Billet invité.
Soumis à des pressions redoublées et à de constantes avanies, le gouvernement grec ne capitule pas. Un nouveau plan de réformes va être proposé en début de semaine à l’Eurogroupe, une fois qu’il aura été finalisé par le « groupe des experts de Bruxelles » durant le week-end, un passage dont il a été signifié qu’il était obligé mais qui aura symboliquement lieu à Bruxelles et non pas à Athènes.
Combien de temps, le gouvernement peut-il tenir ? Les estimations divergent, certains faisant état du 8 avril comme date butoir, d’autres du 20. Les échéances sont mieux connues, 1,5 milliards d’euros étant nécessaires pour assurer la paie des fonctionnaires et régler les pensions à la fin mars, et 420 millions d’euros devant être remboursés au FMI le 8 avril. Les fonds de tiroir sont les uns après les autres raclés, les derniers contributeurs au budget de l’État connus étant la région Attique et l’Organisme public de l’Emploi.
De leur côté, les hauts fonctionnaires membres du groupe de travail qui prépare les réunions de l’Eurogroupe (Euro working group) ont décidé de ne pas accéder à la demande de restitution d’Athènes de 1,2 milliards d’euros récupérés par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), et la BCE a enjoint aux banques grecques de cesser d’acheter des bons du Trésor grec avec les liquidités mises à leur disposition. Le pays ne pouvant pas simultanément rembourser ses dettes et assurer ses dépenses avec ses propres moyens, Athènes a fait savoir qu’il ne continuerait pas à rembourser sa dette publique « si les créanciers ne versent pas immédiatement les tranches [d’aide financière] dont le versement est repoussé depuis 2014. »
Les nouvelles propositions du gouvernement grec seront-elles acceptées, afin d’éviter un effondrement dont la perspective est repoussée par tous mais qui se rapproche inéluctablement ? Ce qui en a été communiqué à la presse vendredi reprend les têtes de chapitre des précédentes propositions dans les domaines de la lutte contre l’évasion fiscale et le recouvrement des taxes et impôts, ainsi que dans la lutte contre la bureaucratie. Elle concède aussi de nouvelles mesures à propos des privatisations et de la TVA. Mais elle met l’accent sur le fait qu’elle « ne comprendra pas de mesures récessionnistes (…) visant à baisser les salaires ou les retraites, ni de poursuite de démantèlement du droit du travail ».
Le projet a pour objectif de rapporter 3 milliards d’euros et d’assurer un taux de croissance de 1,4% cette année et dégager un excédent budgétaire primaire de 1,5%. Ces mesures vont-elles être acceptées et ces chiffres jugés crédibles ? Il le sont en tout état de cause bien plus que les objectifs de la Troïka qui se sont révélés inatteignables. Mais les militants et les députés de Syriza vont avoir leur mot à dire, et cela fait aussi partie de l’équation.
Sans doute retiendra-t-on, à condition qu’aucun nouvel autre obstacle n’intervienne, que le gouvernement grec a sauvé ce qu’il a pu dans un rapport de force très défavorable, et que la leçon que les autorités européennes voulaient lui administrer n’a pas été aussi exemplaire qu’ils l’auraient souhaité : au lieu de se soumettre, les dirigeants de Syriza se seront battus pied à pied jusqu’à la fin du premier round. Cela augure d’un second aussi mouvementé durant les trois mois à venir, afin d’aborder le vif du sujet et de tenter de rendre soutenable sur le papier une dette qui ne l’est pas.
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