Billet invité.
Les attaques lancées par deux commandos coordonnés se sont déroulées selon un plan particulièrement réfléchi, montrant à la fois un certain amateurisme mais un sens politique redoutable.
L’objectif des auteurs des actes inqualifiables de ces jours derniers était de diviser la communauté nationale, en attisant la peur et les haines, en visant des symboles forts permettant de mobiliser l’émotion, et de priver de réflexion nos réactions : journalistes, policiers et communauté juive.
Le plus frappant est que pendant plusieurs jours, malgré des erreurs et les moyens déployés, les commandos djihadistes, très mobiles, saturant l’espace, profitant vraisemblablement des informations diffusées de manière anarchique et incontrôlée sur les réseaux sociaux et dans les médias, ont conservé l’initiative, jusqu’à prendre en étau les autorités confrontées à deux prises d’otages coordonnées.
La réponse des autorités devait être forte, elle fut facile, et dramatique sur le long terme.
Le concert de commentateurs et éditorialistes va célébrer cette opération « réussie » : les otages sont libérés, avec des pertes (4 morts au moment où nous écrivons), et les criminels ont été tués.
Or, justement, l’importance de les appréhender vivants ne semble jamais avoir été envisagée, le court terme étant privilégié sur le long terme.
Quel message cette issue dramatique porte-t-elle pour l’avenir ?
Le message de fermeté adressé aux Djihadistes n’a aucun intérêt : on sait déjà par expérience qu’il n’aura aucun impact – la mort de Kelkal a-t-elle empêché Merah ? La mort de Merah a-t-elle empêché Kouachi ? La mort des commandos djihadistes va-t-elle empêcher la venue de leurs successeurs ?
Bien au contraire, elles vont les motiver, les éclairer et même parfois provoquer ces radicalisations, qui sont avant tout le signe de l’échec de notre modèle social et de notre système éducatif. Les services s’attendent d’ores et déjà aux réactions de vengeance, de copycat, etc.
Nous avons déjà connu cela dans l’histoire, avec la vague d’attentats anarchistes au début du siècle, que les condamnations à mort, les exécutions des auteurs d’attentats n’ont jamais arrêtés, la succession des attentats et des attaques (qui, rappelons-le, ont quand même comporté notamment une bombe lancée au sein de l’assemblée nationale, et l’assassinat d’un Président de la République).
Mais ce n’est pas que cela qui était en jeu.
Depuis l’époque des Lumières, l’Europe occidentale se prévaut d’un modèle politique et humain, appuyé sur des principes et valeurs fondamentaux, qui sont considérées comme universels.
Ces principes et valeurs, droits de l’homme, démocratie, laïcité, sont contestés dans le monde entier, et ces contestations s’appuient sur un argument simple, et trop fréquemment confirmé dans les faits : l’Occident veut imposer l’application de droits et libertés qu’il n’applique pas lui-même (ou qu’il ne s’impose que quand cela l’arrange, ou qu’il sait écarter pour ses intérêts).
Parmi ces droits fondamentaux, il y a le refus du blasphème, attaché à la liberté d’expression, mais aussi le rejet de la peine de mort, et l’obligation de juger tout criminel dans un procès équitable.
Ce soir, alors que l’ensemble d’une classe politique à nouveau défaillante va tenter de s’auto-congratuler de sa « fermeté », j’invite chacun à garder la tête froide et à se souvenir que les commandos djihadistes ont gagné au moins à deux niveaux : en succombant à leurs provocations nous avons à la fois tourné – une nouvelle fois – le dos à nos principes, et nous les avons transformés de criminels lâches et médiocres en martyrs (ce qu’ils ont cherché au moins pour les frères de Kouachi, qui sont sortis en tirant sur les forces de l’ordre).
Il nous reste à réagir en participant à la manifestation d’union nationale dimanche, et surtout à nous installer dans une guerre contre nous-même, en préservant dans les semaines, les mois à venir, l’esprit qui a présidé depuis deux jours, celui de refuser l’escalade de la bêtise, de la violence et de la haine que désire tant tous les ennemis de la démocratie et de nos valeurs.
233 réponses à “NI BLASPHÈME, NI PEINE DE MORT NE SONT APPLICABLES EN FRANCE, par Cédric Mas”
Le camp de la paix me semble réduit à une peau de chagrin:-(.
Bon travail Paul, bon travail
Parce que vous êtes le camp de la paix ? Là assis derrière votre écran ?
A écrire ce genre de phrase plus haut :
Mes respects Surcouf, vous êtes un champion ! La paix de cette qualité là, je crois qu’on n’osait même plus l’espérer depuis l’apparition de l’Homme sur Terre. Merci !
Contrairement à ce qui a pu être écrit plus haut, après avoir entendu l’interview de Hautecloque je crois sincèrement que cela aurait intéressé la gendarmerie / le GIGN and al de les prendre vivants. Désolé de vous contredire mais c’est mon impression. D’un autre côté le but de ces gens-là est de mourir les armes à la main car ils rejoindront dans le paradis d’Allah je ne sais combien de vierges …qui ne le seront guère après leur passage. Ce qui est positivement ridicule si ces gens-là portent un tant soit peu de valeur à la virginité. C’est bien dans cette affirmation qu’on mesure le délire incommensurable de ces minables.
Je pense que les avoir pris vivants, même amochés sans doute, aurait intéressé les forces de l’ordre car elles vont prendre des bordées d’injures( pour ne pas avoir fait leur travail en amont) – et personne n’aime ça – mais aussi qu’elles auraient pu reconstituer une partie des filières en les faisant parler. Hélas !
Mais il n’est évidemment pas souhaitable du point de vue de ces filières que leurs membres parlent. Donc c’est bien qu’ils meurent, les transformant en martyrs et suscitant d’autres cinglés pour les remplacer, et ne pouvant parler des structures de ces filières, dont le secret est indispensable pour leur survie.
Moi, ce qui m’émeut ce sont les croyants musulmans sincères qui prennent de plein fouet la honte que ces gens-là prétendant appartenir à leur communauté religieuse leur font subir – tout comme les cathos sincères sont malheureux devant les prêtres pédophiles- mais surtout prendre dans la tête la vindicte de certains…les mêmes qui ont balisé(Paul le soulignait récemment) la voie pour que ces salauds perpètrent leur méfaits au nom d’une religion qui n’a rien à voir avec leurs actes.
On peut toujours reprocher aux musulmans de ne pas s’être élevés contre les extrémistes, mais -à un moindre degré -, comptons les cathos qui se sont élevés contre les manifestations anti-homosexuels.
Décidément, LA RELIGION RESTE L’OPIUM DU PEUPLE, HELAS !
