Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, et désormais Hart boven Hard / Tout autre Chose en Belgique, que sont donc ces mouvements venus de nulle part ? Ils représentent l’affirmation par la multitude que le réalisme aujourd’hui, c’est de dire « Non ! » à des dirigeants qui prétendent que le désastre auquel ils président est une fatalité, que, selon les paroles légendaires de la Dame de Fer Margaret Thatcher, « TINA : There Is No Alternative ! »
Curieux quand même que ceux qui défendent le slogan TINA ne veuillent rien entendre aux protestations de ceux qui proposent Tout autre Chose.
C’est que chaque parti de gouvernement a les apparences pour lui : les autres partis ayant pignon sur rue n’affirment-ils pas la même chose : « Rien n’est plus comme avant et d’ailleurs depuis des dizaines d’années (sans y avoir prêté attention) nous avons tous vécu au-dessus de nos moyens ! Voilà la faute qu’il nous faut maintenant expier ! C’est la fatalité, et la fatalité, c’est bien connu, il n’y a rien qu’on puisse mettre à la place ! »
Fourmis que nous croyons avoir été, alors que nous étions en réalité cigales ! Aveugles que nous étions ! Impardonnable distraction que la nôtre !
Et si nous avions été véritablement fourmis et qu’on soit venu nous voler ce que nous avions engrangé ?
Cette version là n’a-t-elle pas aussi pour elle une certaine vraisemblance ? Ne mérite-t-elle pas d’être prise en considération dans un monde où ceux qui nous gouvernent ont réglé rubis sur l’ongle l’ardoise de la crise de l’automne 2008, sans faire le moindre effort pour distinguer dans les pertes épongées à partir de l’escarcelle généreuse du contribuable, celles qui étaient dues à « pas de chance », de celles qui résultaient des paris spéculatifs entre eux des milieux financiers, pertes qui représentent certainement plus de la moitié de la somme ?
Les mots « Fortis » ou « Dexia » ont-ils vraiment perdu tout sens dans un pays où l’on assure sans pouffer que le citoyen ordinaire « a vécu toutes ces années (sans penser aux générations futures) au-dessus de ses moyens » ? Et pendant qu’on y est, le mot « escroquerie » est-il lui inapproprié pour décrire les « crédits structurés » que Dexia et ses consœurs vendaient aux collectivités locales ?
Si le mot « escroquerie » n’est pas le bon, j’aimerais bien qu’on m’explique pourquoi. Et si le mot est parfaitement approprié comme je le crois, j’aimerais bien qu’on me dise aussi pourquoi le fait qu’on me fasse payer le coût de ces escroqueries prouve que « j’ai vécu au-dessus de mes moyens ». S’il existe un lien logique, il m’échappe en tout cas.
Ah ! mais je connais l’explication : des économistes ayant gagné des Prix Nobel d’économie nous assurent que nos gouvernants ont bien raison de clamer « TINA ! »
C’est vrai mais qui sont-ils après tout ? ne sont-ils pas les membres interchangeables d’une petite coterie de gens qui se couvrent de fleurs l’un l’autre à longueur d’année en n’ayant pourtant pas grand-chose à leur actif ? Lors de l’attribution du Prix Nobel d’économie le plus récent, l’excellente commentatrice du Financial Times, Izabella Kaminska, avouait n’avoir jamais entendu parlé du lauréat avant ce jour bienheureux pour lui ; ayant fait sa petite enquête elle a posé la question : « Est-ce donc à cette personne que l’on a attribué le challenge du Seau à Glace 2014 ? » Ah ! la cruauté de la presse financière !
Les partis traditionnels, de gauche aussi bien que de droite, ont succombé un à un à cette « pensée unique » au nom d’un prétendu réalisme qui n’est qu’un autre nom pour la défense des intérêts du « 1% au sommet trustant 25% de la richesse nationale ».
Les citoyens ordinaires aspirent eux à Tout autre Chose : ils font leur des valeurs enceintes d’un monde nouveau mais dont le simple énoncé provoque l’effroi parmi ces partis traditionnels tant leur portée est révolutionnaire : Liberté, Égalité, Fraternité.
@Bruno GRALL La domination patriarcale ne relève pas de découvertes scientifiques, mais ce sont des recherches scientifiques dans le domaine…