Je viens d’avoir une vision, qui m’a terrifié.
Quelqu’un m’avait dit : « Regarde un peu Paris-Match ! Il faut voir ça ! » Mais au lieu de découvrir dans les pages du magazine pipeule des images du ministre grec des finances « qui fait trembler le monde » partageant la bonne vie avec madame, c’était Edward Snowden qui m’était apparu avec sa compagne Lindsay, elle qu’il avait dû abandonner comme cela, sans pouvoir rien lui dire, sans savoir s’il la reverrait jamais, sacrifiant le « bonheur des gens ordinaires » auquel il avait pourtant droit comme quiconque, pour une cause supérieure : pour que vous et moi puissions continuer à penser tout haut, sans devoir constamment jeter un regard furtif par-dessus notre épaule.
Les dieux décident parfois de perdre un homme. C’est vrai, mais tout dieux qu’ils puissent être, je les imagine pareils à nous-mêmes : courageux mais pas téméraires, et s’attaquant de préférence à ceux qui présentent des prédispositions à être perdus.
Citizenfour (2014), de Laura Poitras, dans un cinéma près de chez vous.
Paris-Match : Le ministre star nous a reçus chez lui, le 15 mars 2015
» Il va maintenant jouer sur la terreur, la perte de repères, l’identification à lui seulement, la mise en scène…