Billet invité.
Les massacres des 7-9 janvier dernier ont suscité de très nombreuses réactions. Hélas les lectures que l’on a pu en faire mettent mal à l’aise. Entre unanimisme et manichéisme, il est rare de trouver l’expression d’une attitude intellectuellement pertinente. Pourtant il s’agissait là de traiter des sujets essentiels pour notre vie collective. Examinons quelques sujets abordés dans les débats.
Liberté :
La liberté est un des fondements de notre république. Elle est intangible, non négociable. Mais, elle n’autorise pas à faire n’importe quoi, auquel cas vivre ensemble devient impossible. « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789). Alors, même si nous en défendons le droit, est-il sensé, dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, de heurter les croyances intimes de millions de personnes au nom d’une salubre rigolade ?
Religions :
Les religions ont joué un rôle civilisationnel dans l’histoire de l’humanité, donnant aux humains une morale, des règles de vie, parfois de l’espérance. Mais, elles ont suscité le fanatisme, les massacres au nom de Dieu (de tous les dieux), les guerres de religions, l’inquisition, l’antisémitisme, le djihadisme, etc. Chacun doit pouvoir pratiquer le culte de son choix librement. Mais il est intolérable que des religions imposent leurs lois à ceux qui n’en veulent pas.
Djihadistes français :
Les frères Kouachi, Amedy Coulibaly, Merah, Fofana, ont agi comme des barbares. Mais, il s’agit de citoyens français, nés dans notre pays, passés par l’école de la République. Peut-on se contenter de les considérer comme des « accidents de l’histoire » ? Ne devrions-nous pas essayer de tirer toutes les leçons de ce fait indiscutable : ils ont été produits par notre société.
Manifestation du 11 janvier :
Un magnifique réflexe a poussé des millions de personnes à défiler le 11 janvier. Mais, s’y sont montrés certains des pires ennemis de la liberté d’expression. La liste en est connue, inutile de la citer ; mentionnons quand même le représentant officiel de l’Arabie Saoudite, pays qui vient de condamner à mille coups de fouet et dix ans de prison un blogueur qui a eu l’audace de souhaiter seulement que soit adouci le poids de l’obscurantisme religieux dans son pays.
Politiques :
Les politiques de tous bords se sont précipités à la quasi-unanimité pour condamner ce qui venait de se passer et manifester leur solidarité avec un journal qui se moquait copieusement d’eux (à juste titre). Mais, ils n’ont rien fait de sérieux depuis des décennies pour éviter les misères économiques, sociales, culturelles voire existentielles, ou les traiter à la racine. Ne questionnons pas leur capacité à comprendre la complexité des problèmes ; constatons seulement qu’il est tellement plus facile et efficace de se faire élire sur des discours et des idées simplistes…
Ces rappels basiques sur quelques mots-clés permettent d’illustrer en quoi la réalité est tissée de contradictions. Cela s’appelle la complexité et conduit à ce qu’aucun point de vue réducteur ne saurait rendre compte de la situation.
Alors, suis-je ou ne suis-je pas « Charlie » ? Faux dilemme, tant il est vrai que ce qui précède révèle une profondeur de la question conduisant simultanément, indissociablement, à être ET ne pas être Charlie.
Dernière interrogation que l’on trouve de façon récurrente : et maintenant que faire ? Refuser le simplisme des différentes formes de prêt-à-penser. Les idées sont les seules armes dont nous disposons. Elles peuvent être des armes de construction massive. Discutons-les, affinons-les, diffusons-les, sans aucune certitude définitive mais opiniâtrement, encore et encore. Ainsi, peut-être, parviendrons-nous à obtenir un monde vivable. Pour une fois c’est vrai : « Il n’y a pas d’alternative ».
78 réponses à “Charlie Hebdo : être ET ne pas être, par Alain Farel”
Une carte blanche de Vincent Engen dans le soir ne m’ a pas mis mal à l’aise.
la voici en partage :
http://www.lesoir.be/755927/article/debats/cartes-blanches/2015-01-12/terroristes-ne-sont-pas-seuls-ennemis-democratie?utm_source=outbrain&utm_medium=widget&utm_campaign=obclick&obref=obinsource
Je dirais même plus!
» la possibilité d’ une ile » ?
Il peut être aussi intéressant de rappeler quelques fondamentaux souvent perdus de vue.
Depuis les débuts de la démocratie moderne au XVIIIème siècle les dictatures ont fait périr au moins 100 fois plus d’hommes que les démocraties. Celles-ci ont dû se défendre notamment des assauts des dictatures comme l’hitlérisme.
Les démocraties sont à l’origine de l’essentiel du progrès technique et sanitaire sans lequel la majorité d’entre nous ne serait pas sur terre actuellement et sans lequel le niveau de vie moyen, y compris en Afrique serait beaucoup plus bas.
Les dictatures intégristes islamistes se réclamant d’un soi-disant « Etat islamique » ou d’Al Qaida sont combattues par l’ensemble des pays musulmans. La majorité des personnes tuées par les terroristes sont des musulmans.
Ces dictatures proches d’Al Qaida refusent l’instruction aux filles, lapident les femmes accusées d’adultère, tuent les membres de minorités religieuses etc.
Les terroristes sont ce qu’on appelle des « idiots utiles » qui meurent au profit d’oligarques du pétrole (« Etat islamique ») ou de la drogue (Al Qaida Afghanistan). Al Qaida et Ben Laden ont été financés au départ par la CIA et l’Arabie saoudite entre 1980 et 1988 en Afghanistan pour contrer les Soviétiques.
Ils provoquent dans les pays démocratiques où ont lieu les attentats presque toujours des politiques plus inégalitaires qu’auparavant au détriment des groupes sociaux les plus fragiles: 11 septembre aux USA, Brigades rouges en Italie etc…
La mouvance terroriste large en France est estimée à quelques centaines de personnes, moins d’un cent millième de la population.
Les valeurs démocratiques, républicaines et de laïcité permettent le vivre ensemble, de renforcer le lien social. Les différences peuvent s’exprimer pacifiquement.
A chaque évènement dramatique, c’est la même chose: des esprits faibles et dogmatiques nous proclament que « c’est la faute à ce que je n’aime pas ».
