Billet invité.
Les plus hautes autorités ne peuvent plus de se cacher derrière de vagues formules afin d’exiger du gouvernement grec « plus de travail », en gracieuse référence à la paresse grecque dont ils ont cultivé la légende afin de masquer leurs exigences. Les documents des uns et des autres sont désormais sur la table, disponibles à qui veut les étudier et les comparer. Et, obtenu par Peter Spiegel du Financial Times, le gouvernement grec a produit un non paper – un document informel – qui détaille ses propositions de restructuration de la dette, sans attendre que les discussions s’engagent, si cela devait finir par être le cas !
Bien que diminués, les objectifs d’excédent budgétaire qui résultent du compromis passé entre les dirigeants européens et le FMI – les propositions du gouvernement grec écartées – impliquent des coupes budgétaires et des rentrées fiscales dans deux domaines très sensibles : une hausse de la TVA résultant de son application selon deux niveaux, et des baisses des retraites, qui représentent un ultime filet de sécurité. Les réactions enregistrées à Athènes laissent peu de chance qu’elles soient adoptées, même en désespoir de cause. Ce qui renvoie au sort qui sera réservé à la dette, la clé de la négociation, que les dirigeants européens le veulent ou non. Expliquant que le gouvernement grec formule sans attendre ses propositions, le réalisme étant dans son camp.
Yanis Varoufakis avait déjà rendu publique sa proposition de remboursement de la BCE, en proposant qu’un prêt de 27 milliards d’euros du Mécanisme européen de stabilité (MES) à bas taux et à remboursement plus échelonné soit consenti à cet effet. En net, il ne serait remboursé à la BCE que le capital, le principe du reversement des intérêts à la Grèce étant acquis, mais actuellement suspendu. Leur montant de 9 milliards d’euros permettrait de partiellement rembourser les 20 milliards d’euros dus au FMI, des financements à court terme devant les compléter.
Le sort réservé aux 53 milliards d’euros directement dus aux États européens serait plus complexe. À la formule du prêt perpétuel – seuls les intérêts étant payés – est proposé comme alternative d’en allonger le remboursement sur cent ans, à moins qu’il ne soit accepté d’échanger cette dette contre des titres indexés sur la croissance du pays, comme cela avait été initialement proposé à Londres par Yanis Varoufakis. Le gros morceau des 144 milliards d’euros dus au Fonds européen de stabilité financière (FESF) fait l’objet d’un autre traitement : le taux de la moitié de cette partie de la dette serait doublé, passant de 2,5 à 5%, tandis que le remboursement de l’autre moitié serait abandonné par tranches successives.
Face à la créativité dont font preuve les dirigeants grecs, les plus hautes autorités n’opposent que le silence, divisés sur cette question avec le FMI, car pris à leur propre piège. Sauver les banques a impliqué un transfert privé/public de la dette grecque, et maintenant que faire ? Depuis le début des négociations, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a tenté de forcer la main à la chancelière pour obtenir la sortie de l’euro de la Grèce. A partir du moment où elle s’y est refusée, l’abcès doit être crevé et cela ne va pas manquer…
En parlant de ‘milliards de dollars’ … un trou de serrure indiscret avec vue sur l’intimité du clan TRUMP… C’était…