Pas sur du tout, les filières sont par définition connues et plus ou moins infiltrées, les bousculer c’est beaucoup de travail a refaire, s’ils les prennent vivants tout vas se réorganiser et beaucoup de choses que l’on sait déja ne seront plus valables. De même il est opportun de retrouver une carte d’identité oubliée comme par hazard (qui je le rapelle est délivrée par la police…) que de révéler que l’on sait qui est impliqué grâce a des agents infiltrés en déclenchant une purge immédiate et sans appel…. Il y a des héros dont on ne saura jamais le nom qui doivent se la jouer serrée à naviguer dans ces milieux (et qui parfois leur claquent dans les doigts comme merah je pense, pure spéculation mais dans son cas il n’y avait ni otages ni urgence….) Je sais on dirait du James Bond mais c’est comme ça que ça marche.
Très bonne analyse. Malheureusement nos médias ont submergé d’informations parfois inutiles, juste comme ça pour nous donner quelque chose sous la dent. On filmait les emplacements des groupes interventions… bravo ! On filmait les plaques d’immatriculations des véhicules de polices/gendarmes… bravo les médias !! Et on repasse en boucle les scènes où on « maîtrise » les malfaiteurs, – j’aurai plutôt dit « tué » ou « neutralisé »- et on se glorifie.
La mort de ces 3 extrémistes est un échec pour nous et une grande réussite pour eux. Le statut de martyr va créer des vocations, une sacralisation et propager les divisions sociales. De plus, les groupes d’interventions possèdent des armes non-létales, pourquoi n’avoir pas essayer de les utiliser au moins ?! Au moins essayer de les utiliser et si la situation est trop risquée, mais au moins on aurait essayé. Quand je vois les questions stupides des journalistes, les micro trottoirs pour filmer les gens qui ont la trouille… On a déjà mis de côté JE SUIS CHARLIE. Il faut montrer la solidarité présente de avant hier et d’y hier, pas repasser en boucle les interventions qui se finissent sur des morts.
On ne peut se réjouir de la mort d’un être humain, il faut le juger. Il serait peut-être temps de grandir et de virer cette image infantilisante du gentil gars qui tue le méchant gars, mais qui n’a rien résolut dans le fond.
Voui c’est ça comme dans Benny Hill ? Et si ça avait loupé, on aurait demandé pardon aux familles d’otages zigouillés en plus ? En disant, « j’suis désolé, j’le ferais plus m’sieur m’dame ». Je rêve…
Lors des utilisations des armes non-létales (taser ou autres), les autres membres gardent leur arme létale au cas où. Le GIGN utilise cette technique pour les forcenés qu’ils essayent de garder en vie à tout prix. Faut se renseigner un peu mon Cloclo. C’est sûr que si on regarde Benny Hill, le niveau vole pas haut.
Ce que le raid à fait, c’est pour tuer seulement et c’est très symbolique. Il faillait essayer, sinon on abandonne si le danger est trop grand.
Bande son : ah ah ah ah ah ah.
Très bonne cyril !
@Cyril : les membres du GIGN vous diraient aussi qu’entre délinquants , même lourdement armés , et guerriers , il y a des différences qu’il vaut mieux connaître si l’on tient à sa peau . Il est d’ailleurs très simple de rendre une combinaison pare balles insensible ou presque , au taser .
Je ne savais pas qu’il y avait autant de spécialistes des armes de tous poils , ou de l’interception d’hommes en arme , sur ce blog !
J’étais sûr qu’ils allaient être tués, comme pour Merah, ou ceux de Boston et aussi Ben Laden. Le fait que ces terroristes, bien entraînés selon les experts, aient oubliés une carte d’identité dans la voiture lors de leur fuite (?) auraient pu permettre d’organiser une chasse à l’homme plus discrète, mais moins spectaculaire, et cela aurait été moins rassembleur car pas de direct à la télé. On défend nos valeurs tout en les contredisant, c’est du déjà vu, mais on reste fier de nous, une arrogance sourde aux douleurs des autres nous caractérise si bien. Dommage, car pour un dialogue entre les peuples, on n’a pas l’air bien disposé à respecter ce qui semble compter pour d’autres cultures. Le défilé de dimanche, l’union nationale, c’est beau, mais c’est pas crédible, et puis ça sent la guerre civile, ne pas oublier que des frustrés il y en a plein, des gens sans aucun avenir qui n’intéressent personne, des épouvantails pour donner un semblant d’unité nationale. L’urgence, le premier des combats se trouve sur le terrain économique, permettez à chacun de subvenir à ses besoins, de vivre dignement et le ressentiment disparaîtra, permettant à chacun de consacrer du temps à la religion, la philosophie, la psychologie…de manière beaucoup plus apaisée, une fois que les besoins pour une vie digne sont assurés . La haine prospère à cause de la misère et de l’injustice.
Et Macron qui nous motive pour devenir milliardaire, la religion féroce engendre des êtres égoïstes et crédules prêts à sacrifier son prochain. Je m’inquiète pour les plus jeunes de l’effet de ce type de déclarations, en parallèle d’un matraquage de débilités sur les écrans. Si nous ne sommes pas frères, soyons bienveillants les uns envers les autres, et arrêtons de faire de l’avenir un enfer.
Attendez, pour démontrer une certitude, du genre « j’étais sûr qu’ils allaient être tués », au loto des banalités dans une discussion avec le carton plein suivant :
« Merah, Boston, Ben Laden, terroristes, experts, dialogue entre les peuples, valeurs, cultures, union nationale, guerre civile, frustrés, urgence, combat, économique, dignement, philosophie, psychologie, haine, injustice, Macron, milliardaire, religion, égoïste, jeune, écrans, frères, avenir, enfer » !!!
QUINE !!!!! J’ai la QUINE !!!!!
(vous gagnez un corbeau vivant sans plume)
vous n’avez pas relevé « arrogance », ceux qui ont de la chance ont pourtant souvent tendance à en abuser.
Un procès aurait été préférable à une traque suivie en direct par nos médias.
Quand les occidentaux ont ils jamais respectés leurs principes à la lettre?
Ça n’a malheureusement peu souvent été le cas.
Démocratie ? Référendum TCE 2005, soutien aux « démocraties » du golfe persique
Droit de l’homme ? Abou graib, guatanamo,
Les israéliens et les palestiniens sont ils égaux en droit?
et j’en passe. …
Les nations ne voient que leurs intérêts. … à terme des futures élections bidons.
« La façon de vivre américaine n’est pas négociable. » GW Bush. Et la notre?
Comment peut on être crédible.
Attention, les attentats anarchistes, ceux de 1893-1894 surtout (Ravachol, Emile Henry), puis la dernière vague de la « bande à Bonnot » avant la guerre, n’ont pas du tout évolué comme les attentats islamistes et ne sont pas historiquement comparable : ils se sont éteints d’eux-mêmes après avoir suscité la réprobation ou la gène de la majorité des anarchistes.
