Billet invité.
Intendants : Sous l’Ancien Régime, personnages centraux de l’administration royale dans les provinces.
Voilà bientôt trois ans que l’intendant Hollande administre la France pour le compte de sa Majesté la Finance. Lui qui s’était fait aimer du bon peuple en se déclarant l’ennemi de la Tyrannie, n’eut de cesse une fois sa charge acquise, que d’obéir et de satisfaire immédiatement le moindre des caprices de sa cruelle suzeraine. À peine installé à l’Élysée, il s’empressa de transformer l’espoir en farce tragique. Trahissant sa promesse, il signa tel-quel le traité Sarkozy-Merkel. Renonçant à la parole donnée, il transforma la loi de séparation des activités bancaires, en pitoyable pantalonnade.
La première partie de son mandat s’achevant en apothéose, lorsque son ministre du budget (attention, photo culte) se révélera être un délinquant fiscal !
Et ce n’est qu’à la suite d’une demande écrite d’Edwy Plenel au procureur de Paris, que le Parquet se décida à enquêter. On imagine fort bien qu’avec les seuls médias mainstream, M. Cahuzac serait toujours ministre du budget. L’affaire éclata, les preuves furent dévoilées et le délinquant fiscal fut suivi de peu au gouvernement par… un banquier d’affaire ! Un jeune homme tellement brillant, qu’il avait su devenir multimillionnaire en une nuit (gagner beaucoup plus en travaillant beaucoup moins, en quelque sorte).
Et pour cornaquer le génie, on inventa la prime au perdant : l’homme qui avec seulement 5,63% des voix était arrivé avant dernier aux primaires socialistes, fut en toute logique… nommé premier ministre !
Bien sûr, d’inversion de courbe (concept absurde en mathématique), en aventures courtelinesques, et de scooter, en ‘sans dents’, les déroutes succédèrent aux défaites électorales.
Et alors ? répond M. Hollande. Je n’ai plus aucune légitimité ? Soit. Me reste la légalité. C’est pourquoi au lendemain même d’une énième claque des électeurs, je n’hésite pas à remettre en cause le CDI (sur le fameux thème du c’est-pas-moi-c’est-Bruxelles).
Heureusement, la démocratie européenne se porte nettement mieux. Non seulement avec 24,86% des voix, le FN l’a emporté en France, mais surtout les eurodéputés élurent à cette occasion, M. Jean-Claude Junker à la présidence de la Commission européenne. Un homme qui fut durant près de 20 ans le premier ministre du plus grand havre fiscal européen (hors la City). Rappelons à nos amis extra-terrestres, que contrairement à ce qu’indique son nom, un havre fiscal est une machine à détruire la démocratie, par la concentration de la richesse.
Mais alors, au vu de toutes ces injustices, comment se fait-il que les peuples de la Terre ne se révoltent pas ? Comment peuvent-ils inlassablement voter contre leurs intérêts, demanderont étonnés nos visiteurs de l’espace ?
Sans remonter à la Rome antique, il suffit de leur rappeler que tout cela fut théorisé en 1928 par Edward Bernays, dans son livre Propaganda. Il y expliquait comment manipuler les opinions publiques afin qu’elles consentent à aller à l’encontre de leurs propres intérêts (j’ignore s’il s’agit d’une légende, mais il se dit que Goebbels avait le livre dans sa bibliothèque et qu’il s’en inspira pour théâtraliser le nazisme).
Ces techniques de manipulations sont toujours extrêmement efficaces, et c’est bien pour cela que l’argent n’a eu de cesse de contrôler la presse. Si les grands groupes économiques et financiers y investissent massivement, c’est bien pour que leur petite musique ordo-libérale diffuse lentement dans la société. Jusqu’au point où la victime est persuadée qu’il s’agit de sa propre pensée, de ses convictions les plus profondes. Voilà comment les pauvres votent constamment contre leurs intérêts.
Rajoutez-y un peu de peur, et les voilà prêts à endurer l’intolérable.
Avant que les Grecs ne se décident à chasser les intendants, à élire un vrai homme d’état, il a fallu en arriver à ce que les impôts augmentent de 337,7 % pour les faibles revenus (seulement 9 % pour les déciles supérieurs). Il a fallu que les 10 % des ménages les plus pauvres perdent en cinq ans, 86,4 % de leurs revenus. Il a fallu des milliers de suicides, la mort de milliers de malades chroniques, n’ayant plus les moyens de se soigner. Il a fallu que des familles abandonnent les enfants qu’elles ne pouvaient plus nourrir !
Et tout cela, au milieu du continent le plus riche de notre planète.
Pourtant, les solutions pour répartir équitablement la richesse, tout en préservant l’environnement pour nos enfants, existent.
La question n’est donc pas de savoir quoi faire, mais de savoir comment le faire ?
Le mécanisme qui nous emporte si sûrement vers notre perte, n’est donc au premier chef ni un problème économique ou technique, mais un problème politique.
Il se traduit d’une manière très simple : nous ne survivrons et pourrons léguer à nos enfants une planète habitable, qu’à la seule condition d’empêcher les nuisibles de nuire.
Il ne s’agit pas là d’un appel aux fourches et aux têtes sur des pics. Peu importe d’ailleurs le sort personnel de tous ces intendants et de leurs maitres, l’histoire se chargera de les couvrir du sceau de l’infamie.
L’enjeu est tout autre. Nous devons détruire un système qui a été perverti par l’argent et transformé en démocratie censitaire.
Les Grecs nous ont prouvé que c’était possible.
Nous devons donc chasser les intendants qui nous mènent au chaos et à la ruine. C’est le préalable indispensable à la mise en œuvre d’une politique au service du bien commun, et non à celui d’une caste.
Nous n’avons plus le choix. Nous devons le faire pendant qu’il est temps, pendant que le verbe n’aboie pas encore. Pendant que la raison domine l’émotion.
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