Ceci est mieux écrit que je ne pourrais le faire:
« César Botero · Université catholique de Louvain
Je suis d’accord avec cet article parce que… on ne peut pas être en désaccord. Pour quoi ? Parce que c’est un article passepartout, à usage multiple et varié, intemporel. C’est le genre d’article que l’on peut écrire n’importe quand et à propos de n’importe quel évènement ou problème de société. Il suffit de faire quelques petites modifications. L’auteur donne lui-même des exemples : la crise grecque, l’euthanasie demandée par un prisonnier. Le même article aurait pu être écrit lors de des tueries du Brabant Wallon (et il l’a été probablement), le chômage, le suicide, le problème de la drogue, l’égoïsme de nos sociétés, les riches qui s’enrichissent et les pauvres que s’appauvrissent, la téléréalité, le succès facile, etc. Bref c’est une petite description de la société de consommation bien connue depuis longtemps. Il n’y a pas de doutes, l’autoflagellation, ça existe. »
J’adhère complètement à ce que vous dîtes dans ce texte..
cette évidence m’apparaît être le point sur lequel devrait se concentrer la réflexion pour tenter de construire une réponse adaptée.
@alinber. Je n’adhère pas complètement au texte, mais « ils ont été PRODUITS par notre société… en effet, et bien que cela ne me semble pas être « une évidence », c’est le point de départ de toute réflexion/action.
: texte de R.S sur DNDF (Des nouvelles du Front -en attendant la fin-)
http://dndf.org/
Merci, Alain Farel pour cette excellente synthèse quant à l’état du débat, dans sa phase actuelle, après l’immense émotion, l’état de choc, qui a saisi le pays.
Il y a en effet un temps pour défendre la République blessée, en faveur de la liberté d’expression et pour témoigner de notre compassion à l’égard de toutes les victimes, lesquelles auraient pu figurer parmi nos proches : ce fut l’élan du cœur de la manifestation citoyenne du 11 janvier (que je ne confonds pas avec le petit tour de piste des officiels, chefs d’Etat et autres dignitaires étrangers peu recommandables pour beaucoup d’entre eux.)
Et il y a un temps pour ne pas faire de réaffirmation solennelle et légitime du soutien apporté aux valeurs fondamentales de la République un consensus mou.
C’est le temps du débat, qui n’a pas tardé sur le blog, ce qui est très sain.
Concernant Charlie, je veux dire le Charlie qui signifie Charlie Hebdo et ses productions, Il eut été préférable d’attendre un peu avant d’exposer ces divergences, alors que toutes les victimes de la tuerie n’avaient pas encore été inhumées, je pense notamment à Delfeil de Ton, ancien collaborateur de Charlie Hebdo qui nous révèle, sauf démenti des intéressés, que l’unanimité, y compris sur la question des caricatures de Mahomet n’existait pas. Que certains, comme Cavanna ou Wolinski, avaient certaines réticences qu’ils exprimèrent notamment lors de la première affaire des caricatures, en 2011.
A cet égard il n’est pas inutile de nous référer à l’excellent article de Jeanne Favret Saada à propos de l’affaire des caricatures au Danemark, d’où tout est parti. Elle y montre que la gauche danoise s’est faite dans un premier temps en quelque sorte l’allié objectif des islamistes radicaux, préférant de pas les viser, parce qu’en les visant on risquait de stigmatiser l’ensemble des musulmans du Danemark. La publication des caricatures changea la donne.
Il n’est pas difficile non plus, sans même avoir lu ces déclarations de Delfeil, le rôle que joua Philippe Val dans cette affaire, ce même Philippe Val qui allait être nommé par Sarkozy à la tête de Radio France. Philippe Val, rappelons-le, dans certaines de ses interventions publiques, s’est montré très proche des positions néo-conservatrices, c’est tout sauf anodin.
L’article de Jeanne Favret Saada :
http://www.vacarme.org/article1246.html
Les caricatures au Danemark, c’est en 2005 et non pas 2011 comme je l’ai écrit par erreur.
val s’est également montré » un soutien irréductible » à israël et à sa politique sioniste de colonisation, qu’il invita bhl à s’exprimer dans charlie en ce sens
le bhl va-t-en guerre en libye
ce qui, en y réfléchissant, donnent de l’affaire des caricatures une vision un peu différente que la simple défense de la laïcité.
+1
Et si au lieu de les qualifier de fous, de terroristes, de djihadistes…, on se disait tout simplement que ce sont des soldats.
C’est une guerre et pour faire une guerre il vous faut une cause, des soldats et des armes
Dans toutes les guerres on prend des braves types, on leur explique la cause, on leur colle un fusil dans les pognes et on leur dit; tu vois là-bas, c’est l’ennemi.
Tu vises, tu fermes un œil et tu tires.
La différence avec les guerres « classiques » c’est que d’ordinaire, ce sont des soldats qui se battent contre des soldats (sauf guerres civiles, guerres de religion..)
Là, les soldats se recrutent aussi dans nos lignes arrières et bien sur cela créé de la confusion, surtout quand on constate qu’il existe une (petite) armée de réserve potentielle, chez nous, avec des gars de chez nous.
Maintenant si l’on écoutait un peu ce que nous disent ces gens là (En Algérie, au Pakistan, …au Maroc même). Ils nous disent on est insultés au plus profond de nous-même par ces provocations. On est même prêts à mourir pour ce que nous considérons comme des blasphèmes
Dans un contexte de guerre la propagande et le renseignement sont aussi important que la confrontation armée.
Est-il alors judicieux de brandir la couverture de Charlie Hebdo comme l’étendard de la Liberté comme l’a fait par exemple Manuel Valls en traversant la cour de l’Elysée devant les caméras du monde entier ?
Qu’a-t-on à gagner à agiter un chiffon rouge devant un taureau furieux ?
Bien sur j’entends déjà tous ceux qui vont me parler de soumission. Mais on doit dépasser cela. C’est du donnant – donnant.
On pourrait peut-être dire à nos musulmans, d’accord les caricatures vous offensent, et ce n’est pas très malin d’en remettre une couche après l’attentat, mais reconnaissez qu’en France vous jouissez d’une liberté de conscience et de culte qui vous sont accordées par la laïcité.
Et que sur ce point nous ne transigerons point.
Il continuera sans doutes ça et là à y avoir des dessinateurs pour faire des dessins que vous jugez offensants, on peut le comprendre, et même le regretter, mais il n’est pas question d’introduire chez nous le délit de blasphème.
Quand à aller faire la guerre sur place, à coup de porte-avions et de répondre aux rafales de kalachnikov, par des avions rafales, je suis plus que sceptique quand au résultat, surtout quand on voit ce que cela a donné en Afghanistan.
