Billet invité
Toujours déterminé à faire sortir la Grèce de l’euro, Wolfgang Schäuble refuse le principe évoqué la veille par Jeroen Dijsselbloem d’un versement partiel de fonds, car le Bundestag ne l’a pas décidé ! Faute d’opposition, il continue à donner le ton aux dirigeants européens qui se taisent.
Ni la BCE ni le FMI ne veulent cependant appuyer sur le bouton. Ce n’est pas nouveau pour la première, qui poursuit dans la même veine en décidant de ne pas augmenter la décote sur le collatéral que les banques grecques doivent fournir pour obtenir des liquidités d’urgence. Mais le FMI a de son côté accepté que la Grèce rembourse le prêt du second plan de sauvetage en utilisant ses DTS (droits de tirage spéciaux) détenus auprès de l’institution, ce qui dans les faits sinon dans la forme revient à accorder un nouveau prêt pour rembourser le précédent, ce que les banquiers appellent faire rouler la dette ! Enfin, Alexis Tsipras aurait insisté lors d’une nouvelle réunion de cabinet sur le respect des lignes rouges, et les spéculations sur une disgrâce de Yanis Varoufakis ont fait long feu, montrant le niveau de compréhension de la situation par ses homologues, qui ont pris leurs désirs pour des réalités.
Si l’issue de l’affrontement reste de plus en plus incertaine, un troisième plan est dans les limbes, au cas où. Il fait l’objet de chiffrages et il serait question de 50 milliards d’euros cette fois-ci, mais les écueils se multiplient déjà. Le FMI aurait averti que cela se ferait sans lui, et la position du gouvernement grec est de s’en tenir à une ligne de crédit, une position cohérente avec les propositions initiales de restructuration de la dette de son ministre des finances. Pour estimer l’enveloppe, en tout état de cause, cela dépendra cependant des prévisions de croissance adoptées, s’il n’est pas accepté de lier les remboursements à la croissance effective du pays. Un nouveau bras de fer sera en perspective si la question vient sur le tapis.
Selon les estimations de Macropolis, un service d’information sur la Grèce en langue anglaise, la dette pourrait représenter 154 % du PIB en 2022, loin des 120 % préconisés par le FMI, à condition toutefois que soit dégagé un excédent budgétaire annuel de 1,5 % d’ici là. Cela explique que le FMI n’a pas l’intention de monter à bord pour le prochain sauvetage, mais n’accrédite pas la perspective d’un seul allégement de la dette, comme évoqué par Jeroen Dijsselbloem.
Comme si les pistes étaient décidément brouillées, le gouvernement russe vient de proposer à la Grèce d’être le sixième partenaire des BRICS, aux côté de la Russie, de l’Inde, de la Chine, du Brésil et de l’Afrique du sud, ce qui lui donnerait accès aux guichets de sa banque de développement, qui sera dirigée par un Indien. Il ne s’agit plus cette fois-ci de simples droits de transit pour le gaz russe entre la Turquie et les pays européens. La Chine n’est pas seule à l’initiative avec sa Banque asiatique d’investissement en infrastructures (BAII)…
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