La zone euro entre les mains de la liberté démocratique grecque, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

L’annonce d’une nouvelle campagne de « quantitative easing » de la BCE ne va rien changer à la déréliction économique de la zone euro. Le système monétaire européen est en coma dépassé dans le non-système mondialisé de la monnaie privée au service de la spéculation libre. Le sol fertile de l’économie réelle est partout recouvert d’une montagne de sable financier. Toute la liquidité que les banques centrales déversent depuis 2008 sur les dunes de dettes financières fige le sable de l’insolvabilité. L’économie réelle de production des vrais biens et services qui permettrait de rembourser les dettes ne reçoit plus de lumière ni d’eau. Les prix sont falsifiés par l’instabilité du capital virtualisé. Les consommateurs réduisent leurs dépenses pour s’assurer de leur avenir précaire et insaisissable.

Le système est en panique. L’autorisation donnée aux banques centrales du Système Européen des Banques Centrales (SEBC) de racheter librement la dette de leur actionnaire étatique national revient à rompre toute relation entre l’émission de l’euro et une quelconque loi européenne commune. Plus grave, l’euro devient un machin qui n’appartient à personne et dont quiconque soit assez puissant pour s’arroger le pouvoir du fait accompli financier peut en émettre les signes. Encore plus grave, le nouveau régime monétaire qui se met en place est totalement inédit où le lien entre la monnaie et une loi nationale identifiable portée dans la souveraineté d’un État n’existe officiellement plus.

Émettre de la monnaie, c’est maintenant rajouter des « 0 » à des « 0 », c’est à dire compter des zéros qui représentent l’ensemble vide des ensembles vides. De la réalité économique, il ne peut plus être question pour personne. A chacun sa petite recette pour essayer d’échapper au vide en pillant ce que son voisin essaie de produire s’il a trouvé un taux de change magique qui rende son travail rentable… Le prochain krach va venir d’une désynchronisation des ordinateurs bancaires dans la vitesse de comptage des « 0 » générés sur le marché interbancaire planétaire. Les prochaines attaques spéculatives viseront directement les réseaux électriques physiques pour masquer par des écrans noirs les positions « short » perdantes.

La zone euro est en auto-annihilation virtuelle automatique. Les gouvernements brassent le vide financier en émettant de la dette sur la désintégration économique de l’Europe. Et les marchés financiers rachètent la dette des États qui ne feront rien, pour vendre celle des États qui n’existent plus faute de ressources fiscales et de crédibilité politique. Le meilleur service que les Grecs puissent rendre à l’Union des Européens est d’élire des députés qui demanderont le rétablissement de la responsabilité politique en Grèce et dans la zone euro. Gouverner le vivre ensemble, c’est contrôler la circulation du capital et lever des impôts pour financer l’assurance des biens communs par le travail de tous.

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