Billet invité.
Je ne suis pas un expert technique de la chose électronique ou d’internet, mais je travaille depuis 1990 sur les implications économiques et sociales de la mise en relation de tout le monde avec tout le monde qu’il permet. Il m’a semblé évident depuis le début que des jeunes qui n’ont connu qu’Internet ne peuvent pas comprendre que les institutions politiques qui règlent notre vie fonctionnent encore en France au même rythme et sur le même modèle qu’à l’époque des diligences, de la marine à voile et des pigeons voyageurs, alors que presque tout le reste de leur vie est fondé sur le principe de la participation et de l’action directe et instantanée.
Il me semble que ce qu’il faut remettre en cause, c’est le principe même de la représentation : elle est nécessaire pour agir, ça ne fait aucun doute. Mais elle doit se faire « strictement sous mandat », avec droit de veto en cas de non respect, et non plus « au mieux des intérêts de ceux qui payent le plus cher pour être servis en premier ». Il faut revenir aux principes fondateurs des cahiers de doléances et des États généraux de 1789, revus et corrigés Internet. Les partis tels qu’ils sont ne servent à rien, ce ne sont que des machines de prise de pouvoir au service d’ambitions personnelles et d’intérêts particuliers.
La suppression des communes voulue par l’oligarchie est une catastrophe dans cette perspective : quelle meilleure institution en effet que ces communes ou l’on se connaît et où l’on se parle pour débattre de la meilleure façon de servir l’intérêt général ? Pour le système, l’enjeu est clair : il faut vite la supprimer avant que les citoyens ne s’aperçoivent qu’elle est l’élément constitutif fondamental d’une démocratie en bonne santé. Ce n’est pas un hasard si les cahiers de doléances étaient d’abord ancrés dans ces territoires. Sachons les réinventer au lieu de nous laisser prendre au miroir aux alouettes des partis dit représentatifs qui ne peuvent in fine nous conduire qu’à la défense du TINA sur financement de l’oligarchie.
Il est indispensable que le formidable potentiel démocratique des réseaux sociaux soit traduit au plus vite dans l’organisation et le fonctionnement de nos institutions politiques car l’incroyable écart entre la possibilité d’expression sociale et la capacité d’expression politique est de moins en moins tolérable.
Quand on a l’impression durable et de plus en plus insupportable d’être traités comme des enfants irresponsables à longueur de journée, et que l’on voit les sottises et les injustices commises en notre nom et en principe pour notre bien se multiplier sans pouvoir y faire quoi que ce soit sauf à payer des impôts supplémentaires pour réparer les inévitables pots cassés qui en résultent, on va pêcher à la ligne, jusqu’au jour où on n’en peut plus de subir, et ou quelques têtes se retrouvent symboliquement ou physiquement au bout d’une pique à la surprise générale.
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