Billet invité.
Le moment ou tout va se jouer se rapproche, une incontestable fébrilité est enregistrée, mais qu’est-ce qui est effectivement en jeu, doit-on se demander ? Un défaut de la Grèce, dont il est précisé à Bruxelles qu’il ne représenterait pas une sortie de l’euro, et qui laisserait encore des marges de discussion et de manœuvre, relativisant la date butoir du 18 juin, date de la réunion de l’Eurogroupe ?
Les dirigeants grecs sont suspectés de fourberie en voulant terminer au finish des négociations qui ne manquent pas de coups de théâtre, d’affrontements devrait-on plutôt dire. De nouvelles propositions grecques seraient communiquées demain matin à Bruxelles, apprend-on, les rumeurs les inscrivant dans le cadre d’une « solution durable garantissant la cohésion sociale, le développement et une dette publique soutenable ». Tels étaient hier soir les termes employés par Alexis Tsipras lors de son allocution improvisée lors d’un concert de célébration de la réouverture de la télévision publique ERT. En d’autres termes, ayant le réalisme pour lui, le gouvernement grec persisterait à lier mesures budgétaires, objectifs d’excédent et de remboursement de la dette et refuserait toujours de satisfaire aux exigences du FMI de couper les retraites sans autre forme de procès, concédant par ailleurs quelques ajustements. On comprend, si cela était encore nécessaire de le rappeler, qu’autre chose est en jeu que le respect de la simple rationalité financière…
Dans la cacophonie politique ambiante, le marché obligataire et les bourses sont attentifs à la suite des opérations et manifestent un énervement certain. On ne sait même plus s’il est recherché un accord technique ou politique – au niveau du Groupe de Bruxelles ou des plus hautes autorités – ces dernières cherchant leurs marques, tandis que le FMI et le gouvernement grec restent fermes sur leurs positons respectives. Pour les Européens, le FMI joue les empêcheurs de tourner en rond, car selon Jeroen Dijsselbloem un accord sans le FMI est « inimaginable », et pour un peu il pourrait finir pas s’entendre avec les Grecs sur le dos des créanciers européens en leur proposant un plan de restructuration de la dette !
Toutes les cartes n’ont pas encore été abattues.
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