Billet invité
Je suis peut-être un indécrottable romantique, mais ce genre de nouvelle m’inspire une profonde tristesse :
Le dernier rhinocéros blanc a ses propres gardes du corps.
Même chose pour le dauphin de l’Amazone, qui n’en est pas encore là mais dont je ne donnerais pas cher au cours des 10 prochaines années. Le dauphin d’eau douce chinois a lui disparu corps et âme en 2006. La liste est longue. L’extinction massive des espèces n’est pas une fiction.
Alors ? Difficulté à lâcher prise ? A faire le deuil ? A accepter la tragédie de l’existence ? Ou saine colère face à un événement (la disparition d’une espèce magnifique) qui n’a rien de nécessaire, qui est une aberration éthique et un échec collectif de toute l’Humanité ?
Certes, en Europe et en Amérique, l’Homme a détruit la mégafaune depuis belle lurette. Et donner des leçons aux Africains est facile alors que notre civilisation a pillé, pille et pillera encore leurs ressources naturelles, désormais rejointe par l’Asie, friande d’ivoire pour des raisons de superstition stupide. L’instinct colonisateur de l’espèce…
Mais à titre collectif, il est d’une tristesse inouïe de se dire que nos enfants ne verront peut-être plus des rhinocéros blancs que sur des images d’archive. Plus qu’un attachement idéologique, c’est ce sentiment philosophique que la richesse, la diversité, la beauté esthétique du monde et donc l’expérience humaine est diminuée de manière irréversible à chaque fois qu’on élimine une facette unique de la Réalité.
Des héros se battent pourtant. Il y a un an, le belge Emmanuel de Mérode, directeur du parc national des Virunga, dans l’est de la République démocratique du Congo, manquait de peu de périr assassiné par un groupe prédateur aux intérêts divergents (braconniers, compagnie pétrolière ou exploitants rebelles de charbon ?). Là, tragiquement, les gardes des parcs tuent des hommes pour sauver des espèces.
Chez nous en Europe, la Commission européenne a adressé une lettre de mise en demeure à la Belgique, qui tarde à mettre en oeuvre le régime de protection des espèces et habitats naturels « Natura 2000 ». Seuls 57 sites sur 240 ont fait l’objet d’un arrêté de désignation et le régime transitoire de protection n’a pas convaincu la Commssion. Sans réaction forte, la Belgique pourrait encourir une intervention de la Cour de Justice européenne. En attendant ces longues procédures, les espèces disparaissent du territoire.
Certes il meurt encore prématurément beaucoup trop d’Hommes en ce bas monde. La nécessité doit faire préférer une personne à un animal. Mais la nécessité n’implique pas le massacre de tant d’êtres vivants animaux uniques. Là bas très loin, en Afrique mais aussi en Amérique du Sud et en Asie, et chez nous en Europe, la nature se meurt. La beauté du monde diminue pour les générations à venir. Est-ce un combat perdu d’avance ?
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