Billet invité.
J’ai fait quelques manifs, mais je n’en n’ai jamais fait une où j’ai eu cette impression étrange que pour la première fois de ma vie je n’étais pas assigné d’où que ce soit, ni par, ou pour quoi que ce soit. À peine ai-je vu quelques drapeaux français flotter (j’y ai même vu une drapeau de l’ONU flotter !), rappelant que nous étions bien en France, ou citoyens français.
Pour ce qui est même de l’acclamation de forces de l’ordre, vu certaines images sur le net, il me semble que c’est bien les forces d’un ordre redevenu républicain l’espace d’un instant (les mauvais esprits diront eux que ceux-là même qui applaudissaient le faisaient suite à une trouille monumentale, ou parce qu’ils appellent à ce que ces forces fassent régner l’ordre, républicain ou pas, plutôt pas d’ailleurs).
Autre point aussi étonnant : on n’a pas parlé du FN, pour une fois ! Et franchement, qu’est-ce que ça fait du bien … parce qu’on s’en est tapé comme de l’an 40, du FN !
Alors demain, ‘comme d’habitude’, on ira au taf ou on n’ira pas, on reprendra le train-train de la vie quotidienne et évidemment, les bisbilles reprendront comme avant, mais pourtant, pourtant, comme si on devait se secouer pour se persuader qu’on n’a pas rêvé, on se dira qu’on a bien vécu ce moment là.
On sait maintenant que cela existe, même ou peut-être à cause du prix du sang.
Il va falloir savoir quoi faire de ce rêve éveillé, si nous ne voulons pas retourner dans nos cauchemars.
« Rêve et réalité la rose et le rosier
La douleur et ses murs le long d’une rue calme
La douleur acceptable et le plaisir possible »
Paul Eluard, dans ‘A l’infini’.
Paul, Je n’ai vu de ce film, il y a longtemps, que ce passage (au début du film, je crois)…