CELA NE SE JOUE PAS QUE DANS LES SALLES DE MARCHÉ… par François Leclerc

Billet invité

Tandis que la stratégie de la tension bat son plein afin d’éviter l’accession au pouvoir de Syriza en Grèce, la Belgique est aujourd’hui entièrement paralysée par un mouvement de grève qualifié d’historique en raison de son ampleur. Une manifestation de 120.000 personnes avait eu lieu à Bruxelles le 6 novembre dernier, dans le contexte de l’arrivée au pouvoir d’une coalition intégrant la N-VA nationaliste flamande. L’Italie avait précédemment connu un important mouvement national vendredi dernier. Les deux grandes confédérations syndicales italiennes avaient organisé une grève de huit heures – la première depuis l’arrivée au pouvoir de Matteo Renzi – et les cortèges ont connu une grande affluence dans une cinquantaine de villes, dans le but de s’opposer à la réforme du marché du travail destinée à faciliter les licenciements et de dénoncer le projet de budget 2015. Sur un autre registre, le rouble poursuit sa descente aux enfers en Russie et a perdu depuis le début de l’année 40 % de sa valeur face à l’euro, et 45 % face au dollar, alors que 108,5 milliard de roubles de prêts en devises étrangères y sont dénombrés.

Les regards sont d’abord tournés vers la Grèce, pour laquelle la Commission européenne déclare n’avoir comme seule option que de « travailler fermement » à son maintien au sein de la zone euro. Elle s’active afin de favoriser l’élection d’un président de la République par le Parlement en vue de repousser la tenue d’élections législatives. Jean-Claude Juncker souhaite le maintien de « visages familiers » à Athènes et Pierre Moscovici y est dépêché afin d’avoir des entretiens excluant Alexis Tsipras. Dans une interview au quotidien I Kathimerini, il n’a pas craint de demander de « continuer dans la voie de la reconstruction et du développement », dans un esprit « de justice mais de fermeté », en référence aux nouvelles exigences non satisfaites de la Troïka.

Le service après-vente des plans de sauvetage continue de s’improviser. En Espagne, Mariano Rajoy reconnait que si la crise « par beaucoup d’aspects fait partie du passé », ses effets sont toujours là, tout en soulignant que la croissance espagnole pourrait atteindre 2 % l’an prochain, sans qu’un début de reflux significatif du chômage ne soit enregistré. Un filet de sécurité est même voté, qui va permettre d’allouer pendant six mois la somme de 426 euros à environ 450.000 Espagnols, pour l’essentiel des chômeurs ayant épuisé leurs droits depuis au moins six mois ou des allocataires de l’équivalent du RMI dans les régions où son versement est limité dans le temps. On en arrive à ce paradoxe que l’Espagne est parallèlement présentée comme la locomotive de la croissance européenne…

Comme vient de le relever Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, à l’appui de ses thèses dans une interview commune au Figaro, à El Pais et à La Repubblica : « nous devons faire la différence entre une déflation pernicieuse et des taux d’intérêts négatifs pendant quelques mois ». Le problème est que les attentes d’inflation continuent de chuter, à 1,69 % à cinq ans et les swaps à dix ans s’établissant à 1,15 %, reflet des paris effectués par des marchés financiers selon lesquels la BCE n’arrivera pas à redresser la barre.

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