LE SYNDROME DE LA PETITE MARCHANDE D’ALLUMETTES, par Pascal

Billet invité.

Peut-être ne le savez-vous pas mais « La petite marchande d’allumettes » n’est pas vraiment un conte !

Les contes, comme leurs grands ancêtres les mythes, ont toujours étés dans les cultures orales un instrument éducatif, un moyen pour perpétuer des valeurs et une forme de construction sociale.

Les contes procèdent toujours, ou presque, de la même manière. Les héros gentils, auxquels on s’identifie, sont victimes d’injustices et doivent passer des épreuves pour retrouver leur dignité et gagner enfin la félicité. Les contes sont toujours porteurs d’espoir et contribuent ainsi par l’imaginaire qu’ils génèrent à laisser dans les esprits une fenêtre ouverte sur un monde meilleur à venir.

Or, pour « La petite marchande d’allumette », on vit avec elle une descente inéluctable vers la mort sans jamais qu’il n’y ait réparation des injustices et sans que jamais quelqu’humain généreux, providentiel ou quelque fée ne viennent lui tendre la main. Sauf à considérer que l’ascension vers Dieu soit le seul vrai sens de la vie sur terre, une vie de m… misères.

En un mot d’aujourd’hui, « La petite marchande d’allumettes » ça fait pas rêver, ça fait plutôt flipper !

À bien y regarder, l’histoire du monde qu’on projette aujourd’hui aux jeunes générations ressemble beaucoup à celle de la petite marchande d’allumettes.

On a gratté l’allumette du progrès qui nous a fait rêver jusqu’à découvrir qu’il est devenu la source majeure de la dégradation de notre environnement : les marchands de gaz de combat s’occupent de nous faire manger des OGM, les marchands de nucléaire nous proposent de vivre avec un compteur geiger, les marchands d’armes de vivre avec un gilet pare-balles… La lumière de l’allumette s’éteint doucement pour nous laisser son petit bout noir.

On a gratté l’allumette des utopies politiques au sortir du nazisme avec le rêve américain, le communisme au service du peuple, la république et la démocratie. Elle s’éteint elle aussi petit à petit.

On a gratté l’allumette de l’aventure humaine l’Everest, la Lune… Elle s’éteint en nous laissant un peu de fumée audiovisuelle (Koh Lanta).

On a gratté l’allumette de la communication planétaire avec Internet qui nous brûle aujourd’hui les doigts avec la NSA et autres grandes oreilles.

Ecouter les médias, c’est leur rengaine mortifère 7 jours sur 7, 24 h sur 24. Il y a vraiment de quoi devenir catatonique, non ? Ou d’aller à la pêche le jour des élections !

C’est ça le syndrome de la petite marchande d’allumettes !

Nous sommes enfermés dans un discours unique de conflit perpétuel (la crise) sans vraiment savoir vers où on veut aller.

Nous devons nous guérir de ce syndrome morbide, ré-enchanter le monde, redonner du beau à voir et pas à 15 000 km, remettre du baume au cœur des enfants, permettre aux gens de vivre, pleurer sans interface LCD, remettre l’économie à sa place, au service de la société des hommes, s’amuser simplement.

Quand j’étais enfant, au collège, j’ai eu la chance de rencontrer Lucie Aubrac. Sur son visage, il y avait de la détermination mais ce qui rayonnait le plus c’était son sourire presque permanent. C’est elle qui nous a dit : « Mais faut pas croire que c’était triste la Résistance, on s’amusait beaucoup ! »

Aussi charmante soit-elle, il faut ranger « la petite marchande d’allumettes » dans un placard fermé à clé et ouvrir la fenêtre.

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35 réponses à “LE SYNDROME DE LA PETITE MARCHANDE D’ALLUMETTES, par Pascal”

  1. Avatar de Hervey

    Pascal, vous devriez gratter plus souvent. Ravissante cette petite lumière, la vôtre.

  2. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
    Pierre-Yves Dambrine

    A propos de rengaine mortifère dans les médias. Une petite bouffée d’air frais toujours bonne à prendre. Tout simplement de l’honnêteté intellectuelle, une denrée rare et aujourd’hui d’autant plus précieuse quand il s’agit d’hommes et de femmes d’influence. Coup de chapeau à Monsieur Ruquier ! http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2015/03/15/ruquier-regrette-d-avoir-donne-la-parole-a-zemmour-pendant-cinq-ans_1221183

    A quand un M. Juncker qui regrettera d’avoir été à la tête d’un paradis fiscal et qui le dira publiquement et surtout en tirera toutes les conséquences ?

