LE TEMPS QU’IL FAIT LE 20 FÉVRIER 2015 – (retranscription)

Retranscription de Le temps qu’il fait le 20 février 2015. Merci à Olivier Brouwer !

Bonjour, nous sommes le vendredi 20 février 2015, et comme vous le comprenez, nous sommes dans une vidéo d’un genre un petit peu expérimental, dans une chambre d’hôtel, mais nous sommes vendredi, donc je vais vous parler de l’actualité.

Et aujourd’hui, je vais vous parler, mais vous ne serez pas tellement étonnés, je vais vous parler de Monsieur Yanis Varoufakis. Voilà. Pour ceux qui ne sauraient pas qui il est, il est le ministre des finances grec en ce moment même.

Et ce monsieur a écrit en particulier, en 2011, il a écrit un livre dont le titre français, c’est : « Le Minotaure planétaire », et si vous lisez le livre, Monsieur Varoufakis n’est pas extrêmement explicite sur ce qu’est ce Minotaure. On croit comprendre au bout d’un moment qu’il s’agit de la balance des payements des États-Unis, mais si l’on a vu Monsieur Varoufakis à l’œuvre, ces semaines récentes, on se dit que le Minotaure, eh bien, c’est lui ! Voilà. Alors, parce que, bon c’est quelqu’un qui a une bonne formation en économie, et surtout, il a travaillé dans le domaine de la théorie des jeux, où on apprend à opérer des stratégies, des stratégies dans des situations particulières. Il a l’air de très bien comprendre cela.

Et alors, vous avez peut-être vu l’actualité dans vos journaux, on nous dit maintenant : « Eh bien vous savez, la Troïka (la Troïka : Banque Centrale Européenne, Commission Européenne et Fonds Monétaire International), c’est un magasin de porcelaines, et ce monsieur Varoufakis se conduit comme le taureau, l’éléphant dans le magasin de porcelaines, il ne comprend pas qu’il n’y a là que des règles d’une très grande subtilité, qu’il ne faut surtout pas enfreindre, c’est du théâtre japonais extrêmement hiératique, et lui il va là, comme ça, comme le Minotaure, et il va tout casser à l’intérieur de ça ! » Alors, si vous vous souvenez de ce que je dis, moi, de la Troïka depuis un certain temps, la Troïka, c’est une brute, c’est une brute épaisse dont les croyances se résument dans un catéchisme d’une religion féroce. Cette religion féroce, elle a été concoctée par l’école autrichienne autrefois, ça a été repris à l’école de Chicago, et c’est une idéologie d’extrême-droite qu’on essaye de nous imposer du sommet.

Alors, maintenant, quand on nous présente la Troïka comme un magasin de porcelaines que Monsieur Varoufakis va déranger, on essaye de nous rouler ! On essaye véritablement de nous rouler, parce qu’on sait, nous savons, nous savons ce que c’est.

Alors, que fait Monsieur Varoufakis ? Il va prendre tout ça à contre-pied. Il fait des croc-en-jambe, il fait des croche-pied à l’ensemble de ces gens et ça a l’air de marcher, puisque – vous vous souvenez peut-être, ce n’est pas très vieux – Monsieur Schäuble, le ministre des finances allemand, qui n’arrêtait pas de répéter : « On ne comprend rien de ce que disent les Grecs ! », maintenant, tout le monde comprend ce que disent les Grecs, même le premier de classe, là, Monsieur Dijsselbloem de la Hollande, même Monsieur Dijsselbloem comprend, Monsieur Moscovici comprend aussi ce que dit Monsieur Varoufakis au nom de la Grèce.

Alors, du coup, quand Monsieur Schäuble continue de répéter : « On ne comprend pas ce que [veulent] dire les Grecs », eh bien, on en arrive à la situation actuelle, c’est-à-dire qu’on se dit qu’il n’y a plus qu’une seule personne qui ne comprend pas ce que veulent les Grecs, et c’est Monsieur Schäuble lui-même, ce qui fait qu’il est parti d’une position assez dominante, et – je viens de regarder le titre dans les journaux – sa position dominante n’est plus là puisque maintenant, il y a même un « rift », comme on dit, il y a un gap, il y a un fossé qui est en train de se creuser entre les Allemands et le reste de cette Troïka qui commence à leur dire, avec le soutien bien entendu en arrière-plan des Américains : « Il ne faut pas que la Grèce sorte de la zone euro, sinon, c’est terminé de ce côté-là. » Bon.

J’allais dire, j’allais dire que, voilà. Je vais le dire ! Je vais le dire : c’est-à-dire qu’on peut être contre l’existence même de la zone Euro, on peut être pour. Moi, telle qu’elle est maintenant, je considère que c’est un truc branlant qui va finir par s’écrouler, mais il y a la possibilité d’essayer d’achever ce qu’on avait commencé. Bon, c’est une possibilité et, il me semble à moi et c’est une position je dirais, comment dire, pas très très formulée dans une direction ou une autre, mais dans la voie où on est engagés, il vaudrait mieux continuer, il vaudrait mieux terminer cette construction européenne. Dans le cadre de cette construction européenne, comme vous le savez, les pays individuels ne peuvent plus dévaluer, alors on leur impose, on leur impose simplement la famine et la misère à l’intérieur de leur pays même, au nom d’une soi-disant compétitivité pour essayer de les sauver. Il faut résoudre ces problèmes ! Quand une dette devient trop importante – et le problème ne se pose pas simplement en Grèce, à l’intérieur de la zone euro, des dix-neuf pays – quand une dette devient trop importante, il n’y a qu’une solution historique. On peut lire ça dans le livre de Reinhart et Rogoff, on peut lire ça chez Monsieur dont j’oublie le nom, qui a écrit un gros livre sur la dette, ça se trouve partout ! Le système de la dette, c’est un système qu’il faut remettre à plat, il faut remettre les compteurs à zéro de temps à autre.

Voilà. Je ne voulais rien dire d’autre, mais qu’on ne vienne pas nous présenter l’image de la Troïka, de la zone euro sauf la Grèce, comme un magasin de porcelaines dans lequel Monsieur Varoufakis viendrait tout casser ! Ce n’est pas ça : on a d’un côté un système brutal, et Monsieur Varoufakis, au nom des Grecs, au nom du gouvernement constitué par Monsieur Tsipras, dit : « On en a marre de ça, on ne veut plus continuer à le faire ! » Il a bien raison, il faut que nous le soutenions, au niveau des opinions publiques, à continuer dans cette voie-là.

Voilà. Comme je vous l’ai dit, un « Temps qu’il fait » artisanal ! À bientôt ! À la semaine prochaine.

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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