On en connait un qui a servi de détonateur à rien moins qu’une guerre mondiale ……
Euh, si vous parlez de Gavrilo Princip et de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, on est franchement loin de l’anarchisme…
Ca s’appelait du nationalisme, sauf erreur
Maâmar Farah dans le Soir d’Algérie avait eu cette chronique cinglante le jour de l’attentat (http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/01/08/article.php?sid=173133&cid=2)
Par Maâmar Farah
Entièrement d’accord avec Maâmar Farah. Da’esh a été une création des pays occidentaux pour combattre El Assad mais la créature a échappé à son créateur. Alors qu’ils arrêtent de tenter de nous faire pleurer sur les morts, qui à leurs yeux ne sont que des prétextes et des pertes inévitables. Le but est clair : museler la démocratie et les « terroristes » ne sont que leur bras armé. De qui je parle ? Du 1%, qui malgré la déroute économique sur laquelle ils surfent maintient malgré tout la pression.
Ayons de la compassion pour nos égaux, les 99% ailleurs, les musulmans qui sont les premiers a payer la dette de l’occident.
Faut vraiment reprendre vos neuroleptiques tous les deux!
J’ai bien aimé le « renégat » qui fait partie du lexique de la pensée policière de tous les régimes tyranniques. Quant on connait un chouïa l’histoire de la guerre civile algérienne, on sait qui parle dans ce genre d’éditoriaux (Lamari, sort de ce corps!). Quant à Daesh, on sen dispute la paternité et la fonction suivant l’humeur du moment.ou l’inclination de sa petite névrose. Moins j’aimerais mieux que le courant anti-impérialiste soit purifié des métastases conspirationnistes de votre acabit.
Nb : et ça fait mal aux fesses qu’un certain porte le même nom qu’Onc’Bernard (ou ait eu le mauvais goût de s’en donner le pseudo?)
ce communiqué vous était offert par les generaux locaux.
qui ont AUSSI quelques ptits trucs à se faire pardonner, genre 100000 morts, equitablement partagés avec leurs meilleurs ennemis
@Jicé.
Je laisse les neuroleptiques à ceux qui ne comprennent rien. Je rappelle que l’Algérie entamait son processus démocratique en 89/90 quand le pays a du gérer le cas du FIS. L’Algérie faisait face au retour d’une dizaine de milliers de djihadistes afghans qui ont formé le GIA (jusqu’à 90 000 hommes en armes dans le maquis). Prétendre comme l’on fait des chroniqueurs parisiens dans les années 90 que les massacres du GIA étaient des opérations false flag était le scoop de l’époque, c’était sans comprendre la nature du wahabisme. C’est bien l’islam sunnite wahabite qui a entaché le processus démocratique d’un pays du tiers monde et pas son armée (aussi discutable soit son action).
La tragédie du 7 janvier commence déjà à s’estomper sous l’avalanche qui débute des discours ampoulés, des postures creuses, des conceptualisations qui ne mèneront nulle part, du recyclage politique, du « bruit » social qui monte de partout . Le seul moment authentique c’est ce moment déchirant vers 11H30 le 7 janvier 2015 quand on a accroché à des crocs de boucher l’humour potache, la gentillesse, le courage naif et tranquille, la confiance en l’homme. Cela je ne l’oublierai pas.
Je ne peux aller que dans ton sens, mon ami…
Oui, pareil
Je regarde ce soir un film d’Yves Boisset, le Prix du danger. Et c’est fou comme ça me fait penser, en tous points, à la séquence qu’on a vécu ces jours-ci : les morts, la télé et les applaudissements. Les jeux du cirque, la violence et la mort, la satisfaction béate de l’État et des parasites sociaux, leur fausse indignation. Et vous vous demandez encore pourquoi jamais et à aucun moment l’État n’a envisagé qu’ils s’en sortent vivants ?
À part ça, on incendie des mosquées dans le plus grand silence, les morts du Yemen personne n’en parle, des enfants SDF morts dans la rue non plus, ni des gamins assassinés par des drones au Pakistan et ailleurs – et Kobané a été oublié, il est vrai là-bas ils se battent en vrai, entre autres contre nos alliés et contre des bandits fascistes que nous avons armés (Julien et les autres, où étiez-vous, que disiez-vous, quand la France se vantait par la bouche de Laurent Fabius de soutenir al-Nosra ?).
Dormez en paix, braves gens, après avoir vibré d’émotion à ce spectacle affreux organisé pour vous, puisque 88 000 policiers veillent sur votre sécurité…
« la satisfaction béate de l’Etat ….? » .
Si c’est là la démonstration de votre perspicacité , je comprends que vous recherchiez la vérité et les spectacles affreux dans les salles obscures .
J’ai suivi ces évènements dramatiques depuis l’étranger, et ici, l’émotion est également palpable, même si en tant que français et lecteur de Charlie j’ai la glaciale sensation que le monde ne sera plus jamais comme avant : quelque part, oui, c’est notre 11 septiembre.
Emotion et tensions, également ici, et propention des services de police à enfiler des gilets pare-balles et à mettre la main sur le gun au premier mouvement suspect.
Je vais à l’Institut Français, et j’emprunte le film « La désintégration » de Philippe Faucon, ou comment des jeunes désorientés séduits par un gourou au charisme flagrant, s’acheminent vers l’irréversible sous la promesse d’un absolu, d’un eden, de l’éternité, fermant les yeux sur la désolation et la mort qu’ils s’apprètent à semer ici-bas.
Bizarre, j’aurais cru que ce film allait être pris d’assaut.Même s’il ne s’agit pas d’un blockbuster (thématique oblige), apréhender les faits à leur source est l’unique manière déviter leur répétition.
Temps révolus : aujourd’hui Peppone adversaire déterminé mais néanmoins admiratif de Don Camillo n’existe plus comme par Brassens dans Trompettes de la renommée :
« Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente
Avec le père Duval, la calotte chantante
Lui le catéchumène, et moi, l’énergumène
Il me laisse dire merde, je lui laisse dire amen«
La montée de la haine est flagrante. Signons nous ou mieux agissons.
http://www.jean-luc-melenchon.fr/2015/01/08/patrie-republicaine-ne-trie-pas-ses-enfants-en-fonction-de-leur-religion/
Je ne suis pas le dernier, sur ce blog, à considérer que Mélenchon verse trop souvent dans l’imprécation.
Mais ici, il est à la hauteur de l’événement, et je lui tire mon chapeau !
Je m’étonne que personne ne réagisse à la magnifique après-midi médiatique de ce jour, digne d’une étape de montagne du Tour de France ou peut-être pire, aux jeux du cirque de l’empire romain allant se terminer de toute façon par une mise à mort, dans ce cas-ci espérée par les poursuivis et je ne me permettrai pas de dire que la partie adverse avait autre choix.
J’ai personnellement tenu 10 minutes et me suis demandé avec mon épouse combien de personnes regardaient en même temps que nous sur France 3 à 13h15 un magnifique reportage sur d’artisanaux producteurs de mimolette.
Ramener l’information sur ce drame à un tel ramassis de lieux communs et à un tel battage de soi-disantes infos pour être les premiers au classement des images et news exclusives quitte à mettre en danger les personnes présentes, témoins ou forces de l’ordre, me paraît d’un dérisoire affligeant ne pouvant que ramener une majorité des téléspectateurs à des réactions de beauf comme dirait en riant si naturellement notre si cher feu Cabu. C’est tout sauf « Je suis Charlie ».
