LE TEMPS QU’IL FAIT LE 12 DÉCEMBRE 2014 – (retranscription)

Retranscription de Le temps qu’il fait le 12 décembre 2014. Merci à Olivier Brouwer !

Bonjour, nous sommes le vendredi 12 décembre 2014. Et si vous êtes encore éveillés à 22h30 aujourd’hui, vous pourrez me voir passer à « Ce soir (ou jamais !) » sur France 2, l’émission de Frédéric Taddéï, il n’y aura que des économistes, on ne parlera que d’économie. Voilà.

Ce dont je voulais vous parler, c’est le lancement hier de « Tout Autre Chose ». Alors, vous vous souvenez, il y a quelques semaines, l’initiative venait de Sabine Bourgeois, de faire l’équivalent du côté francophone en Belgique du mouvement qui était bien parti sur des chapeaux de roues, qui s’appelle : « Hart Boven Hard », ce qui se traduit par : « Le cœur plutôt que la dureté ». Alors, nous on avait traduit ça par « Le cœur, pas la rigueur », et puis on s’est aperçus qu’il ne fallait certainement pas faire ça parce qu’il y a des gens de gauche en Belgique qui emploient le mot « rigueur » comme un très très beau mot, par opposition à l’austérité – l’austérité ce serait abominable, mais la rigueur ce serait formidable – et donc ils nous ont vraiment emmerdé pour que le mot rigueur n’apparaisse pas là, parce que ça fait partie de leur, comment dire, de leur fonds de commerce, de leur vocabulaire de préférence. Voilà. La rigueur, ça c’est beau, c’est formidable, etc. Le problème, c’est qu’on appelle austérité et rigueur exactement la même chose. Apparemment, ce n’est pas un problème de leur côté parce que l’austérité, on ne peut pas la vendre au public, mais la rigueur, on peut la vendre. Voilà. Mais le problème ne s’était pas posé du côté flamand, puisqu’ils n’avaient pas employé un mot qui évoquait directement ni l’austérité ni la rigueur, sauf de manière métaphorique, en parlant de la dureté, de la méchanceté, etc.

Alors, finalement, ça s’appelle « Tout Autre Chose ». Bon, c’est tout autre chose que « Le cœur, pas la rigueur », c’est tout autre chose, mais enfin bon. J’hésitais un petit peu jusqu’à la fin, jusqu’au lancement qui était hier, de m’associer à ça ou non, pourquoi ? Ben parce qu’il y avait, dès le départ, il y avait le retour en masse des, comment dire, des « particrates », des gens qui sont des gens de partis depuis toujours, qui font carrière là-dedans, et qui, justement, qui viennent avec ce type de considérations, qu’on peut donner deux mots, un bon et un mauvais, à la même chose, ou des syndicalistes professionnels, du genre, comment dire, « pas l’imagination au pouvoir ».

Alors on s’est battus ! On s’est battus pour que ce ne soit pas comme ça. Alors, ils sont toujours là, bien sûr, ils guettent, ils guettent, ils sont derrière la haie à regarder, mais si vous regardez la liste des gens qui ont signé au départ, eh bien vous verrez qu’il y a surtout des artistes, des intellectuels, voilà, des gens qui n’ont justement pas voulu faire carrière dans ce genre de choses. Il y a des directeurs de théâtre, il y a des dramaturges, il y a des acteurs. Il y a, du côté de l’université, des gens que je connais depuis très longtemps : il y a Isabelle Stengers, et surtout, aussi, il y a des gens avec qui j’ai travaillé, il y a très très longtemps… On avait quinze ans ! On avait quinze ans, Hugues Le Paige et Jean-Jacques Jespers, on faisait ensemble un journal lycéen. Et je voudrais remercier Monsieur Guillaume, il n’est probablement plus parmi nous, le préfet comme on disait. Comment ça s’appelle en France ? Le proviseur, voilà, le proviseur. Le proviseur de l’athénée de Saint-Gilles, qui fermait les yeux quand Pierre Motyl et moi, et dans la génération précédente, Richard Kalisz, quand on allait imprimer nos trucs, quand on allait écrire nos trucs plutôt qu’aller aux cours, et qu’il fermait les yeux en nous disant de pas exagérer. Pierre Motyl m’avait raconté une histoire, récemment, qu’il nous avait un jour fait les gros yeux, quand même, je ne sais plus ce que c’est, si l’anecdote me revient, je vous la raconterai.

Et donc, ça, c’était à l’athénée de Saint-Gilles, et à l’athénée d’Ixelles, il y avait André Menu, Hugues Le Paige et Jean-Jacques Jespers, c’était eux qui étaient l’équipe. Voilà. Alors, on faisait ça dans des caves, on faisait ça pendant les heures de cours, avec la bénédiction de notre proviseur, et on avait donné des noms différents à nos revues, mais on publiait le même contenu. Chez nous, ça s’appelait : « Zéro de conduite », une allusion discrète au fameux film de… de Jean Vigo ? J’espère que c’est Jean Vigo, sinon je me trompe ! Et du côté d’Ixelles, si j’ai bon souvenir, ils avaient appelé ça : « Répliques » (ou « Dialogues » ? Non, je crois que c’était « Répliques »). Voilà.

Et donc voilà, je retrouve des gens : je retrouve des gens comme ça qui n’ont pas fait de carrière dans des partis, qui n’ont pas fait de… Bon, on a le même âge, manifestement, qui n’ont pas voulu faire de la politique de manière politicarde, mais qui bouillons de notre côté.

Est-ce qu’on va faire quelque chose de beaucoup mieux ? Oui, on ne va pas faire un parti, on ne se présente pas à des élections, mais on veut être la mouche du coche, on veut faire comme, d’ailleurs, avait très bien commencé à le faire « Hart boven Hard », c’est-à-dire intervenir dans l’esprit d’un héros national belge qui s’appelle Tijl Uilenspiegel, qui est un personnage de légende et qui existe aussi d’ailleurs, si j’ai bon souvenir, du côté allemand, et qui fait partie aussi de la légende du côté néerlandais, enfin c’est un personnage de chez nous, « Till l’Espiègle », je crois que c’est son nom. « Uilenspiegel », ça veut dire « le miroir au hibou »…

Si tout d’un coup ça me dérange, c’est parce que le hibou était le personnage fétiche de mon ancêtre du côté maternel, un peintre, qui s’appelait Herri met de Bles, et tout à coup… Cette légende de Tijl Uilenspiegel, elle a inspiré la révolte contre le colonisateur espagnol, et qui s’est manifestée par une défaite du côté de ce qui est devenu la Belgique, et qui est une victoire de la guerre d’indépendance du côté des Néerlandais.

Mais je pars dans une tout autre direction, parce que cette image du hibou dans un miroir qui a donné, donc, Uilenspiegel, ça veut dire le hibou dans un miroir, et ça a donné le mot « espiègle » en français (on parle de ce personnage comme « Till l’Espiègle »). Et donc, il y a un peu de ça chez Jacques Brel, enfin bon, c’est quelque chose qui est là en arrière-plan dans la culture des Pays-Bas.

C’est ça qu’on veut faire ! C’est ça qu’on veut faire : la mouche du coche, l’espiègle, l’empêcheur de danser en rond pour ceux qui sont là, qui ont fait carrière dans la paralysie des décisions à prendre.

Voilà, je ne sais pas ce que ça va donner, j’ai voulu vous parler de ça rapidement, et je l’ai fait de manière un peu désordonnée, mais voilà. Eh bien, la semaine prochaine, on parlera d’autre chose ! Et en attendant, passez une excellente semaine.

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