Faut-il remettre de doigt dans l’engrenage et renforcer mécaniquement la cause qui nourrit leur ressentiment ?
Faut-il pour autant se fermer les yeux et ne rien voir des souffrances des populations massacrées et mises en esclavage ?
Qui a la réponse ?
Personnellement j’ai tendance à penser qu’une reconnaissance mutuelle de nos différences culturelles serait un moindre mal et même une nécessité. Nous reconnaissons vos coutumes même si nous n’approuvons pas la charia, mais reconnaissez notre laïcité même si vous ne l’approuvez pas.
Il est impossible de porter à travers la foule le flambeau de la vérité sans roussir ici et là une barbe ou une perruque Georg Christoph Lichtenber
La religion naturelle a mille fois empêché des citoyens de commettre des crimes.
Une âme bien née n’en a pas la volonté ; une âme tendre s’en effraye ; elle se représente un Dieu juste et vengeur. Mais la religion artificielle encourage à toutes les cruautés qu’on exerce de compagnie, conjurations, séditions, brigandages, embuscades, surprises de villes, pillages, meurtres. Chacun marche gaiement au crime sous la bannière de son saint. Voltaire
Raymond Devos
Montaigne
« Si l’on écoutait un peu ce que nous disent ces gens-là (En Algérie, au Pakistan, …au Maroc même). Ils nous disent on est insultés au plus profond de nous-même par ces provocations. On est même prêts à mourir pour ce que nous considérons comme des blasphèmes. »
Ecouter ce que disent les musulmans qui se sentent insultés par ces provocations considérés comme des blasphèmes ne me semble pas la juste réponse qu’une république laïque doit donner. Le blasphème n’est pas du domaine de la laïcité française qui ne connait pas les litiges d’origine religieuse depuis 1881.- point barre –
L’oxymore, ne pas aller faire la guerre sans fermer les yeux et ne rien voir des souffrances des populations massacrées et mises en esclavage ne se résout pas par des parlotes.
Nos relations économiques avec les pays concernés peuvent permettre de dégager une politique étrangère rigoureuse, mais pas sans de sérieuses conséquences sur nos habitudes de vie.
Quant aux remarques de Voltaire, il est bien dommage qu’il ne soit pas là pour que nous puissions juger de son courage ou de sa couardise.
La laïcité française est borgne. Elle n’empêche pas l’extension de la religion de la marchandise. C’est également dangereux de se gargariser de grands mots ronflants, comme, par exemple, « les valeurs républicaines » quand ils se traduisent dans le quotidien d’une partie de nos concitoyens par de multiples souffrances.
Marre des signes extérieurs de religions qui divisent et attisent les haines.
« Sans Croix, ni Voile, ni Kippa,
nous sommes d’abord français (applicable à toute autre nationalité)
et citoyens du monde ».
Vive la laïcité en public et le respect de toutes les religions dans les lieux privés.
Non M.P. Devaux
: »Un bon, un vrai citoyen se doit d’être autant discret que son universalité est suspecte. « Otez donc ce voile » dit le citoyen de gauche qui milite pour l’émancipation féminine, faisant de la domination des femmes l’apanage de quelques cultures archaïques et une chose en voie de disparition chez nous. Car ce citoyen est bien de chez nous. Et c’est parce que bien de chez nous qu’il est universel. Les juifs, quant à eux, dans la manifestation, ont raison de se demander : « S’il y avait seulement eu la prise d’otages à l’Hyper Cacher, vendredi, et pas l’attentat contre Charlie Hebdo mercredi, aurait-on observé un tel sursaut républicain ? ». Bien évidemment non (cf., Toulouse) : la citoyenneté nationale, l’universel, n’est pas menacée quand un particulier s’en prend à un autre particulier même si tous les particuliers ne sont pas subsumés identiquement sous l’universel. »
Etre ou ne pas être Charlie (ce n’est pas la question) R.S dans DNDF (cf. réponse à alinber, lien)
Ce qui a été en fin de compte le déclencheur de la réaction populaire c’est à mon avis les vidéos de l’assaut et surtout celle filmée depuis l’immeuble d’en face où l’on voit les policiers entrer dans le magasin sous la mitraille. C’est l’élément psychologique le plus moteur : merde t’as vu les flic… Après ça si l’on ne sort pas dans la rue, on ressemble à quoi ??
Peu à peu, la presse se fait l’écho de ce qui s’est passé dans les collèges, à l’occasion de « la minute de silence » imposée par le pouvoir. Certains enseignants sont parvenus à canaliser le débat, en l’élevant. Quand, dans un collège alsacien réputé difficile, des parents ont manifesté leur mécontentement, quatre jours après le débat, le recteur s’est empressé de mettre l’enseignant à pied, sans même mener une enquête ni écouter l’intéressé, provoquant l’ire des syndicats et la consternation de l’ensemble des enseignants.
Le dialogue n’est pas facile avec les jeunes adolescents, plus imprégnés par les jugements à l’emporte-pièce dans les quartiers que par la réflexion citoyenne sur la laïcité (maintes fois mise à mal par les gouvernements et inexistante de fait en Alsace pour cause de Concordat). Comment expliquer clairement à des jeunes où se situent les limites entre la liberté de la presse (caricatures comprises) et le respect de l’autre, alors que certains chefs spirituels condamnent à mort les caricaturistes (fatwa) ? Comment parler du respect de la vie, quand, sous prétexte d’imposer la démocratie, nos gouvernements envoient nos Mirage bombarder, ou livrent des armes à des factions « amies », dans le seul but d’une avancée géostratégique des pays de l’OTAN (Serbie, Libye, Irak, Syrie, …) ?
A propos de cette minute de silence un peu chahutée dans quelques collèges, un député n’est-il pas allé jusqu’à suggérer de supprimer les allocations familiales aux familles des jeunes récalcitrants ? Quand on sait que le parti de ce monsieur a fait supprimer la formation des enseignants en France, on ne s’étonne pas d’une telle attitude. Aucune réflexion sur ce qu’est l’éducation d’un enfant, d’un adolescent, sur l’apprentissage du métier d’éducateur, d’enseignant-éducateur. L’esprit serait-il une baudruche qu’on remplit avec un entonnoir ? Que savent-ils des conditions de vie des collégiens, dans leur famille ? Que savent-ils des conditions de travail au collège ? Pourquoi les parlementaires sont-ils si empressés de choisir pour leur progéniture des collèges protégés des « beaux quartiers » ou des collèges privés qui sélectionnent leurs recrues ?