    A quand un gouverneur de la BCE, M. Drahghi venant nous dire qu’il a officié chez Goldmans Sachs, et qui nous dirait publiquement, que oui, il s’est trompé en acceptant son poste de gouverneur en tant qu’il constituait un un évident conflit d’intérêts ?
    ..
    A quand un président de la République Française, j’ai nommé François Hollande, qui reconnaîtra publiquement qu’il a menti à ses électeurs, que non la finance n’était pas son « ennemie » et qui en tirait toutes les conséquences, par exemple en venant dare dare en aide à la Grèce en prenant le contrepied de la chancelière Allemande, Mme Merkel ?

    A quand ….

    1. Avatar de Martine M.
      Martine M.

      Pierre-Yves,

      Zemmour était déjà Zemmour il y a cinq ans. Le verni a à peine craquelé depuis. C’était le même petit mec arriviste, poussant les gens du coude pour monter dans le carrosse, étriqué dans son costume mal coupé d’intellectuel de la politique, rêvant d’écrire l’Histoire comme Poutine rêve de gloires anciennes retrouvées, avec ses manières de roitelet de la télé, frétillant sur son siège de chroniqueur du service public comme une sardine dans une boîte à audimat, incroyablement arrogant, ouvertement conservateur, et foncièrement raciste sur le fond.

      Dans cinq ans, Laurent Ruquier regrettera peut-être d’avoir donné la parole à Natacha Polony ou Léa Salamé, jolies exemplaires de précieuses narcissiques et grandes donneuses de leçons de morale sur l’éternel.

      Et avec un peu de chance, dans dix ans, il regrettera d’avoir animé une émission aussi puante.

      Tu crois vraiment Pierre-Yves que ça nous fera une bouffée d’air pur ?

      1. Avatar de Lucas
        Lucas

        En effet… Et si notre volonté est absente ou peu concluante (=effective), alors je comprend que le regret évoqué par M. Ruquier ne soit pas une bouffée d’air pur, mais encore un fois un aveu d’ignorance… ou d’impuissance.

    2. Avatar de taratata
      taratata

      Cinq ans pour comprendre qui est Zeymour …
      Ruquier fait son mea culpa lorsque Zeymour est dans les choux , quel courage !

    3. Avatar de Olivier Brouwer
      Olivier Brouwer

      Vous comprenez, je pense, vous-même la différence: Ruquier est un personnage public, certes, mais il n’est pas « aux affaires »… ce qui lui donne une plus grande liberté de parole.

      Et surtout, tous ces gens que vous citez par ailleurs ont fait beaucoup plus d’efforts que lui de « déshumanisation » pour en arriver là où ils sont. C’était un but en soi, et ce but n’est jamais remis en question.

      1. Avatar de François C.
        François C.

         » Ruquier est un personnage public »
        Disons un des personnages du naufrage de France TV, service public…

    4. Avatar de Un naïf
      Un naïf

      Vous connaissez sûrement l’anecdote concernant cette tirade d’hollande au discours du Bourget ?
      A l’époque, Mélenchon grimpait fortement et à la surprise générale dans les sondages, il devenait donc un danger potentiel, le candidat Hollande devait réagir vite : un de ses jeunes spin doctors tt droit sorti de l’ENA lui a donc écrit en 5 minutes : « Mon ennemi, etc… »
      Voilà ce qu’est la politique de nos jours !! Danger à tous ceux qui croient ce que nous disent les candidats !! Ils veulent nous donner l’illusion que l’on est libre de choisir, en réalité ce sont les mêmes… et que l’on vienne pas me dire que l’on est en démiocratie !! 🙂

      1. Avatar de Ar c'hazh du
        Ar c’hazh du

        que l’on vienne pas me dire que l’on est en démiocratie

        Peu de gens ici me semble-t-il viendrait vous tenir un tel discours… 😉

        En démocratie, le peuple vote les lois, il ne vote pas pour ceux qui vont le faire à sa place.
        Notre république est au mieux un régime représentatif au pire une aristocratie. Toute la question est alors de savoir qui sont représentés par les représentants…

        Quant à savoir ce qu’est le régime européen auquel notre république a abandonné pas mal de sa souveraineté, le mystère est plus compact.

        Toutefois, à défaut d’avoir un nom, ce régime est délétère pour les peuples d’Europe et profitable aux banques et à ceux qui se cachent derrière.

