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Je prépare en ce moment la leçon que je consacrerai lundi prochain à la crise des subprimes dans le cadre de la chaire « Stewardship of Finance » à la VUB, et je repense aux nombreuses personnes qui m’ont dit au fil des années : « Vous savez, la crise des subprimes, c’est bien simple : on prêtait de l’argent à des gens qui ne pouvaient pas rembourser ! »
La tentation était grande de répondre : « Vous savez, j’ai travaillé plusieurs années dans le secteur des subprimes et les trois livres (*) que j’ai rédigés sur le sujet représentent 950 pages consacrées à la question, et je peux vous affirmer que, non, la crise des subprimes, ce n’est malheureusement pas aussi simple que vous l’affirmez ! »
J’ai dû répondre cela à l’interlocuteur qui me faisait cette remarque une fois ou deux. Le reste du temps, je me suis contenté de rester silencieux, j’ai simplement réfléchi au fait que d’une part, une explication simple, même si elle est grossièrement simpliste, a beaucoup plus de chance de l’emporter aux yeux du public qu’une explication complexe et, d’autre part, que lire 950 pages, cela représente un temps considérable à consacrer à une question particulière, et qu’il n’est donc pas étonnant que seul un très petit nombre de personnes soit disposé à le faire.
À quoi cela sert-il alors d’expliquer de manière détaillée une question complexe si une hypothèse simpliste sans rapport avec le véritable déroulement des faits est à portée de la main et deviendra inéluctablement l’opinion communément admise ?
Je ne connais pas la réponse mais j’aimerais bien savoir ce que vous en pensez.
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* La crise du capitalisme américain (La Découverte 2007 ; Le Croquant 2009)
* L’implosion. La finance contre l’économie. Ce que révèle et annonce la « crise des subprimes » (Fayard 2008)
* La crise. Des subprimes au séisme financier planétaire (Fayard 2008)
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