On vient de supprimer un grand nombre d’établissements de la liste des collèges en Zone d’Education Prioritaire. Cela signifie pour eux, avec les mêmes élèves difficiles, une forte diminution des moyens humains pour s’occuper de ces jeunes. C’est parce qu’elle économise sur l’éducation que notre société va mal, mais pas seulement, nous le savons.
Notre espoir, c’est qu’après le 25/1, la Grèce avec Syriza nous montre un nouveau chemin, et que nous descendions souvent nombreux dans la rue pour dire à ceux qui gouvernent que c’est la voie que nous voulons.
Tout à fait d’accord
D’ailleurs comment se fait-il que l’engagement de nos soldats, payés par nos impôts, dans tous ce pays, ne fasse pas l’objet d’un débat national (et pourquoi pas d’un référendum)
Que le chef des armées décide ex abrupto une mobilisation militaire dans le cas d’une attaque ennemie sur notre sol, on le comprend très bien – l’efficacité prime. Mais dans le cas du Moyen Orient ce n’est pas le cas. Dominique de Villepin a refusé l’engagement de la France en 2003, mais il semble que les leçons n’ont toujours pas été tirées.
que le chef des armées décide ou non d’ une intervention militaire revient à peu près au même, puisque dans les deux cas il s’agit d’une décision unilatérale et indiscutable qui remet en cause les fondations de notre Veme république, plus monarchique que démocratique
souvenons nous du » mon ennemi c’est la finance » dont on sait ce qu’il est advenu
L’humoriste américain Georges Carlin manque un peu dans le paysage actuel…
https://www.dailymotion.com/video/xfnnjj_nous-sommes-sous-leurs-controles_news
http://www.pauljorion.com/blog/2015/01/12/et-maintenant-par-gilbert-chabian/#comment-541560
Pour les idées , elles me semblent plutôt devoir être cherchées dans la première liste des points évoqués dans le troisième « ordre » .
Mais on ne peut « être » et « ne pas être » dans le même « instant présent » (heureusement le présent n’existe pas ) , et les idées devront être suffisamment liées pour se succéder en chaine automatique et globale , sur un temps connu , accepté et « sanctionnable » .
Par ailleurs il ne suffit pas que l’idée soit » bonne » . Il faut qu’elle soit traductible , compréhensible et comprise par tous , acceptée par la majorité , mise en œuvre comme prévue .
A propos « d’être » ou « ne pas être » , la (re) lecture du billet de PSDJ du même titre , n’est pas inutile .
Pas plus que :
http://www.pauljorion.com/blog/2015/01/14/emporte-par-la-foule-par-pascal/#comment-543459
On se fout de ce que vous pouvez penser. C’est le message très clair que nous envoient les sbires du machin européen !!
http://www.reporterre.net/Les-citoyens-europeens-consultes
Tout à fait! La consultation a eu lieu pour faire baisser la pression a très court terme. Les résultats de la consultation, la Commission s’en fiche.
Le dossier TAFTA va donc continuer de « mûrir », jusqu’à ce que nous soyons un jour dans la rue contre ce déni de démocratie.
Et alors, j’aimerais assez que quelques pour-cent de ceux qui furent aux manifs pour Charlie-Hebdo y soient aussi.
Ce pourrait même être la substance d’un appel, du genre:
Vous étiez dans la rue pour Charlie-Hebdo?
Soyez-y pour la démocratie et contre le TAFTA !
Merci pour le lien.
Attention aux grands mots et aux grandes idées.
Le réel est aussi prosaïque, fait de « détails » qu’aucun texte ne pourra prévoir ou imposer, suggérer peut-être.
Signalé par Agnès , le 15 janvier 2015 à 14:36, et par Paul:
http://www.pauljorion.com/blog/2015/01/14/la-deuxieme-mort-de-bernard-maris/#comment-542735
http://www.reporterre.net/L-enfance-miserable-des-freres
Commentaire d’Agnès:
Oh purée! : « Il suffisait qu’on le cajole, qu’on le prenne dans les bras pour qu’il se calme. » De tous ces morts, au final, qui est responsable!?
Dans l’article de Reporterre:
« il n’aura pas reçu d’amour »
Pour les enfants, la force de l’amour maternel.
Et pour les jeunes adultes: avoir un travail régulier, c’est à dire un revenu, un espoir tangible de vie meilleure, un avenir façonnable.
Et non la morne plaine d’un avenir désespérant.
Au final, un peu d’amour d’une Société attentive…
Bien triste reflet des débats publiques, on a oublié de parler de la violence physique et de la politIque étrangère.
Le rejet de la violence physique était le seul dénominateur commun capable de rassembler le peuple dans son ensemble. Il n’a pas été évoqué. On a préféré parler de rejet du terrorisme. Pourquoi ? A cause de la politique étrangère.
En effet comment condamner la violence physique quand on bombarde d’autres pays ?
Les caricatures de Mahomet et la tragédie innommable qui a suivi nous pressent de voir que nous sommes loin de vivre dans un monde idéal…
La sagesse est souvent la meilleure conseillère…Brandir des caricatures de Mahomet et en particulier celle de la bombe sur le turban a été de mon point de vue une erreur politique à l’époque…et la position des juges sur cette affaire ne doit pas servir de rempart derrière lequel on se retranche pour justifier la liberté d’expression…
En soi la liberté d’expression est sans limite…Mais inévitablement pour vivre ensemble et compte tenu de la situation politique mondiale il faut éviter les provocations…sinon elle sera le chiffon rouge devant le taureau…
En voilà un qui a fait une analyse intéressante du corps politique.
https://www.dailymotion.com/video/x81fnm_pour-hollande-le-gouvernement-inven_news?start=2
La preuve est faite que nous usons de notre raison à posteriori, pour justifier de nos actes.
Nous avons réagi en France de la même façon que les Américains en 2001. Une sorte de « Patriot act » moral. Un réflexe défensif primaire.
En imposant une nouvelle caricature dès la semaine suivante, nous défendons violemment notre culture ancienne de la satire. Nous imposons aux « arriérés » notre avance historique sur le règlement de la question religieuse. Nos dessins comme des épées entrent en guerre. Est-ce, ce que nous voulons?
En l’état c’est plutôt l’épée qui est entrée en guerre contre le dessin .
Les mots , les dessins et la guerre ont un sens .