    5. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
      Pierre-Yves Dambrine

      L’émission de Ruquier a des aspects discutables, une mise en scène un peu lourdingue (même si c’est plutôt mieux qu’à une époque), mais elle est à mes yeux une des rares émissions du service public où la parole se libère et où les invités ont le temps de dire ce qu’ils ont à dire, sans être coupés constamment par un présentateur-animateur égocentrique.
      Laurent Ruquier d’aujourd’hui n’est plus celui de quelques années en arrière, la crise est sans doute passée par là, le ton est plus grave il me semble, même s’il n’a rien perdu de sa verve, et c’est tant mieux.
      Aymeric Caron qui fait tandem avec Salamé, est un excellent journaliste, qui connaît très bien ses dossiers, n’hésitant pas à pousser dans leurs retranchements les invités de l’émission s’il estime que ceux-ci n’ont pas répondu à la question posée. Le seul grand défaut de l’émission c’est qu’elle passe à des heures indues, et que par conséquent elle ne touche pas un public plus large qui continue de se farcir du TF1 ou du F2 aseptisé de début de soirée.

      J’ai pu entendre récemment chez Ruquier un Philippe Torreton très convainquant exprimant calmement des idées qui sont très proches sinon identiques à celles qui sont exprimées ici. http://www.france2.fr/emissions/on-n-est-pas-couche/videos/NI_47285

      1. Avatar de Martine M.
        Martine M.

        Pierre-Yves,

        A. Caron est la caution de L. Salamé, moins rêche quoique parfois également incisif, mais c’est toujours la même chose, de la provocation mondaine totalement digérable par le système. D’ailleurs regarde bien ce qui s’est passé avec Zemmour, il déblatérait ses niaiseries haineuses sur les femmes, sur les homos, sur les Roms, sur les immigrés, samedi soir après samedi soir, sans que personne sur le plateau n’intervienne jamais, sans que personne ne dise : STOP. Si, une seule fois : Christine Angot.

        Un peu comme si Dieudonné avait tenu sa petite chronique en direct tranquillou bilou.

        Des invités intéressants peuvent-il justifier un système exécrable ?

        Dénoncer Zemmour plutôt que Ruquier, voilà pourquoi rien ne change…

      2. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
        Pierre-Yves Dambrine

        Martine,
        De mon point de vue il n’y a pas et il n’y aura jamais de système idéal en matière d’expression des idées. Il y a des conditions minimales requises pour qu’un débat soit équitable, pour que seulement des voix puissent se faire entendre dans de bonnes conditions, mais cela s’arrête là.

        Une vraie expression a toujours quelque chose de tonitruant qui déborde du cadre. D »ailleurs sans cela le cadre (je veux dire le cadre général, le système) ne changerait jamais ! Chez Taddéi par exemple, émission un peu foutraque, où le présentateur a parfois du mal à modérer, éviter que tout le monde parle en même temps, et puisse s’exprimer, un invité qui a vraiment quelque chose à dire y parvient. Paul a plusieurs reprises y est parvenu. Une parole ce n’est pas quelque chose que l’on administre, programme, cela se prend ! IL faut s’y être préparé, être déterminé, être à la hauteur des enjeux ..
        Le système n’évolue que si des voix convaincues et éloquentes s’expriment sur le fond. On a beau avoir les meilleurs modérateurs-modérateurs, si les invités qui sont invités n’ont rien à dire, le débat reste nul. Prenez une émission comme C dans l’air, d’Yves Calvi, regardée par des millions de téléspectateurs, à des heures de grande écoute, rediffusée en soirée tous les jours pour bien enfoncer le clou. Les échanges y restent en apparence équilibrés, les invités peuvent s’exprimer comme ils l’entendent, mais c’est toujours un même petit groupe de commentateurs, experts en sciences politiques, éditorialistes qui débattent entre eux et expriment des désaccords sur des points tout à fait marginaux. On y feint de faire débattre des commentateurs nominalement de droite et de gauche et l’autre de gauche mais qui en réalité ont des positions très proches, le « représentant » de la droite ne se distinguant de son homologue de gauche présent sur le plateau que par sa dose de néo-libéralisme . Vous n’y entendrez pas de voix altermondialiste, pas d’hétérodoxe, et encore moins de joroniens.
        Chez Ruquier l’éventail des opinions exprimées est beaucoup plus large. Avec le risque et l’erreur de prendre Zemmour comme présentateur pendant plusieurs années, en effet …
        Ceci dit je ne pense que pas que ce soit Ruquier qui a lui tout seul aurait banalisé les idées du Front national. IL a sa part de responsabilité et il l’a assumée publiquement (trop tard je vous l’accorde !) , c’est ce geste que je salut.
        Concernant Caron, je te trouve un peu dure, s’il il a quelqu’un a la télé qui se bat pour la cause animale, contre la tendance carnivore de notre alimentation, c’est bien lui. Ses questions sont toujours très pointues, argumentées. Face à Zemmour il aurait répliqué. Et c’est bien pour cela que je dis qu’une page s’est tournée, que l’émission a évolue. On entendra plus Zemmour et ses affidés s’exprimer sans qu’en face il y ait du répondant.

