Billet invité.
Que cherchait exactement le FMI, se demandait-on ces jours derniers, hier soupçonné d’avoir torpillé les propositions de la Commission, ce qu’il a depuis démenti ? Poul Thomsen, son représentant, n’a finalement pas participé à la rencontre de Bruxelles des représentants des créanciers et du gouvernement grec, qui avait repris dimanche soir mais a vite tourné court. Ces derniers ont une nouvelle fois refusé les coupes dans les retraites, les baisses des salaires et les augmentations de la TVA qui continuaient d’être exigées.
Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, a entretemps éclairci la position de son institution, cet échec intervenu : « un accord crédible nécessitera des décisions difficiles de l’ensemble des parties », a-t-il écrit sur son blog. Côté grec, il s’agit des mêmes réformes qui ont une fois de plus été repoussées – ou toutes autres réformes qui produiraient les mêmes effets budgétaires – car si elles « ne sont pas mises en œuvre, la Grèce ne pourra pas renouer avec une croissance ferme et le fardeau de la dette deviendra encore plus élevé », croit-il pouvoir affirmer pour les besoins de sa démonstration et du remboursement de la dette. Côté des Européens, ils devront selon lui accorder une nouvelle aide « significative » et alléger la dette en réduisant les intérêts et étendant les échéances de remboursement. Accepter de réduire au-delà de ce qui a été consenti les objectifs d’excédent budgétaire impliquerait de couper dans la dette, précise-t-il.
En préconisant des efforts réciproques, Olivier Blanchard met les pieds dans le plat et sort du cadre des négociations imposé par les autorités européennes, qui vient de voler en éclats. Il précise d’ailleurs, pour être plus explicite : « tout comme il y a une limite à ce que la Grèce peut faire, il y a une limite au niveau de financement et d’allègement de dette que les créanciers publics sont désireux de consentir et sont à même de fournir, étant entendu qu’ils doivent penser à leurs propres contribuables ». On ne saurait mieux appuyer là où cela fait mal.
Se présentant équilibrée et économiquement réaliste, cette position ne l’est pas : le FMI fait aussi de la politique, mais ce n’est pas la même que celle des créanciers européens. Il leur renvoie toutefois la balle, dans l’attente de la réunion de l’Eurogroupe de jeudi prochain, à laquelle Christine Lagarde a annoncé sa participation, dernière étape avant un défaut grec probable de remboursement de sa dette au FMI en fin de mois. Combien faudra-t-il encore de mini-sommets ?
Les dirigeants grecs, le dos au mur, n’ont plus rien à perdre et ne reculeront plus. Les créanciers européens se sont de leur côté trop engagés pour admettre un échec aux conséquences financières politiquement insoutenables. La partie va devenir encore plus confuse et l’accent va être mis sur le fait qu’un défaut n’implique pas une sortie de l’euro de la Grèce. Menant la partie et réaffirmant qu’un accord restait toujours possible, Yanis Varoufakis a déclaré au quotidien allemand Bild que l’implication de la chancelière Angela Merkel était indispensable pour y parvenir et qu’une restructuration de la dette l’était également…
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