A lutter avec les mêmes armes que ton ennemi, tu deviendras comme lui. Nietzsche
@Merlin II
Citation erronée, comme le reste d’ailleurs.
Et invoquer Nietzsche, au vu des analyses que vous publiez, est juste un contresens. Informez-vous ici par exemple :
http://linx.revues.org/513
Si le coeur vous en dit et que vous avez du temps :
http://www.webnietzsche.fr/
Sur le point essentiel : vous cherchez à expliquer un événement. Expliquer c’est pointer la relation nécessaire qui relie un effet à sa cause, c’est identifier la ou les causes productrices d’un phénomène; vous êtes de gauche et d’obédience marxiste (deux qualités à mon goût, mais c’est avec sa famille qu’on a le droit d’être dur); donc causalité de dernière instance : l’économie, donc les rapports sociaux et l’idéologie qu’elle détermine. Problème : même si la question sociale est une question centrale, innombrables sont des tests négatifs de ce cadre théorique. Cette explication est donc non-pertinente (tous les gens qui bossent un peu savent depuis très longtemps que c’est un vieux schème vermoulus dont les rutilantes moulures sont depuis longtemps rongées aux vers), vous devez donc nécessairement en changer. Sauf à sombrer dans le religieux… Et devenir très modeste aussi (accepter le tragique en gros cf : http://www.akadem.org/medias/documents/Kundera-Rideau_8.pdf), puisque cela signifie que notre capacité à expliquer des phénomènes que nous ne produisons pas (différence fondamentale avec le cadre expérimental des sciences) est limitée par principe : nous n’obtiendront jamais de certitude explicative sur ce terrain? Ergo : même une société sans classe réalisant en fait l’égalité de la liberté par l’identité des conditions sociales (et surtout elle au fond) engendrera du négatif, sous la forme d’un Kouachi ou d’un Tartempion… Et vous aurez l’air fin avec votre « produit de la société. »
Amicalement. Jicé
Les profs sont importants !
Ici une de région parisienne:
http://www.chouyosworld.com/2015/01/14/mes-eleves-un-drame-et-des-mots/
Bonsoir,
Vous me pardonnerez de vous répondre d’ une façon indirecte. Il y a huit jours (dix à peu près) maintenant que je consulte quantité d’ articles (liés aux attentats de Paris) ; on y a dit quantité de choses et cela permet de sortir des questions de surface. Ceci demande énormément de temps mais comment prétendre sortir d’ un problème en ne l’ étudiant pas? L’ action suivra la prise de conscience.
Dans ce que vous nommez être ET ne pas être Charlie, mis à part les raisons qui nous viendraient immédiatement à l’ esprit (politiques, historiques, géostratégiques mais aussi sociales et enfin psychologiques), je tombe ce soir sur cet article signé Saïd Bouamama qui parle de la violence psychologique, un sujet que je connais extrêmement bien l’ étudiant pour ainsi dire depuis quelques temps. Pourquoi je soumets cet article plutôt qu’ un autre, parce qu’ il commence par une citation de Don helder Câmara, un monsieur que j’ ai vu lors de nombreuses fêtes de famille autrefois tout en étant trop petit que pour l’ aborder et comprendre qui il était, mon oncle le fréquentait beaucoup à Recife au Brésil. Eux deux (mon oncle et lui), savaient très bien ce que la violence recouvrait, la pauvreté aussi. Ces questions ne sont toujours pas résolues aujourd’ hui on le sait pourtant elles continuent à être posées et ma responsabilité est d’ y apporter réponse au fur et à mesure et selon mes moyens.
http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9lder_C%C3%A2mara
https://bouamamas.wordpress.com/2015/01/07/les-degats-invisibilises-des-inegalites-sociales-et-des-discriminations-sexistes-et-racistes/
Merci de rappeler la mémoire de Don Helder Camara, jeune j’ai eu aussi l’occasion de l’entendre, c’était dans l’Eglise Notre Dame des Dunes à Dunkerque, à la fin des années 70. C’est un souvenir inoubliable. Il est vrai, à coté de Don Helder Camara le pape François fait figure de traditionaliste. ;-
De la coupe aux lèvres, questions justice, dans l’Eglise catholique il y a encore beaucoup de chemin à faire !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hélder_Câmara
@ Komunist
En quoi cette citation va-t-elle a l’encontre de ce souhait de laïcité partagée ? J’en profite pour dire mon dÄ—saccord sur l’interrogation des français de religion juive évoquée dans cette citation car la comparaison ne tient pas. C’est la remise en cause de notre liberté de penser, bien plus que le crime stupide et odieux de CH qui nous a poussé à descendre dans la rue. Cela n’a rien à voir avec les religions. Quant à mon propos initial il concernait de façon plus gÄ—nérale ceux qui affichent ostensiblement leur différence religieuse à des fins communautaristes développant des phénomènes de rejet qui pourraient être évités.
Bonsoir à tous
Ah! La question du degré d’exercice d’une liberté de plein droit commence à se poser. Il est temps.
Par ailleurs, ce qui me frappe dans les compte-rendus de la presse des différentes interventions dans les collèges lycées etc…. c’est une sorte de déni de la parole de l’autre: tous ou presque sont à deux doigts de s’indigner que des jeunes se disent insultés et qu’ils ne voient pas la différence, entre les caricatures de Charlie et le comportement de Dieudonné.
A peine entendu tout de suite nié: mais non c’est pas pareil! Un interdit est posé tout de suite, aucune question sur le pourquoi de cette perception de l’identique qui serait le seul point d’entrée respectable permettant d’entamer un dialogue constructif: J’y vois l’arrogance d’une pensée totalitaire car se voyant universelle! Parce qu’il faut bien comprendre que le concept d’univers, unis vers, implique dans son étymologie même une tendance à la pensée unique et totalitaire! C’est ce qui nous différencie de la civilisation chinoise dans laquelle personne n’est obligé de penser ceci ou celà: chacun est libre de ses opinions. Ce qui diffère c’est la volonté prosélyte, vouloir changer l’ordre social au nom d’une idée qui par définition ne peut être que relative: alors là, au delà de cette limite, ta tête est sur le billot!
ACCEPTONS pour commencer les mots insulte, provocation: il y a là un ressenti clairement défini et exprimé; RIEN au monde ne nous donne le droit de le nier ou de le réprimer!
Je suis clairement averti de tous mes droits et libertés, comment je les exerce est de ma responsabilité, dans l’optique du vivre ensemble.
