LE BAL DES HYPOCRITES BAT SON PLEIN, par François Leclerc

Billet invité.

« Nous voulons tous que la Grèce réussisse ! », a assuré en fin de semaine Mario Draghi en donnant la clé d’un succès qui repose selon lui sur le gouvernement d’un peuple décidément paresseux : « il faut beaucoup plus de travail ». Mais ce qui fait encore obstacle après tant de semaines de négociations infructueuses reste un mystère.

Également présent à Washington en raison de la tenue des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, Pierre Moscovici a exprimé une vue sensiblement différente afin de se démarquer : « on travaille et on fait des progrès, mais ces progrès sont trop lents et à ce stade trop faibles ». Puis il a apporté cette précision éclairante : « il manque beaucoup de choses » dans la liste de réformes que la Grèce doit présenter à ses partenaires.

Heureusement, Mina Andreeva, l’une des porte-parole de la Commission, a apporté un éclairage appréciable : « le problème n’est pas qu’il n’y a pas assez de dialogue, mais pas assez de travail technique. Il manque des chiffres, des tableaux détaillés ». Klaus Regling, le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), a continué de tourner autour du pot tout en s’approchant du sujet : « ce que les Européens veulent, c’est une liste complète de réformes, qui soit suffisamment crédible pour garantir que la Grèce puisse ensuite revenir à une situation viable. » Ajoutant pour toute précision : « pour le moment, le compte n’y est pas ».

On a rarement connu une telle conjuration du silence ! Comme si le non-dit faisait office d’éléments de langage, il n’est pas question d’identifier les points de désaccord entre les négociateurs européens et le gouvernement grec. À croire qu’il est politiquement inconvenant d’identifier les lignes rouges que le gouvernement grec a clairement annoncé ne pas vouloir franchir, au risque de mettre ainsi en évidence une disproportion inassumable entre les mesures qui sont exigées et leurs conséquences.

Confrontés à leur propre échec, les hypocrites avancent masqués.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Paul, Je n’ai vu de ce film, il y a longtemps, que ce passage (au début du film, je crois)…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta