Billet invité.
Les choses sérieuses ont débuté vendredi avec la mission de Jeroen Dijsselbloem à Athènes, toute empreinte de raideur. Le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a confirmé au président de l’Eurogroupe que la Troïka n’était plus considérée comme un interlocuteur valable (pour mémoire, les deux dernières rencontres de cette dernière avec le précédent gouvernement avaient dû prudemment se tenir à Paris). Réagissant à la proposition d’une conférence européenne sur la dette, que Christine Lagarde n’a pour sa part pas repoussée, ce dernier a rétorqué que l’Eurogroupe était le lieu privilégié pour en discuter.
La veille, Yanis Varoufakis avait déclaré au New York Times, à propos du dernier versement suspendu du plan de sauvetage », « les sept milliards, nous n’en voulons pas, ce que nous voulons c’est repenser tout le programme ». Jeroen Dijsselbloem a eu comme réponse lors de la conférence de presse commune d’Athènes « qu’ignorer les accords n’est pas le bon chemin à prendre ». Les dirigeants grecs font remarquer que cela n’aurait pas de sens d’à la fois critiquer un programme et de demander son extension, affirmant leur volonté de négocier un « New Deal Européen » , tandis que Wolfgang Schäuble a de son côté déclaré : « nous sommes prêts à tout moment à toutes les discussions, mais les bases ne peuvent en être changées », ajoutant qu’il était hors de question de répondre à un quelconque chantage (sans préciser son objet, un défaut sur la dette). Mais l’on attend toujours le premier contact téléphonique avec son homologue grec, qui est de tradition pour saluer un nouveau venu mais qui n’a pas eu lieu. Aucun déplacement d’Alexis Tsipras à Berlin n’est prévu.
« Nous, c’est-à-dire l’Allemagne et les autres partenaires européens, nous attendons de voir avec quel concept le nouveau gouvernement grec vient vers nous » a déclaré ce matin Angela Merkel, ne fermant pas toutes les portes après avoir réaffirmé « L’Europe va continuer de montrer sa solidarité à la Grèce comme aux autres pays particulièrement touchés par la Grèce, si ces pays entreprennent des réformes et des mesures d’économie » et avoir utilisé à propos de la dette une formulation nouvelle, dont elle « ne voit pas de nouvel effacement », pour signifier son refus.
Le début de la semaine à venir va être l’occasion d’évaluer le soutien que le gouvernement grec peut attendre de ses homologues italien et français, ainsi que britannique. Alexis Tsipras et Yanis Varoufakis vont séparément se rendre à Rome et à Paris. Le ministre des finances grec a même avancé à aujourd’hui samedi sa venue à Paris. Angela Merkel, François Hollande et Martin Schulz, le président du Parlement européen de retour d’Athènes, ont eu vendredi soir un échange de vues à Strasbourg, qui portait sur la Grèce et l’Ukraine, mais rien n’en a filtré. Au terme de ces conciliabules, l’occasion de peser pour faire évoluer la politique verrouillée par le gouvernement allemand va-t-elle être saisie, ou les jeux inopérants habituels vont-ils l’emporter, signant un forfait ?
Sur un autre registre, une « Marche pour le changement » a été convoquée à midi par Podemos, qui doit symboliquement se conclure sur la grande place de la Puerta del Sol de Madrid. Elle intervient à moins d’un an des prochaines législatives espagnoles, et à quatre mois d’élections régionales et municipales partielles, et cherche à s’inscrire dans le sillage de la victoire de Syriza en Grèce. « Nous allons démontrer que tous ensemble nous allons changer l’histoire de notre pays » a promis Pablo Iglesias, le leader de Podemos qui n’a pas été avare de soutien à Syriza.
« Vladimir Poutine montre qu’il cherche à évoluer dans un cadre légaliste écrit normatif » Mais oui bien sûr ! Louis XIV…