Ceci je l’ai appris en manageant des groupes de personnes de cultures diverses confinées dans des espaces réduits , sans échappatoires, pendant des semaines.
De plus en plus m’apparaît dans cette affaire une forme d’autisme arrogant de notre mode d’appréhender le monde.
Depuis 200 ans nous vivons avec , dans notre esprit de citoyens, une statue de la Liberté guidant le Peuple , ( avec comme corollaire inconscient « Le roi n’est pas mon cousin » c’est à dire que c’est moi le roi) comme d’autres vivent avec des images pieuses; nous l’avons crue centre de l’univers. Aujourd’hui le monde nous rappelle que ce n’est qu’une production culturelle politique, datée, d’une peuplade moyenne vivant au bout d’une péninsule d’un des continents d’une très petite planète!
Cependant il faut s’y accrocher!
Cordialement
Synthèse brillante mais truquée, conclusion qui dit tout est son contraire, « pas d’alternative » mais Etre ET ne pas être Charlie Hebdo : c’est tentant je l’avoue. Sauf que pour postuler également aux deux alternatives il faut déjà être extrêmement tolérant, ce qui revient tout simplement à être Charlie. Ou à feindre de ne pas avoir bien compris ce que cet hebdo, aux pitreries duquel nous n’adhérions pas toujours, représentait pour nous : http://fr.smartface.watch/pourquoi-nous-soutenons-charlie-hebdo/
Mais puisqu’à Charlie Hebdo on débattait dans les conférences de rédaction quant à l’opportunité de publier tel dessin et pas un autre, c’est que Charlie n’était pas toujours le même Charlie. Il y avait plusieurs Charlie à Charlie Hebdo. Luz l’a lui même réaffirmé dans un interview.
Charlie Hebdo a beau sous-titrer, son numéro exceptionnel « Journal irresponsable », ceux qui en étaient les auteurs en intervenant avec leurs dessins dans la scène médiatique, nationale et mondiale, s’engageaient, à tout le moins pour la liberté d’expression. Or tout engagement suppose une adhésion à certaines valeurs, pour lesquelles au moins on se sent responsable. L’irresponsabilité devant l’épreuve des faits cela ne tient pas.
Certains à Charlie Hebdo étaient plus enclins à traiter les questions sociales, d’autres la question religieuse à haute charge symbolique. La question des priorités se posait.
Bref, je puis sans contradiction être « Je suis Charlie » pour la liberté d’expression, et « Je ne suis pas Charlie » si je ne suis pas d’accord quant à la façon dont on use de cette liberté. Si par exemple je trouve que la priorité, l’urgence, ce n’est pas de dégommer l’image de Mahomet, mais de soulever le problème des injustices dans le Monde. Perso j’aurais préféré dans le dernier numéro de CH un dessin qui évoque les ressorts sociaux, financiers du terrorisme. C’eût été beaucoup plus subversif. ON aurait sans doute pas déclenché des émeutes à Karachi, mais on aurait mis nos politiques au pied du mur. C’est tout simplement la démocratie.
j’ai oublié de citer les ressorts géo-politiques, les accointances de nos gouvernements avec des régimes qui alimentent le terrorisme. Sarkozy et la Lybie. La FIFA , et le Quatar, etc …
Tiens un une sur le financement du Paris Saint Germain par le Qatar, voilà qui aurait fait un beau dessin ! Mais, le foot, j’avais oublié, c’est sacré, on y touche pas. En pages intérieures, mais guère plus. Bref cette une de CH, c’est une occasion perdue pour interpeller nos politiques.
PS. Et j’ajoute : pour interpeller tous les citoyens
Bonjour.
La France est en guerre un peu partout, les français semblent l’ignorer ou font semblant..
La France ou plutôt nos politiques en notre nom font couler le sang à l’étranger sans que cela ne nous perturbe un seul instant tellement nous sommes persuadés que c’est assurément, qu’il ne pourrait pas en être autrement, pour une cause juste! Ne sommes-nous pas dans le pays des droits de l’homme?
Soyons beau joueur et faisons nous aussi preuve d’un humour digne de « CHARLIE » en acceptant le score: France:3, djihadistes: 17
Bonsoir
Article intéressant.
Problème bien posé.
Critique : « La liste en est connue, inutile de la citer ; mentionnons quand même le représentant officiel de l’Arabie Saoudite, ».
Il me parait très malheureux, d’en avoir cité un.
Et, de plus, l’Arabie Saoudite; tout en étant très loin d’être un pays exemplaire; je ne pense pas que ce soit un des pays les plus responsables du désordre mondiale de ces dernières décennies.
Domaine de la liberté, la clarté n’est toujours pas de rigueur : toute atteinte à l’intégrité physique d’autrui prohibée.
La parole, les écrits, tout est permis; liberté de rire de tout.
Blesser autrui moralement est impossible.
C’est la personne elle-même qui se blesse avec les propos d’autrui.
C’est de B. A. BA en psycho; mais tellement dérangeant pour tout B.C.B.G. athée ou religieux de « tous poils » !
Quant aux politiciens, ils ne sont plus rien, que des perroquets du système ultralibéral.
Alors c’est à nous, ensemble, comme dimanche, mais actifs et déterminés à .. les mettre (tous) dehors.
Et inventer un vivre ensemble, pour le bien de tous.
Oui, ce sont pour moi les bonnes questions « à ce stade de la réflexion » (mais ne trainons pas, quand le Premier belge annonce que l’armée dans les rues est une solution ‘de bon sens’ !)
I ) Des soldats ou des terroristes ? Pour moi, ici, des terroristes : ils s’en prennent à des symboles (le Tsar jadis, les Twin Towers, une certaine presse iconoclaste (Charlie), le musée juif, un supermarché communautaire, etc.). Mais ils peuvent être des terroristes non attachés au symbolique et s’attaquant à une foule : les tueries de métros de Madrid ou de Londres, de Pekin jadis, des avions, etc.
Par contre, ceux qui s’engagent en Syrie ou en Irak ou ailleurs sont des mercenaires : ils vont se battre sur le territoire d’autrui, pour de l’argent ou non. Ainsi, les croisés étaient des mercenaires, selon moi. Mais pas des groupes autochtones dans une guerre civile (guerre de religion protestant-catholiques en France par exemple.