J’ai même entendu, hier à la télévision, la présentatrice du journal annoncer toute fière que son envoyé spécial était arrivé le premier près de la pompe à essence désormais mythique. Quelle info qui lui a permis de montrer et expliquer que : « C’est par cette porte que les fuyards sont entrés dans la station… »
Comme entendu ce jour dans une interview de Cabu de début décembre suite à la parution de son intégrale du Beauf : « au départ ouvrier dans une usine d’armement, boulot le plus con qui soit, produire de la mort, oui, son fils lui travaille dans la pub et je verrai bien son petit-fils dans…l’évènementiel…hi,hi,hi…
On y est!
Il y a un débat de fond indispensable, où intervient l’opinion tranchée et très documentée de Sami Aldeeb, palestinien, professeur des universités en Suisse et directeur d’un Centre de droit arabe et musulman, pour qui la version du Coran actuellement en usage dans les mosquées est trop souvent le Coran médinois, qui viole les droits de l’homme, et pour qui il ne faut retenir que le Coran mecquois, qui lui préexiste et date de l’époque où Mahomet n’avait pas encore le pouvoir. « Ce qui est arrivé à Paris est entièrement conforme à l’enseignement de l’islam tel qu’il ressort du Coran [médinois], de la Sunna de Mahomet et de tous les ouvrages reconnus de droit musulman. »
Il a donc établi une traduction française du Coran par ordre chronologique et une édition arabe du Coran par ordre chronologique. Il fait une série de recommandations pour une adaptation de l’enseignement de l’islam en France (et ailleurs) aux lois et à l’esprit des lois de la République.
Tout cela se trouve dans sa lettre à Dalil Boubakeur, médecin et président du Conseil français du culte musulman, qui en prend sèchement pour son grade.
Il me semble qu’on s’est assez battu avec le clergé catholique dans l’histoire, pour en arriver à une cohabitation de l’Etat avec une Eglise mise à sa place non séculière, pour penser qu’il serait surprenant qu’on ne doive pas faire ce travail avec l’islam.
http://www.memri.fr/2015/01/09/sami-aldeeb-lettre-a-dalil-boubakeur-revoir-integralement-les-enseignements-de-lislam/
Tant que j’y suis, il faudrait d’autre part élucider pourquoi le grand poète syrien Al-Maari, du XIe siècle, qui est célèbre pour sa tirade selon laquelle les humains se répartiraient entre ceux qui ont un cerveau et pas de religion, et ceux qui ont une religion et pas de cerveau, a pu parcourir différents pays musulmans au cours de son existence, pour la terminer à son heure, sans que personne ne le tue. Au XIe siècle!
Un peu de sain relativisme et des exemples ou contre-exemples à méditer, ça ne ferait pas de mal.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abu-l-Ala_al-Maari
Et pour légiférer, inviter les esprits libres et savants qui nous viennent des terres d’Islam.
On a du mal à ce souvenir des événements des décennies passées, fort opportunément souvent. Alors se rappeler que la civilisation islamique a assuré le passage du témoin entre la civilisation grecque et l’occident au tournant de l’an 1000 c’est beaucoup demander. C’est tout notre malheur.
L’instrumentation politique des religions permet d’assurer une grille de lecture simple à un monde complexe et aux élites de diriger au mieux de leurs intérêts.
La religion capitaliste n’est pas différente dans ses principes. Une pseudo science universelle, son clergé, sa police. … et un peuple consentant.
La civilisation (la vie) ne progresse que si tous les citoyens s’en s’occupent intensément, sinon c’est l’entropie qui gagne, c’est à dire la mort.
Pourquoi je ne participerais pas, je refuse de cautionner ça, encore un espace de liberté qu’ils nous disputent:
Le confusionnisme est malheureusement l’ombre portée récurrente des événements récents. Le preneur d’otage de Vincennes dénonçait entre autre chose le sort des palestiniens pour motiver son action alors que Charlie Hebdo était à la pointe de ce même combat.
Je considère pour ma part la défense obsessionnelle d’une religion pure comme le stigmate maniaco-identitaire commun de toutes les extrêmes-droites. Les combattants des religions en sont, sans doute parfois malgré eux car emportés par leur élan, et peuvent singulièrement se retrouver ensemble malgré leur antagonisme notoire comme ce fut le cas, chrétiens et musulmans extrémistes réunis, devant le théâtre de la ville en 2011 (voir ici).
Il nous manque le témoignage des esprits éclairés pour refermer les plaies de nos sidérations et retrouver la juste mesure du combat. A force de se retrouver réduit à la faiblesse de nos répétitives incompréhensions, n’importe quelle option réactionnaire se distingue en issue convenable. Voie de la surenchère étincelante du whistleblowing populiste, la piste aux allumettes devient même l’ultime espace de jouissance publique. Hasard du calendrier Houellebecq affichait en couverture du Nouvel Obs un vigoureux « J’ai survécu à toutes les attaques » savamment étalé au fronton de tous les kiosques le matin quand le soir venu fleurissaient les psalmodiques « Je suis Charlie » déclinés en tous formats.
Par dilution, sans la moindre notion de complot, et tant que le pied glissé dans la porte laissera se propager les courants d’air, l’insouciante faiblesse discursive des politiques validera ce climat dans lequel les revendications extrêmes imposeront leurs préceptes comme une affaire courante.
Bon ben finalement je crois que vous avez raison, Paul, de ne plus ouvrir habituellement votre blog aux commentaires. Vous devriez arrêter définitivement.
A peu près tout ce que je viens de lire ci-dessus, sur un blog qui, a priori ne s’adresse pas au décérébré de base, m’afflige.
Et puis, rien ne vaut un dessin :
http://www.imageshotel.org/images/rxt2469/charlie.jpg
Ils ne sont pas trois!
Ils sont des milliers en europe , des centaines à être nés en france, avoir fréquenté l’école de la république pendant des années, à avoir eu des suivis d’assistantes sociales, des recadrages des autorités policières ou judiciaires , des rééducateurs …. et malgré toute cette intelligence et ces moyens ils sont maintenant à s’entraîner dans des camps au yemen en syrie ou ailleurs, manipulés et endoctrinés pour quand ils reviendront chez eux, cad ICI , agir de même, pire plutôt car à chaque fois, leurs manipulateurs apprennent…. Dans quel BUT? Détruire ce qu’ils haïssent et partir en apothéose flinguante vers un paradis. Qu’avons nous loupé pour qu’un tel gâchis se produise?
Qu’allons nous faire de ceux qui vont revenir?
Après des siècles de violences nous avons accepté de confier l’usage de la force à nos institutions encadrées par la loi.
Nous avons remplacé le » je sort mon fusil par ce qu’il m’a insulté » par le recours à la force publique dans le cadre de la loi.
Je comprends que certains soient inquiets de l’évolution de ces lois, surtout celles prises à chaud.