      3. Avatar de Lucas
        Lucas

        « Dénoncer Zemmour plutôt que Ruquier, voilà pourquoi rien ne change… »

        Ni l’un ni l’autre à mon avis.

        Il faut surtout dénoncer le fait que ces médias ne sont pas indépendants, subissent de grosses pressions ainsi que tout ce qui s’ensuit…(il ne faut pas négliger que Zemmour faisait tristement monter l’audience) et que c’est une sacrée comédie digne d’une certaine ferme aux animaux.

        Après oui, pourquoi pas regarder, je crois que Ruquier est loin d’être le pire, ils sont sympathiques, rient et souhaitent le bonheur à tout le monde, et discutaillent même avec promptitude sur quelques sujets tabous du moment (la preuve).
        Me regardent-ils eux ?

      4. Avatar de Martine M.
        Martine M.

        Pierre-Yves,

        Avec le risque et l’erreur de prendre Zemmour comme présentateur pendant plusieurs années, en effet …

        C’est le point sur lequel nous divergeons.

        De mon point de vue, ce n’était pas une simple erreur, comprends moi bien, pas un accident de casting exhaustif.

        Je me souviens qu’en 2007, avant l’élection de Sarkozy, sur l’excellent blog de Guy Birenbaum, Extension du Domaine de la Lutte, ça discutait déjà du « cas » Zemmour. A cause de son physique de gentille petite souris improbable, certains le trouvaient même marrant. J’aime autant de dire qu’à l’époque déjà il ne me faisait pas rire du tout.

        Comment veux-tu qu’une émission change quand le coefficient de lucidité de son présentateur vedette s’est avéré ridiculement bas quant au choix de ses chroniqueurs !?!

        La trajectoire d’Eric Zemmour, son incroyable montée en puissance médiatique tout au long de ces dernières années, est à mon avis symptomatique. Et c’est là-dessus qu’il faudrait s’interroger. Non parce que l’émission de Ruquier aurait contribué à la montée du Front National mais bien plutôt parce c’est seulement la montée du Front National qui a finit par obliger Ruquier à le virer.

  3. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Depuis quelques années, il existe une nouvelle notion sociologique en Allemagne, celle du « capitalisme autoritaire » (« Autoritärer Kapitalismus »). C’est un néologisme intéressant dans la musure où il décrit l’altération de la démocratie occidentale au profit d’une infiltration et domination d’acteurs économiques les plus divers. Ils se servent des gouvernements pour prévaloir leurs intérêts et de les couler en lois. Il s’agit d’un processus assez lent, rampant, par conséquent les gens ne se rendent pas compte de la dimension de cette démolition de la démocratie. Certes, le citoyen peut toujours aller voter, participer au débat politique, mais en fait cela ne veut plus dire grande chose. Ce ne sont plus les gouvernement nationaux qui gouvernent de facto, leur rôle consiste à administrer le pays.
    C’est la raison pour laquelle on aura toujours besoin d’énarques.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Tiens, relisant les débats des années 1950 entre Camus et Sartre par Francis Jeanson interposé (suite au docu de MP sur F Jeanson), je vois que la notion de « socialisme autoritaire » était la dénomination de la question qu’on sait : s’en tenir au marxisme sans tirer sur Moscou (ce qui gênait, faible mot, Camus) car c’était le seul mouvement actif des classes ouvrières, etc.

      L’emploi de « autoritaire » avec le mot « capitalisme », aujourd’hui, signifie-t-il que dans quelques décennies, les yeux se seront pleinement dessillés ?

  4. Avatar de Michel Lambotte

    Merci pour cette charmante histoire que je ne connaissais pas.

