Ouvert aux commentaires. Première publication : le 27 mars.
Nous vivons dans le mensonge (The Lie We Live)
Spencer Cathcart
(Le texte se trouve ici ; traduction Alain Adriaens)
En ce moment, vous pourriez être n’importe où, à faire n’importe quoi. Au lieu de cela, vous êtes assis seul devant un écran. Alors qu’est ce qui nous empêche de faire ce que nous voulons ? Être là où nous voudrions être?
Chaque jour nous nous réveillons dans la même pièce et suivons la même voie, nous vivons un jour semblable à celui d’hier. Pourtant, il fut un temps où chaque jour était une nouvelle aventure. Chemin faisant, quelque chose a changé. Avant nos jours étaient intemporels, maintenant nos jours sont minutés.
Est-ce cela qu’être adulte ? Être libre ? Mais sommes-nous vraiment libres ?
Aliments, eau, terres… les éléments dont nous avons besoin pour survivre sont la propriété de sociétés. Il n’y a pas de nourriture pour nous sur les arbres, pas d’eau douce dans les ruisseaux, pas de terrain pour construire une maison. Si vous essayez de prendre ce que la Terre fournit vous serez mis sous les verrous. Alors, nous obéissons à leurs règles.
Nous découvrons le monde dans un manuel. Pendant des années, nous restons assis et régurgitons ce qu’on nous raconte. Passant des examens et classés comme des cobayes dans un laboratoire. Élevés à ne pas être différents dans ce monde, éduqués à ne pas être différents. Nous sommes assez intelligents pour faire notre travail, mais pas assez pour nous remettre en question les raisons pour lesquelles nous le faisons. Donc, nous travaillons sans cesse et il ne nous reste plus de temps pour vivre la vie pour laquelle nous travaillons. Et puis vient le jour où nous sommes trop vieux pour faire notre travail. Alors, on nous laisse mourir. Et nos enfants prennent nous remplacent dans la partie.
Pour nous chacun de nous notre chemin est unique mais, tous ensemble, nous ne sommes rien de plus que du carburant. Le carburant qui alimente l’élite, l’élite qui se cache derrière les logos des sociétés. Ce monde leur appartient. Et leur ressource la plus précieuse n’est pas enfouie dans le sol : c’est nous. Nous construisons leurs villes, nous faisons tourner leurs machines, nous combattons dans leurs guerres. En fait, l’argent n’est pas ce qui les motive. C’est le pouvoir. L’argent est simplement l’outil qu’ils utilisent pour nous contrôler. Ces bouts de papier sans valeur, nous en dépendons pour nous nourrir, nous déplacer, nous divertir.
Ils nous ont donné de l’argent et en retour, nous leur avons donné le monde. Là où il y avait des arbres qui purifiaient notre air, maintenant il y a des usines qui l’empoisonnent. Là où il y avait de l’eau bonne à boire, il y a des déchets toxiques qui puent. Là où les animaux couraient libres, il y a des élevages industriels où les animaux naissent et sont abattus à la chaîne, pour notre satisfaction. Plus d’un milliard de personnes souffrent de la faim, bien que nous ayons assez de nourriture pour tout le monde. Où est-ce qu’elle part ? 70% des céréales que nous produisons pour l’alimentation sont utilisées pour nourrir et pour engraisser les animaux que nous mangeons pour le dîner. Pourquoi aiderions-nous les affamés? Ils ne génèrent aucun profit !
Nous sommes comme une peste balayant la Terre, détruisant l’environnement qui nous permet de vivre. Nous voyons tout comme quelque chose qui peut être vendu, comme un objet que nous pouvons détenir. Mais qu’est ce qui arrivera quand nous aurons pollué la dernière rivière, empoisonné le dernier souffle d’air, quand nous n’aurons plus de pétrole pour les camions qui nous apportent notre nourriture ? Quand allons-nous nous rendre compte que l’argent ne se mange pas, qu’il n’a pas de valeur ?
Nous ne sommes pas en train de détruire la planète : nous détruisons toute vie sur elle. Chaque année des milliers d’espèces disparaissent. Et le temps est compté avant que nous soyons l’espèce suivante. Si vous habitez en Amérique, vous avez une probabilité de 41% de développer un cancer. Les maladies du cœur vont tuer un Américain sur trois. On nous prescrit des médicaments pour faire face à ces problèmes mais les soins médicaux, eux-mêmes, sont la troisième cause de décès après le cancer et les maladies cardiaques. On nous dit que tout peut être résolu en donnant beaucoup d’argent à des scientifiques afin qu’ils puissent découvrir une pilule qui pourra résoudre tous nos problèmes. Mais les compagnies pharmaceutiques et les sociétés contre le cancer comptent sur notre souffrance pour faire du profit. Nous pensons que nous sommes à la recherche de remèdes mais, dans les faits, nous nous éloignons de trouver la cause de nos maux. Notre corps est le produit de ce que nous consommons mais la nourriture que nous mangeons est conçue uniquement dans un but lucratif. Nous nous gavons de produits chimiques toxiques. Les corps des animaux sont infestés par les médicaments et les maladies. Mais nous ne voyons pas cela. Le petit groupe de sociétés qui possèdent les médias ne veut pas que nous le réalisions. On nous raconte des balivernes et on nous dit que c’est la réalité.