C’est un contrat politique et citoyen de discuter de ces lois et de parfois contester leur bien fondé.
Il est de notre responsabilité de faire évoluer ces lois dans le cadre de la société que nous souhaitons.
Il est déjà arrivé que ces lois soient dévoyées par des intérêts économiques ou par l’ambition de certains politiciens ou simplement dictées par nos peurs. Les plus grands criminels du XX° siècles ont utilisés des lois pour commettre leurs crimes.
Les petits assassins qui viennent de frapper étaient manifestement en dehors de la loi commune. Ils ont suivi leurs propres lois, sorte de délire dans l’horreur comme tuer les blasphémateurs, les représentants de l’ordre, les juifs. Ne pas tuer une femme sauf si elle est juive, ne pas tuer les « civils » et leur chien…
Ils ont utilisé quelques armes redoutables mais dérisoires face à la puissance de nos institutions.
Je comprends que l’on puisse se demander quels calculs ont pu amener nos dirigeants à telle solution plutôt qu’une autre et même qu’il soit salutaire qu’ils s’en expliquent mais je ne comprends pas que ce soit le RAID ou le GIGN qui soient mis en cause.
Leurs règles d’engagement sont encadrées par la loi. Ils agissent dans le mandat qui leur est accordé. Ils ne peuvent être considérés comme des meurtriers, Ils sont notre bras armé.
D’ailleurs il n’est pas imaginable en France qu’un militaire ou un policier puisse se revendiquer assassin d’un criminel comme ce minable Navy Seal américain qui s’enorgueilli d’avoir tué Ben Laden. Ecœurant de stupidité. Une insulte à la démocratie.
Pour éviter les dérives, les crimes d’état et la paranoïa du complot il faut que la justice soit saisie, que toutes les explications soient données.
Pour parler de la liberté de l’information, tous n’ont pas l’engagement des Charlie. Je suis stupéfait de la gestion de cette crise par les médias. J’ai vu un présentateur de JT en plein reality show et qui ne se rend même pas compte qu’il est à l’information ce que le pus est à la syphilis.
Vivement Mercredi, j’ai besoin de journalistes intelligents pour me faire rire et penser.
il n’est pas question pour moi de nier l’horreur d’autant que des gens comme cabu, maris,tignous voire même charb faisaient, d’une certaine panière, partie de ma vie
mais comme une femme dont j’aurais divorcé
restaient les souvenirs de bons moments et celui des déchirements
un peu comme si charlie m’avait trompé quand val est arrivé
je lis les commentaires qui se débattent sur le droit au blasphème ou pas
s’il fallait abattre les fous de dieu ou les garder envie pour un procès
je ne sais fichtrement rien de tout ça
mais je sais que charlie n’était pas l’innocent que l’on présente
val, en prenant la direction du journal d’une manière un peu cavalière, y a introduit à l’occasion bhl, va-t-en guerre un peu taré lui aussi qui a défendu, dans les colonnes de charlie entre autres, la guerre au kosovo, le oui au réferendum, l’intervention en libye et une défense déterminée du sionisme israëlien voire même une certaine susceptibilité vis à vis de l’antisémitisme ( affaire siné qui obtint justice au tribunal)
je le répète rien n’excuse l’horreur du geste
mais la récupération politique qui en est fait désormais n’est-elle pas aussi abjecte?
oser parler de démocratie en danger …. quelle démocratie?
et que dire du spectacle non stop de la traque à la télé?
je pense à debord, à tort ou à raison
je pense que trouver un bouc émissaire est bien pratique
ce qui est certain c’est que cette horreur sera le prétexte d’une nouvelle restriction des libertés civiques
justifiera nos guerres post colonialistes pour sucer jusqu’au bout le pétrole, l’uranium et les terres rares dont nous avons, parait-il, tant besoin
et de toutes façons ne nous empêchera pas de continuer de fricoter avec les cerveaux de ces ignominies simplement parce qu’il y a de la thune à se faire
j’aimerais que tous ces morts reposent en paix
et que nous pensions à tout autre chose
ce serait un bon début
Cédric Mas, merci pour ta contribution. Même si je ne peux qu’imaginer que les gars du GIGN ont fait ce qu’ils pouvaient, il faut bien constater que ce dénouement est un échec de nos sociétés. Je suis donc bien d’accord avec l’avant-dernier paragraphe. Par contre, je ne te suis pas pour le dernier, et quelqu’un a écrit cela bien mieux que je ne pourrais le faire, aussi, je te laisse le lien :
http://blogs.mediapart.fr/blog/mathiasdelori/080115/ces-morts-que-nous-n-allons-pas-pleurer
Etrange impression de voir le blog de Paul Jorion , lieu de réflexion profonde, devenir une sorte de bazar où l’on s’invective, façon chiffoniers…
Nous sommes bien en train de changer d’époque, il me semble.
Il est facile de dire « facile ».
Avis aux belles âmes, aux « y a qua », aux « il faudrait » ou pire aux « il aurait fallu »:
Un fusil d’assault AK47 « Kalashnikov » tire 200 balles de guerre à la minute.
Que ceux qui auraient refusé de prendre la place du premier policier qui entre dans le local où se trouve un forcené décidé à tuer se taisent.
Je me permets de dire cela pour avoir participé dans une vie antérieure à une opération armée de sauvetage d’otages où on est seul a devoir choisir quelle grenade dégoupiller, offensive ou défensive, a devoir décider de baisser la sécurité de son arme, seul a entendre la balle qui siffle près de ses oreilles, seul devant la bavure et le devoir, Le tout a decider en quelques secondes au plus.
Je n’ai pas réussi à lire toutes les réactions. Mais une tendance à extrapoler et dériver à partir de l’article initial me choque un peu. Ce que je retiens c’est que ce dénouement, voulu ou pas, n’était pas le plus souhaitable. Un procès vaut toujours mieux que la mort
En démocratie on fait en sorte de ne pas se comporter comme ses ennemis même si la difficulté peut sembler insurmontable en particulier dans l’urgence.
Mais la question est aussi technique : qu’est ce qui empêche d’avoir des balles qui endormiraient immédiatement comme on sait le faire pour des animaux ? Si on peut loger une balle mortelle ne peut on pas loger une balle qui endort instantanément ? Si on ne sait pas ou on ne peut pas pourquoi? Si on sait alors pourquoi pas ?
C’est en répondant clairement à cette question. Qu’on peut alors faire les analyses sur les intentions politiques et leurs conséquences.
Bonjour,
Je découvre l’ampleur du débat et la virulence de certains dans leur refus de se poser la moindre question sur ce dénouement trop rapidement présenté comme une « victoire ».
Merci à Michel Bass (et aussi à Stéphane 2 commentaires plus haut) car il a écrit exactement ce que j’allais écrire.
Je pourrai ajouter qu’il existe un certain nombre de moyens incapacitants (dernier texte applicable : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024287129&dateTexte&categorieLien=id). D’après des spécialistes techniciens, ces moyens ne sont pas suffisants en face d’hommes déterminés et surtout équipés (nous ne savons s’ils étaient équipés et entraînés contre ces moyens : casque anti-bruits ou bouchons d’oreille de protection, lunettes, et surtout ouvrir la bouche au moment de l’explosion pour les grenade OF).