    Nous sommes enfermés dans un discours unique de conflit perpétuel (la crise) sans vraiment savoir vers où on veut aller.

    A mes yeux, nous devrions nous poser la question de savoir vers quoi nous devons aller.
    Le but ne dépend pas de notre volonté mais des disponibilités de la planète.

  5. Avatar de Béotienne
    Béotienne

    Collapsus !
    La page que je viens de lire, avant de visionner la vôtre:
    « William Gass, un homme très en colère… »
    « Titre: Le Musée de l’inhumanité »
    « … Autant d’échappatoires provisoires avec, d’un bout à l’autre du roman, cette obsession qui ne cessera de le tourmenter: il veut pouvoir formuler la maxime qui définisse le mieux sa vision de notre condition. De chapitre en chapitre, on le verra ressasser la même idée, la modeler et la remodeler sans relâche, corriger, ajouter, retrancher. Jusqu’à ce qu’il trouve enfin la bonne phrase, douze mots impitoyables qui résument tout le roman: «Skizzen s’attendait à voir l’humanité périr mais finit par redouter qu’elle survive.»… »

    http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ae963fac-c70d-11e4-959d-74804f4bcbe7/William_Gass_un_homme_très_en_colère

  6. Avatar de Thierry
    Thierry

    Merci Pascal pour ce joli texte empreint d’espoir.
    Il donne une envie folle d’ouvrir sa fenêtre.

  7. Avatar de St3ph4n3 L.
    St3ph4n3 L.

    Qu’on me permette de faire l’avocat du diable !

    Si la petite fille aux allumettes avait été consciente que, quoi qu’elle fasse, ce qui lui est arrivé était inévitable, elle aurait cherché à innover et elle aurait probablement inventé le briquet. Peut-être même serait-elle devenue la Steve Jobs du feu portable et aurait-elle passé le reste de sa vie dans un paradis tropical et fiscal.

    Plus sérieusement (j’espère)…

    Je me demande si Andersen s’intéressait aux découvertes scientifiques de son époque car ce conte -et peut-être d’autres, je l’ignore- de 1845 me semble renvoyer en filigrane à ce bon vieux deuxième principe de thermodynamique. Vous savez… l’irréversibilité des phénomènes physiques. Je pense que, depuis longtemps déjà, l’ère du temps est au calque de nos vies individuelles et de nos systèmes collectifs sur ces conceptions vieilles de beaucoup plus d’un siècle.

    Tout fout l’camp, ma bonne dame, heureusement que j’ai le dernier smartphone. Et puis ma crème anti-rides. Et puis tous ces services personnalisés qu’on me propose partout.

    Je crois, Pascal, que cette note montre bien de quoi se nourrissent celles et ceux qui donnent du T.I.N.A. à longueur de discours et de traités/lois/plans de sauvetage. Pas tant parce que ces mots (ou ces maux ?) sont en résonance avec leurs solutions que parce qu’ils les intéressent, ce sont les… comptes. En fait, il manque un mot dans votre note : Innovation. Ou plus exactement, il est présent mais vous lui avez, comme nombre de nos contemporains, substitué un autre mot : Progrès. Peut-être parce que, pour l’un et l’autre, « ça va de soi ».

    Pourtant c’est bien là le nerf de la guerre : l’innovation ou le progrès. Lutter contre tous les ravages du temps qui passe (et se préparer tôt ou tard au transhumanisme, ou à la transhumance interstellaire, ou aux deux) ou bien redéfinir ce Progrès sur des bases plus en adéquation avec les savoirs scientifiques récents (par exemple : néguentropie, épigénétique, résultats du LHC, etc) et en clarifiant ces rêves à la hauteur de la collectivité humaine. J’ai presque envie de dire : de la connectivité terrestre.

    « Le monde possède déjà le rêve d’un temps dont il doit maintenant posséder la conscience pour le vivre réellement. » (Guy D.)

    Avec mes salutations re-enchantées,

    SL

    1. Avatar de Béotienne
      Béotienne

      @ St3ph4n3 L.

      Si la petite fille aux allumettes avait été consciente que, quoi qu’elle fasse, ce qui lui est arrivé était inévitable, elle aurait cherché à innover

      Classique, vous accablez la « victime, car à cette époque, l’allumette était une innovation.
      Donc il n’y eut pas d’humains, de public, ouvert aux innovations, trop bêtes.

