les défaire. Nous ne pouvons absolument plus nous permettre ça, il faut absolument interdire ça. Et là, je n’ai pas encore vu le livre, mais il y a un livre de Michel Rocard, et donc, quand il résume le propos de ce livre, il met l’accent aussi sur la nécessité d’interdire la spéculation. Alors là, eh bien, je reçois un renfort au bout d’un certain nombre d’années, mais c’est un renfort sans doute important. Je vais essayer de livre également.
Voilà, donc, dans ce combat que je mène depuis 2007 en publiant des livres et des billets ici et des billets un petit peu partout, eh bien, il y a ces éléments – concentration de la richesse, destruction de l’environnement, rôle joué par la spéculation – il est bien qu’il y ait d’autres choses qui paraissent à ce sujet et qui viennent renforcer le propos. Ou alors, comme dans le cas des articles de Piketty et Saez, c’est moi qui suis allé les trouver pour en faire un argument essentiel dans mon bouquin.
Voilà, un petit point rapidement fait. Si vous avez l’occasion de faire du bruit autour de la Grèce, de montrer votre soutien, non seulement en faisant des commentaires sur mon blog, mais un peu partout comme je l’ai dit, ou en faisant – comme vous avez vu sans doute la référence que je fais à ce film qui s’appelle « Network », qui consiste à passer la tête par la fenêtre et à crier – je ne sais plus comment j’ai formulé ça, j’ai traduit la formule anglaise « I am mad as hell and I can’t take it anymore ! » Je crois que j’ai dit : « Je suis fou de rage et je suis sur le point de casser quelque chose ».
Voilà, allez ! Comme vous le voyez, vidéo faite dans des conditions un petit peu acrobatiques. A la semaine prochaine, au revoir !
Le vent va très vite tourner ! Y’a que les girouettes qui ne le savent pas encore.