La leçon des évènements est donc qu’il est urgent de faire évoluer les moyens techniques et les règles d’engagement sur ce point (et aussi sur la gestion désastreuse de l’information diffusée sur les réseaux et dans les médias, qui a entravé l’enquête et participé aussi à l’issue fatale).
Cette leçon sera-t-elle tirée ou notre pouvoir politique se contentera d’une énième Loi antiterroriste, d’autant plus inutile que les moyens sont réduits par les politiques de rigueur ?
J’ajouterai juste que mes reproches ne s’adressent bien évidemment pas aux forces de l’ordre, qui ont été exemplaires dans le cadre de leurs règles d’emploi, de leurs moyens et des ordres donnés, mais à l’échelon supérieur et surtout politique, pleinement responsable de la situation et des ordres donnés (ou non).
Les responsables en charge de ces opérations ont-ils sciemment ordonné la mort des commandos ? Vraisemblablement non (il faut l’espérer). Ont-ils insisté sur la nécessité de les interpeller plutôt que les neutraliser ? ont-ils mis tous les moyens pour cela ?
Un indice se trouvera dans la manière dont il réagira à ces attaques :
– s’il met en place les moyens pour que la prochaine fois on augmente les chances de les appréhender, on pourra le penser.
– s’il se contente d’une nouvelle loi d’affichage, et se satisfait d’une issue qui n’est pas un succès pour lui (même s’il remonte dans les sondages), alors ce que dénonce, sûrement maladroitement, mon texte devra être dénoncé encore et encore.
En attendant, participons tous à la grande manifestation de dimanche, peu importe les récupérations politiciennes, car il s’agit d’adresser un message fort dans une guerre d’autant plus longue qu’elle est avant tout contre nous-même.
Bonne journée,
Cédric Mas
Oui oui, mais en même temps ce n’est pas vous qui allez au charbon. Les opérations de neutralisations réussissent quand elles sont bien préparées, que l’on peut déterminer la position des tueurs, etc.
Ici les terroristes étaient résolus à mourir et à emporter le maximum de monde avec eux. Alors évidemment qu’il faut les arrêter et ils n’y a pas assez d’info/temps pour faire mieux.
Et oui je peux comprendre que les forces de l’ordre s’arment aussi en conséquence. Vous y auriez été la fleur au fusil ?
Ce n’est pas parce que 3 terroristes ont été tués dans une opération militaire que l’état de droit à cessé d’exister. Ils ont eu le choix de se rendre, ils ont choisi de mourir.
Je comprends parfaitement l’intérêt d’un procés et qu’il s’agit de la ligne à suivre. Mais il y a aussi la priorité de sauver des vies et de ne pas les exposer inutilement à la mort. Et pas celle des terroriste qui vous tient tant à coeur. C’est la voie qui a été choisie. Pour moi ça ne remet pas tout en question.
Il y a la question de légitime défense qui a été bien expliqué par un commentaire plus haut.
Tout comme un procès pour les entendre dire que c’est Allah qui leur parlaient n’auraient pas rendu la France fondamentalement meilleure.
Je ne comprends pas bien qu’on puisse tirer des conclusions générales sur un cas particulier.
@ mki
Soyez gentil de faire ne serait-ce que semblant de lire ce que j’écris.
Merci d’avance !
@Jorion
Oui j’ai lu, mais j’exprime mon point de vue.
Le fait que vous ne pouvez pas envisager de vous tromper n’implique pas que vous ayez toujours raison.
Votre point de vue c’est « Tirons désormais sur tout ce qui bouge ! » Demain vous serez calmé, mais à la moindre alerte vous reviendrez à votre « tir instinctif ». Il est essentiel que vous commenciez à réfléchir d’ici-là !
Cédric, comme je disais à Pierre-Yves, le débat sur les moyens d’action et d’engagement pour à l’avenir pouvoir capturer mêmes les plus décidés des assassins est parfaitement légitime. Bien sûr que le dénouement n’est pas une « victoire ». La victoire aurait été de les appréhender vivants, de les juger, de les condamner. Mais tu reconnais toi-même que les moyens actuels et les règles d’engagement ne le permettait vraisemblablement pas. Fallait-il donc prendre des décisions exceptionnelles en dehors du droit existant, exposer les forces d’intervention à un nouveau modus operandi jamais pratiqué, improviser ?
Ce qui n’est pas légitime – je le redis une dernière fois pour ma part, parce que les procès d’intention faciles et caricaturaux ne m’intéressent pas – c’est de mettre en doute à chaud, sans aucun élément pour l’étayer, l’État de droit en laissant entendre que peut-être il a été simplement décidé de les exécuter et que la capture ou la reddition n’ont pas été envisagées ni tentées. Et c’est ce que tu fais de nouveau ici :
Tu laisses la porte ouverte à cette hypothèse – « il faut l’espérer ». C’est un drôle de monde où on est réduit à simplement « espérer » que les responsables ne s’assoient pas sur le droit par principe. Douter de tout sur tout, tout le temps, ne plus croire en rien, est-ce l’idéal de vigilance démocratique ?
Julien, il aurait suffit d’affirmer : « Nous ferons tout pour les appréhender vivants ! », ça ne coûte pas cher et le résultat sur le terrain aurait été plus que probablement identique. Si cela n’a pas été dit, ce n’est pas parce que c’était « infaisable », si cela n’a pas été dit c’est parce que ce n’est pas « porteur », c’est parce que les règles démocratiques ne sont qu’un mince vernis qui saute au premier choc. Le Blog de PJ se veut un rempart à toutes les dérives « dans le feu de l’action ». La perte de la démocratie, c’est si vite arrivé !
@ Paul
As-tu entendu le contraire ? Que dit Cazeneuve ici ? S’il veut les faire juger, c’est vivants a priori non ? On ne l’avait pas informé qu’il fallait s’asseoir sur le droit et tenir un « discours porteur » (porteur pour qui ?).
François Hollande, le 7 janvier :
Oui, on a vu des attitudes martiales, des postures et des discours, des bombages de torse, etc., mais je n’ai pas entendu de responsable appeler à les ramener morts ou vifs, tout le contraire !
À l’avenir il faudra donc qu’à chaque intervention les responsables répètent en boucle (jusqu’à ce que mêmes ceux qui n’écoutent pas entendent) : « nous allons essayer de les prendre vivants ». Comme ça quand ils oublieront de stipuler l’évidence édictée par le droit, on pourra leur dire « ah voyez, vous n’avez pas dit que vous les vouliez vivants, vous les avez donc exécutés exprès ». CQFD
Merci Cédric Mas pour cet éclaircissement sur votre analyse.
La réaction des politiques et des journalistes à la jubilation à peine masquée semble aller dans votre sens.