      Dates: Hans Christian Andersen – andersen 2 avril 1805 4 août 1875
      « …L’allumette moderne a été inventée en 1805 par Jean-Joseph-Louis Chancel, assistant du professeur Louis Jacques Thénard à Paris6. Le mélange inflammable contenait du chlorate de potassium, du soufre, du sucre et du caoutchouc. Il s’enflammait lorsqu’il était plongé dans un petit flacon d’amiante rempli d’acide sulfurique. Cette sorte d’allumette, aussi onéreuse que dangereuse, ne rencontra pas un grand succès.

      La première allumette inflammable par friction est l’invention du chimiste anglais John Walker en 1827. Il reprit des travaux infructueux menés …L’allumette de sûreté, encore appelée « allumette suédoise » en raison de la nationalité suédoise de son inventeur Gustaf Erik Pasch, date de 1844. La « sûreté » provient du fait qu’elle nécessite un grattoir spécial… »

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Allumette

      Comme quoi le salut viendrait des innovations est sujet à caution.
      Signé: La petite sirène, qui a aussi mal fini.

  8. Avatar de Anatole
    Anatole

    La Scandinavie d’alors n’avait rien à envier à l’Angleterre de Dickens. Heureusement l’élite y a été assez intelligente pour promouvoir par la suite un égalitarisme social qui lui a permis de faire l’économie de révoltes et tentatives révolutionnaires, ainsi que du fascisme.
    Mais il semble que là-bas aussi ils soient en train de gratter une à une les allumettes du modèle scandinave.
    Mais qui sait, instrument luciférien, l’allumette peut être avantageusement remplacé par un regain de chaleur humaine.

  9. Avatar de L'OUVRIER
    L’OUVRIER

    Bonjour a tous, un beau texte vraiment quoique un peu glauque de bon matin avant de partir a l’usine.
    bonne journée a tous

  10. Avatar de Gudule
    Gudule

    Oui merci M Pascal, redonner du sens, la beauté est là mais on nous bassine avec la laideur alors que la magie est là, toute proche de nous, question de regard….!!!!

    Nous avons le choix d’orienter notre regard et pas uniquement vers le glauque qu’on nous propose…

    et si on faisait de BEAUX REVES ENCHANTES !

    OSONS !

    Merci ,pour cette poétique interlude .

    OUVRONS LA CAGE AUX OISEAUX , comme le dit Pierre Perret.
    D’ailleurs au printemps, c’est un véritable festival, un ballet de danseuses virevoltantes, dans les arbres, dans les jardins , partout, je vous invite à décrocher le nez de vos écrans et à profiter de cette naturelle et magnifique féerie !!!

    Je cite  » Les contes, comme leurs grands ancêtres les mythes, ont toujours étés dans les cultures orales un instrument éducatif, un moyen pour perpétuer des valeurs et une forme de construction sociale. »

    Je dirais que les contes ont plusieurs niveaux de lectures et une richesse souvent insoupçonnée..qui n’enlèvent rien à la beauté et à la poésie du récit .

    1. Avatar de Béotienne
      Béotienne

      @ Gudule
      Oui les contes perpétuent une forme de construction sociale, mais laquelle ?
      La plupart des contes sont terribles.
      Peau d’âne, une probable tentative d’abus sexuel, au départ; le petit Poucet, m’a rempli d’horreur en m’apprenant que des parents devaient, par pauvreté, chasser obstinément leurs enfants, Barbe-bleue, sadique; Chaperon rouge, différentes versions de la fin, toujours féroces; Les voyages de Gulliver, en conclusion le héros est devenu tellement misanthrope qu’il ne supporte même plus sa famille, La petite Sirène, mise en échec par la fatalité.
      Cendrillon échappe à cette fatalité mais seulement grâce à la magie; Alice au pays des merveilles est prisonnière d’un un monde où la logique débouche sur l’absurdité. La quête de la liberté dans la Chèvre de Monsieur Seguin, se solde par la mort.
      Les contes des Mille et Une Nuits narrés par Schéhérazade, pour sauver sa tête; Le Chat Botté, l’histoire d’une escroquerie réussie.
      Même dans le plus beau de tous les contes, à mon avis, Le Petit Prince, la solution est apportée par la morsure du serpent.
      Bon d’accord pour la lecture à différents niveaux, d’accord pour ouvrir des fenêtres, mais les contes sont de petites tragédies, sauf dans les moulinettes Disney ou Hollywood.