2 ) »Ils ont été produits par notre société ». Même : ils se sont construits dans notre société. Comme on devient asocial, anarchiste, franc-maçon, etc. Premier constat : comment d’autres européens ont pu surmonter leur rejet des années 1960 (les italiens, certaines populations issues des colonies), même si ce fut non sans mal ? Où est la différence ? Bien sûr, notamment : la crise qui a frappé les populations ouvrières depuis 70, et qui est restée masquée, ignorée des radars et des médias – ceux qui sont passés du PCF au FN en expriment un itinéraire de radicalisation aussi. Aujourd’hui en France : 50 % de chomage chez les jeunes 16/24 ans non munis du bac. Deuxième constat : « Notre » société, c’est aussi le cercle européen, et le cercle méditerranéen au sens large, pour ces personnes concernées. La manière dont Israël prend l’Europe en otage (il jouit du « statut d’ Etat le plus favorisé ») y compris ce 10 janvier, dans une démarche guerrière et colonialiste, a une influence sur « notre société ».
3 ) Liens du jour : http://www.ujfp.org/spip.php?article3773 (article également dans le Monde : plus que jamais il faut combattre l’islamophobie) et http://www.ujfp.org/spip.php?article3768 (de Slomo Sand : Je ne suis pas Charlie)
La liberté est un des fondements de notre république. Elle est intangible, non négociable. Mais, elle n’autorise pas à faire n’importe quoi, auquel cas vivre ensemble devient impossible. « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789). Alors, même si nous en défendons le droit, est-il sensé, dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, de heurter les croyances intimes de millions de personnes au nom d’une salubre rigolade ?
Compliqué d’isoler ce fragment de l’article 4 de la DDH89 des 16 autres qui la constituent sans ajouter à la confusion ; ils devraient s’interpréter les uns par rapport aux autres. Et le droit, la loi, devraient, c’est le principe, demeurer le dernier recours, l’exception ; tout ce qui n’est pas interdit est autorisé … Beaucoup de conditionnel
Ouaip. L’inverse de la Charia / Loi du Talion, quoi. On n’est pas rendu !
Il est surtout un cadre gentillet purement formel et littéralement nul puisque inspiré des théories du contrat, c’est-à-dire de schème rationnels = autant de contresens anthropologiques et de faussetés historiques.
Voyez : Si la liberté est le droit de faire tout ce qui ne nuit à autrui alors elle est la liberté de ne rien faire puisque même ma respiration prive autrui d’air ou l’oblige à respirer celui que je viens de vicier… Pascal : « Ma place au soleil! Voila le commencement de l’usurpation de toute la terre. » Ce qui signifie l’impossibilité pratique d’une morale débutant en autrui (ne vous inquiétez pas même Lévinas était au courant) : si la morale consiste à faire passer l’autre avant soi, alors il est impossible de d’être moral etc. Bref morale comme droit cela ne commence si avec Je ni avec tu mais cela débute d’emblée par le mélange des nous, cette impureté-là (Notez que dans les fils de ce blog nous avons surtout des chevaliers du « tu », d’où le caractère boiteux de leur analyses et tartuffe de leur morale).
Et si dire ( sinon rigoler ) que la femme est à l’égal de l’homme en droits et en devoirs , nuit à la bien-pensance de la tradition machiste , on doit y renoncer parce ce qu’on nuit à l’autre ?
Et si dire ( sinon rigoler ) que la tradition multiséculaire du pouvoir du prince , du religieux et maintenant du marchand , n’est pas supportable , c’est nuire aux intérêts majoritaires en place , on doit y renoncer ?
Bonsoir,
Pour mettre en question le titre de ce billet :
« [Est en jeu pour Szondi à ce niveau], une dialectique fondamentale de l’être et de l’avoir. Le problème le plus radical, le plus fondamental pour l’homme, c’est en effet d’être, de devenir ce qu’il est, puisque ce qu’il est n’est pas, jamais fixé d’avance. [Mais pour Szondi], ce que quelqu’un va devenir n’est en définitive saisissable que par la médiation de l’avoir. On n’est ou ne devient quelqu’un que lorsqu’on a fait quelque chose. Cette médiation du problème qui consiste à ce que l’homme ait à être, par le biais de l’avoir transparait par exemple au point moteur de son éclatement dans Å’dipe à Colone, puisque c’est lorsqu’il n’a plus rien qu’il semble enfin à Å’dipe devenir quelqu’un, un homme. Et le futur aura véhiculé le même renvoi à l’avoir d’une dialectique, à la fois temporalisante, de l’être en vue duquel nous avons à devenir ce que nous sommes. La langue, où s’avèrent déjà unis l’un à l’autre ces deux termes en tant que verbes auxiliaires (de l’existence elle-même ?), nous montre encore que le passé et le futur de l’être s’articulent par l’intermédiaire de l’avoir. En d’autres termes, la temporalisation de l’être dans le devenir (passé et avenir) s’exprime par l’avoir.»
Jacques Schotte, « La Nosographie psychiatrique comme patho-analyse de notre condition » (cours de 1977-78)
https://sites.google.com/site/centredetudespathoanalytiques/home
Oui, ces jeunes qui s’enflamment pour le Jihad sont des français, passés par l »école de la République. Il faut croire que les vertus de la République ne les ont pas atteints et que ses principes non plus.
Mais, on se rend bien compte que leur parcours est d’abord celui de délinquants. Comment arrive-t-on à être délinquant ? Réponse complexe car c’est tout une situation sociale et économique qui crée le délinquant.
Je me refuse à croire qu’on devienne délinquant par choix. Je crois qu’on le devient par hasard, que les aléas de la vie font un délinquant. De toute façon, quel que soit le parcours c’est le décrochage total (ou presque ) des valeurs de notre République qui font le délinquant. Dans chaque délinquant il y a un manque à combler que les manipulateurs/chefs de secte islamistes ont parfaitement compris. Ils repèrent les plus « paumés » et leur donnent du sens à leur vie. C’est exactement ce qui manque au « délinquant de base ».
Avec ce nouveau sens à sa vie le futur jihadiste va essayer à tout prix de finir de combler le vide qui l’oppressait en passant à l’acte. Il devient un être supérieur, un héro surtout s’il doit y laisser sa peau.
Le conditionnement opère et le raisonnement de l’individu est aussi peu transparent que celui de gens prisonniers d’une secte. C’est du même ordre de mécanisme.
Que peut-on faire à cela ?
Tout passe par l’école. Et cela suppose que l’école fasse vraiment son office : apprendre les jeunes à réfléchir par eux mêmes. Il n’y aura aucun problème pour qu’ils se coulent dans les principes de la République.
