Billet invité. Ouvert aux commentaires.
J’explique : je vais programmer un site web du type trombinoscope qui pour chaque individu répertorié indique
Nom Prénom Surnom Âge (Date de naissance)
Photo
Parti politique et/ou syndicat (encarté, compagnon de route, sympathisant…)
Préférence sexuelle
Nombre d’amis directs
Nombre de relations
Nombre de relations sur le web
Nombre de relations sur les réseaux sociaux
Maladies supposées
Taux d’endettement
Crédits
Hobbys
Aime …
Deteste …
En fait j’explique : tout cela existe déjà de façon diffuse sur la toile et pour quasiment tout le monde.
Ceux qui n’y sont pas sont soit morts, soit fichés pour avoir consenti un effort délibéré pour ne pas l’être.
On est fiché ou bien, si on ne l’est pas, on est fiché par précaution, comme extrémiste ou individu asocial.
Nous avons peur de Lois sur le renseignement mais l’État ne dispose que de moyens dérisoires par rapport à ceux qu’ont d’ores et déjà les sociétés Facebook, Twitter, Google, mais aussi et surtout… votre banque, qui connait toutes vos dépenses et peut déjà exploiter ses fichiers ou bien les revendre.
Ce n’est pas pour rien que l’on préférerait que vous payiez même votre baguette avec une carte bancaire ! N’oubliez pas que votre banque n’est pas tant un service public qu’une entreprise commerciale.
Quand je passe aujourd’hui un entretien d’embauche, on m’explique
Que je ne suis pas « libéralo-compatible »
Que je ne suis pas « hétéro-compatible »
Que je ne suis pas « socialement » compatible (pas assez d’amis sur les réseaux sociaux, pas assez de collègues en amis, etc.)
Quand je vais à Pôle emploi, on me demande explicitement d’aller m’inscrire sur des sites d’entreprises commerciales telle que LinkedIn ou Viadeo (l’État soutiendrait donc implicitement ces sociétés ?)
Et si l’État ne me le demandait pas, l’employeur potentiel me le demanderait lui aussi comme un préalable.
Remarquez qu’avant, pour faire la sélection entre les candidats, on recourait à l’astrologie ou à la graphologie, mais le caractère folklorique de ces pratiques garantissait leur innocuité.
Mais ce que l’on fait aujourd’hui dans les ressources humaines, avec les techniques du Big Data, c’est de l’eugénisme à la petite semaine à partir de critères moralement inadmissibles mais statistiquement intraçables.
Bien sûr, si ces pratiques étaient interdites ici, les entreprises feraient la même chose à partir de l’étranger…
Il est loin le temps où l’on était jugé sur sa compétence pour un boulot. Il faut dire que je parle des temps immémoriaux où il n’y avait que 20 candidats pour un poste. Avec 1 000 aujourd’hui, on peut se permettre de ne courir aucun risque : on puise dans la réserve des 900 conformistes et on élimine soigneusement de la foire d’empoigne les 100 dissidents dont la nomination au poste ouvert serait une source infinie d’emmerdes !
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