      1. Avatar de PASCAL
        PASCAL

        Les contes sont issus de la tradition orale et remontent le plus souvent aux temps anciens où il n’était pas question de progrès et encore moins de progrès social. Ainsi le conte avait pour fonction avant toute chose de conserver la société en l’état. Riches et puissants restaient riches et puissants mais on laissait toute fois un chance aux plus démunis d’attendre bien sagement l’arrivée du Prince charmant !
        Il serait intéressant de décrypter aujourd’hui les nouveaux contes qu’on nous inculque.

      2. Avatar de GUDULE
        GUDULE

        @Béotienne

        je préfère pour ma part cette approche :

        http://psynath.com/psynath/Annick_de_Souzenelle.html

        http://souzenelle.fr/index.php/15-ouvrages-livres-souzenelle/17-la-parole-au-coeur-du-corps.html

        , celle décrite par Annick de Souzenelle dans son ouvrage , le symbolisme du corps humain , que je recommande , cette vision et ce regard sur notre propre évolution et transformation estplus riche et plus constructive que celle d’une interprétation à la lettre qui si elle a , certes, son interêt , présente une vision désenchantée et sclérosante et manquant de perspectives évolutives.

        Autre lien : http://www.psychologies.com/Culture/Philosophie-et-spiritualite/Savoirs/Articles-et-Dossiers/Ce-que-les-contes-nous-racontent

        cordialement

      3. Avatar de Lucas
        Lucas

        Pascal, pour les nouveaux contes je vous propose « Kickass », une partie de la nouvelle enfance est fan. Des enfants et adultes supers héros (sans vrais supers pouvoirs), combattants les méchants ou s’entre tuants et tirants à tout bout d’champ.

        http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19097310&cfilm=138730.html

  11. Avatar de PASCAL
    PASCAL

    L’approche psychanalytique ouvre aussi ses propres fenêtres qui restent aussi fortement empreintes malgré tout de notre culture judéo-chrétienne dans laquelle le corps me semble toujours plus ou moins condamné à supporter la pesanteur du pêcher originel. C’est pour cette raison que je me suis beaucoup intéressé aux contes dans les autres cultures et plus particulièrement dans le bouddhisme et le soufisme. Je vous recommande tout particulièrement les aventures de Mulla Nasredin (http://www.etudes-soufies.com/soufisme/livres_shah/emn.html )

    Il nous faut ouvrir le plus de fenêtres possible sur les cultures du monde, surtout celles qui encouragent l’imaginaire, la paix, la légèreté qui n’enlève rien à la profondeur et l’humour.
    Les contes doivent éclairer notre recherche personnel, car ils sont des miroirs, et nous permettre comme la poésie de découvrir ce que nous n’avions pas encore imaginé.

    Bonne lecture de contes

    1. Avatar de Béotienne
      Béotienne

      @ PASCAL et GUDULE
      Je me limitais au domaine du conte pour enfants mais oui les contes sont faits d’une pâte très riche et les saveurs sont très diversifiées.
      PASCAL, merci pour votre lien, une stimulante découverte pour moi.
      Je distingue les contes des mythes car dans nos contes occidentaux il n’y a pas d’intervention de la divinité, par contre les stéréotypes héroïques sont bien présents.

      Pour conclure j’aime beaucoup le rêve du papillon de Tchouang-Tseu mais ce texte est qualifié de fable. On aborde ici une frontière bien floue entre fable et conte.

      1. Avatar de PASCAL
        PASCAL

        A mon sens, il n’y a pas de véritables différences entre contes, fables ou autre appellations, c’est l’usage qu’on en fait qui importe le plus. Pour Mulla Nasredin par exemple, on peut en rester à la blague superficielle mais j’avais lu que chez les soufis, une seule de ses histoires peut être l’objet d’une méditation et d’une recherche sur plusieurs années pour en comprendre toutes les implications dans la vie réelle. Le rêve du papillon en est un exemple extraordinaire : qui sommes-nous, qui suis-je, dans quel état j’erre ? (ok, elle était facile celle-là).
        Pendant une période, j’ai lu beaucoup de contes bouddhistes (un peu tous les soirs) et je me suis rendu compte que simplement par imprégnation, il m’arrivait d’adopter dans la vie quotidienne une distanciation qui pouvait s’inspirer de mes lectures. Malheureusement, j’ai arrêté cette pratique et le naturel est revenu au galop, bien que. La vraie force du conte n’est-elle pas là ?
        J’ai en mémoire dans le livre d’Henri Gougaud, les 7 plumes de l’aigle, cette expérience du héro qui une nuit rêve qu’il est un aigle et prend tellement de hauteur face au monde misérable dans lequel il survit que la misère elle même devient dérisoire.
        Ensuite, il n’y a pas d’âge pour lire les contes, à chaque âge sa lecture et son interprétation personnelle. Ce n’est qu’un miroir mais bien utile pour ré enchanter le monde !