Hélas, rien n’est fait pour que les jeunes apprennent à réfléchir par eux-mêmes. Ou plutôt les textes officiels brandissent la formation du citoyen comme une nécessité absolue mais les structures et l’organisation des programmes tendent vers le contraire. Les enseignant font ce qu’ils peuvent. Démunis qu’ils sont devant la mauvaise foi des élèves et de leurs parents. Démunis qu’ils sont pour n’avoir pas été formés. Les formations des maîtres, avant que le gouvernement Sarkozy les suppriment étaient une gabegie totale et il était donc facile de trouver des arguments pour effectuer cette suppression.
Ce ne sont pas les contenus qui sont importants : c’est la possibilité qu’à travers ces contenus on puisse effectivement apprendre les jeunes à réfléchir. Et en avoir aussi les moyens en tant que personne. Les enseignants actuels sont eux aussi des gens qui ont été manipulés et qui n’ont pas le ressort pour faire basculer le dispositif.
Alors que ces lacunes font « tache d’huile » comment un jeune dont les parents sont eux mêmes en difficulté – de formation, économique, sociale – puissent se construire s’ils ne trouvent pas de point d’appui, ni à l’école, ni chez eux. Combien de parents ne veulent pas prendre de décision relativement à leurs enfants, les enfants décidant eux-mêmes sans pouvoir mesurer les tenants et les aboutissants de leur décision.
Comment qualifier la réflexion d’une jeune maman auprès d’une « instit » de maternelle : « J’espère que vous allez pouvoir le rendre vivable, car nous à la maison, on ne peut pas s’en aider »…2 ans et demi et le gamin a suffisamment d’emprise sur ses parents pour les empêcher de choisir une conduite appropriée.
Dites-moi si vous avez une solution, moi je n’en vois qu’une : refonte de l’école conduisant progressivement à une refonte de la société toute entière. Il n’y aura pas d’autre solution à mon sens. TINA ! Mais là, TINA pour la sauvegarde de la société elle-même.
Je pense que quand un élève décroche de l’école un enseignant pourrait le prendre par la main, entre quatre yeux et ne pas le lâcher jusqu’à ce qu’il raccroche au wagon.
En maths on peut facilement être largué, mais je crois qu’on tout aussi facilement rattraper les quelques cours qu’on a loupés et suivre la classe. Si on ne rattrape pas, on laisse filer jusqu’au changement de sujet. C’est pourtant pas très compliqué les maths. Mais si on loupe une marche, on a plus qu’à attendre le prochain palier.
Donc un référent pour chaque élève qui décroche.
Beaucoup plus de chair sur les os , ici :
http://www.pauljorion.com/blog/2015/01/14/emporte-par-la-foule-par-pascal/#comment-542882
dans mes premières années de retraite , j’ai fait pendant 4 ans de l’accompagnement scolaire bénévole . Passionnant , épuisant , parfois désespérant , car c’est souvent un abandonné ou déjà gravement blessé humain que l’on côtoie , et il ne s’agit pas que de la transmission ou acquisitions de connaissance à un enfant . Sauf pour celles et ceux qui ont inexplicablement hérité d’un esprit de résilience fort dans un environnement pauvre ou malade , les progrès sont souvent modestes .
Mais l’avis de Bernard Collot aura plus de sens que ma propre « immersion » qui n’a concerné qu’un vingtaine d’enfants dans un même quartier .
Odon Vallet (historien) plaide pour ce que j’appelle un » devoir de complexité » à sa façon.
Odon Vallet a utilisé la grosse fortune qu’il a reçue en héritage pour faire entre autre un réseau de bibliothèque au Bénin et un système de bourse entre Afrique et France.
A propos de monsieur Odon Vallet (historien)
Quelle belle personne que ce monsieur. Je l’ai maintes fois entendu à la télévision ou à la radio. C’est une personnalité d’une grande sensibilité humaine, savante jamais pédante, pleine de tact, un pédagogue hors pair sans morgue aucune. Il capte l’attention, il intéresse son auditoire qu’il ne méprise jamais, qu’il ne regarde jamais de haut. Un exemple pour tout le monde, en priorité pour une caste de journalistes déculturés, hautains voire de plus en plus haineux, proche hélas de la débilité anti-intellectuelle.
Merci à vous monsieur Odon Vallet !
PS : Qu’attend le directeur de France Culture pour vous proposer M.O.Vallet, une émission dans le sillage de M. Abdelwahab Meddeb ( décédé en novembre 2014 ) – Mais peut-être ne le souhaitez-vous pas…qui sait ?
La liberté d’expression face à la barbarie ça donne ça aussi.
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/01/17/niger-violente-manifestation-contre-charlie-hebdo-dans-la-capitale_4558380_3212.html
Je ne suis pas un intellectuel. Je n’ai pas le bac.
Des questions je m’en pose.
Moi aussi.
Comme par exemple; veux-t-on faire la guerre à 1,7 milliards de musulmans ?
Puisque DAESH est une abomination, pourquoi ce ne sont pas les pays arabes qui vont le combattre ? (on leur a assez vendu d’armes pour cela).
Pourquoi agiter le chiffon rouge de la provocation dont on sait pertinemment l’effet que cela va produire. Sans doute que les morts de Niamey comptent moins que nos morts parisiens ? Sans compter la mise en danger des chrétiens qui vivent en terre musulmane (et c’est un athée qui vous dit cela)
Il y a un honneur à défendre la liberté de la presse, la liberté d’opinion et la lutte anti-raciste. Mais il y a un aveuglement, une inconscience, une bravade inutile à jeter de l’huile sur le feu
La marche de Paris le 11 m’avait laissé entrevoir un climat apaisé mais les 7 millions d’exemplaires de CH déjà vendus comme un étendard ne me rendent pas optimiste
Il y a 1,7 milliards de musulmans qui ont manifesté contre Charlie Hebdo , ou la France , ou brulé des églises ?
@juannessy
J’abandonne
Alain Farel dit
« Alors, suis-je ou ne suis-je pas « Charlie » ? Faux dilemme, tant il est vrai que ce qui précède révèle une profondeur de la question conduisant simultanément, indissociablement, à être ET ne pas être Charlie »
Charlie, c’est le nom du » Chat de Schrödinger » ?
« Il n’y a qu’un pas entre vision extatique et frénésie de péché » :
http://www.dailymotion.com/video/x6r3x4_le-nom-de-la-rose-1986_shortfilms
https://www.youtube.com/watch?v=XjTEm10hKbs