Encore une récupération de cette « victoire » contre l’islamisme par nos barbus traditionnels, rien de nouveau sous le soleil messieurs de la maréchaussée, n’est-ce pas ?
Mais représentent-ils encore notre État de droit, j’en doute fort.
Dans ma ville un rassemblement spontané est survenu le jour du massacre de Charlie Hebdo, comme de coutume les notables ont cherché à se mettre en avant à grande force de micro et d’enceintes, ils furent accueilli au son du bien français « T’as gueule ». Un brin d’espoir.
Bonjour
Je lis en commentaires :
Droit, pas droit au blasphème !?
Le rationnel, n’a que faire du blasphème.
Si nous nous interdisons le blasphème de l’irrationnel, alors le rationnel aura droit .. à la « peau de chagrin ».
Le blasphème n’est pas un mépris, c’est une des plus haute façon d’intégrer que tout est illusion, tout est risible, rien n’est interdit .. sauf la souffrance ou la mort d’un tout humain, ceci ne souffre d’aucune justification..
Bon…quelques courtes heures de sommeil…relecture des deux billets de Cédric (ambiguïté levée de la formulation « sans blasphème » » il y a le refus du blasphème ») relecture du billet de Paul prenant acte du décès des frères Kouachi et de Coulibaly.
D’accord… sur le fond vous avez raison.
Je persiste cependant à penser dangereux de laisser à penser que l’on sublime leur action d’une manière quelconque.
L’initiative, ils l’ont prise au moment ou ils sont passés aux actes que l’on connaît, comme un Moscovici ou un Macron tweetants leurs solidarité a la connaissance du meurtre, Macron concluant par un « Je suis Charlie » alors que le « logo » n’était peut-être pas encore connu.
Alors d’accord, il aurait été préférable de les prendre vivants.
Mais leur choix était fait, ils voulaient finir en « martyr » selon leur définition ce que l’on est pas obligé, non plus, d’accepter et de valider.
Alors est-il si facile de prendre vivant des hommes dans ces conditions, qu’ils ont créés, sans leur permettre de continuer à tuer….
L’autre « barbarie » est à l’oeuvre avec les Moscovici, Macron…Gattaz…Merkel, Rajoy…Tusk, Junker… eux aussi prennent l’initiative et récupèrent d’une façon ignoble.
Ils sont à l’origine.
Prendre ces fanatiques vivants, c’était inévitablement prendre le très grand risque que d’autres fanatiques fassent des actions du même genre pour qu’on les libère.
Je pense que ça ne valait pas le coup. Rien de plus à dire.
Jeannette Bougrab accuse !
« Il faut arrêter la langue de bois : tous ceux qui défendent la laïcité [le combat farouche de Charb] sont accusés d’islamophobie ou de racisme par des mouvements de gauche. »
Caroline Artus
Ancien chef d’entreprise
Les attouchements dans le cadre familial ne justifieront plus la prison…Quand NVB autorise le voile dans l’espace publicPour une piscine « muslim-friendly »
L’attentat terroriste islamique de Charlie Hebdo n’a donc pas été revendiqué par leurs auteurs pour venger leur prophète. Non, nous n’avons rien compris. « L’attentat contre Charlie Hebdo a la sale gueule de Renaud Camus, d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen. » C’est ce que nous révèle l’avocat Nicolas Gardères dans une tribune dans Libération… Mais pas celle de Guy Bedos quand il éructait – de façon imagée, il va sans dire – « qu’ils crèvent » en parlant de Charlie, parce que se moquer de Mahomet, ce n’était pas bien ?
Une vision fort différente de celle affirmée par la compagne de Stéphane Charbonnier (« Charb », l’une des 12 personnes exécutées le 7 janvier), Jeannette Bougrab, à Ruth Elkrief, jeudi, sur BFMTV.
Jeannette Bougrab, ex-présidente de la Halde et secrétaire d’État à la Jeunesse et à la Vie associative sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a martelé avec émotion : « Il faut arrêter la langue de bois : tous ceux qui défendent la laïcité [le combat farouche de Charb] sont accusés d’islamophobie ou de racisme par des mouvements de gauche. » Et de citer les Indigènes de la République qui, selon la jeune femme, portent « une responsabilité évidente » dans l’attentat en question.
C’est en effet la porte-parole du PIR (le Parti des Indigènes de la République), la Franco-Algérienne Houria Bouteldja – celle qui utilise le mot sous-chien pour désigner les Français de souche -, qui, en 2006, écrivit Les habits neufs du doriotisme, pamphlet visant à dénoncer ce qu’elle considérait comme les « inclinations nationales-populistes » (sic) régnant au sein de la rédaction de Charlie Hebdo.
Toujours en 2006, dans une interview donnée à Nouvelles questions féministes, la même avait eu l’amabilité de nous parler de notre avenir. Répondant à la question d’une journaliste (« Venons-en au mouvement des Indigènes de la République, tu disais qu’il est pour toi une dernière chance offerte aux Français, que veux-tu dire par là ? »), elle déclarait :
L’appel des Indigènes […] propose de partir sur des bases saines. C’est là que c’est un cadeau qu’on vous fait. Prenez-le : le discours ne vous plaît pas… mais prenez-le quand même ! Ce n’est pas grave, il faut que vous le preniez tel quel ! Ne discutez pas ! Là, on ne cherche plus à vous plaire ; vous le prenez tel quel et on se bat ensemble, sur nos bases à nous ; et si vous ne le prenez pas, demain, la société tout entière devra assumer pleinement le racisme anti-blanc. Et ce sera toi, ce seront tes enfants qui subiront ça. Celui qui n’aura rien à se reprocher devra quand même assumer toute son histoire depuis 1830. N’importe quel Blanc, le plus antiraciste des antiracistes, le moins paternaliste des paternalistes, le plus sympa des sympas, devra subir comme les autres. Parce que, lorsqu’il n’y a plus de politique, il n’y a plus de détail, il n’y a plus que la haine. Et qui paiera pour tous ? Ce sera n’importe lequel, n’importe laquelle d’entre vous […].
Avant-hier à Paris ou à Toulouse, hier à Joué-lès-Tours, Dijon ou Nantes, aujourd’hui à Charlie Hebdo et Montrouge, Houria Bouteldja ne s’est pas trompée : ceux qui haïssent la France frappent partout et tout un chacun.
Et pourtant, pour Nicolas Gardères, la haine « qui monte » ne peut venir que de ceux qui la dénoncent par « leurs mots, leurs images, leurs fantasmes, leurs prédictions, qui résonnent sur l’air goguenard du on-vous-l’avait-bien-dit ». Comme Houria Bouteldja ?
Caroline Artus
Je ne savais pas trop comment dire ça, ressenti après trois jours de toile :
La machine à débiter le monde…
Devant un arbre, j’avais entendu dire un jour combien il est facile de ressentir des émotions et des énergies positives, en cessant tout simplement de le considérer comme « un pin », « un chêne » ou même « un arbre » mais simplement comme un être vivant. Et ça marche très bien.