C’est amusant de penser que l’homme croyait que la Terre était le centre de l’univers. Mais aujourd’hui, nous nous considérons comme le centre de la planète. Nous regardons notre technologie et nous nous disons que nous sommes les plus intelligents. Mais les ordinateurs, les voitures, et les usines nous montrent-ils que nous sommes très intelligents ? Ou bien montrent-ils à quel point nous sommes devenus paresseux. Nous nous sommes cachés sous le masque de « civilisés ». Mais quand on nous arrache ce masque, que sommes-nous ?
Comme nous oublions facilement qu’il y a moins de cent ans que nous permettons aux femmes de voter, que nous permettons aux noirs de vivre comme nos égaux. Nous agissons comme si nous étions des êtres omniscients, mais il y a beaucoup que nous ne voyons pas. Nous marchons dans les rues en ignorant toutes les petites choses. Les yeux qui nous regardent. Les histoires qu’ils racontent. Tout cela n’est qu’un décor pour Moi.
Peut-être craignons-nous de ne pas être seuls, de n’être qu’une partie d’un bien plus grand dessein. Mais nous ne parvenons pas à faire le lien. Nous sommes d’accord de tuer les cochons, les vaches, les poules, les étrangers de pays éloignés. Mais pas nos voisins, pas nos chiens, nos chats, pas ceux que nous avons appris à aimer et à comprendre. Nous appelons les autres créatures stupides mais nous les désignons comme responsables de nos actions. Mais le fait de tuer simplement parce que nous pouvons le faire, parce que nous l’avons toujours fait, cela nous en donne-t-il le droit ? Ou cela montre-t-il le peu de choses que nous avons apprises ? Nous continuons à agir en suivant nos pulsions d’agression primitive plutôt que de privilégier la réflexion et la compassion.
Un jour, cette sensation que nous appelons la vie va nous quitter. Notre corps va pourrir, nos objets de valeur seront récupérés. Les actions d’hier seront tout ce qui restera. La mort nous entoure constamment et pourtant elle semble tellement éloignée de notre réalité quotidienne. Nous vivons dans un monde sur le point de s’effondrer. Il n’y aura pas de gagnants dans les guerres de demain car la violence ne sera jamais la réponse. Elle va détruire toutes les solutions possibles.
Si nous examinons nos désirs les plus profonds, nous voyons que nos rêves ne sont pas si différents. Nous partageons un objectif commun : le bonheur. Nous dévastons le monde à la recherche de la joie, sans jamais regarder en nous-mêmes. Beaucoup des personnes les plus heureuses sont celles qui possèdent le moins. Sommes-nous vraiment si heureux avec nos iPhones, nos grandes maisons, nos voitures pour frimer ?
Nous sommes devenus déconnectés. Nous idolâtrons des personnes que nous n’avons jamais rencontrées. Nous assistons à des choses extraordinaires sur les écrans mais, partout ailleurs, il n’y a que de l’ordinaire. Nous attendons que quelqu’un apporte du changement sans même envisager de nous changer nous-mêmes.
Les élections présidentielles pourraient aussi bien se jouer à pile ou face. Ce sont les deux faces d’une même pièce. Nous choisissons le visage que nous voulons et l’illusion du choix, du changement est ainsi créée. Mais le monde reste le même. Nous ne parvenons pas à réaliser que les politiciens ne nous servent pas ; ils servent ceux qui les ont financés pour arriver au pouvoir.
Nous avons besoin de leaders, pas des politiciens. Mais dans ce monde de suiveurs, nous avons oublié de nous diriger nous-mêmes. Cessez d’attendre le changement et soyez le changement que vous voulez voir advenir. Nous ne sommes pas arrivés au point où nous en sommes en restant assis sur notre cul. Le genre humain a survécu non pas parce que nous sommes les plus rapides ou les plus forts, mais parce que nous avons travaillé ensemble.
Nous avons maîtrisé l’acte de tuer. Maintenant, nous allons maîtriser la joie de vivre.
La question n’est pas de sauver la planète. La planète sera toujours là que nous y soyons encore ou pas. La Terre est là depuis des milliards d’années et chacun de nous aura la chance s’il vit quatre-vingts ans. Nous sommes un éclair dans le temps mais notre impact sera là pour toujours.
« J’ai souvent désiré vivre à une époque où les ordinateurs n’existaient pas encore, quand nous n’avions pas des écrans pour nous distraire. Mais je me rends compte qu’il y a une raison pour laquelle c’est maintenant que je veux être en vie. C’est parce qu’aujourd’hui, une opportunité nous est offerte que nous n’avions jamais eue auparavant. »
Internet nous donne le pouvoir de partager un message et d’unir des millions de personnes dans le monde.
« Tant que nous le pouvons encore, nous devons utiliser nos écrans pour nous rapprocher, plutôt que de nous éloigner les uns des autres. »
Pour le meilleur ou pour le pire, notre génération va déterminer l’avenir de la vie sur cette planète. Nous pouvons soit continuer à servir ce système de destruction jusqu’à ce qu’il ne reste aucune trace de notre existence. Ou nous pouvons nous réveiller, nous rendre compte que nous ne sommes pas en train d’évoluer vers le haut mais plutôt de tomber… nous avons juste ces écrans devant nos visages et nous ne voyons pas où nous nous dirigeons.
Le moment présent est celui où chaque pas, chaque respiration et chaque mort nous a conduits. Nous sommes les visages de tous ceux qui ont vécu avant nous. Et maintenant c’est notre tour. Vous pouvez choisir de tailler votre propre chemin ou suivre la route que d’innombrables autres ont déjà prise.
La vie n’est pas un film. Le scénario n’est pas encore écrit. Nous sommes les auteurs.
C’est votre histoire, leur histoire, notre histoire.
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