      2. Avatar de GUDULE
        GUDULE

        @Pascal

        oui dans un autre style, il y aussi les koan zen, où l’esprit est amené à sortir de sa « zone de confort « , une sorte de chi kong de l’esprit, génial, un autre délice à la saveur asiatique.

        http://www.goshinbudokai.fr/koan2.html

        Extrait je cite : « Comment aborder les koan

        Le koan n’est pas un problème à résoudre dans un temps imparti. C’est une sorte d’énigme irrationnelle que l’on installe dans son esprit et que l’on va laisser mûrir jusqu’à l’apparition de l’évidence. Le raisonnement logique est banni ou très marginal ; il conduit à des lieux communs ou des impasses. Abordons les mots avec prudence, pensons plutôt à des associations d’idées ou des symboles.
        Pour rester dans un registre connu, rappelons-nous les figures de rhétorique : métaphores, comparaisons et images. Le koan n’utilise pas nécessairement les mêmes procédés, cependant, à l’instar de ces fleurs de rhétorique, les mots, les constructions grammaticales peuvent prendre des significations particulières et surtout refléter l’esprit du locuteur. Si en français, les mots, les expressions ne sont pas toujours à saisir dans leur sens littéral, dans les koan c’est permanent. Notre esprit doit toujours se situer au-delà du mot. De la même manière, évitons de prendre les gestes au premier degré. Exemples :

        Une main qui s’abaisse paume vers le bas peut, selon le contexte, communiquer diverses idées : parlez plus bas, asseyez-vous, calmez-vous ou un tassement, un abaissement, une perte.

        Quand un écolier lève le doigt vers le ciel, ce n’est pas pour estimer la température ambiante ou montrer quelque chose ; en général son geste signifie : « Je veux répondre. »

        « Je suis le chef et je veux parler ! » Telle est la signification du numéro d’équilibriste d’Abraracourcix sur son instable bouclier.

        Sortons des sentiers battus, laissons-nous porter par notre imagination et ne cherchons surtout pas à retrouver un équivalent à nos connaissances antérieures. Le koan doit engendrer l’éclosion spontanée d’une merveilleuse fleur inconnue.  »

        Bien cordialement.

    2. Avatar de GUDULE
      GUDULE

      @Pascal

      les aventures de Mulla Nasredin, je connais, merci , un pur délice… 🙂

      merci à vous.

      Bien cordialement

  12. Avatar de Hervé
    Hervé

    « On a renfloué la Grèce pour sauver les banques françaises et allemandes » !

    Et c’est un membre du FMI qui le déclare, le Brésilien Paolo Batista, invité de la chaîne grecque Alpha TV :

     » C’est la première fois qu’un dirigeant d’une des trois composantes de la Troïka, formée par le FMI, la Commission et la BCE, le dit face caméra. « L’argent a été donné pour sauver les banques françaises et allemandes, pas la Grèce », a déclaré Paulo Batista, l’un des 19 élus parmi les 24 membres du conseil d’administration du Fonds monétaire international.

    Du fait de ses fonctions, la parole de Batista est plus libre que celle des membres du Conseil des gouverneurs qui, eux, représentent les gouvernements et les banques centrales. Mais les critiques pour le moins rudes de Paulo Batista tranchent avec le langage d’ordinaire très policé qui règne au sein de l’institution.  »

    http://www.marianne.net/on-renfloue-grece-sauver-les-banques-francaises-allemandes-100231807.html

  13. Avatar de Ar c'hazh du
    Ar c’hazh du

    J’avais vu dans ce conte (qui vire au cauchemar) davantage l’allégorie de la descente au enfer d’une junkie qu’une allégorie sur la décadence d’une société accro au progrès.

    Il est probable que l’interprétation « adulte » des contes pour « enfants » soit individuelle.

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Commentaires récents

  1. Paul, Je n’ai vu de ce film, il y a longtemps, que ce passage (au début du film, je crois)…

  2. Faut reconnaitre que le site fait positiver … du moins la première illustration du vivant.

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