Notre cerveau classifie sans cesse, génère des images, et au moment où vous pensez « chêne », bien que vous soyez dans cette forêt près de cette puissance magnifique, voilà que vous pensez au petit meuble de l’entrée, en chêne clair….c’est ainsi que nous nous coupons du monde.
En voyant une vache, l’image de la viande viendra encombrer un peu plus encore le contact…
Alors quand vous voyez quelqu’un pour la première fois, que se passe-t-il dans votre tête ?
La même machine se met en branle pour caser le nouveau venu dans une catégorie existante.
Et j’assiste dans l’onde de choc actuelle à des simplifications dramatiques de ces catégories.
Il est particulièrement important que chacun considère les personnes une par une, d’homme à homme, pour ne pas se laisser embarquer dans un mouvement qui n’est pas le sien.
Bonjour
Je n’ai malheureusement pas le temps de lire tous les commentaires et peut-être vais-je faire de la redite.
ILS N’AVAIENT D’AUTRE ISSUE QUE LA MORT
Procéder à l’interpellation de « suspects » (temps qu’il n’y a pas eu de procès) en vue d’un procès relève d’une procédure de police dans le cadre d’actes criminels (droit commun). Malheureusement, j’ai bien peur que cette fois nous ne soyons plus dans le cadre d’actes criminels mais désormais dans des actes de guerre… et la guerre n’obéit plus aux mêmes règles.
Quand on écoute le parcours de ces 3 individus, on s’aperçoit qu’ils ont débuté leur « carrière » dans ce qui relève justement de la criminalité et du droit commun. Habituellement, les actes criminels relèvent pour leurs acteurs d’un intérêt tout ce qu’il y a de plus « égoïste » : se faire du fric, acquérir du pouvoir (mafieux) mais toujours avec l’obsession de sauver sa peau.
Pour chacun des 3, dans des conditions différentes, leur parcours a bifurqué à un moment donné et pour certains cela c’est fait en prison. De simples malfrats ne pensant qu’à leur intérêt personnel, ils ont basculés dans une « politisation » de leur existence. La motivation de leurs actes a pris une dimension (le croyaient-ils) dépassant leur misérable condition humaine. Le prêche religieux (radical et extrémiste) leur offrait la possibilité de transformer leur existence « ratée » et de trouver la rédemption en donnant à leurs actes un sens religieux qu’ils savaient les mèneraient au statut de Martyr.
Combien ont-ils été payé pour le massacre de Charlie Hebdo ? Probablement rien. Leur expérience de malfrats leur avait au moins enseigné que les actes qu’ils étaient en train de commettre étaient sans retour. En passant à l’acte, ils savaient, on leur avait enseigné vraisemblablement au Yémen, que leur seule issue était le Martyr. Il leur était certainement impensable de se faire prendre vivant pour retourner à leur statut antérieur de simple malfrats minables.
Pour les 2 frères, ils ont d’ailleurs choisi eux-mêmes leur fin en sortant de l’entrepôt les armes à la main en essayant d’en tuer encore quelques uns… « héroïquement » ont-ils certainement cru.
Le passage de la criminalité « ordinaire » et égoïste propre à nos sociétés presque exclusivement matérialistes et discriminantes, aux actes de terrorisme (actes de guerre) idéologisés sont malheureusement le seul moyen pour certains de redonner un sens dans une « spiritualité » extrême à leur vie qu’ils jugent minable et dépourvue de sens.
Pardonnez-moi ce raccourci « extrême », nos sociétés occidentales sont elles-mêmes sources d’un idéal de l’extrême, d’un extrémisme idéologique qui glorifie la richesse extrême, les sports extrêmes, la starisation extrême. Une quête de l’extrême, c’est à dire une quête morbide du « no limite ». Alors, ceux qui sont exclus du jeu sont prêts à se jeter dans les bras de tous ceux qui leur proposeront un jeu parallèle, un jeu underground.
Il faut repenser les valeurs de nos sociétés occidentales qui se posent en parangon de justice et de morale. Est-ce qu’il fallait tuer ou non le monstre du docteur Frankenstein ? Ne doit-on pas se poser question de la responsabilité du docteur et de la folie de son projet ?
Pascal
Je vais donner le point de vue du diable, le point de vue de l’ennemi.
Nous les considérons sous l’angle du grand banditisme, et du fanatisme : « des paumés de banlieue, manipulés par des intégristes, des petits cerveaux fêlés lavés qui pètent les plombs ». C’est commode et nous permet de jouer les innocents qui ne comprennent pas comment de tels actes sont possibles.
Eux, se considèrent comme des guerriers en mission, qui défendent une cause, celle de l’Islam et du monde arabe. Ils répètent toujours la même rhétorique : ils agissent pour venger leurs frères au Proche-Orient et en Afrique, pour défendre leur religion, l’Islam (ceci, on peut le trouver con, en tant qu’athée ou catho ou pastafariste, mais c’est comme ça). Ils sont dans une logique de guerre, mais nous continuons à prétendre l’incompréhension.
Est-ce si difficile à comprendre? Plusieurs pays d’Europe ont, depuis des décennies, engagé des troupes et bombardés plusieurs pays musulmans, se croyant à l’abri derrière leurs frontières démocrates. Là-bas, nos frappes « chirurgicales » qui frappent « intelligemment » les seuls « terroristes » font bien plus de victimes civiles et innocentes (juste des « dommages collatéraux », rien qui nous émeuve) qu’elles n’arrêtent le terrorisme. Nous sommes partis pour une guerre éternelle, en imaginant que tant que les bombes tombent sur les Arabes, nous ne risquons rien ici.
Nous sommes en guerre. Nous envoyons nos guerriers chez eux, ils envoient les leurs chez nous. Voila ce qu’il y a à comprendre. Et c’est moche, oui, c’est immonde, oui. D’un côté comme de l’autre. Et tant que nos guerres durent à l’étranger, nous en subirons les retombées.
Vous craignez que chaque gamin de banlieue ne soit un terroriste en devenir? On aurait peut-être pu commencer par s’occuper des problèmes économiques et sociaux des banlieues, mais maintenant c’est un peu tard. Vous voulez qu’ils soient solidaires des français? On aurait peut-être pu commencer par les écouter avant d’envoyer les flics leur cogner dessus. Quel gâchis!
Oui, « démocratie » veut dire pour des centaines de millions de gens sur terre, « bombes sur la tronche ». C’est une terrifiante pédagogie du réel, contre laquelle la raison de quelques-uns est bien faible!
Et les autres projets politiques « d’importation » ou inspirés des valeurs occidentales, ont été déligitimés par ceux qui s’en sont saisis: l’anti-colonialisme, le socialisme, le communisme, la démocratie de mon point de départ. Que reste-t-il aux jeunesses du monde?
La vraie patrie de la liberté et de la fraternité, c’est la rebellion, l’insurrection des consciences. Objection, votre honneur!
Bon.
Je redescends sur terre.
À la manif, mais pas avec Hollande, ni Valls ni toute la caste.